Cette cabane en pierre sèche, qui se dresse au lieu dit Citrani à Jouques, est en forme de cylindre au fruit prononcé (ou, si l'on veut, en tronc-de-cône) et revêtu d'une chape de terre bombée.
Cette chape de terre, où poussent seulement quelques maigres graminées, laisse songeur: point d'iris en vue, est-ce à dire que les rhizomes plantés sur d'autres cabanes de Jouques sont une mode récente ? Ne pourrait-on imaginer une couverture sommaire de grandes lauses évacuant l'eau de pluie, voire de tuiles canal à l'instar de celle constatée sur un boutigon dans la commune d'Aiguilles ? Tuiles qui auraient été enlevées à l'abandon de la cabane. Cela expliquerait les traces d'humidité sur les deux tiers supérieurs de la voûte.
Sauf pour l'encadrement de l'entrée, le matériau employé est constitué de moellons grossiers, oblongs, inexploitables pour une maçonnerie assisée. Le constructeur les a empilés du mieux qu'il a pu, réservant (plus ou moins) les pierres les plus grosses aux parties basses. Dans les joints, on distingue la présence d'un mortier de terre ocre rouge, à moins qu'il ne s'agisse de terre ayant migré vers le bas depuis la chape.
Le bâtisseur a employé les plus belles dalles dont il disposait dans les montants de l'entrée pour que ceux-ci puissent soutenir le double linteau choisi comme couvrement. Pour compenser la longueur un peu juste du linteau, le bâtisseur a fait saillir, dans le plan de chaque tableau, une petite dalle en guise de corbeau. Au-dessus, on note comme l'ébauche d'un arc de décharge en forme de mitre.
Mais la caractéristique la plus étonnante de notre cabane est l'inscription gravée en lettres majuscules, en français, sur le parement du linteau inférieur :
LE BORIS,
où l'on reconnaît le terme provençal bòri, précédé de l'article défini LE et affublé pour l'occasion d'un S incongru qui le fait ressembler à un prénom slave... Qu'il y ait eu intention humoristique, voire dérision, dans la gravure de cette désignation ne fait pas de doute : peut-être que son auteur avait découvert, en lisant l'article de David Martin, « Les Boris de Provence », publié en 1912 dans Annales de Provence, qu'il était propriétaire non pas d'un modeste cabanon en pierre sèche mais d'un « boris » !
L'intérieur de la bâtisse recèle plusieurs aménagements :
- une cheminée réservée dans la paroi du fond, elle-même surmontée d'une niche;
- deux niches, dont une traversante.
Le sol est en terre battue
Les traces d'humidité sont flagrantes sur les pierres de la voûte. La cabane prend l'eau.
Idem. |
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