OUVRAGES REÇUS / BOOKS SENT TO THE EDITOR Les cabottes aux alentours de Montigny-Montfort (Côte-d'Or)
Compte rendu : Christian Lassure Alain Rousselet (*) (texte et photos), Michel Paquet (dessins), Les cabottes aux alentours de Montigny-Montfort (Côte-d’Or), Editions JC Dan Partners, Montigny-Montfort, 2004, 30 p. On ne peut pas exiger des nouveaux venus dans le domaine de l’architecture de pierre sèche d’être au courant des écrits de base, surtout si ceux-ci n’ont après tout que trois décennies d’existence et qu’ils ont été publiés par le CERAV... Plutôt que de nous appesantir sur l’introduction de l’ouvrage et ses considérations sur les bergers constructeurs « accompagnés du bêlement des agneaux et des chèvres », passons directement à la matière première, à savoir les 9 relevés de guérites en pierre sèche effectués par les auteurs sur les communes de Montigny-Montfort, Nogent-les-Montbard et Courcelles-les-Montbard. Tout d’abord, il faut reconnaître le sérieux et la qualité de la méthode : chaque bâtisse fait l’objet d’un descriptif détaillé accompagné de plusieurs photos noir et blanc et de dessins en plan, coupe et élévation (de plus, ces derniers trahissent une main des plus expertes). Il est donc possible de se faire une idée de chaque édifice et, si celui-ci venait à disparaître, il en resterait une trace exploitable. La plupart de ces guérites – car comment appeler autrement ces abris pour une, deux ou trois personnes assises ?) – sont incluses dans un tas d’épierrement plus ou moins parementé ou meurger. Elles sont nombreuses à avoir une banquette pleine ou des dalles saillantes faisant office de sièges. Il se peut donc qu’il s’agisse d’abris édifiés par les ouvriers agricoles qui ont accumulé ces énormes masses de pierre lors de la création de champs ou de vignes. Cela n’est pas dit explicitement mais les auteurs signalent dans l’introduction qu’il y a eu recrudescence des défrichements à partir du XVIIe siècle. Sur le plan architectural, ces cabottes, ainsi qu’il est de mise de les appeler à Montigny, ne sont guère différentes des guérites de défricheurs rencontrées dans d’autres communes bourguignonnes, voire au delà. La cabotte No 1 est cependant tout à fait remarquable avec son audacieux voûtement obtenu au moyen de deux dalles disposées en bâtière (ou affrontées). Un exemple similaire a été signalé en 1978 sur la commune de Sorges, en Dordogne. Il y en d’autres encore mais il faudrait fouiller la bibliographie pour les retrouver.
La cabotte No 4 retient, elle aussi, l’attention avec le montant gauche de son entrée formé de deux grosses dalles posées de chant l’une sur l’autres dans un équilibre qui paraît instable mais qui perdure. Il y a aussi la cheminée d’angle, avec son manteau réduit à sa plus simple expression (une dalle de chant barrant l’angle) et son conduit d’évacuation réservé dans l’épaisseur de la maçonnerie. Les auteurs insistent, et ils ont bien raison, sur la dextérité des bâtisseurs, qui sont arrivés à faire des voûtements malgré la nature géologique ingrate de la pierre : Alain Rousselet, qui goûte les joies de la restauration de cabottes sur une parcelle qu’il a achetée, reconnaît que, pour sa part, il a été obligé de délaisser les « rognons informes » pour des « pierres plates » trouvées non loin. Les vues des ruines de ses cabottes et celles de leur reconstitution nous ont rappelé nos propres tentatives du début des années 1970 dans le Lot et la satisfaction qu’elles nous ont procurée. Certes, les bâtisseurs de naguère voyaient dans l’édification d’abris moins un moyen d’évacuer les soucis de la vie quotidienne que l’élémentaire nécessité de protéger et de restaurer leur force de travail dans des parcelles éloignées de leur lieu de résidence. Mais ces temps rudes sont bien révolus. Avec cette précieuse brochure, Alain Rousselet et Michel Paquet apportent une pierre, et non des moindres, à la connaissance des cabottes de Côte-d'Or. (*) Pour contacter les auteurs : Alain Rousselet, rue Bizot - 21500 MONTIGNY-MONTFORT. Pour imprimer, passer en mode paysage © CERAV Christian Lassure est agrégé d'anglais. Il détient également une licence en archéologie médiévale (Université de Paris I - Sorbonne) et un DEA d'ethnologie (EHESS, Paris). Il est directeur de la revue "L'architecture vernaculaire" et a participé à la rédaction de l' "Encyclopedia of Vernacular Architecture of the World". Christian Lassure is professeur agrégé d'anglais. He also holds a degree in medieval archaeology from the Paris I-Sorbonne University and a DEA in ethnology from the EHESS school in Paris. He is director of the journal "L'architecture vernaculaire" and a contributor to the "Encyclopedia of Vernacular Architecture of the World".
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