L'ARCHITECTURE VERNACULAIRE : ESSAI DE DÉFINITION

Christian Lassure

English version

Extrait d'un article publié dans le supplément No 3, 1983, de L'Architecture vernaculaire

LES TÉMOINS D'ARCHITECTURE VERNACULAIRE SE DÉFINISSENT

AU PLAN DE L'HISTOIRE

Un bâtiment vernaculaire appartient à un ensemble de bâtiments surgis lors d'un même mouvement de construction ou de reconstruction affectant une ou plusieurs régions (voire des aires géographiques encore plus vastes) et s'inscrivant dans une période variant d'une région à une autre selon des décalages de quelques décennies à un siècle et plus. En d'autres termes, un type vernaculaire se rencontre dans une fourchette chronologique marquée par une date avant laquelle il n'existe pas et par une date après laquelle il cesse d'être construit. Les exemplaires de ce type, s'ils ne sont pas conservés tels quels, sont alors soit détruits, soit modifiés, soit incorporés à d'autres bâtiments.

AU PLAN DE LA SOCIOLOGIE

Reflet de changements économiques, un type vernaculaire est caractéristique non seulement d'une époque donnée mais aussi de la classe sociale qui l'a fait construire et l'a utilisé. Il ne peut se comprendre que dans la mesure où l'origine sociale du contructeur-utilisateur est cernée effectivement. L'étude montre que, pour un type donné, plus le constructeur est haut dans l'échelle sociale, plus les premiers témoins en matériaux permanents sont anciens, et inversement, plus le constructeur est bas dans l'échelle sociale, plus les premiers témoins conservés sont récents; on a ici affaire à un « seuil vernaculaire », au-delà duquel l'archéologue prend la relève de l'historien, les seuls vestiges subsistants étant alors en-dessous du sol.

AU PLAN DE LA TECHNOLOGIE

Concernant de vastes aires géographiques, l'architecture vernaculaire est soumise à la diffusion de plans, de techniques de construction et de décors stylistiques transcendant le cadre de la « région», parfois même débordant des limites nationales. Si l'on tient compte des décalages survenant d'une zone à une autre, ces éléments permettent de dater, à quelques décennies près, les bâtiments où qu'ils se trouvent.

TROIS GRANDES CATÉGORIES OCCUPENT LE CHAMP DE L'ARCHITECTURE VERNACULAIRE :

LES BÂTIMENTS DOMESTIQUES

L'architecture vernaculaire domestique comprend les édifices conçus pour satisfaire aux nécessités de la vie courante (se restaurer, se reposer, ranger, etc.) et leurs annexes (souillarde, four, porche, buanderie, etc.). Dans cette catégorie entrent les auberges et les boutiques, où les activités domestiques sont au moins aussi importantes que la fonction commerciale. À l'intérieur de cette catégorie, il convient de dissocier l'architecture vernaculaire de la campagne (ou rurale) de celle de la ville (ou urbaine), la première concernant principalement l'agriculture, la seconde le commerce.

LES BÂTIMENTS AGRICOLES

L'architecture vernaculaire agricole comprend tous les bâtiments de la ferme, excepté la maison d'habitation et ses annexes domestiques : ainsi la grange, l'étable, le garde-pile, la remise à charrettes, etc. Sont inclus dans cette catégorie les dépendances éloignées (grange en plein champ, maisonnette de vigne, cabanon, etc.) et les édifices appartenant à la communauté (fournil, lavoir, puits, etc.).

LES BÂTIMENTS PRÉ-INDUSTRIELS

L'architecture vernaculaire pré-industrielle englobe les bâtiments abritant des activités pré-industrielles propres à la campagne (moulins à vent et à eau, fours à chaux, forges, tuileries, etc.), ainsi que les fabriques et les ateliers rattachés à une habitation ou incorporés à celle-ci (atelier de tisserand, maréchalerie, etc.).


© CERAV

Référence à citer :

Christian Lassure
L'architecture vernaculaire : essai de définition
http://www.pierreseche.com/definition_av.html

 

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