Recension Michel Rouvière, Les cheminées dites sarrasines de la basse Ardèche, dans Revue des enfants et amis de Villeneuve-de-Berg, 1991, No 47, pp. 41-51 Christian Lassure Parution initiale dans L'Architecture vernaculaire, t. XV, 1991 Le propos de M. Michel Rouvière est de démontrer que l’Ardèche du Sud possède, elle aussi, des spécimens de ces dispositifs que des érudits bressans du XVIIIe siècle ont dénommés « cheminées sarrasines », à savoir des foyers disposés au centre d’une pièce pour « chauffer au large » et trahis extérieurement par une souche monumentale élaborée, en forme de tourelle, plantée au milieu d’un versant ou contre le faîtage (et non pas contre un pignon, ce qui est le cas des foyers classiques). Les « cheminées sarrasines » de Bresse obéissent à la même conception que les tués / tuyés de Franche-Comté ou les bornes / bournes de Savoie et de Suisse romande. Dans cet article, qui se veut une prise de date, l’auteur décrit les six souches qu’il a jusqu’ici répertoriées au cours de ses investigations sur le terrain : quatre d’entre elles, construites en pierres de grès taillées et appareillées, sont en forme de fût élancé ajouré en partie haute et coiffé d’un cône surmonté d’une boule ; une cinquième a les trous d’évacuation de la fumée ménagés dans la mitre même; une sixième relève d’un type différent (et n’est peut-être pas une « cheminée sarrasine ») : souche de plan rectangulaire, en moellons de grès, surmontée d’une bâtière de tuiles-canal sur corbeaux ornée de trois quilles. En fait, seules les superstructures du dispositif sont ici décrites. Des recherches ultérieures devraient permettre de préciser la nature des bâtis et des foyers sous-jacents (non visibles de l’extérieur) et de déterminer la classe sociale qui les a construits et à quelle époque. L’auteur ne manque pas de noter la ressemblance avec deux souches dites « romanes », l’une à Bayeux (Calvados), l’autre au prieuré de Saint-Michel-de-Grandmont (Hérault). De toute évidence, « la cheminée chauffant au large » – dispositif qui à l’origine est lié à l’existence sous un même toit d’une famille étendue ou d’une communauté – constitue un thème majeur de l’architecture vernaculaire en France, et les cheminées dites « sarrasines » ne sont que la partie émergée (au sens propre comme au sens figuré) d’un ensemble plus vaste qui reste en attente d’investigations étendues à l’ensemble de l’hexagone, voire au delà. Sachons gré à M. Michel Rouvière, observateur attentif de l’héritage architectural vivarois, d’avoir contribué à compléter la cartographie du phénomène. Pour imprimer, passer en mode paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as : Christian Lassure page d'accueil sommaire architecture vernaculaire
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