COMPTE RENDU Michel Rouvière, Les moulins médiévaux de Vogüé [Ardèche], dans Cahier de mémoire d'Ardèche et temps présent, No 80, 2003, pp. 26-33 Dans cet article, Michel Rouvière nous livre le résultat de ses recherches concernant cinq moulins médiévaux situés sur la Rivière d'Ardèche ou sur son affluent l'Auzon. Le moulin No 1, l'ancien moulin seigneurial de Vogüé, est encore debout et l'on voit, à l'arc clavé en pierres de taille de son entrée et au fenestron à traverse de l'étage, que le bâtiment date de quelques siècles. Grâce à un rapport remontant à l'époque du Directoire, l'auteur a pu restituer graphiquement l'implantation du moulin et ses abords. La restitution des parties fonctionnelles s'avère toutefois impossible, vu le silence du document à ce sujet et l'état actuel de l'édifice. Tout ce qu'on peut dire, c'est que les roues à aubes étaient horizontales. Du moulin No 2, l'ancien moulin seigneurial de Veyraze, il ne restait que quelques pans de maçonnerie en ruine au-dessus d'un socle en pierres bossagées caché par une masse d'alluvions. Michel Rouvière a profité de ce que la rivière était revenue creuser au pied de l'édifice pour faire un relevé détaillé de celui-ci. L'étude architecturale est renforcée par une étude d'archives qui montre que les pans de maçonnerie supérieurs correspondent à une grange qui avait été construite antérieurement à 1725 sur les fondations du moulin arasé au XVe siècle à la suite du déplacement du cours de la rivère. À partir des relevés, des mentions archivistiques et de témoignages oraux, Michel Rouvière retrace en trois dessins très parlants les vicissitudes du bâtiment et de son milieu proche entre le XVe siècle et nos jours, s'appuyant également pour ce faire sur la comparaison entre le cadastre de 1813 et celui de 1936, intervalle pendant lequel l'Ardèche voyageuse a retrouvé son cours des premiers temps du moulin. Les autres moulins sont La carte de Cassini, qui est une des ressources auxquelles l'auteur fait appel, livre un nombre important de moulins, jusqu'à 31 entre Aubenas et Villeneuve-de-Berg. La raison : la place importante de la culture des céréales en ces lieux sous l'Ancien Régime. Au plan architectural, les moulins 1 et 2 sont censés être des « moulins-tours », tout comme ceux déjà connus et étudiés à Ruoms et Salavas (précisons bien qu'il s'agit de tours carrées). Il serait intéressant toutefois de savoir si le moulin No 1, mentionné déjà au XIIIe siècle, avait alors ses superstructures effectivement en pierre et non en bois. Idem pour le No 2, mentionné au XVe siècle. L'auteur signale la présence, dans certains biefs, de trous de pieux creusés dans le fond rocheux et correspondant au tracé d'anciennes retenues d'eau. Celles-ci étaient constituées de palplanches garnies, en arrière, de galets, de terre et de mottes de gazon. Dénommées « escluze », « paissière », « planche », « pansaïre », « resclaup » dans les archives, elles devaient être remplacées par la suite par des barrages en maçonnerie. Enfin, tout un vocabulaire de la
rivière surgit au détour des pages : Dans cette étude rondement menée, Michel Rouvière nous montre le profit que l'on peut tirer de la sollicitation d'une multitude de sources et de moyens dans l'étude des vestiges pré-industriels. Pour imprimer, passe
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