COMPTE RENDU 30 / REVIEW 30 LES MASETS [DE L'ARDÈCHE MÉRIDIONALE] Michel Rouvière, Les masets [de l'Ardèche méridionale], Revue de la Société des enfants et amis de Villeneuve-de-Berg, 53e année, n. s., No 49, 1993, pp. 31-38 (compte rendu : Christian Lassure) Issu du monde rural ardéchois, Michel Rouvière s'est intéressé très tôt à l'architecture rurale de son département, en particulier aux cabanes en pierre sèche, aujourd'hui appelées « capitelles », mais aussi aux anciennes maisonnettes du dimanche répondant au nom de « maset » (aussi écrit « mazet »). Ses recherches ont abouti, en 1993, à la publication d'un article à leur sujet dans la Revue des enfants et amis de Villeneuve-de-Berg. Il s'agit d'un texte de trois pages, illustré d'une quinzaine de croquis de masets observés dans le sud de l'Ardèche, à Villeneuve-de-Berg, Rosières, Lablachère, Joyeuse, Lagorce. Avant d'aborder la description des bâtiments, l'auteur rappelle qu'il existe d'autres petits édifices ruraux avec lesquels il ne faut pas les confondre : les cabanes et guérites en pierre sèche, les cabanes de jardin, les cabanes de vigne avec cuvier pour la bouillie bordelaise et citerne de récupération de l'eau de pluie, les cabanes pour la récolte de châtaignes, les séchoirs à châtaignes, les abris de cantonniers, les cabanes de bergers, les cabanes de carriers, et surtout les granges, dont les aménagements – crèche, râtelier, pierre d'attache – sont destinés aux animaux de bât.
Les masets se rencontrent à proximité des bourgs ou des villes : Les Vans, Joyeuse, Largentière, Aubenas, Villeneuve-de-Berg, Lablachère. Ils sont de plan le plus souvent rectangulaire, parfois carré. Ils ont un toit à deux pentes (en bâtière) ou à quatre pentes (en pavillon), couvert généralement de tuiles plates mécaniques, avec les arêtiers et les rampants protégés par des tuiles creuses. Les murs sont toujours crépis au mortier de chaux blanc ou rose et décorés par un enduit ou une peinture à base de colorants minéraux, principalement ocre rouge, ocre orangé. Le décor imite la pierre de taille ou l’appareil de briques. Quand il n’y a pas de génoise, la toiture déborde en périphérie pour protéger l’enduit des murs. L’entrée est ménagée en pignon. Des fenestrons ou des oculi laissent entrer le jour à l’intérieur mais parfois on trouve de véritables fenêtres avec des volets de couleur. Il peut y avoir dans le pignon-façade un pigeonnier, reconnaissable à ses trous d’envol. Souvent, une citerne, alimentée par les chéneaux, permet de conserver l’eau de pluie. À l’intérieur, on note en général un ou plusieurs petits placards réservés dans les parois, une cheminée d’angle à souche extérieure, un plancher en bois servant de grenier. À proximité immédiate, on peut trouver une tonnelle de fer soutenant une treille de vigne, un banc de pierre, et très rarement un puits à margelle.
Les masets sont entourés d’arbres et de végétaux plantés lors de la construction (sapin, tilleul, voire palmier). D’après les millésimes peints, la nature des matériaux et les enseignements de la tradition orale, leur époque de construction remonte à la première décennie du XXe siècle. Ces maisonnettes dominicales sont les ancêtres de la résidence secondaire. Leurs propriétaires, commerçants ou employés des villes, d’origine rurale, y venaient le dimanche, y entretenant une vigne ou un jardin et restant ainsi attachés à leurs racines rurales. Aujourd’hui, les masets les plus proches des villes ont été absorbés par l’urbanisation, ainsi à Aubenas. Leur abandon, le manque d’entretien, la repousse de la végétation les conduisent à la ruine. L'auteur se demande si dans certains cas les masets ne seraient pas la copie des abris de jardin construits dans les parcs des grandes maisons bourgeoises de la fin du XIXe siècle. C'est une éventualité puisque l'imitation en architecture rurale prend ses modèles dans les classes sociales supérieures. Pour imprimer, passer
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