SERIE : TÉMOINS DE L'ARCHITECTURE DE PIERRE SÈCHE EN FRANCE

SERIES : SURVIVING EXAMPLES OF DRY STONE ARCHITECTURE IN FRANCE

Christian Lassure

1 - Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse) : les aiguiers

2 - Le vignoble de Banyuls (Pyrénées-Orientales) : les aménagements lithiques

3 - Camon (Ariège) : les cabanes en pierres sèches

4 - Aubais (Gard): les cabanes en pierres sèches

5 - Langlade (Gard) : les cabanes en pierres sèches

6 - Montignac-sur-Vezère (Dordogne) : les cabanes en pierres sèches

7 - Le Causse de Limogne (Lot) : les cabanes en pierres sèches

8 - Le Causse de Martel (Lot) : les cabanes en pierres sèches

9 - Le Plateau de Millevaches (Corrèze) : les cabanes en pierres sèches

10 - Le département du Var : les cabanes en pierre sèche

11 - Le pays de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) : les cabanons pointus

12 - Le Mont d'Or lyonnais : les cabornes

13 - Le canton de Nolay (Côte-d'Or) : les cabotes

14 - Genouilly (Saône-et-Loire) : les cadoles

15 - Le Barséquanais (Aube) : les loges ou cadoles

16 - Le Mâconnais septentrional et le Tournugeois : les cadoles

17 - La garrigue marguerittoise (Gard) : les capitelles

18 - Le Causse Comtal (Aveyron) : les cazelles

19 - Le Causse Rouge (Aveyron) : les cazelles

20 - Soubès (Hérault) : les cazelles ou masicots

21 - Le Plateau de l'Auverne (Hérault) : les constructions en pierre sèche

22 - Le Haut Vicdessos (Ariège) : les cabanes d'orris

23 - Le Nebbio (Haute-Corse) : les pagliaddiu ou paillers

24 - Région de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) : les tonnes

25 - Le canton de Crémieu (Isère) : les cabanes en pierre sèche

26 - Fitou (Aude) : cabanes en pierre sèche à voûte clavée

27 - Le Premier Plateau jurassien : murs et guérites en pierre sèche

28 - Les coteaux de Champlitte et de Bucey-les-Gy (Haute-Saône) : les cabordes

29 - Les confins de l'ouest de la Creuse et du nord-est de la Haute-Vienne : les loges

30 - Cabanes et murs en pierre sèches du plateau de Langres (Haute-Marne)

31 - La vallée de Barège (Hautes-Pyrénées : les coueylas

32 - Les cabanes de Congénies (Gard)

33 - Les cabanes de Barret-de-Lioure (Drôme)

34 - Les loges d'Aizecq (Charente)

35 - Les barraques de Cattlar (Pyrénées-Orientales)

36 - Hauteville-lès-Dijon -(Côte-d'Or) : ses cadoles et ses meurgers

1 - SAINT-SATURNIN-LÈS-APT (VAUCLUSE) :
 LES AIGUIERS

Il existe au nord-est de Saint-Saturnin-d’Apt en Vaucluse, un « pays des aiguiers », ainsi baptisé car de nombreuses fermes y avaient autrefois pour seul point d’eau une citerne (en provençal aiguié) creusée dans la roche calcaire et alimentée en eau de pluie par un système de récupération des eaux de ruissellement (en langage technique impluvium).

Mais la zone d'extension des aiguiers ne se limite pas à cette commune des Monts de Vaucluse : on en rencontre à Villars, Gordes, Sault, Monieux, Blauvac et Villes-sur-Auzon.

Par nécessité, ces aiguiers sont toujours implantés sur des terrains en pente ou immédiatement en aval de ces derniers. Leur impluvium peut être un plan de roche dénudé et creusé de rigoles de collecte ou un chemin barré d'une rigole oblique poursuivie jusqu'à l'aiguier. (Un autre dispositif, mais qui n'est pas attesté à Saint-Saturnin-lès-Apt, consiste en une toiture collectrice concave avec lauses inclinées convergeant en direction du trou de collecte. )

© CERAV

Lieu dit Les Lazarins à Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse) : aiguier millésimé 1906 sur son linteau

Une crépine de petites branches, placée dans les trous de collecte réservés dans les parois arrière ou les côtés de la bâtisse, servait à filtrer l’eau et à empêcher les petits animaux de tomber à l’intérieur.

La profondeur des cuves oscille principalement de 0 m 90 à 2 m 20. Une seule atteint 3 m 35.

Si quelques aiguiers sont à ciel ouvert et libres d’accès aux troupeaux et au gibier (les grives étant tirées depuis un poste de chasse ou espère édifié à proximité), la plupart sont recouverts et protégés soit par une voûte encorbellée en forme de coupole, bâtie en pierres sèches, soit par une voûte clavée en berceau, aux voussoirs généralement liés par du mortier. Dans le premier cas, le bassin est de plan circulaire ou carré avec arrondissement des angles, dans le deuxième cas de plan rectangulaire. Un troisième type, plus rare, de couvrement est constitué par de grande dalles rectangulaires taillées qui sont posées au niveau du sol, soit en plafond (dalles juxtaposées), soit en bâtière (dalles affrontées) au-dessus d'une cuve rectangulaire.

La porte d’entrée dans les deux premiers types est tenue soigneusement fermée.

Les aiguiers couverts par une coupole en encorbellement ont pour caractéristique commune d'avoir leur coupole légèrement en retrait par rapport au corps de base. La fonction de cette retraite reste énigmatique : abritait-elle un chéneau circulaire destiné à receuillir l'eau de pluie tombant sur le parement extérieur de la coupole ou est-elle la trace d'une couverture de lauses retirée après l'abandon de l'installation ?

De même, les aiguiers couverts par une voûte en plein cintre présentent un extrados à peine protégé par de la caillasse alors qu'on s'attendrait plutôt à une couverture de grandes lauses à deux pentes.

Enfin, il faut noter que les aiguiers à voûte clavée sont parfois renforcés intérieurement par une arche, maçonnée ou non, soit parallèle à la directrice de la voûte, soit erpendiculaire à celle-ci.

Quel que soit le type de couvrement employé, les parois intérieures de ce dernier sont toujours dans la continuation de celles du bassin creusé dans la roche.

Dépendant généralement d'une ferme proche, l'aiguier servait, selon le cas, à un usage domestique (laver le linge, arroser le potager), un usage pastoral (abreuver les bêtes) ou encore un usage artisanal (distiller la lavande et refroidir le serpentin).

Certains aiguiers portent un millésime, ainsi deux aiguiers au lieu dit Les Lazarins, datés respectivement de 1882 et 1906.

La tradition de creuser des citernes ou aiguiers est cependant antérieure à la fin du XIXe siècle. Une mention fort éclairante à ce sujet nous est livrée par Auguste Roux danssa monographie « Villars, un village de l’ancienne Provence«  :

« le 28 mars 1666, les conseils font observer que la montagne ‘est fort sèche’. Il y a un rocher au quartier de La Brasque ‘propre à creuser un aiguier’ afin d’abreuver les troupeaux … ‘on verra un maître-coupeur de pierres’. Le 6 juin, une partie du rocher est creusée. André Clément et d’autres ont payéle travail dont ils jugent la nécessité. Il est délibéré de poursuivre la besogne conformément ‘au marché fait’, de ‘relarguer’ le tout et de le payer ».

(Cité dans A.P.A.RE, Aiguiers et cabanes en pierre sèche des Monts de Vaucluse, inventaire et mise en place d’un programme de sauvegarde et de découverte : 

- rapport méthodologique, Commune de Saint-Saturnin-d’Apt, Avignon, octobre 1986 ; 

- rapport méthodologique, Commune de Villars, Avignon, septembre 1987).

Sources :

- François et Claude Morenas, Circuits de découverte des Monts de Vaucluse, guide de sentiers pédestres conçu par Regain, Auberge de jeunesse à Saignon (Vaucluse), Reboulin, Apt, 1974, 75 p., en part. pp. 49-54 (le pays des aiguiers) + carte h. t. ;

- Pierre Coste, Pierre sèche en Provence, dans Les Alpes de lumière, No 89-90, 1er et 2e trim. 1985, pp. 3-60.

2 - LE VIGNOBLE DE BANYULS (PYRÉNÉES-ORIENTALES) :
LES AMÉNAGEMENTS LITHIQUES

En Roussillon, le long de la Méditerranée, entre Collioure au nord et Cerbère au sud, se dessine un paysage de terrasses schisteuses plantées en vigne : le vieux vignoble de Banyuls, aménagé sur des versants tournés vers l’est et recevant de ce fait toutes les précipitations, dont des orages cataclysmiques tous les trente ans.

Pour enrayer l’érosion mécanique des eaux, les vignerons ont construit toute une infrastructure pierreuse – murets de soutènement, rigoles d’écoulement pavées – mais aussi des abris construits soit isolément soit dans les murailles.

Il y a quelques décennies, plus de la moitié du vignoble était exploitée par des pêcheurs de Collioure et de Banyuls, des débardeurs de Port-Vendres, des cheminots et des douaniers de Cerbère.

Les outils traditionnels du vigneron étaient la banasta (panier pour porter les pierres) et le cavec (piochon), outre un marteau pointu d’un côté et plat de l’autre pour casser les cailloux et les façonner selon leur place à venir dans la murette.

© Guy Oliver

Murette à Cerbères (Pyrénées-Orientales).

L’expression « construire sa vigne » désigne parfaitement à la création des parcelles de vigne. Une fois que la terre était défrichée, il fallait, avant toute chose, dessiner la vigne, repérer les courbes de niveaux, et surtout, déterminer où l’on allait mettre l’agulla, ou rigole, et le peu de gall, ou « pied de coq », si l’on voulait que l’eau s’écoule bien. Puis on construisait les murettes. Enfin, on répandait la terre dans chaque feixa ou bande de terre, entre deux murettes, pour uniformiser la pente. Ce travail se faisait l’été, avant ou après la vendange. Les agulles et les peus de gall étaient pavés. Les murettes nécessitaient des fondations penchées vers l’arrière, atteignant la roche mère et pouvant dépasser un mètre de profondeur. Les plus gros cailloux, ou cossols, étaient enfouis dans la terre. Pour la partie visible, les viticulteurs-maçons ne choisissaient que les beaux cailloux, petits, avec une face plate. Les autres étaient entassés derrière la murette. Ensuite on couvrait la murette avec une assise de lloses. La largeur des feixes était de cinq rangées de ceps environ, mais quelquefois, le viticulteur construisait une murette pour un seul pied, isolé entre deux rochers. En une journée on érigeait environ trois mètres linéaires de murettes.

Sources : 

- F. Poirot, C. Rosas, A. Dourdan, J.-M. Goyhenex et P. Palau, Les vignerons scupteurs de montagnes, I, dans Terres catalanes, No 5, 1994, pp. 32-49 ; 

- A. Dourdan, J.-M. Goyhenex et D. Machu, Les vignerons scupteurs de montagnes, II, dans Terres catalanes, No 7, 1994, pp. 26-34.

3 - CAMON (ARIÈGE) :
LES CABANES EN PIERRES SÈCHES

Le village de Camon se trouve dans le canton de Mirepoix, dans la partie nord-est du département de l'Ariège, aux confins de l'Aude. Autour du village, qui est situé dans la plaine de l'Hers, se dressent des collines où affleurent des grès : c'est là que plus de 80 cabanes ont été inventoriées, à partir de 1996, par l'association « Montagne et patrimoine ». La soulane de ces collines recèle en effet les vestiges d'une agriculture aujourd'hui défunte : terrasses retenues par des murs de soutènement, chemins dallés, canaux d'amenée d'eau, sources captées, et bien sûr cabanes de pierre sèche.

Une gravure datant de 1825 (« Vue du Château et Monastère de Camon du côté du Nord ») montre plusieurs parcelles en vignes sur les versants d'une de ces collines ; une cabane, reconnaissable par sa forme et son entrée, est même visible à la base d'une de ces parcelles. C'est le phylloxéra qui, à la fin du XIXe siècle, a signé l'arrêt de mort de ce paysage viticole datable des Temps Modernes.

Une typologie à la fois morphologique et fonctionnelle se dégage de l'étude des cabanes. Six exemples précis en rendent compte.

1/ Une cabane parallélépipédique, formée de deux parois encorbellées ou demi-voûtes opposées symétriquement et interrompues par un plafond de grandes dalles, donnant un espace intérieur en forme de nef renversée visible dès l'entrée, les côtés de celle-ci n'étant que l'intersection des plans obliques des encorbellements avec le plan vertical de la façade (dim. intérieures : prof. : 3,20 m, larg. : 1,20 m, haut. : 2,05 m). Pas d'aménagements intérieurs. Fonctions : abri et resserre.

Camon (Ariège) : abri formé de deux demi-voûtes encorbellées opposées symétriquement.

2/ Une cabane parallélépipédique, avec entrée axiale ménagée dans un des côtés et donnant dans un espace intérieur de 2 m sur 2,20 m. Le passage du plan subcarré de la base au plan subcirculaire de la voûte, haute de 2,15 m, se fait au moyen de quatre grandes dalles barrant les angles de façon à donner une assise octogonale. Aménagements intérieurs : niches et étagères, bancs en pierre. Fonctions : abri et habitation temporaire.

3/ Une cabane subcirculaire (diamètre intérieur :1,10 m, hauteur de flèche : 2 m), au couvrement extérieurement arrondi. Pas d'aménagements intérieurs. Fonctions : abri et resserre.

4/ Une cabane de petite taille, intérieurement carrée (côté : 1,60 m, hauteur de flèche : 1,50 m), à l'entrée axiale très basse et à la voûte terminée par un plafond de petites dalles. Pas d'aménagements intérieurs. Fonctions : abri et resserres-à-outils.

5/ Une guérite incluse dans un large mur d'enclos construit en galets (poudingues) provenant des champs cultivés. Le couvrement de la guérite dépasse légèrement le faîte de la muraille. L'espace intérieur est carré (côté : 1,40 m, hauteur de flèche : 1,80 m). Pas d'aménagements. Fonction : assietadou (c'est-à-dire endroit où s'asseoir).

6/ Une construction petite et basse incluse dans un mur de soutènement ; un étroite entrée donne dans un espace de 1,20 m de côté et de 1,10 m de hauteur de flèche, coiffé d'un plafond de grosses dalles. Fonction : resserre-à-outils.

Le sentier à thèmes tracé sur la soulane dominant le village, rend compte de cette typologie.

Source : Jean Besset, Patrice Castel, Olivier Sanchez, Les cabanes de Camon [Ariège], Montagne et patrimoine - Mairie de Camon, 2000, 74 p.

4 - AUBAIS (GARD) :
LES CABANES EN PIERRES SÈCHES

La petite commune d'Aubais dans le Gard fait partie d'une micro-région portant le nom de Soubergues. Quatre-vint-douze cabanes, intactes ou ruinées, y ont été recensées par Claude Bouet.

Construites en matériau calcaire, elles sont dans des parcelles privées, à l'exception de deux d'entre elles situées dans les anciens communaux. Elles servaient d'abris temporaires aux agriculteurs lors des travaux des champs et pendant les vendanges et les olivades. Des dates inscrites sur les parois y ont été relevées : 4 du XVIIIe siècle, 22 du XIXe et 17 du XXe.

Les dimensions extérieures, qui ne dépassent pas les 4 m de côté (à une exception près), font généralement 3 m de longueur sur 2,80 m de largeur et guère plus de hauteur. Sur 83 cabanes à l'entrée identifiable, aucune n'est exposée au nord, 38 le sont au sud, 19 à l'est et au sud-est, 18 à l'ouest et au sud-ouest. Au nombre des aménagements, on trouve fenestrons, oculus, sièges, banquettes et niches. Les sols sont en terre battue ou en affleurement rocheux nivelé ou à pavage de lauses.

Une typologie, fondée sur le plan et la forme extérieurs, distingue :

- le parallélépipède au toit plat ;

- le parallélépipède au toit légèrement bombé ;

- le parallélépipède au toit plat coiffé d'un dome aplati en retrait, de plan circulaire ;

- le parallélépipède au toit plat coiffé d'un dome aplati en retrait, de plan quadrangulaire ;

- le parallélépipède au toit plat coiffé d'un tronc-de-cône en retrait ;

- le cylindre surmonté d'un dôme, sans discontinuité entre les deux ;

- la cabane de plan semi-circulaire et à façade rectiligne ;

- la cabane de plan en fer en cheval et à façade rectiligne.

© Christian Lassure

Parallélépipède au toit plat coiffé d'un tronc-de-cône plein en retrait.

Mais le plus grand nombre des édifices consiste en constructions massives, frustes, sans forme bien définie et faisant partie généralement d'un mur ou d'un tas d'épierrement.

Les linteaux d'entrée sont soit une dalle brute en calcaire phonolithique (30 cas), soit un bloc taillé en calcaire marneux ou en molasse coquillère (11 cas).

Pour compenser la fragilité des dalles ou blocs employés comme linteaux, les constructeurs ont fait appel à d'astucieux systèmes de décharge, souvent doubles :

- arc de lauses clavées délimitant un vide semi-circulaire au-dessus du linteau (deux blocs trapézoïdaux superposés forment un succédané de clé) ;

- dalle horizontale posée sur deux billettes au-dessus du linteau, délimitant un vide rectangulaire, puis à nouveau, au-dessus, deux petites dalles opposées en bâtière, enserrant un vide triangulaire ;

- dalle horizontale posée sur deux assises de moellons reposant sur le linteau (pas de vide rectangulaire), puis à nouveau, au-dessus, deux petites dalles opposées en bâtière, enserrant un vide triangulaire (le seul système de décharge effectif) ;

- doublement de la grande lause formant le linteau par une lause un peu moins longue, cette dernière servant de base à deux lauses opposées en bâtière, enserrant un vide triangulaire ;

© Christian Lassure

Linteau double déchargé par une bâtière de lauses.

- deux grandes lauses opposées en bâtière, enserrant un espace triangulaire, puis, calé sur cette bâtière, un pseudo-arc clavé en lauses ;

- doublement de la mince dalle formant le linteau par une grosse dalle posée sur des billettes et délimitant un vide ténu, puis à nouveau, dalle plus petite posée sur deux piles, enserrant un vide rectangulaire.

iconographie aubaisienne

Sources :

- Claude Bouet, Les cabanes d'Aubais (Gard), polycopié, l'auteur, Aubais, juin 1990, env. 50 p., nombreuses cartes et planches photographiques h. t. ;

- Claude Bouet, Micro-géographie de l'habitat agreste d'un terroir du Soubergues (Languedoc oriental). Les cabanes d'Aubais [Gard] (A la découverte des capitelles), E.N.D., Nîmes, 1994, 87 p.

5 - LANGLADE (GARD) :
LES CABANES EN PIERRES SÈCHES

Les cabanes en pierres sèches de la commune de Langlade dans le Gard ont été inventoriées par Gérard Gory. En tout 74 cabanes ont été dénombrées, dont 58 % dans un état qualifié de « bon » ou de « moyen » et 42 % à l'état de ruines.

La majorité des cabanes sont accolées ou incorporées à un mur, seuls 9 % des édifices se trouvent isolés dans la parcelle.

Les plans de base sont principalement ovoïdes (19 %), en forme de Q (36 %) ou en forme de P (33 %). Quelques rares cabanes sont de plan carré ou rectangulaire.

Les zones à vestiges de pierre sèche de la commune se trouvant sur le versant sud d'une colline et étant protégées par le sommet de celle-ci, les ouvertures sont au sud sud-ouest et aunord nord-ouest (malgré le mistral).

Les linteaux sont à 80 % du type monolithique. Les cabanes servaient d'abris aux bergers et aux agriculteurs.

Exploitant des photographies aériennes faites entre 1973 et 1990, période pendant laquelle 30 % de la commune à connu des incendies, Gérard Gory a pu d'emblée établir une représentation des structures de murs en pierre sèche sur la commune.

Source : Gérard Gory, Les bocages lithiques du Gard. Comparaison entre Nîmes et Langlade [Gard], dans Le point sur la problématique des bocages lithiques, Actes de la journée d'étude du 14 septembre 1994 au Ministère de l'environnement, Paris, rapport polycopié, Ministère de l'environnement - Association « Pierre sèche et patrimoine aubaisien », s. d. (1995), pp. 47-55.

6 - MONTIGNAC-SUR-VEZÈRE (DORDOGNE) :
LES CABANES EN PIERRES SÈCHES

Commune du Sarladais ou de ce qu'il est convenu d'appeler le Périgord Noir, Montignac-sur-Vezère doit à un passé viticole (le vignoble des Gardes produisait un vin réputé qu'Eugène le Roy mentionne dans Jacquou le Croquant) les vestiges d'au moins une cinquantaine de cabanes en pierre sèche.

Ces abris, qui ont été étudiés par Eric Bougeot, se dressent sur les versants et les plateaux calcaires coniaciens qui bordent la plaine alluviale de la Vezère. L'ensemble le plus important est constitué par les calcaires disséminés sur les plateaux des Gardes et des Catalandes surmontant Montignac. Un autre ensemble est formé par les cabanes regroupées autour d'une maison rudimentaire à La Roumagère. En dehors de ces ensembles, les cabanes sont isolées ou groupées par deux.

Le plus souvent les édifices sont, à la base ou jusqu'à mi-hauteur, accolés à la roche, au dénivellé du terrain ou très souvent contre un muret.

Les ouvertures sont toujours orientées vers l'intérieur des enclos, faisant ainsi autrefois face aux vignes. Vingt-six cabanes regardent le sud et le sud-est, huit l'est, huit autres le sud-ouest et l'ouest, une seule regarde le nord-ouest (d'où viennent les vents froids violents et la pluie), sept regardent le nord-est.

Les édifices sont de plan circulaire ou sensiblement ovale, à l'exception d'une cabane bâtie sur plan rectangulaire.

Les parois, réalisées à l'aide de blocs calcaires ou de lauses brutes, sont verticales, avec parfois un léger fruit. Une seule cabane possède un crépi extérieur.

Les couvertures sont le plus souvent coniques, parfois domicales. Trois couvertures sont légèrement campaniformes. Un larmier est présent sur tous les édifices, sauf trois où le passage de la partie cylindrique à la couverture se fait sans discontinuité.

Les entrées sont d'élévation rectangulaire et font 1,50 m-1,60 m de haut pour 0,80 m-0,90 m de large pour les plus courantes. Les piédroits sont faits de blocs calcaires taillés alternant parfois avec de grosses dalles équarries. Les linteaux sont des poutres en bois ou de grosses dalles.

Les aménagements les plus courants sont les lucarnes et les niches, les moins fréquents les dallages de lauses calcaires et les anneaux de pierre.

Les entrées possèdent très souvent des portes en bois aux ferrures métalliques, avec des pierres de butée (dans sept cabanes).

Une cabane présente une cheminée avec piédroits et chambranle en bois, hotte en blocs calcaires et conduit cylindrique réservé dans la masse de la toiture au départ de l'encorbellement et débouchant à l'extérieur.

Nées de l'expansion du vignoble de Montignac au XVIIIe siècle, ces cabanes furent des abris de choix pour les paysans mais aussi des resserres pour le petit matériel de culture. Elles connurent la crise phylloxérique à partir de 1877, puis les replantations avant l'abandon final du vignoble dans les années 1930.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, certaines cabanes servirent de point de rencontre ou de gîte nocturne à des Résistants.

Source : Eric Bougot, Recensement des cabanes en pierre sèche de Montignac-sur-Vezère (Périgord Noir), dans L'architecture vernaculaire, t. 13, 1989, pp. 23-36.

7 - LE CAUSSE DE LIMOGNE (LOT) :
LES CABANES EN PIERRES SÈCHES

Les cabanes en pierre sèche qui parsèment la surface du causse de Limogne dans le Lot ont été étudiées par Pierre Dalon.

Voûtées par encorbellement, elles se répartissent en deux grandes catégories :

- de simples abris aménagés dans l'épaisseur des murs des enclos ou dans des amoncellements d'épierrage ;

- des cabanes de belles dimensions et plus soigneusement bâties servant de refuges pour les travailleurs des champs ou de loges pour les animaux (étables, bergeries, poulaillers) ; répondant au nom local de cabanos, elles constituent l'équivalent, au sud du Lot, des casellos des causses du Nord.

L'emplacement des cabanes est très variable : dans la cour des fermes ou à proximité, dans les champs, les vignes, les pacages ou les bois, au bord des chemins.

Elles peuvent être isolées au milieu d'un enclos ou à un angle ; elles peuvent être situées sur une crête, sur un versant ou en terrain plat.

Leur orientation la plus fréquente est entre le sud et l'est.

Les abris simples, peu variés, sont généralement de petites guérites semi-circulaires avec ou sans couverture, qui rappellent les raparros du Roussillon : ils servaient principalement aux bergers pour se protéger du vent.

© Christian Lassure

Coupe-vent en forme de fer à cheval dans d'anciens parcours à moutons.

Les grandes cabanes, plus intéressantes, sont très diverses : elles sont soit circulaires (75 %), soit rectangulaires ou en U (20 %), soit carrées (1,5 %) ; certraines relèvent d'un type particulier : cabanes doubles ou à entichambre (3,5 %).

Les cabanes de plan circulaire sont à toit conique ou à toit plat ou encore de profil cylindro-tronconique ou cylindro-ogival (hauteur égale ou supérieure à 4 m, diamètre supérieur à 3 m).

© CERAV

Lieu dit La Bertrande à Laburgade (Lot) : grande bergerie.

Les cabanes de plan rectangulaire, à la voûte en arc brisé délimitant un volume intérieur en forme de carène renversée, ont soit un aspect extérieur caréné, soit la forme d'un parallélépipède rectangle au toit plus ou moins plat.

Les cabanes de plan carré ont un toit conique ou pyramidal ; elles sont à coupole sur pendentifs pour la plupart.

Les cabanes doubles ou à antichambre sont ordinairement de plan rectangulaire et à voûte ogivale ; parfois la première pièce est rectangulaire, mais la deuxième est circulaire. La partie antérieure servait d'abri au bergers, la partie postérieure de logement pour les brebis.

Ls ouvertures sont d'élévation généralement rectangulaire et parfois trapézoïdale (elles ont alors un linteau en pierre ou en bois). Elles peuvent être aussi triangulaires ou en arc brisé (hauteur : de 1 m à 1,50 m).

Les aménagements intérieurs sont variés : niches-placards, bancs de pierre, mangeoires, cheminées, poutres en bois supportant un plancher dans la coupole (grenier), etc. On note aussi des lucarnes d'observation, des trous d'aération, des épis ou pierres quillées (dans les cabanes rondes à toit conique).

La plupart des cabanes encore visibles et connues ont été construites au XIXe siècle, entre 1800 et 1880 principalement. Certaines ont pu être édifiées au XVIIIe et vers la fin du XVIIe siècle : il s'agit alors de constructions robustes et bien entretenues.

Source : Pierre Dalon, Les cabanes en pierre sèche du causse de Limogne [Lot], dans Bulletin de la Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot, t. 94, 1973, 2e fasc., avril-juin, pp. 103-131.

8 - LE CAUSSE DE MARTEL (LOT) :
LES CABANES EN PIERRES SÈCHES

Le sud-est du causse de Martel, dans ses parties les plus pauvres, laissées aux ovins, est parsemé de cabanes en maçonnerie sèche dont une soixantaine ont été recensées par Pierre Lannes. Situées en des lieux permettant une bonne observation (sommet, ligne de crête, passage de draille, bord de combe), elles sont soit isolées au milieu d’un enclos (25 d’entre elles), soit en connexion avec un mur ou un angle d’enclos (respectivement 17 et 16) ou avec un cayrou (10). Elles servaient principalement d’abris pour les bergers.

Elles se répartissent en trois types :

- de simples guérites pour une ou deux personnes, aménagées dans l’épaisseur d’un mur ou d’un tas d’épierrement (au nombre de 15, soit 26%) ;

- des édifices de plan circulaire, dotés d’une belle voûte encorbellée (25, soit 45%) ;

- des constructions de plan rectangulaire ou carré, à couverture de larges dalles posées en succession ou à voûte circulaire reposant sur des trompes barrant les angles (14, soit 24%).

On a voulu, à tort, les baptiser « capitelles », terme importé, sans racine locale, et qui désigne les cabanes des environs de Nîmes (Gard), alors qu’il eût été plus simple et moins inexact d’utiliser une appellation locale : soit gariote (garioto) pour les guérites rudimentaires, soit caselle (casello) pour les édifices plus importants.

Source : Pierre Lannes, Le problème des capitelles sur le causse de Martel [Lot], Mémoire secondaire de D.E.S., Faculté des lettres de Toulouse, 1967, publié dans Travaux de l’Institut d’art préhistorique de Toulouse, t. 10.

9 - LE PLATEAU DE MILLEVACHES (CORRÈZE) :
LES CABANES EN PIERRES SÈCHES

Il s’agit de petites cabanes rudimentaires aux parois de pierres sèches et au toit formé de branchages chargés de mousses, de mottes de gazon et de bruyère, que l’on rencontre dans la partie haute de la Corrèze (Tarnac, Chavanac, etc.), à une altitude supérieure à 800 m. Elles ignorent totalement le procédé de la voûte de pierres encorbellées.

En règle générale, leur plan est approximativement en forme de fer d’âne, plus ou moins resserré à l’ouverture. Quelques exemplaires ont le fond occupé par un siège en pierre que l’on recouvrait d’herbes sèches. Bâties au XIXe siècle par des bergers, elles servaient d’abris d’où ils pouvaient surveiller les troupeaux dans les pâturages.

A titre de comparaison, on peut citer les abris similaires qui se rencontrent dans le Quercy : abris semi-circulaires, en forme de fer à cheval, mais sans couverture, que les bergers érigeaient pour se protéger des vents du Nord.

On a voulu voir dans ces cabanes la continuation, la « survivance » d’un mode de construction néolithique : cela ne peut être autre chose qu’une hypothèse tant que la filiation entre cabanes néolithiques et abris de bergers de ces derniers siècles n’aura pas été établie par la découverte et la fouille de chaînons intermédiaires, lesquels, dans le cas présent comme dans bien d’autres, font défaut jusqu’ici. De vagues ressemblances de plan et d’aménagement entre les cabanes visibles actuellement sur le plateau de Millevaches et une hutte néolithique découverte dans les tourbières du Schleswig-Holstein dans le nord de l’Allemagne ne sauraient être considérées comme des preuves.

Sources :

- Eugène Passien, Cabanes de tradition néolithique sur le plateau de Millevaches [Corrèze], dans Etudes limousines, Bulletin de la Société d’ethnographie du Limousin, de la Marche et des régions voisines, juillet-décembre 1970, No 38-39, pp. 101-103.

- Marius Vazeilles, Le pays d’Ussel, préhistoire et histoire ancienne, Tulle, 1962, pp. 34-35.

10 - LE DÉPARTEMENT DU VAR :
LES CABANES EN PIERRES SÈCHES

Les cabanes en pierres sèches du Var forment une longue traîneé qui relie le groupe des Alpes-Maritimes (Tourrettes-sur-Loup, Caussols, Saint-Cézaire, etc.) aux groupes des Bouches-du-Rhône (autour de l'étang de Berre, près d'Aix et sur la chaîne de La Trevaresse, à Trets, à la Ciotat, etc.).

Elles ne se rencontrent que dans les terrains calcaires et sont absentes des massifs cristallins de l'Estérel et des Maures.

Elles se trouvent le plus souvent sur l'ubac d'une colline (sauf dans la région de Toulon où elles sont construites aussi sur l'adret), ou sur un plateau désertique, aujourd'hui envahis par la végétation mais autrefois cultivés.

Les cabanes ne dateraient, pour les plus vieilles, que du XVIe siècle (aucune preuve d'une datation aussi haute n'est apportée), et pour les plus récentes, du XIXe siècle.

Leur usage est lié aux anciennes cultures pratiquées sur les restanques (pois chiche, blé, orge, oliviers, arbres fruitiers, etc.).

Seillans (Var) : cabane en forme de cylindre bas à fruit.

Construites sur des lieux cultivés éloignés des villages et des fermes, elles servaient d'abris temporaires aux cultivateurs, procurant à ces derniers fraîcheur en été et leur servant de couchage pour plusieurs jours lors des grands travaux agricoles. Elles le protégeaient aussi du mistral et des autres vents froids avec leur entrée évitant l'ouest.

En dehors des cabanes agricoles, on trouve aussi des cabanes pastorales associées à un enclos, sur les grandes drailles de transhumance. L'enclos n'avait qu'une entrée étroite par où passait le troupeau et qui était fermée par des branchages. Parfois la porte de la cabane donnait dans l'enclos, ce qui permettait au berger de surveiller les bêtes plus commodément la nuit. Parfois un puits ou une lavogne se trouvait à proximité pour faire boire les bêtes.

Certaines cabanes en pierre sèche servaient d'abris aux charbonniers de bois, très nombreux dans le Var, en particulier dans les bois des Prannes, entre Ampus et Chateaudouble, sur le plateau entre Trans et Les Arcs, dans la forêt entre Tourves et Bras.

Source : Eric Kalmar, Cabanes en pierre sèche de la Provence littorale. 1 - Le Var, coll. « Connaissez-vous ? », l'auteur, 1995, 88 p. + 20 p. intercalées.

11 - LE PAYS DE FORCALQUIER (ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE) :
LES CABANONS POINTUS

Les cabanons pointus des environs de Forcalquier et de Mane dans les Alpes-de-Haute-Provence doivent leur surnom à leur silhouette caractéristique : une base de plan circulaire, parfois carrée, coiffée d'une toiture conique dont la rive en saillie court autour de l'édifice.

Le plus petit a 8 m de circonférence extérieure, leur hauteur varie entre 2 et 7 m.

Presque tous ont une seule entrée, des placards, des fenêtres étroites, parfois une cheminée ou des étagères.

Ils servaient à protéger les outils d'un jardinier, la provision de bois ou les ruches d'un paysan, ou encore son repos les jours de canicule au moment de la « méridienne » ; parfois ils servaient d'écurie pour un âne, un mulet ou un petit troupeau.

Autour des anciennes carrières de Mane, abandonnées au milieu du XIXe siècle, les cabanons pointus sont l'œuvre des carriers, auxquels ils doivent leur bel appareillage.

Leur construction remonte rarement au-delà du XVIIIe siècle. Ceux qui sont datés (ou datables) sont tous du XVIIIe ou du XIXe siècle. À Forcalquier, les cabanons pointus sont portés sur le cadastre napoléonien de 1813 sous la forme d'un rond ou d'un carré sur le numéro de la parcelle et avec le nom du propriétaire. Les noms des propriétaires de l'époque sont des noms de familles connues à Forcalquier et à Mane.

Une carte postale du début du siècle et un relevé publié dans le volume Provence du Corpus d'architecture rurale du Musée des ATP sont tout ce qui reste des « cinq cabanons pointus de Forcalquier », ensemble d'édifices juxtaposés qui doivent leur surnom à leur silhouette caractéristique : une base de plan circulaire, coiféee d'une toiture conique dont la rive en saillie court autour de l'édifice.

© CERAV

Les cinq cabanons (presque) pointus de Forcalquier d'après une carte postale du début du XIXe siècle.

Sources :

Pierre Martel, Le sentier des cent cabanons, cahier No 5 (16 p.) de Sentiers de haute Provence, I, Le Pays de Forcalquier, dans Les Alpes de Lumière, Nos 47-48, automne-hiver 1969.

Salamandre, Les cabanons pointus de Forcalquier, 11 mai 2011.

12 - LE MONT D'OR LYONNAIS : 
LES CABORNES

Les cabanes en pierres sèches du Mont d'Or lyonnais sont désignées vernaculairement sous le nom de caborne ou caborgne. D'après le dictionnaire étymologique du patois lyonnais de Nizier de Puitspelu, caborne signifie un « petit réduit, une hutte, dans laquelle les journaliers se mettent à l'abri ». « Par extension, se dit avec un sens péjoratif de toute habitation misérable ». Un inventaire des cabornes sur les communes de Saint-Cyr, de Saint-Didier et de Saint-Romain au Mont d'Or a été réalisé par Claude Pierron.

l. Les différents types de cabornes

En fonction de leur taille et de leur architecture, les cabornes se répartissent en quatre grands types :

- la guérite pour une personne ;

- l'abri pour une, deux ou trois personnes ;

- la caborne proprement dite (pour cinq à dix personnes et plus) ;

- la grande caborne.

1.l. Les guérites pour une personne : Incluses dans un mur d'enclos ou parfois dans un mur de soutènement, les guérites individuelles constituent la version élémentaire de la caborne. De plan rectangulaire, elles sont toujours équipées d'un banc en pierre occupant le fond. Leur hauteur ne permet guère que de s'asseoir.

1.2. Les abris pour une, deux du trois personnes : En forme de hutte au sommet arrondi, ils sont de dimensions réduites et de faible hauteur. Une ou deux personnes, parfois trois, peuvent s'y asseoir ou s'y accroupir, rarement y rester debout (sinon à l'aplomb du sommet). L'entrée, qui n'est jamais orientée au nord, oblige à se baisser pour pénétrer à l'intérieur.

1.3. Les cabornes proprement dites (pour cinq à dix personnes et plus) : De plan circulaire ou carré, d'une hauteur intérieure variant de 1,70 m à 3,00 m selon la surface de la cellule, les cabornes proprement dites sont le type le plus représenté. Soit isolées, soit incorporées ou accolées à des murs ou à des pierriers (appelés chirats localement), elles utilisent différents types de voûtement :

- la voûte clavée en berceau, dont les pierres sur chant sont bloquées entre deux parois renforcées ;

- la voûte auto-clavée (avec parfois quatre blocs aux angles en guise de trompes pour le passage du plan carré au plan circulaire) ;

- le toit de dalles rectangulaires à pente unique.

Lorsque la caborne est incluse dans un chirat, seule son entrée est repérable. Celle-ci, basse, dépasse rarement 1,50 m de hauteur. Comme aménagements intérieurs, il peut y avoir une ou plusieurs niches, un petit ressaut faisant office de banc le long d'une paroi, des pierres encastrées en bas de la paroi en guise de sièges. Quelques cabornes ont un muret de protection devant l'entrée.

1.4. Les grandes cabornes : Les grandes cabornes sont de plan rectangulaire et à voûte en forme de nef renversée, comme les cabanes de Gordes. Elles atteignent 4 m de profondeur, 3 m de largeur et 4,50 m de hauteur. Des trous de boulins donnent à penser qu'un plancher de solives était réalisé pour servir de réserve ou de grenier. Dans cette catégorie, comme dans la précédente, nombreuses sont les entrées qui ont leurs piédroits et leur couverte (couvrement) en pierres de taille et qui possèdent une porte en bois avec loquet et serrure.

Carte postale des années 1930-1940, de teinte sépia, au ciel colorisé en bleu clair.
Au recto : LES MONTS D'OR - Une « Caborgne ».
Curieuses Cabanes en pierre construites par les bergers, donnant au sommet des Monts d'Or l'aspect d'un paysage indien. On aperçoit, dans le fond, le sommet du Mont Cindre.
Au verso (carte divisée) : EDIT. J. CELLARD - 10, MONTEE DU CHEMIN-NEUF, LYON.

2. Usages et date des cabornes

Les cabornes du Mont d'or, comme leurs consœurs d'autres régions, n'ont pas échappé aux tentatives de vieillissement. Elles ont été présentées comme :

- station proto-historique au XIXe siècle (Bolo, Falsan et Locard, Chantre, etc,) ;

- système défensif dans les années 1930, les murs et les chirats étant les fortifications (manuscrit d'Ernest Langlade).

L'enquête orale menée auprès des anciens à Saint-Cyr a révélé une origine et une utilisation plus prosaïques. Les cabornes ou caborgnes étaient construites et habitées temporairement par les caborniers ou caborgniers, ouvriers journaliers célibataires ou mariés ; voire avec enfants, qui, pour le compte de propriétaires, enlevaient les pierres des champs et des vignes ou construisaient et réparaient des murs et des pierriers, remontaient la terre des parcelles en pente, en échange de nourriture. Cela expliquerait l'abondance et la taille des murs et des chirats, mais aussi les différences dans leur qualité d'exécution.

Le dernier cabornier connu, un dénommé Dégruel, plus connu sous le sobriquet de « Poète », vivait dans la caborne de la famille Chavannes sur la commune de Saint-Roman, Il aurait vécu également dans deux autres cabornes, ce qui semble indiquer qu'il aurait travaillé pour différents propriétaires.

Une famille vivait dans la caborne du Pinet à Saint-Romain. On les appelait « les Cabornis ». Le mari serait mort pendant l'hiver 1925-1926 et serait enterré ainsi que sa femme dans le cimetière de Saint-Romain. La tradition rapporte qu'il aurait été découvert mort de froid et qu'il aurait été redescendu sur une échelle par les habitants du pays, sa femme était absente, retenue par les gendarmes pour abus de boisson.

Certaines cabanes auraient servi de demeures aux carriers et tailleurs de pierre, très nombreux dans la région et qui, venant du Sud ou d'Italie, s'abritaient en construisant une caborne avec des déchets de carrière, à proximité des mareins (déblais de carrière).

Autres usages suggérés :

- abris pour les bergers gardiens des troupeaux de chèvres ;

- locaux pour la préparation et la conservation du lait et des fromages, en raison de la fraîcheur sous les chirats.

Sur l'âge des cabornes, deux éléments de datation, outre ceux cités ci-dessus, sont disponibles. Une cabane sur la commune de Saint-Didier porte les inscriptions « Fait par MOY CLAUDE D... » sur le linteau et « 1847 » sur la fenêtre ouest. Sur une commune voisine, un agriculteur rapporte avoir vu son oncle construire une caborne. Celle-ci, semblable à d'autres de ce même terroir, a toutefois une finition irrégulière qui pourrait provenir d'un manque de métier ou de soin.

Source : Claude Pierron, Les cabornes du Mont d'Or lyonnais. Premiers résultats d'enquête, rapport remis au Comité du Pré-inventaire des Monuments et richesses artistiques du Rhône, octobre 1986, photocopie, 7 p.

13 - LE CANTON DE NOLAY (CÔTE-D’OR) : 
LES CABOTES

Les cabanes en pierre sèche des communes de La Rochepot, Saint-Aubin, Cermot-Le-Grand et Chassagne-Montrachet dans le canton de Nolay (département de Côte-d’Or) ont livré leur secret grâce à l’étude d’Elisabeth Reveillon.

Dénommées localement cabotes, elles se présentent toutes associées à un mur de délimitation ou de soutènement. Le couvrement le plus courant est la coupole hémisphérique surbaissée sur plan circulaire, semi-circulaire, carré, voire rectangulaire, mais une voûte en carène sur plan trapézoïdal est également attestée.

Les aménagements sont rares : quelques blocs faisant office de banquette rustique, parfois une niche ou une retraite du mur formant tablette. La présence d’une cheminée distingue, outre une cabane de vigne, deux cabanes de lavier (carrier extrayant des laves ou lauses) sur la commune de La Rochepot : foyer d’angle dans l’une, foyer central dans l’autre (l’une des deux constructions est dénommée « la Mougnotte », c’est-à-dire la petite maison).

Ces édicules, ainsi que la tradition orale en conserve le souvenir, ont été construits par les propriétaires eux-mêmes, cultivateurs ou vignerons. Une cabane date de la fin du XIXe siècle, une autre du début du XXe et une troisième enfin des alentours de 1930 (fin de la tradition constructive donc).

Sur un recueil de plans de 1764, concernant des terres à la limite des finages de Baubigny et de La Rochepot, sont dessinés les murgers (murs et tas d’épierrement) ainsi que des figures plus petites, circulaires ou carrées, représentant vraisemblablement des cabanes isolées (la tradition constructive est donc attestée dès le milieu du XVIIIe siècle).

Source : Elisabeth Reveillon, Cabanes de pierres sèches, dans Canton de Nolay, architecture et œuvres d&# 46;art, catalogue de l’exposition de Nolay, juillet-août 1981, Secrétariat régional de l’Inventaire général de Bourgogne, Dijon, 1981, pp. 98-105.

14 - GENOUILLY (SAÔNE-ET-LOIRE) :
LES CADOLES

Etudiées par Jean-Pierre Large de 1973 à 1976, les cabanes en pierre sèche ou cadoles de ce secteur du Mâconnais sont souvent de plan circulaire et de profil cylindro-conique.

Ouvertes à l’Est, elles ont une entrée exiguë.

Elles montrent, comme aménagements intérieurs, banquettes, niches, fenêtres, portes à serrure. Une cadole est même crépie intérieurement.

Certaines cadoles constituent par leurs dimensions de véritables maisons permettant le séjour de plusieurs personnes.

Sources :

- Jean-Pierre Large, Etude des cadoles du Mâconnais, dans Bulletin annuel de la société d’études et de recherches archéologiques et historiques de Vagnas (S.E.R.A.H.V.) (Ardèche), No 8, avril 1974, pp. 9-14 ;

- Jean-Pierre Large, Les cadoles du Mâconnais (suite). Secteur de Genouilly [Saône-et-Loire], dans Bulletin annuel de la Société d’études et de recherches archéologiques et historiques de Vagnas (S.E.R.A.H.V.) (Ardèche), No 9, avril 1975, pp. 19-20, et No 10, avril 1976, pp. 23-29.

15 - LE BARSÉQUANAIS (AUBE) :
LES LOGES OU CADOLES

Aussi appelées loges, les cadoles ou anciennes cabanes de vigne des collines de Courteron, de Gué-sur-Seine et des Riceys dans l’Aube, ont été redécouvertes par Jean-Claude Dubreuil et Guy Lazzarotti au milieu des bois et des friches où elles se dressaient abandonnées depuis le phylloxéra à la fin du XIXe siècle.

Parmi les dizaines de témoins encore intacts, une morphologie domine : plan intérieur dérivé du cercle, absence générale de larmier à la base de la toiture, présence parfois d’une retraite entre le bas et la toiture (aux Riceys en particulier), toiture en forme de cône plus ou moins arrondi ou de pain de sucre, présence de contreforts ou de murgers contre la circonférence extérieure.

© CERAV

Lieu dit Comèle au Conard à Courteron (Aube).

Les cadoles ont payé un lourd tribut d’une part aux occupants allemands de la 2e guerre mondiale, lesquels ont détruit des cabanes à la grenade pour les empêcher de servir d’abris à des résistants, d’autre part aux engins de terrassement remettant en valeur les friches dans les années 1960 à l’instigation de la SAFER.

La vie dans les loges vigneronnes semble avoir été idyllique : « En hiver comme en été (…), une loge était accueillante, confortable (…) Elle était fraîche pendant la canicule, grâce à l’épaisseur de ses murs et à l’absence de trop grandes ouvertures (…) On n’y rencontrait jamais de moustiques, ni de mouches, ni de taons. Une cavité creusée sous une partie de mur permettait qu’on y garde au frais la boisson, recouverte d’une poignée d’herbe humide de rosée. On s’y retirait de même à la mauvaise saison et la froidure ne vous y atteignait que difficilement. On y faisait du feu et, si la fumée s’échappait par le trou central de la voûte, les pierres de la paroi absorbaient la chaleur, la conservaient et la restituaient. C’était 'comme dans un four', affirment les anciens ».

Certaines loges, situées en terrain communal, rassemblaient les vignerons d’un même secteur ne possédant pas de cabanes individuelles.

D’autres loges, situées sur le plateau, en limite de forêt, étaient fréquentées par des bûcherons et des gardiens de chèvres.

En dehors des loges, existait un autre type de construction en pierre sèche : l’acoigneau, coupe-vent bâti en demi-lune et tournant le dos à l’est, contre lequel on s’adossait pour se garantir du vent et de la pluie.

Source : Jean Daunay, Les cadoles du Barséquanais [Aube], Comité du Tourisme du Barséquanais, Bar-sur-Seine, 1985, 32 p.

16 - LE MÂCONNAIS SEPTENTRIONAL ET LE TOURNUGEOIS :
LES CADOLES

Etudiées par Gabriel Jeanton et Charles Dard dans l’entre-deux-guerres, les cadoles ou cabanes en pierre sèche du Tournugeois ont livré quatre types morphologiques :

- la cabane circulaire à coupole hémisphérique,

- la même, hissée sur un socle en pierres sèches,

- la cabane incluse sous un murger,

- la cabane rectangulaire rattrapant le plan circulaire au niveau de la calotte.

L’emploi du bois apparaît dans les édifices les plus récents.

Quelques cadoles datent du XVIIIe siècle, ainsi la cadole dite « à Jean Guyot », au lieu dit La Combe sur la commune de Mancey, porteuse du millésime 1756 (date correspondant à la période d’extension des vignobles).

On construisit des cadoles jusqu’en 1920.

Les cadoles sont liées à la culture de la vigne, même là où le vignoble a cédé la place à des pâtures.

Certaines cadoles furent des habitations permanentes.

Source : Gabriel Jeanton et Charles Dard, Les cadoles en pierres sèches voûtées en coupole du Tournugeois, dans Bulletin de la Société des amis des arts et des sciences de Tournus, t. 42, 1942, pp. 165-177.

17 - LA GARRIGUE MARGUERITTOISE (GARD) :
LES CAPITELLES 

Ces édifices, recouverts par la végétation, ont reparu au grand jour après l'incendie du 2 août 1989 qui vit se consumer un millier d'hectares dans les collines au nord de Marguerittes, ville située à 10 km à l'est de Nîmes.

Leur recensement, conduit par l'Association pour la sauvegarde du patrimoine de Marguerittes, a permis de dénombrer 122 capitelles, dont 30 en bon état ou légèrement dégradées, 21 écroulées mais réparables, et 71 complètement effondrées.

Elles se rencontrent surtout dans la moitié sud de la garrigue, le sous-sol y étant constitué par des bancs calcaires gélifs aux affleurements abondants. Elles sont moins nombreuses dans la moitié nord, qui est constituée principalement de marnes et de calcaires massifs.

Elles se dressent dans la partie haute ou aux angles de petits enclos de quelques ares, autrefois plantés d'oliviers, de vignes et d'arbres fruitiers.

Sur 105 unités dont l'entrée est identifiable, 85 sont orientées au Midi (c'est-à-dire sud, sud-est et sud-ouest), 10 à l'ouest et 1 au nord-est, 6 à l'est et 3 au nord-est. Les constructeurs ont donc tenu compte de la direction des vents dominants (mistral et tramontane).

Morphologiquement, les constructions sont trapues, avec des parois verticales marquées par un léger fruit et avec un sommet plat ou bombé.

On distingue :

- des cabanes à plan carré extérieurement et intérieurement, soit articulées à un mur d'enclos, soit isolées, avec une entrée axiale ou décalée ; certaines cabanes indépendantes ont leurs angles légèrement arrondis ; une cabane est carrée à l'extérieur mais circulaire à l'intérieur ;

- des cabanes à plan circulaire, soit incorporées dans un mur-pierrier, soit isolées ; certaines tendent vers l'ellipse, l'entrée étant, selon le cas, dans l'axe du grand diamètre ou dans celui de petit diamètre ;

- des cabanes à plan semi-elliptique, avec une façade ou un côté rectiligne ;

- des cabanes à plan circulaire mais à façade rectiligne.

Les surfaces intérieures vont de 1 m2 à 13 m2.

Les entrées ont leur élévation rectangulaire avec un linteau souvent déchargé par une lucarne.

Quand ils existent, les aménagements se résument à une niche, une banquette, un foyer avec conduit de cheminée réservé dans le voûtement, un fenestron.

Dans le cadre de la création d'une zone paysagère entre les premières crêtes des collines de la garrigue au nord de Marguerittes et le tronçon de l'autoroute Nîmes-Remoulins au sud, un conservatoire de la pierre sèche a été érigé dans la « Combe des Bourguignons » : un circuit de découverte serpente au milieu des murs, terrasses et capitelles restaurés ou remontés par l'entrepreneur en maçonnerie Maurice Roustan pour le compte de la commune. 

Source : Raymond Martin et Bruno Fadat, Les capitelles de la garrigue marguerittoise [Gard], Association pour la sauvegarde du patrimoine de Marguerittes, 1991, 96 p.

18 - LE CAUSSE COMTAL (AVEYRON) :
LES CAZELLES

Situé au nord de Rodez, à une altitude de 600 m, le Causse Comtal – un des « petits causses » – est limité au sud par la vallée de l'Aveyron, au nord par le Dourdou, à l'ouest par le Rougier de Marcillac. Il se fond, à l'est, avec le causse de Sévérac.

Le Causse Comtal comporte plusieurs zones à cabanes, situées près de villages, sur les parties caussenardes et le plus souvent sur des terrains communaux, ainsi sur les communes de Muret et de Rodelle au nord, et de Gages au sud (avec de 15 à 20 cabanes par zone).

Etudiées par Bernard Monestier, les cazelles du Causse Comtal sont des bâtisses rudimentaires, petites, construites en matériau d'épierrement (pierres calcaires plates brutes).

Elles ont servi à des bergers ou à des cantonniers.

De par leur forme extérieure, elles font penser, vues de côté, à des manteaux de berger posés au sol, aux capelines de bure des anciens bergers caussenards.

Les plans au sol sont

- soit circulaires ou subcirculaires, avec une entrée aux côtés généralement ébrasés vers l'extérieur ;

- soit rectangulaires ou subrectangulaires, avec une entrée occupant la totalité ou la majeure partie d'un petit côté.

Dans les « capelines » de plan en fer à cheval et à ouverture ébrasée, la voûte oblongue se présente sous la forme de deux parois d'abord verticales puis encorbellées se rejoignant au sommet ; elle fait penser à la nef renversée d'un navire.

Sur la commune de Rodelle, deux cabanes sont bâties sur les vestiges d'un dolmen dont elles réutilisent les dalles latérales servant de support à la table disparue.

Sur la commune de Bezonnes, deux cabanes ont pour couvrement un pan de dalles ou de grosses lauses reposant sur des pièces de bois.

D'autres abris sont construits à des angles de murs ou dans des clapas.

Comme aménagements on note, dans certaines cabanes, des pierres saillantes faisant office de siège, dans d'autres, un fenestron.

Sources :

- Bernard Monestier, Constructions de pierres sèches, No 3 (Les « cazelles » du Causse Comtal [Aveyron]), s. d. (1988), l'auteur, polycopié, 60 p. ;

- Bernard Monestier, Constructions en pierre sèche sur les causses Comtal et Rouge [Aveyron], dans Architecture de pierre sèche, Causses et Cévennes, revue trimestrielle du Club Cévenol, 100e année, t.XVIII, No 2, avril-mai-juin 1995, pp. 49-50.

19 - LE CAUSSE ROUGE (AVEYRON) :
LES CAZELLES

Situé à l'ouest de Millau, à une altitude oscillant entre 600 et 700 m, le Causse Rouge est un des « petits causses ». Au nord, il se perd dans le causse de Sévérac ; à l'est, il est séparé du causse de Sauveterre par la Lumansonesque ; au sud-est et au sud, il est bordé par le bassin du Tarn ; à l'ouest, il est interrompu par la vallée de la Muze. Il a une vocation agricole et pastorale (moutons, vaches).

Répondant au nom de cazelles, les cabanes en pierre sèche du Causse Rouge ont été étudiées successivement par Bernard Monestier et André Fages.

Elles se répartissent en trois grandes zones de la partie sud du causse :

- entre Navas et Thérondels et entre Caudas et Comprégnac, deux zones qui comportent une cinquantaine d'édifices, de plans et de formes diverses ;

- vers Soulobres, une zone qui comporte une dizaine d'édifices, plus une trentaine de clapas parementés sur 1 m à 1,70 m de haut et remplis de pierres brutes.

Si toutes les cazelles sont bâties en pierres calcaires, les plus grandes et les plus belles font appel à de grosses pierres de grès taillées pour les encadrements d'ouvertures (entrées, fenêtres) et, dans le cas de bâtisses quadrangulaires, pour les chaînes d'angle. Ces pierres de grès proviennent des Monts du Lévézou proches ou ont été récupérées sur des constructions anciennes en ruine.

Le calcaire local étant gélif, certaines cazelles, construites uniquement en pierres calcaires, sont plus ou moins ruinées.

Le plan au sol prédominant est circulaire ; la forme prédominante est le cylindre surmonté d'un couvrement très aplati (généralement délesté de sa couverture de lauses).

M. Monestier a publié le relevé et le descriptif d'une quinzaine de cazelles ; citons, parmi les plus belles :

- à Comprégnac, une très grande cabane consistant en un haut cylindre (diam. int. : 6,30 m ; ép. parois : 1 m), couverte d'un toit en forme de soucoupe renversée (du fait que seul en subsiste le coyau, les assises de lauses au-dessus ayant été retirées) ; voûte en coupole culminant à 7 m de haut ; entrée axiale (larg. : 1 m), couverte par une dalle calcaire surmontée de plusieurs lauses formant larmier ; comme aménagements : trois fenestrons (à l'est, au nord et à l'ouest), une niche ;

© CERAV

Comprégnac (Aveyron) : grande cabane délestée de ses lauses.

- à Comprégnac, au lieu dit Thérondels, une grande cabane consistant en un cylindre de 2,50 m de haut (diam. int. : 4,70 m ; ép. parois : 0,80 m), surmonté d'un deuxième cylindre en retrait, moins élevé, lui-même coiffé d'un cône aplati (le tout étant en fait l'extrados de la voûte, mis à nu par l'enlèvement des lauses de couverture) ; voûte culminant à 6 m de haut ; entrée aux piédroits en blocs de grès (larg. ext. : 1 m) ; comme aménagements : trois fenestrons (à l'est, au nord et à l'ouest), deux pierres d'attache à l'intérieur, deux autres de part et d'autre de l'entrée, une niche ;

- à Comprégnac, une construction de plan quadrangulaire, ouverte sur tout un côté (prof. : 3 m) ; entrée (larg. : 2,60 m, haut. : 1,82 m) aux piédroits en blocs de grès soutenant un linteau de bois de 3 m de long ; intérieurement, coupole aplatie de 3,30 m de flèche ; au fond, une mangeoire de pierre ; à proximité, un abri situé dans un mur-clapas ;

- sur la commune de Millau, une cabane carrée (côté int. : 2,40 m) au toit légèrement pyramidal ; dalle de faîte disparue ; pas d'aménagements ;

- à Saint-Beauzely, bel édifice en forme de cylindre (diam. int. : 3,90 m ; ép. parois : de 0,90 m à 1 m), surmonté d'un deuxième cylindre en retrait, lui-même coiffé d'un pain de sucre (ici encore, l'extrados de la vôute mis à nu par le vol des lauses) ; voûte à encorbellement partant du sol et culminant à 5 m de haut ; entrée axiale (larg. ext. : 0,80 m, haut. ext. : 1,55 m) ; aménagements : un fenestron au sud-ouest et des poutres d'échafaudage faisant office de mezzanine ; autre édifice, de même modèle, mais plus petit, à proximité.

Au nombre des aménagements des cazelles, on note :

- des dalles en larmier au-dessus du linteau de l'entrée ;

- des pierres trouées en saillie dans les parois (pour attacher un animal) ;

- des niches murales ou placards ;

- des fenestrons aux points cardinaux.

Aucune inscription (date, initiales) n'a été remarquée à l'extérieur ou à l'intérieur des constructions.

Sources :

- Bernard Monestier, Constructions de pierres sèches, No 2 (Les « cazelles » du Causse Rouge [Aveyron]), s. d. (1988), l'auteur, polycopié, 51 p. ;

- Bernard Monestier, Constructions en pierre sèche sur les causses Comtal et Rouge [Aveyron], dans Architecture de pierre sèche, Causses et Cévennes, revue trimestrielle du Club Cévenol, 100e année, t. XVIII, No 2, avril-mai-juin 1995, pp. 49-50.

- André Fages, Caselles et pierre sèche, collection Passion des Causses, Les Adralhans, Millau, 2000, 230 p.

- Christian Lassure, Nouveaux éclairages sur les cabanes en pierre sèche dépossédées de leur toiture de lauses, dans www.pierreseche.com, 4 septembre 2003.

20 - SOUBÈS (HÉRAULT) :
LES CAZELLES OU MASICOTS

La commune de Soubès dans l'Hérault se répartit en trois zones bien distinctes : le plateau, recouvert de landes et de forêts ; les pentes du plateau, recouvertes de bois et de taillis ; la partie basse, qui contient les cultures, étagées en faisses ou traversiers. C'est dans cette partie basse qu'ont été recensées 180 cabanes de pierre sèche, appelées dans le pays cazelles ou parfois masicots (le nombre réel dépasse certainement 200).

Leur densité est généralement fonction de l'éloignement du village et de la richesse des ténements en matériaux de construction. Il n'y en a pas, ou guère, dans les bas fonds, au voisinage des rivières, et sur les parties plates, riches en alluvions mais pauvres en pierres.

Dans les parcelles, les cabanes sont situées :
- soit dans un tas d'épierrement ou casal (ce sont en général les plus belles) ;
- soit dans ou devant des murs d'épierrement séparant deux terres de même niveau ;- soit dans des murs de support d'étagères de culture (ce sont généralement les plus petites).

Dans leur grande majorité, les cabanes sont en pierres calcaires provenant de l'épierrage des sols, mais une ou deux sont en pierres de tuf.

La forme extérieure de la cabane a souvent peu de rapport avec sa forme intérieure et, fréquemment, une construction en prisme droit extérieurement, renferme un abri circulaire. Il n'y a guère qu'une douzaine de cabanes qui ont des dimensions importantes, c'est-à-dire mesurant environ 5 m de hauteur pour une superficie de base supérieure à 10 m2.

La proximité des cabanes avec des cultures actuelles ou abandonnées indique qu'elles ont été ou sont encore des abris d'occasion pour l'agriculteur, pour ses outils, pour ses produits (fumier, engrais, poudres, piquets, ficelles, etc.).

Source : Albert Reynes, Les « capitelles » de la commune de Soubès (Hérault), dans L'architecture vernaculaire, suppl. No 3, 1983, pp. 112-113.

21 - LE PLATEAU DE L'AUVERNE (HÉRAULT) :
LES CONSTRUCTIONS EN PIERRE SÈCHE

Bordé au sud par le lac artificiel du Salagou et au nord par la vallée de la Lergue, le plateau de l'Auverne, dans le département de l'Hérault, présente un ancien maillage lithique (murs de parcelles, terrasses de culture, cabanes en pierres sèches, etc.) plus ou moins à l'abandon, à l'exception de quelques champs de céréales et vignes. S'il abrite une capitelle fort connue, celle dite du Mas Audran, il recèle tout un ensemble anonyme de bâtiments construits en basalte recensés par M. Jean-Pol Nicol.

Ce sont en tout une quarantaine de constructions que l'auteur a inventoriées sur un terrain couvrant 350 hectares. La typologie proposée distingue :

- les capitelles (cabanes non-incluses, voûtées par encorbellement, à usage supposé de grenier provisoire);

- les cabanes rectangulaires (cabanes non voûtées, à usage supposé d'écurie ou d'abri à charrette) ;

- les « abris » (guérites incluses dans des murailles) ;

- les « enclos » (c'est-à-dire des abris sans couverture) ;

- les « fauteuils de berger » (c'est-à-dire des niches murales) ;

- les « puits-capitelles ».

A plusieurs reprises, l'auteur note la présence de « mares » à proximité de constructions : ne s'agirait-il pas des creux où auraient été retirées les pierres de la construction ? Il est aussi impressionné par la quantité (une vingtaine) de « fauteuils de berger », dont certains distants entre eux de quelques mètres seulement : l'hypothèse d'anciens ruchers en pierre sèche comme ceux observés en Provence ne serait-elle pas plus plausible ?

© CERAV

Lieu dit Mas Audran à Lacoste : grande cabane à degrés.

A propos des capitelles « à redans successifs » rencontrées sur le plateau, M. Nicol note très justement que ces degrés servaient d'échafaudages extérieurs permettant au bâtisseur de limiter les efforts de levage des pierres : « La hauteur des redans, qui varie de 50 à 80 cm suivant la taille des capitelles, correspond à la position d'une pierre portée à bout de bras (de l'ordre de 20 à 80 kg) pour un homme debout de taille moyenne. Cela lui permet de travailler avec ses jambes et ses reins et évite de porter l'effort sur ses bras » (p. 16).

Source : Jean-Pol Nicol, Le plateau de l’auverne (Hérault). Constructions en pierre sèche : cabanes, capitelles, fauteuils de bergers, enclos et murs, polycopié, l’auteur, 1992, 48 p.

22 - LE HAUT VICDESSOS (ARIÈGE) :
LES CABANES D'ORRIS

Contrairement à ce qu'on peut trouver écrit ici ou là, le terme orri désignait en Ariège une réalité non pas architecturale mais spatiale : il s'appliquait uniquement au site d'habitation et d'exploitation pastorale lors des estives de juin à septembre. « Faire orri » signifiait non pas construire une cabane en pierre sèche mais faire fonctionner les installations déjà existantes de traite des brebis et de fabrication de fromages dans les quartiers d'estive (la jasse).

La vie dans les orris ariégeois au XIXe siècle a été décrite par divers auteurs (Joseph Dangerma ; Claude Rivals ; Jean Besset et al), en prenant comme exemple le haut Vicdessos en pays de Foix.

Pendant qu'une partie de la famille s'activait dans les vallées aux travaux des champs et des prés, un ou deux membres « montaient à l'orri » , c'est-à-dire aux estives, pour y surveiller les bêtes, ovins ou bovins. L'orri englobait tout un ensemble de petits bâtiments ou dispositifs : la cabana, le masuc, le cabanat, la marga, le parec.

La cabana ou cabane des bergers était un édifice voûté par encorbellement, de 3,50 m de long sur 2,50 m de large en moyenne et d'au moins 2 m de haut, recouvert d'une bonne épaisseur de terre engazonnée ou girbage et doté d'un long couloir d'entrée servant de sas, avec pour toute cheminée, un trou dans la paroi. Seule la porte était en bois, du moins dans les temps les plus récents. Pas de table, les genoux en tenant lieu. Comme sièges, un quartier de roc ou un banquet en bois. Un bat-flanc en lauses, ou jas, recouvert de paille, de bruyère ou de genêt, pour tout lit. Un coffre pour les provisions. Des finestroles, ou niches, pour le rangement des menus objets. Dans un coin, les ustensiles pour la fabrication du fromage. À côté de l'entrée, la niche du chien affecté à la garde comme à la défense.

Cabana d'un orri aux Estrets, dans le Vicdessos (Ariège). Une énorme dalle vient coiffer une entrée plus étroite en bas qu'en haut. Source : Wikimedia Commons.

Le masuc, formé d'un conduit menant à une salle souterraine haute en moyenne de 1,20 m, n'était rien d'autre qu'une cave où, sur des étagères, mûrissaient les fromages. Il était parfois intégré à la cabane des hommes. Son lieu d'implantation, son orientation et son matériau étaient choisis avec soin.

Le cabanat était un grand abri pour les bêtes malades ou prêtes à mettre bas ou encore pour l'âne.

Le parec, ou parré, était un enclos de murs en pierre sèche servant à protéger les bêtes des loups la nuit ou à les rassembler en vue des soins ou de la traite.

Une marga, ou margue, couloir plus ou moins long, d'un mètre de largeur environ, servait à serrer les brebis en vue de la traite, facilitant ainsi la tâche du trayeur, lequel se tenait à l'extrémité la plus étroite et la plus fraîche, souvent à l'ombre d'un rocher. La margue étatit parfois semi-souterraine, voire souterraine, et se terminait alors dans le cabanat.

A ces cinq bâtiments fondamentaux s'ajoutaient :
- la soue, pen ou parson del porc, où l'on enfermait chaque soir les cochons, nourris avec le petit lait ;
- les poulaillers, abris rudimentaires intégrés aux murs des bâtiments et munis de perchoirs ;
- le canal d'amenée d'eau, besau ou canaleta, conduisant l'eau à l'orri.

La construction de tous ces ouvrages nécessitait l'emploi de divers outils : bêche, barre à mine, levier, masse, chèvre ou palan. Certains bergers, les peïriés, étaient même spécialisés dans la construction des orris. Les pierres étaient prélevées dans les éboulis proches.

Le partage des estives, la distribution spatiale des orris, relevaient d'ententes tacites.

Il existait des groupements de plusieurs orris appartenant à diverses familles.

Aujourd'hui, les bergers « ne font plus l'orri » et les sites d'estive sont à l'abandon depuis 1965.

© Guy Oliver

À défaut de cabane ariégoise, une cabane des Hautes-Pyrénées. On notera la grande dalle qui servait à clore l'entrée (collection Guy Oliver).

Sources :

- Joseph Dangerma, Il était une chapelle ... au fond d'une vallée, impr. Gadust-Steffan, Foix, 1979, en part. pp. 11-16 et 104-106 (photos) ;

- Claude Rivals, volume Midi toulousain et pyrénéen du Corpus de l'architecture rurale française, Berger-Levrault, 1979, en part. chap. 6 (L'habitat pastoral de haute montagne), pp. 102-104 ;

- Jean Besset, Patrice Castel, Olivier Sanchez, Les orris du haut-Vicdessos [Ariège], dans L'architecture vernaculaire en pierre sèche du Midi de la France : unité, diversité, prospective, Actes du colloque d'Auzat et Suc-et-Sentenac des 12 et 13 juin 1999, Fédération méridionale de la pierre sèche, s. l., 2000, pp. 3-15.

- Yves Gruet, Les orris du Vicdessos (Ariège) en moyenne et haute montagne : l'environnement, la structure et le fonctionnement de ces habitats de pierre, communication au 126e congrès national des sociétés historiques et scientifiques (Terres et hommes du Sud), Toulouse, 2001, résumé à ttp://www.cths.fr/4DACTION/www_Con_Communic/75.

23 - LE NEBBIO (HAUTE-CORSE) : 
LES PAGLIADDIU OU PAILLERS

Les pagliaddiu (prononcer « pailliadiou ») du Nebbio et du canton des Tenda dans la Corse du Nord sont des cabanes en pierres sèches disséminées dans le maquis ou sous les oliviers.

Le terme, en langue corse, ne signifie rien d'autre que « pailler », le suffixe corse « addiu » équivalant au suffixe français « ier » ou « er ». C'est la fonction même qui est ici désignée, celle de grenier à paille.

Dans les cantons de Murato et de Saint-Florent, il existe un pailler par groupe de parcelles cultivables et l'on trouve souvent à côté une aire de battage de céréales de forme semi-circulaire et dallée de pierres plates.

De nos jours quelques paillers servent encore d'abri à des bergers mais la majeure partie sont à l'abandon.

©Sylvain Popoff

Le pailler Princivalli.

Sur le plan architectural, les pagliaddiu sont des édifices le plus souvent rectangulaires, faisant 6 m sur 4, avec une épaisseur de mur variant de 0,70 m à 0,90 m et une hauteur intérieure de 3,50 m. Leur couvrement comporte une voûte d'encorbellement couverte d'une toiture de lauses débordant par un larmier. Dans la plaine, certaines toitures étaient recouvertes de terre, que l'on remontait tous les deux ans, en empruntant comme marches d'accès au toit quelques pierres laissées en saillie. Le sol est soit en terre battue, soit dallé. L'entrée est fermée par une serrure classique ou par une barre en bois coulissante.

Des paillers plus rudimentaires avaient leur couvrement fait de branchages recouverts de pierres et de terre.

Les derniers paillers à être construits datent des années 1940-1950. Les plus anciens seraient du XVIIe siècle mais la plupart auraient été construits au XIXe siècle par des émigrants italiens ; quelques linteaux portent des dates : 1836, 1884.

Source : Sylvain Popoff, Les paillers du Nebbio (Haute-Corse), dans L'architecture rurale en pierre sèche, t. 2, 1978, pp. 113-115.

24 - RÉGION DE CLERMONT-FERRAND (PUY-DE-DÔME) :
LES TONNES

Par tonne (mot local de même origine que tonnelle, par comparaison avec la forme du tonneau), on entend dans la région de Clermond-Ferrand (Limagne d'Auvergne) les constructions de paysans ou de petits bourgeois que sont les cabanes, les maisonnettes, les pavillons de champs, annexes de la ferme ou de la maison de ville.

On distingue trois types :

- les tonnes élémentaires, abris de bois, de clayonnage et de branchages ou cabanes en pierres sèches, ainsi les abris de vignerons de l'ancien vignoble du plateau dit des Côtes de Clermont, abris aménagés dans la masse des tas d'épierrement ou dans l'épaisseur des murs de clôture ;

- les tonnes à parois et à couverture maçonnées en moellons hourdis au mortier. Innombrables parmi les vignes, les champs, les vergers, les potagers de la ceinture de Clermont-Ferrand, elles sont de plan quadrangulaire ou circulaire et offrent une grande variété de silhouettes (couverture en berceau, en coupole, en cul-de-four, en pyramide,etc.). Réservées à un usage restreint (garage des outils, repos de quelques instants, abris en cas d'intempérie), elles remonteraient au XVIIIe siècle, et même au XVIIe siècle pour certaines, de par leur architectonique et leur décoration.

- les tonnes à charpente et à toiture couverte de tuiles, bâties sur une base quadrangulaire. Images à échelle réduite de l'ancienne maison auvergnate, ce sont de petits logis temporaires ou des maisonnettes du dimanche, dotés de certains détails d'aménagement et de confort (mobilier). Ce type, ainsi que le précédent, ne vont pas sans rappeler les vide-bouteilles des coteaux d'Agen et de Villeneuve-sur-Lot dans le Lot-et-Garonne ou les maisons de vigne de l'ancien vignoble de Cahors dans le Lot.

Beaucoup de tonnes sont à l'abandon quand elles ne sont pas menacées par l'extension de Clermond-Ferrand.

Source : Joseph Desaymard et Emile Desforges, Les maisonnettes des champs dans le Massif Central, dans L'art populaire en France, Istra, Strasbourg, t. 5, 1933, pp. 19-34.

25 - LE CANTON DE CRÉMIEU (ISÈRE) :
LES CABANES EN PIERRE SÈCHE

On rencontre dans le nord du canton de Crémieu un certain nombre de cabanes en pierre sèche, construites soit en plein champ, soit dans les cours de ferme.

Consistant en une base cylindrique chapeautée d'une toiture conique à la rive saillante, elles servaient autrefois de poulaillers. Elles ne sont pas sans rappeler les galinières du haut Quercy.

Source : site Internet http://www.culture.fr/rhone-alpes/cremieu/archrur/ (page supprimée ou renommée)

26 - FITOU (AUDE) : 
CABANES EN PIERRE SÈCHE Á VOUTE CLAVÉE

Il s'agit de cabanes généralement incluses dans des murailles de pierre sèche et repérables à leur entrée haute et étroite, couverte d'un arc clavé surbaissé (hauteur : 1,80 m, largeur : 0,60 m), se découpant dans le parement de la muraille.

L'espace intérieur, où il faut baisser la tête pour pouvoir se tenir debout, est couvert par un voûtement original : un arceau central de pierres clavées, de 2 à 2,50 m d'ouverture au sol, sert d'appui à deux demi-voûtes clavéesqui viennent buter sur lui. Dans certains cas, on a même deux, voire trois arceaux juxtaposés, formant comme une voûte en berceau. Le recours à ce mode de franchissement de l'espace implique l'emploi d'un cintre en bois. La poussée de ce type de voûtement est contenue par l'épaisseur même de la muraille ou encore, lorsqu'il n'y a pas inclusion, par l'épaisseur des murs. N'étant pas étanches, ces voûtes clavéesétaient à l'origine colmatées intérieurement à l'aide d'argile et de chaux.

© Christian Lassure

Voûtement à un arceau central et deux demi-voûtes clavées d'une cabane fitounaise.

C'est sans doute la forme grossière des pierres calcaires tirées du sol et l'impossibilité pour les défricheurs de trouver des dalles longues et plates qui expliquent l'usage de la voûte clavée de préférence à la voûte par encorbellement.

Source : Anny De Pous, L'architecture de pierre sèche dans les Pyrénées méditerranéennes, dans Bulletin de la section d'archéologie et d'histoire de l'art du Comité des travaux historiques et scientifiques, Bibliothèque Nationale, Paris, 1968, en part. pp. 42-43.

27 - LE PREMIER PLATEAU JURASSIEN :
MURS ET GUÉRITES EN PIERRE SÈCHE

Le Premier Plateau jurassien est une zone calcaire située au centre du département du Jura, à l'est de Lons-le-Saunier, dans un triangle dont les pointes seraient Lons-le-Saunier (à l'ouest), Poligny (au nord) et Champagnole (à l'est). Dans une vingtaine de communes (et plus particulièrement Bonnefontaine, Crançot, Fay-en-Montagne, Granges-sur-Baume, La Marre, Le Fied, Piccarreau, Vevy), sont encore visibles nombre de vestiges en pierre sèche, larges murs ou murgers bordant les propriétés et guérites s'y abritant.

Les murs en pierre sèche sont bâtis pour la plupart en pierres fines et plates ou laves, et, pour un petit nombre, en pierres sans forme particulière :

- la structure la plus fréquente consiste en une seule épaisseur de boutisses ;

- moins fréquents sont les murs à double épaisseur de pierres enserrant de la pierraille ;

- quelques murs juxtaposent deux épaisseurs de pierres, sans pierraille intermédiaire ;

- enfin, plus rarement, le mur n'est qu'un tas informe sans réelle structure.

Certains de ces murs sont terminés par un chaperon de laves posées de champ perpendiculairement aux parements du mur et inclinées d'un même côté.

Les abris nichés dans les murs reçoivent des appellations qui diffèrent d'un village à l'autre :

- génériques (abri, loge),

- décrivant leur incorporation dans une muraille (cabane en murger),

- décrivant leur ultime ultilisation (cabanes de bergers, après avoir été cabanes de cultivateurs),

- couleur locale (borde, caborde, ce dernier terme rencontré aussi dans le Doubs voisin),

- pseudo-historiques ou humoristiques (cabanes de moines).

Construits avec les mêmes matériaux que les murs et intégrés à ces derniers, les abris méritent l'appellation de « guérites ». Ils sont dans leur majorité orientés nord-est, c'est-à-dire dos au vent dominant, qui souffle du sud-ouest. Les entrées, réalisées par deux encorbellements opposés, dessinent des formes en plein cintre, en arc brisé (ou « en goutte d'eau »), en bâtière, qui se retrouvent à l'intérieur. Certaines guérites ont leurs parois verticales coiffées par un plafond de dalles. La surface moyenne des abris est de 2 à 3 m2, le maximum étant 6 m2 et le minimum 0,5 m2. Les aménagements intérieurs sont constitués par une banquette, une niche, un sol dallé. 

Granges-sur-Baume (Jura) : abri couvert par deux encorbellements opposés et contenant deux banquettes de pierre également opposées; le mur à droite comporte un échalier formé de deux dalles saillantes et une niche. Source : Wikimedia Commons.

La majorité des abris sont situés loin des villages, dans des parcelles cultivées au XIXe siècle, puis transformées en pâtures ou retournées à la friche ou à la forêt au XXe. Si leurs constructeurs furent des paysans, dont certains, œuvrant aussi dans les carrières locales, avaient un tour de main de carrier, leurs derniers utilisateurs furent des bergers. Diverses dates gravées dans la pierre ont été trouvées : le millésime 1860, gravé en deux parties de part et d'autre d'une croix, et le millésime 1820.

À la date de 1999, des recensements méthodiques avaient été conduits sur trois communes : La Marre (80 abris), Granges-sur-Baume (80 abris) et Vévy (53 abris).

Deux sentiers touristiques ont été aménagés pour faire connaître ces petits édifices :

- le sentier « Sur la piste des cabanes » à Granges-sur-Baume,

- le « Sentier des pierres sèches de la Marre ».

Sources :

- Florence Néret, Les cabanes en pierres sèches du Premier Plateau [Jura], dans Maisons paysannes de France, No 122, 4e trim. 1996, pp. 17-19 ;

- Florence Néret, Les cabanes en pierres sèches du Premier Plateau [Jura], polycopié, septembre 1996, 23 p.

28 - LES COTEAUX DE CHAMPLITTE ET DE BUCEY-LES-GY EN HAUTE-SAÔNE :
LES CABORDES

Dans les clos de vignes des coteaux calcaires de Champlitte et de Bucey-les-Gy en Haute-Saône,les anciennes cabanes de pierre sèche à voûte autoclavée ont pour nom caborde.

Elles se dressent isolées au milieu de l’enclos ou sont incorporées dans un murger.

En autommne et en hiver, le vigneron pouvait s’y reposer et prendre son repas devant un feu de sarments brûlant à l’opposé de l’entrée.

Source : Jean-Christophe Demard, Bocages lithiques en Haute-Saône, dans Le point sur la problématique des bocages lithiques, Actes de la journée d’étude du 14 septembre 1994 au Ministère de l’environnement, Paris, rapport polycopié, Ministère de l’environnement – Association « Pierre sèche et patrimoine aubaisien », s. d. (1995), pp. 19-22.

29 - LES CONFINS DE L'OUEST DE LA CREUSE
ET DU NORD-EST DE LA HAUTE-VIENNE : LES LOGES

Aux confins de l'ouest de la Creuse et du nord-est de la Haute-Vienne, sur les communes contiguës de Saint-Goussaud (Creuse) et de Jabreilles-les-Bordes (Haute-Vienne), ont été recensées une cinquantaine d'édifices, dont l'appellation la plus répandue est celle de loges, survivantes des quelque 150 qui auraient existé en ces lieux au début du XXe siècle. 

Construites en granit, elles peuvent être classées en trois grands groupes :

- des constructions indépendantes, soit isolées, soit adossées à un muret : leur emprise au sol est généralement rectangulaire ou en fer à cheval, parfois circulaire ; leur entrée est couverte par un linteau ;

- des guérites incorporées totalement ou partiellement aux murets des banquettes de culture : elles ont généralement un plafond de longues pierres plates recouvertes par la végétation de la banquette, plus rarement une voûte clavée en berceau ;

- des constructions diverses exploitant les replis de terrain, les roches naturelles ou encore les surplombs rocheux.

Sur la commune de Saint-Goussaud, à proximité du village de Fieux, on trouve des « mini-loges » de 30 cm sur 30, intégrées aux murs de banquettes : il s'agirait de petits poulaillers en plein champ, fermés le soir à l'aide d'un fagot.

Certaines loges auraient été bâties aux environs des années 1830-1850, d'autres seraient encore plus récentes. Au lieu dit Le Cros, à Jabreilles, on se souvient encore du nom d'une personne qui a construit de 6 à 8 loges.

Les « maçons de Paris », c'est-à-dire les maçons du crû qui allaient gagner leur vie dans la capitale mais revenaient au pays en hiver, auraient pris part à la construction des loges.

On rapporte aussi que la construction d'une loge servait de test d'aptitude aux jeunes apprentis désireux d'accompagner un maçon migrant.

En dehors des communes de Saint-Goussaud et de Jabreilles, on rencontre encore des loges à Arrènes (Creuse) et à Biersac, Laurière, Saint-Léger-la-Montagne, Bessines et Folles (Haute-Vienne). 

Ces loges ont une origine agricole et non pas pastorale, contrairement à ce qui a été prétendu.

Source : Pierre sèche et loges de bergers (sic !), Association Nature et patrimoine, Mairie de Laurière - 87370, polycopié, IPNS, 2001, 18 rectos.

30 - LE PLATEAU DE LANGRES (HAUTE-MARNE) :
CABANES ET MURS EN PIERRES SÈCHES

Dans le sud du département de la Haute-Marne, le plateau de Langres (qui se prolonge en Côte-d'Or par le Châtillonnais) comporte encore de nombreux vestiges en pierre sèche d'origine agricole : cabanes isolées, abris réservés dans des murailles ou des pierriers, murs de parcelles, auxquels il faut ajouter des cabanes de cantonniers.

Ces vestiges ont été « découverts » et étudiés par M. Alain Catherinet (*).

Les cabanes n'ont pas de nom spécifique.

Quelques exemples :
- cabanes agricoles isolées visibles à Boudreville (aux confins de la Haute-Marne et de la Côte-d'Or) ;
- cabane de louvetier incorporée dans un mur-limite au lieu dit La Belle Chapelle à Langres ;
- abri de berger inclus dans un mur-talus à Perrancey ;
- cabane de cantonnier à Praslay, près de la ferme de la Tuillière ;
- mur traditionnel en pierres sèches à Brennes ;
- mur appareillé en arêtes de poisson à Ormancey ;
- mur-limite réalisé en grandes dalles posées de champ entre Morment et Richebourg.

Mais surtout, les vestiges les plus remarquables sont constitués par un vaste ensemble de bâtiments en pierre sèche disposés autour d'une cour à Buzon, près de Langres, au lieu dit « Chapelle de Chardonville » :
- à l'est, le bâtiment principal, tout en longueur, voûté en encorbellement et terminé par une rotonde à lanterne, le tout construit sur une cave voûtée ;
- au nord, de petits bâtiments dont une bergerie ou porcherie, une glacière, un bâtiment abritant deux citernes taillées dans le substrat calcaire.

Il s'agirait d'une ancienne ferme d'élevage.

(*) Cf. Alain Catherinet,
- Techniques de la pierre sèche dans la Montagne de Langres et sur les plateaux bourguignons, dans La Montagne, No 56, 4e trimestre 2001, pp. 20-21 ;
- Les cabanes et abris en pierre sèche dans la Montagne de Langres et sur les plateaux bourguignons, dans La Montagne, No 57, 1er trimestre 2002, p. 17.

31 - LA VALLÉE DE BARÈGE (HAUTES-PYRÉNÉES) :
LES COUEYLAS

La vallée de Barège s'ouvre à partir de Luz Saint-Sauveur à 715 m d'altitude pour monter jusqu'au Col du Tourmalet à 2150 m d'altitude.

A partir de 1700 m d'altitude, on y découvre des vestiges de coueylas, ces quartiers d'estives pour les ovins ou les bovins qui fonctionnaient encore dans les années 1950.

Ces sites, occupés de fin mai à fin septembre, comportaient plusieurs équipements :
- des enclos ceints de murets de pierre sèche où les bêtes étaient réunies pour la traite et les soins ;
- la cabane où dormaient les bergers, bâtisse rectangulaire aux murs de pierre sèche, à l'entrée en pignon et à la toiture en bâtière surbaissée couverte de mottes de gazon ; le foyer était installé à même le sol de la cabane, la fumée s'évacuant dans un trou au carré (tire-hum, lit. « tire-fumée  ») réservé dans le pignon-façade ; il n'y avait pas de fenêtre ; des niches servaient de placards ; les bergers dormaient, à trois ou quatre, sur des lits de fougère et de peaux de mouton ;
- un abri en pierre sèche servant à séparer les veaux de leurs mères pendant la journée afin de réserver le lait de ces dernières à la traite ;
- des rigoles amenant l'eau jusqu'au site pour la conservation au frais du fromage et du beurre confectionnés par les bergers ;
- parfois aussi, des caves à fromages aménagées à partir de raches naturelles, ou encore des puits à neige pour l'approvisionnement en glace ;
- des pierres plates et longues servant de pierres à sel (et accessoirement d'autel à dire la messe).

Barège, plateau de Lienz : cabane de pâtres au début du XXe siècle (carte postale).

Source : Déa et Antoine Fanès, Les coueylas en pays de Toy (vallée de Barège), dans revue Sécurité sociale Midi-Pyrénées, no 91, octobre 1997.

32 - LES CABANES DE CONGÉNIES (GARD)

La commune de Congénies dans le Gard possède plus de 110 cabanes en pierre sèche (cabane, et non pas capitelle, est leur nom local) d'après l'inventaire effectué en 1998-1999 par Loïc Vannon à la suite des recherches de Jacques Bérard. Ces cabanes se trouvent aujourd'hui dans les pinèdes et les garrigues qui couvrent les collines autrefois cultivées.

Il s'agit de constructions de plan circulaire, carré ou rectangulaire, surmontées d'un toit de pierraille ou de grandes lauses. Deux cabanes, au sommet du Puech du Pendu, comportent plusieurs pièces.

Certaines cabanes sont remarquables, comme la « cabane de Marignan  » ou la « cabane du Bleu ». Cette dernière, qui se trouve sur la colline de Laurisset qui surplombe le village, porte à son sommet une couverture d'iris (*).

Congénies (Gard) : « cabane du bleu ».

Une autre cabane, construite à la fin du XIXe siècle dans les garrigues du sud de la commune, possède un grand dôme maçonné en forme de pain de sucre dont la couverture est ornée de galets de couleur ocre des Costières, disposés en épi, de morceaux de marbre et surtout de culs de bouteille qui lui ont valu le nom de « cabane de verre ».

Source : page intitulée « Patrimoine archéologique, vernaculaire et environnemental à Congénies », en date du 4 mai 2008, sur le site « Congénies en Vaunage : histoire et patrimoine »

(*) En avril et mai, ces couvertures d'iris sont en fleur, offrant un spectacle du plus bel effet.

33 - LES CABANES DE BARRET-DE-LIOURE (DRÔME)

Dans la commune de Barret-de-Lioure dans le département de la Drôme, trente-trois cabanes en pierre sèche ont été recensées par l'Inventaire de la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2016. Vingt-deux autres sont en attente.

Ces cabanes servaient de remise, d'étable ou de logement ponctuel ou saisonnier.

Elles sont toutes construites en maçonnerie de pierre sèche calcaire. Les couvrements sont en voûte encorbellée, en voûte clavée ou en charpente à pannes couverte de tuiles creuses ou de tôle ondulée.

Les plus anciennes datent du XVIIIe siècle mais la plupart sont de la fin du XVIIIe et surtout du XXe. Aucun millésime toutefois n'a été rencontré sur les vestiges.

Sur les trente-trois cabanes repérées, huit, qui n'étaient pas ruinées, ont été étudiées.

Barret-de-Lioure (Drôme) : entrée de la grande cabane du Seuil. © Inventaire région Auvergne - Rhône-Alpes.

Les cabanes sont presque toutes situées à proximité de parcelles mentionnées comme « terre labourable ».  Elles constituent donc des édifices bâtis pour un usage agricole. Un tiers des cabanes sont incluses dans un pierrier ou accolées à une extrémité de celui-ci.

Les cabanes sont de plan rectangulaire, voire carré, extérieurement comme intérieurement (sauf exception), ou de plan ovale extérieurement comme intérieurement (sauf exception), ou encore de plan circulaire extérieurement et intérieurement.

À partir de la fin du XIXe siècle, certaines cabanes ont été réutilisées voire remaniées par des bergers. Ce changement d'affectation correspond à une période de déprise agricole, où les terres agricoles les plus éloignées du village servaient uniquement de pâturage extensif.

Les cabanes en pierre sèche de Barret-sur-Lioure sont à rattacher à celles des communes situées au sud, à savoir Ferrassières (Drôme), les Omergues (Alpes-de-Haute-Provence), le Revest-du-Bion (Alpes-de-Haute-Provence), où elles sont conservées en meilleur état.

Source : Les cabanes de Barret-sur-Lioure
http://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/dossier/les-cabanes-de-barret-de-lioure/7a813653-6cd2-4ef2-8cc8-42ae11a3bacf
2016

34 - LES LOGES D'AIZECQ (CHARENTE)

Aux alentours du village d'Aizecq dans le département de la Charente, ont été recensées une trentaine de cabanes en pierre sèche répondant au nom de « loges » (écrites lojhes en patois charentais) et ayant servi d'abris ou de resserres à outils aux agriculteurs et viticulteurs. Elles sont intégrées aux nombreux murs et tas de pierres (« chirons ») de la commune. La plupart sont de simples guérites incluses dans l'épaisseur d'un mur ou d'un pierrier. Leur construction remonte au XIXe siècle. Leur abandon date de la crise du phylloxéra dans le dernier quart du XIXe.

Aizecq (Charente) : ancienne guérite à l'angle de deux murs. Source : Les Lojhes d'Aizecq au fil du temps.

Une association locale – Les Lojhes d'Aizecq au fil du temps –  s'occupe de leur préservation.

Sources :
Dominique Rétouret,
Les loghes d'Azecq défient le temps, Charente Libre, 4 mai 2017
Nathalie Donk-Hanin,
Aizecq aux premières lojhes, Charente Libre, 25 février 2014

35 - LES BARRAQUES DE CATTLAR (PYRÉNEES-ORIENTALES)

Cattlar, commune du Conflent (Pyrénées-Orientales) recèle une centaine d'anciennes cabanes viticoles dont une quinzaine ont été restaurées pour faire partie d'un sentier d'interprétation.

Leur matériau est du schiste ou du granite local.

Cattlar (Pyrénées-Orientales) : ancienne cabane viticole ou baracca.Source: Photo d'Alan Mattingly sur Wikimédia Commons.

Désignées sous le nom de barraca (pl. barraques) en catalan, elles sont les vestiges de l'ancien vignoble conflentois, abandonné à l'arrivée du phylloxéra.

Source : Le patrimoine rural en Languedoc-Roussillon, Fondation du Patrimoine.

36 - HAUTEVILLE-LÈS-DIJON (CÔTE-D'OR) : SES CADOLES ET SES MEURGERS

Avant le phylloxéra (1880), Hauteville était couvert de vignes. La carte I.G.N. de 1964 mentionne encore des vignes au bas de Velars, aux Argillères, au Bas des Clos, route d’Ahuy, et bien sûr aux Ées (chemin des Herbues), où subsiste la vigne de J.-P. Vailliot. Chacun se souvient des pressées festives de Claude Midant, fier de ses crus « aux Tarants » et « La Cognée », dans les années 1980-1990.

Les ceps ancestraux ont donc quasiment disparu mais les murs de pierre orphelins ont gardé leur « architecture » pour l’œil averti : en épi ou en délit oblique, épousant les ondulations du terrain, ils résistent au gel, aux intempéries et aux maraudeurs sans scrupules.

Parfois les amas de pierres (ou meurgers) laissent deviner les bases de cadoles dont les lierres et ronciers masquent la solitude. Les cadoles (ou cabottes sur la Côte) désignent, en patois bourguignon, de petits cabanons en pierre sèche, souvent de forme circulaire (en cul-de-four), adossés à des meurgers, ouverts à l’est (au soleil levant, côté opposé à la pluie).

Cabane adossée à un meurger. Le plan est rectangulaire extérieurement et intérieurement (profondeur  : 2 m, largeur : 1 m 80, hauteur 0 m 90).

 
Mur de pierres en délit oblique et guérite non couverte.

La plupart des cadoles datent du XIXe siècle et servaient de resserres-à-outils ou abris (en cas d’orage et à l’heure du casse-croûte). D’autres, bien cachées dans la forêt ou en contrebas de chemins, auraient abrité des rendez-vous galants ou peut-être même servi de refuge à des petits malins qui voulaient échapper à l’impôt de la gabelle au XVIIIe siècle !

Des villages de la Côte ont redonné vie aux cabottes. À Savigny-lès-Beaume, à Saint-Aubin, à Permand-Vergelesses. Les sentiers serpentent entre les vignes où les cabottes ont retrouvé leur fierté : la pierre s’y laisse à nouveau séduire par les lichens pour se grimer d’or et d’ocre au soleil couchant.

Grâce aux indications des anciens et des agriculteurs (en particulier B. Franet), ont été recensées une dizaine de cadoles sur le territoire communal et quelques autres sur les communes limitrophes, la plupart en mauvais état.

Source : Jacques Lefèvre, Dossier Hauteville-lès-Dijon : cadoles et meurgers, 16 p. (adresse électronique de l'auteur : lefevrejac[at]wanadoo.fr)


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© CERAV

Référence à citer / To be referenced as :

Christian Lassure
Série : Témoins de l'architecture de pierre sèche en France (Surviving examples of dry stone architecture in France)
http://www.pierreseche.com/temoins_france.html
première mise en ligne : 15 octobre 2002

Dernières modifications : 15 octobre 2002 - 18 août 2003 - 7 février 2004 - 26 juillet 2005 - 30 janvier 2007 - 22 juillet 2007 - 4 août 2010 - 14 août 2011 - 13 avril 2016 - 8 novembre 2018 - 9 avril 2019  - 30 septembre 2019 - 3 novembre 2019 - 14 novembre 2021 -  7 janvier 2024

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