LES QUÈBES DE L'OSSAU (PYRÉNÉES-ATLANTIQUES) The quèbes or rock shelters of Ossau, Pyrénées-Atlantiques Christian Lassure Encore aujourd'hui attestées par la toponymie et quelques vestiges en perdition, les quèbes de la vallée d'Ossau dans les Pyrénées-Atlantiques (l'ancien Béarn) étaient des anfractuosités sous rocher sommairement aménagées comme abris temporaires par les bergers dans les pâturages d'estive. Sous le toponyme francisé et sa variante quève, se devine le terme béarnais quèba, qui n'est pas sans rappeler l'espagnol cueva (caverne; caveau; cave) ou le français cave. Deux diminutifs rencontrés dans la toponymie, l'un masculin : quèbot, l'autre féminin : quibota, font irrésistiblement penser aux termes cabot et cabotte employés jadis dans certaines régions de France pour désigner une cabane en pierre sèche. Une soixantaine de ces cavités ont été inventoriées et tirées de l'oubli par Jean-Pierre Dugène, auteur d'un remarquable ouvrage sur le pastoralisme ossalois (1). La plus connue d'entre elles est la « quèbe d'Arrius », fréquentée au XIXe siècle par les bergers aussi bien que par les pyrénéistes de passage et figurée – encore en activité – dans une peinture à l'huile signée Godchaux (2) et datant de 1884. Sur fond de Pic du Midi d'Ossau, un berger se tient devant une cavité bâchée d'une toile sur une partie de sa longueur. Sous la dalle biaise, est rangé l'attirail sommaire de l'occupant. D'après les vestiges rencontrés lors des prospections, la quèbe pouvait être fermée par un mur de protection en pierre sèche, avec éventuellement un trou d'évacuation pour la fumée du foyer et une niche en guise de placard. À défaut de muraille, une toile de marine, maintenue au sol par des piquets, venait bâcher l'anfractuosité. Sous la roche exiguë, une pierre faisait office de siège et quelques peaux de mouton étendues au sol servaient de matelas. Si certaines quèbes jouaient le rôle d'habitation temporaire, d'autres étaient de simples postes de surveillance pendant la journée ou de repli en cas de tempête au printemps et à l'automne. Enfin, certaines cavités servaient non pas d'habitations ou de postes de repli mais de saloirs à fromages. Dans la vallée d'Ossau, la quèbe a coexisté avec la cabane en pierre sèche, laquelle, il faut le signaler, était souvent couverte par une bâche allouée au berger par le Syndicat de la vallée, ou sinon par quelques planches. NOTES (1) Cf Jean-Pierre Dugène, Ossau pastoral, Editions Cairn et Parc National des Pyrénées, 2002, 126 p., en part. pp. 67-69 et photos 57 à 61. (2) Peut-être Émile Godchaux (1860-1938), peintre de paysages de montagne, de paysages animés, de scènes de genre. Pour imprimer, passer en format paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as : Christian Lassure page d'accueil sommaire témoins
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