LA CABANE DE L'AGRÉMOURIÉ À CIPIÈRES (ALPES-MARITIMES) The Agrémourié hut at Cipières, Alpes-Maritimes Jean Laffitte C'est lors d'une randonnée sur le plateau de Calern, au lieu-dit l'Agrémourié, sur la commune de Cipières, que nous avons redécouvert cette belle cabane en pierre sèche, avec Christian et Pierre, deux résidents de l'ADAPEI-AM du Palio à Nice.
Ce quartier en bordure du plateau est riche en constructions en pierre sèche, témoignages de l'intense activité agropastorale qui régnait ici aux siècles derniers. On y trouve aussi bien des bergeries, que des enclos, des puits, des citernes, des cabanons, des cargadous (1), des cabanes et des aires de battage. On voit encore très bien les dolines débarrassées de leurs pierres pour laisser la place aux cultures, les faïsses moins nombreuses et en bien mauvais état et des centaines de clapiers pastoraux et agricoles.
Il est étonnant de constater que tout cet environnement est encore bien visible, la forêt n'ayant pas encore recouvert l'ensemble grâce aux troupeaux d'ovins encore présents dans le secteur. On a l'impression que les hommes ont abandonné il y a peu de temps cet endroit et qu'il faudrait peu de choses pour le faire revivre. En suivant le chemin qui longe ce plateau d'Ouest en Est on arrive à la cabane. Elle est encore en bon état malgré quelques pierres du parement extérieur gauche qui sont tombées. La couverture manque aussi de lauses et de pierraille pour la recouvrir. L'ensemble donne une impression de solidité. L'entrée est en arc clavé du plus bel effet. Sa hauteur intérieure de 3,20 m fait de la cabane une des plus hautes de la commune.
Sur le côté droit de la cabane on peut voir les ruines d'une construction qui pourrait être, d'après la faible hauteur des murs, la largeur de l'ouverture et ses trois murs en forme de U, un cargadou (chargeoir) pour recevoir les gerbes de céréales avant qu'elles ne soient transportées par les mulets pour être foulées ou battues sur les aires.
La cabane s'appuie à l'arrière sur le talus. Le corps de base, en forme de tronc-de-cône, est coiffé d'une calotte en retrait (qui n'est autre que l'extrados de la voûte d'encorbellement)
Le revêtement du corps de base est réalisé à l'aide de blocs posés en boutisses, avec leur plus petit côté placé en parement. Il suffirait de quelques assises de grandes lauses posées en écailles sur une épaisseur de blocaille pour obtenir une toiture surbaissée à rive débordante et à coyau.
Les côtés de l'entrée se resserrent légèrement vers le haut pour accueillir un arc clavé fruste mais efficace, obtenu à l'aide de deux sommiers opposés et de quatre claveaux dont une clé triangulaire.
L'encorbellement s'amorce à 1 m 30 du sol, la hauteur sous voûte est de 3 m 20. Les diamètres intérieurs sont de 2 m 40 dans l'axe de l'entrée et de 2 m 40 dans l'axe perpendiculaire à celui-ci. L'épaisseur du mur est de 1 m 40.
NOTES (1) Le relevé de l'édifice a été effectué avec l'aide des deux résidents de l'ADAPEI-AM du Palio. (2) Cargadou ou descargadou (masc.) : ces termes nissarts ou provençaux, traduisibles par « chargeoir » et « déchargeoir», sont appliqués par Henri Pellegrini (Assoustas et cargadous, in ''Pierre Sèche – Regards croisés'', A.S.E.R. du Centre-Var, 2000, p. 101) à de petites aires caladées de 3 m sur 2, entourées sur trois côtés par une murette en pierre sèche et ayant servi, dans les Alpes-Maritimes et le Var, à entreposer les olives, voire le raisin, en attente de leur transport au village. BIBLIOGRAPHIE BODARD Pierre, Le plateau de Calern et ses abords [Alpes-Maritimes], in Annales de la Société scientifique et littéraire de Cannes et de l'arrondissement de Grasse, t. XXIX, 1979, pp. 89-101
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