COMPTE RENDU 26 / REVIEW 26 CONTRIBUTION À L'HISTOIRE DE LA CONSTRUCTION À SEC EN LIGURIE ORIENTALE Parution initiale dans L'Architecture vernaculaire, t. 5, 1981 Sara de Maestri et Diego Moreno, Contributo alla storia della costruzione a secco nella Liguria rurale, dans Archeologia Medievale, t. VII, 1980, pp. 319-341 ( compte rendu : Christian Lassure). Nous nous sommes fait, dans les pages de la présente revue, l’apologiste du recours aux méthodes et moyens de l’archéologie pour l’étude des édifices ruraux. À l’étranger, une telle approche a depuis longtemps droit de cité. Une démonstration éclatante nous en est fournie (si tant est qu’il en soit besoin) par la communication que S. de Maestri et D. Moreno, deux grands spécialistes italiens en architecture vernaculaire, ont faite au colloque « Per una storia delle dimore rurali » qui s’est tenu à Cueno en 1979, sous les auspices de la revue Archeologia Medievale. Soit dit en passant, la recherche officielle française était représentée à ce congrès international par des tenants non pas de l’« histoire » mais – comble du paradoxe – de l’« anthropologie » des maisons. Il est vrai que la recherche historique officielle s’est désintéressée des maisons ces dernières années, laissant le champ libre aux ethnologues et autres partisans d’une approche « anhistorique » (1). Mais revenons à S. de Maestri et D. Moreno. Prenant un petit bâtiment rectangulaire, bâti à sec et couvert en lauses, situé dans la vallée de Torrente di Sori à l’est de Gênes, les auteurs entreprennent de préciser la chronologie de ses modifications successives et de replacer ces dernières dans le cadre de l’évolution de l’histoire agraire locale, ce d’une part à l’aide de la datation – grâce aux millésimes 1600, 1744, 1777 et 1871 repérés – des différents types de maçonnerie rencontrés, d’autre part par l’examen d’archives fiscales des XVIe, XVIIIe et XIXe siècles. Le bâtiment en question serait, d’après les archives les plus anciennes, une domuncula ou édifice saisonnier relevant d’un possessionem ou petite exploitation de polyculture et destiné à servir non pas d’étable ou de bergeries mais de fenil, de grange, d’où l’appellation caseta da fieno qu’il reçoit dans les archives plus récentes. Ces casette, dont la construction remonte au tout début du XIXe siècle, correspondent à l’enclôture de portions de pâturages communaux par de riches villageois, et à la plantation de châtaigniers pour la literie du bétail au village, le haut servait à entreposer le foin destiné aux animaux. En renfort de cette démonstration, est fournie toute une illustration au trait et à la plume (carte de localisation, plan masse, dessins des graffites, les différents types de maçonneries en parement et leur emplacement dans les élévations du bâtiment – ce que les auteurs nomment « stratigraphie verticale »). Deux photos montrent l’édicule d’une part dans sa parcelle (on y voit une crésta ou murette à pierre sèche caractéristique avec son chaperon de plaques calcaires posées sur la tranche), d’autre part vu de près. En résumé, la présente monographie montre fort bien – et c’est là l’objectif essentiel visé par les auteurs – qu’on ne saurait continuer à considérer les édifices en pierres sèches comme « anhistoriques » et qu’il convient de mettre en œuvre à leur sujet les diverses techniques de datation propres à l’archéologie. Cette monographie s’inscrit bien dans la lignée des recherches et des travaux remarquables que M. Diego Moreno, en collaboration avec Mme Sara de Maestri, poursuit depuis une décennie sur le paysage et l’habitat des montagnes de l’Apennin gênois (2). NOTES (1) L’état de la recherche française ne laisse pas les spécialistes italiens indifférents. M. Diego Moreno, pour sa part, s’est fait l’écho, à plusieurs reprises, aussi bien des publications et des idées du C.E.R.A.R. que du Corpus de l’architecture rurale française du Musée des A.T.P. (2) Cf. listes dans L’Architecture vernaculaire rurale, revue du C.E.R.A.R., suppl. No 2, p. 210, et t. IV, p. 170 . Pour imprimer, passer en mode paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as : Christian Lassure Parution initiale dans L'Architecture vernaculaire, t. 5, 1981
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