GRANDE CASELLE À LUCARNE MONUMENTALE À ESPAGNAC-SAINTE-EULALIE (LOT) Large caselle with a monumental dormer window at Espagnac-Sainte-Eulalie, Lot Texte de Christian Lassure, photos de Dominique Repérant Cette imposante et déconcertante bâtisse se trouve sur la commune d'Espagnac-Sainte-Eulalie dans le Lot. Elle se dresse sur un versant boisé qui domine la vallée du Célé. N'était-ce la massive lucarne à fronton triangulaire bâtie au droit de l'entrée, elle passerait pour une caselle tout à fait classique avec sa haute base cylindrique coiffée d'une couverture conique de lauses débordant en larmier (hauteur totale de l'édifice : env. 6,50 m). Cette lucarne, qui fait toute la hauteur du couvrement, a sa façade construite à l'aplomb du mur de base, sans discontinuité (l'assise de dalles sablières de la toiture est interrompue à ce niveau). Elle est couverte par une bâtière de lauses dont le faîtage est protégé par des tuiles canal. La façade est percée, en son milieu, d'un fenestron dont l'embrasure extérieure est un encadrement de quatre dalles. On pourrait croire que cette ouverture sert à éclairer l'intérieur de la lucarne : il n'en est rien, celle-ci est pleine, et le fenestron se poursuit par un conduit qui débouche dans l'intrados de la voûte. Cette lucarne aurait donc une fonction purement décorative, sinon ostentatoire : le surcoût qu'elle a dû présenter laisse le visiteur pantois. À l'intérieur, la voûte témoigne de la maîtrise du maçon : les moellons ont leur parement taillé en léger biseau pour donner un profil lisse. Là où le marteau a enlevé des éclats, le parement est non plus roussâtre mais grisâtre. Vers le haut du voûtement, quatre poutrelles sont encore en place, deux sous le débouché de la lucarne, deux autres dans la paroi opposée. Une vue en contreplongée et au flash des deux poutrelles sous le débouché de la lucarne donne un résultat surprenant : la poutrelle la plus proche du photographe délimite, avec son ombre portée sur l'intrados, un triangle qui enserre l'oculus, créant une sorte de symbole maçonnique (l'œil dans le triangle) auquel le constructeur n'a certainement pas pensé ! (Mais d'autres l'on fait, à savoir les personnes de la société d'éditions Edisud qui ont choisi la couverture de mon livre "Cabanes en pierre sèche de France"...). Quoi qu'il en soit, il convient de signaler la qualité d'exécution apportée par le maçon à l'édifice. Les pierres employées pour la maçonnerie ont pour la plupart leur parement dressé au marteau et leurs quatre faces d'équerre. S'il n'y a pas de véritables assises, les nombreuses cales de pose et les joints très serrés attestent toutefois un travail soigné. Pour l'embrasure extérieure de l'entrée (hauteur : pas moins de 2 m, largeur : 1 m), le maçon a utilisé trois grandes dalles, une occupant tout le montant de droite, une autre les 2/3 du montant de gauche, la 3e posée de chant et faisant office de linteau. Les deux montants sont posés sur des pierres de seuil. Les lauses de la couverture conique sont disposées en assises régulières, pour autant qu'on puisse en juger après enlèvement du tapis de mousse qui recouvrait le coyau côté amont (mousses alimentées par les feuilles d'un chêne poussé en amont). L'édifice a peut-être été une étable à moutons doublée d'un pigeonnier. La pièce de rez-de-chaussée, qui fait quatre mètres de diamètre, utilise le socle rocheux comme pavage et comporte une niche. Elle est séparée de l'étage par un plancher porté par cinq poutrelles et muni d'une trappe. Au-dessus, il y a la série de poutrelles et l'oculus évoqués plus haut. Sources : Pour imprimer, passer en mode paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as : Christian Lassure (texte), Dominique Repérant (photos) page d'accueil sommaire témoins
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