L'ARCHITECTURE VERNACULAIRE

revue du CERAV

ISSN 2494-2413

TOME 48-49

2024 - 2025

 

Christian Lassure

Les emprunts du style régionaliste basco-landais aux maisons rurales basques et landaises d'après des cartes postales et des photos privées du XXe siècle
 

Sous le Second Empire, la côte basque était devenue, en raison des séjours de l’impératrice Eugénie, un haut lieu de rencontre et de villégiature pour des couches sociales fortunées et oisives. La parution, en 1887, du roman de Pierre Loti, Ramuntcho, accrut encore la fascination exercée par le Pays basque.

À partir du dernier tiers du XIXe siècle et jusqu'en 1940, un courant régionaliste original s'imposa dans la construction des maisons des riches villégiateurs de la côte basque et de la côte gasconne voisine, donnant lieu à la naissance et à l'essor de deux styles dans l'architecture de villégiature, le néo-basque et le néo-landais, et, dans une moindre mesure, à leur fusion dans le style dit basco-landais.

Le style néo-basque s’inspire de la métairie à façade en pignon et à toiture à deux versants faiblement inclinés que l’on rencontre dans la province du Labourd (la partie maritime du pays basque français) et, dans une bien moindre mesure, de la métairie de la basse Navarre (la région basque à l'est du Labourd) (1).

Le style néo-landais, pour sa part, s’inspire de la métairie de la Grande Lande (c’est-à-dire le centre et le nord du département des Landes) des XVIIIe et XIXe siècles.

Ce sont ces emprunts systématiques aux expressions architecturales vernaculaires que le présent article se propose d'examiner à travers des documents photographiques du XXe siècle – cartes postales et photos privées – jusqu'ici peu sollicités mais riches d'enseignements.

(1) Trop éloignée de la région côtière et de ses villas, la Soule n'a guère été sollicitée par les architectes du mouvement régionaliste.

1. Une réaction à la maison bourgeoise à façade à ordonnance axiale et toit à quatre versants

Il faut toutefois savoir que le style néo-basque se constitue en réponse à certaines pratiques architecturales de membres de la bourgeoisie locale qui, pour se distinguer socialement, en particulier dans les villages de l’intérieur, avaient fait bâtir des maisons ayant une façade à ordonnance axiale et un toit à quatre versants comme on en construisait alors en dans le reste de la France, mais plus généralement en réaction contre les nombreuses nouvelles maisons jugées « sans caractère » par leurs détracteurs régionalistes ou, dans un langage convenu, « sans identité ».

On trouvera ci-dessous deux spécimens : la villa Erlandéenia à Mendionde dans la région du Labourd et la villa du docteur Laugier à Irissarry dans la région de la basse Navarre.

Villa Erlandéenia à Mendionde
 

Carte postale en noir et blanc des années 1910. Dos divisé. Légende sur la face vue, sous la bordure haute : MENDIONDE (Basses-Pyrénées) – Villa Erlandéenia. Éditeur : Cliché Peyroutat.

Mendionde (Pyrénées-Atlantiques) : grande maison bourgeoise du XIXe siècle dont le modèle est non pas la maison de tradition médiévale à la façade en pignon sous un toit à deux versants mais la maison urbaine de la Renaissance à la façade à ordonnance symétrique et au plan à distribution axiale sous un toit en pavillon (à quatre eaux). Ses propriétaires l'ont affublée du nom de « Villa Erlandéenia ».

 

Villa du Dr. Laugier à Irissarry

 

Carte postale colorisée des années 1900. La légende est inscrite sur a face vue, en haut à gauche. Dos non disponible.

Autre grande maison bourgeoise, de même tradition que la précédente, la villa du docteur Laugier à Irissarry en basse Navarre (Pyrénées-Atlantiques). Avec sa longue façade et ses quatre travées de baies, elle en impose encore plus. L'entrée est au niveau de la deuxième travée en partant de la gauche, donc décalée par rapport à l'axe central. 

Cette maison et celle de Mendionde sont tout autant vernaculaires du Pays basque que celles des métayers.

2. La « métairie basque » : une maison-bloc en hauteur d'origine médiévale

Les cartes postales des premières décennies du XXe siècle ont fixé, pour la postérité, les métairies et les fermes du Pays basque dans les derniers temps de leur activité en tant qu'exploitation agricole et au stade ultime de leur évolution architecturale, morphologique et  fonctionnelle. Lorsque les architectes régionalistes, à la recherche d'inspiration, ont pu les observer lors de leurs déplacements, ces métairies et fermes avaient cessé d'être « vernaculaires » (2) puisqu'on n'en construisait plus.

Pour l'historien, la maison basque, avec sa façade en pignon, est de conception médiévale : elle consiste en. un long parallélépipède d'un seul tenant sous une toiture à deux versants, en d'autres termes une maison-bloc, et plus précisément une « maison-bloc en hauteur » ou « à étage » étant donné la présence d'un étage destiné à l'habitation au-dessus d'un rez-de-chaussée à vocation utilitaire. Ce parallélépipède.est le noyau d'un grand nombre de maisons rurales basques.

(2) L'adjectif « vernaculaire », tel que nous l'employons depuis 1980, n'est pas synonyme d'« autochtone », de « propre à une région linguistique ou culturelle ». Son acception, que nous avons empruntée aux chercheurs britanniques de l'époque, tient compte à la fois de la géographie et de l'histoire. Pour reprendre notre essai de définition, paru dans la revue sur papier L'Architecture vernaculaire, supplément No 3, CERAV, Paris, 1983, p. 114, et reproduit sur le présent site (à l'adresse http://www.pierreseche.com/definition_av.html), « un bâtiment vernaculaire appartient à un ensemble de bâtiments surgis lors d'un même mouvement de construction ou de reconstruction affectant une ou plusieurs régions (voire des aires géographiques encore plus vastes) et s'inscrivant dans une période variant d'une région à une autre selon des décalages de quelques décennies à un siècle et plus. En d'autres termes, un type vernaculaire se rencontre dans une fourchette chronologique marquée par une date avant laquelle il n'existe pas et par une date après laquelle il cesse d'être construit. Les exemplaires de ce type, s'ils ne sont pas conservés tels quels, sont alors soit détruits, soit modifiés, soit incorporés à d'autres bâtiments ».

 

Métairie ou ferme des environs de Saint-Jean-de-Luz
 

Carte postale noir et blanc figurant une métairie ou une ferme des environs de Saint-Jean-de-Luz dans son cadre champêtre dans les années 1900 ou 1910. Légende et initiales de l'éditeur sur la vue illustrée, en haut à droite : « 160  Panorama de SAINT-JEAN-DE-LUZ. ― ND Phot ».

Photographié de loin et en plongée, l'édifice révèle sa pleine morphologie, celle d'une maison-bloc en hauteur. Les têtes des deux longs murs gouttereaux enserrent une façade en pignon superposant un rez-de-chaussée maçonné et un étage à colombage et hourdis. Le parallélépipède a vraisemblablement été prolongé d'une travée à l'arrière (étable à entrée latérale) ainsi que le laisse penser le fléchissement du faîtage. On remarque aussi que bâtiment tourne le dos à la mer.

 

Dans les exemples les plus modestes de maison-bloc en hauteur, l'étage de comble reste circonscrit  au triangle délimité par les deux versant de toitures mais il arrive que dans certaines maisons de hameaux ou de villages le comble se surélève au point de devenir quasiment un étage à son tour où serrer davantage de foin ou de paille.

 

Maison aux environs de Biarritz
 

Carte postale noir et blanc des années 1900. Légende : dans l'angle inférieur de droite, « Environs de Biarritz / Maison Basque » ; le long du bord inférieur, le nom et les coordonnées du magasin de  souvenirs ayant passé commande de la carte : « Edition du Magasin Au Souvenir, 14, rue Mazagran, Biarritz ».

L'intérêt de cette carte postale est de représenter deux maisons-bloc en hauteur qui relèvent manifestement de la même conception et de la même époque. La maison proche du pont de pierre a son pignon-façade pris, à droite, entre une tête de mur à deux encorbellements et, à gauche, une tête de mur bien saillante, d'un seul tenant et sans encorbellement. Le pan de bois des étages n'est guère visible, ayant été passé à la chaux tout comme le reste de la façade. Le premier étage sert de logement tandis que le comble sert de grenier ou de fenil. Les volets sont à deux battants au premier étage et à un seul battant au niveau des combles.

Le pignon-façade de la maison la moins proche ne présente que des différences minimes : l'étage de comble est  moins développé et l'avancée du toit est portée par des potences en bois.

2.1. L'extension unilatérale de la maison-bloc en hauteur

Le mode d'extension privilégié de la métairie ou de la ferme basques est l'extension unilatérale, c'est-à-dire l'adjonction d'un bas-côté contre un des gouttereaux avec prolongement de la toiture sans discontinuité ni décrochement. Le résultat est une toiture dissymétrique et la mutation de l'ancien gouttereau en mur de refend.

 

Ferme sur la route de Sare à Saint-Pée
 

Carte ou photo de teinte sépia des années 1920. L'autre face est vide, aucune des mentions habituelles, aucune légende mais une inscription manuscrite : « Petite ferme sur la route / de Sare à St Pée / Basses-Pyrénées ».

Ce document illustre le mode d'extension d'un maison-bloc en hauteur de conception médiévale (façade en pignon, porche (lorio) (3) sur toute la largeur du rez-de-chaussée, étage encorbellé en pan de bois entre deux têtes de mur saillantes au-dessus d'un puissant sommier (4), comble sous toit à deux versants à faible pente). Contre le gouttereau de gauche (pour l'observateur) est venu s'appuyer un bas-côté dont le toit est la continuation du versant. Le rez-de-chaussée de ce bas-côté semble être en maçonnerie de pierre tandis que l'étage (fenil ?) et le demi-comble sont en pan de bois (colombes verticales et entretoise à la séparation de l'étage et du demi-comble). Les baies jumelles de l'étage ont chacune des volets en bois dont les panneaux sont constitués de lames verticales pleines reliées entre elles par trois barres horizontales.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

(3) Porche occupant au rez-de-chaussée une partie ou parfois la totalité de la longueur du pignon-façade. Il est limité en haut par un sommier servant d'assise au premier étage en encorbellement et donne accès à l'eskaratz ou eskatz, la pièce de distribution.

(4) En construction, pièce de charpente supportant des solives.

 

Ferme au Vieux Cambo

 

Carte postale en noir et blanc (phototypie) . Signature de l'éditeur sur la face vue : Yobled (c'est-à-dire Marcel Delboy, à Bordeaux). Dos divisé, avec l'inscription « Phototypie Marcel Delboy à Bordeaux » entre les deux moitiés. Légende dans l'angle inférieur gauche : « 313 - PAYS BASQUE. / Maison Basque  au Vieux CAMBO. M. D. ».

Autre exemple d'extension unilatérale à gauche, cette ferme à corps central de deux étages en pan de bois sur porche et à bas-côté unique d'un étage plein et d'un étage de comble. Trait remarquable, le bloc central n'a qu'un seul mur de refend (à gauche) : à droite, la paroi latérale est en pan de bois avec, à l'angle, un gros poteau. Au niveau du rez-de-chaussée, angle et paroi sont cachés par une charrette de fourrage tirée par un attelage de bœufs mais on a vraisemblablement affaire, ici aussi, à un solide poteau. Le résultat est un lorio ouvert sur deux côtés à l'angle de deux voies. La façade du bas-côté de gauche est flanquée par un mur de maçonnerie, elle est donc comprise entre deux murs latéraux.

Au deuxième étage du corps central et à l'étage de comble de l'extension latérale, les portes ouvertes sur le vide correspondent à des fenières. Le deuxième étage du bloc central comporte un fenestron à meneau en façade et les traces d'un autre, bouché, dans la paroi latérale. Aucune trace d'un quelconque balcon en bois.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

 

2.2. L'extension bilatérale de la maison-bloc en hauteur

 

Lorsque l'autre gouttereau accueille à son tour un bas-côté, on a affaire à une extension bilatérale. Le résultat est une toiture plus ou moins symétrique (selon la largeur du bas-côté) et un deuxième mur de refend. On peut parler, par commodité, de façade et de maison à plan tripartite.

 

Ferme à Espelette, 1

 

Carte postale en noir et blanc des années 1910-1920 représentant une ferme basque à Espelette. La face écrite ne porte que les mentions Correspondance et Adresse de part et d'autre d'un double filet vertical et sous le titre CARTE POSTALE.

Pour le spécialiste, il s'agit d'une maison à plan tripartite qui s'est formée à partir d'une maison-bloc en hauteur d'inspiration médiévale (façade en pignon), prolongée de part et d'autre par un bas-côté. On devine la tête, en pierre de taille, des murs de refend (anciens gouttereaux) de la partie centrale. L'ensemble de la façade a été chaulé de bas en haut. Même les pièces du colombage ont été blanchies, d'où leur aspect fantomatique.

Le rez-de-chaussée est en dur, l'étage est en pan de bois. Le bas-côté de gauche sert peut-être de cuisine (souche de cheminée), le bas-côté de droite abritant le lorio, porche limité en haut par une grosse poutre horizontale, ou sommier (il est difficile de se prononcer avec certitude sur la disposition intérieure à partir d'une simple photo de l'extérieur).

L'étage, au niveau de la partie centrale, est dévolu à l'habitation (porte-fenêtre encadrée de deux fenestrons). Le balcon en bois sert au séchage (du maïs, du piment ou des graines de lin et de chanvre selon le cas). Sous l'angle du toit, on devine des prises d'air circulaires.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

 

Ferme à Espelette, 2
 

Carte postale en couleur ayant circulé en 1974 (un autre exemplaire à circulé plus tôt, en 1971). Au dos : en haut à gauche, « 113 – PAYS BASQUE / Vieille maison basque » ; entre les deux moitiés, « ARTAUD Frères, Editeurs / Rue de la Métallurgie, NANTES CARQUEFOU » ; en haut au centre, « Couleurs / Naturelles ».

La même maison que dans la précédente carte postale, mais quelque quarante années plus tard. L'activité agro-pastorale n'envahit plus la cour. L'ensemble de la façade a été ravalé, les colombes ont été repeintes en rouge foncé, mais surtout un escalier extérieur en dur muni d'une rambarde en bois, a été plaqué contre le bas-côté de droite pour que les occupants puissent accéder depuis l'extérieur au balcon de l'étage d'habitation. Une petite fenêtre a été ouverte dans le pan de bois de ce même bas-côté. Dans le triangle des combles, les prises d'air ont disparu, remplacées par deux fenestrons au carré percés dans deux panneaux adjacents. Les baies de l'étage ont été pourvues de volets en bois à barres hoizontales et écharpe formant un Z. Il serait intéressant de savoir ce qu'est devenue cette façade, cinquante années plus tard, en 2025.

 

Ferme Hostéguia à Ustaritz, 1

 

Carte postale de teinte verdâtre des années 1930. Légende en bas à gauche : 296. - PAYS BASQUE. ― Maison Basque à Ustaritz - M. D. Inscription entre les deux moitiés de la face non illustrée – Phototypie Marcel Delboy, 89, rue de la Rousselle, Bordeaux –.

Il s'agit de la ferme Hostéguia à Ustaritz. La façade est tripartite, formée d'un corps central à étage en léger encorbellement et de deux extensions latérales, le tout sous deux longs versants de toiture. Le corps central, pris entre deux murs maçonnés, présente un lorio béant sous l'étage en pan de bois et le comble triangulaire. L'interpolation d'un balcon en bois a entraîné l'installation d'un auvent porté de chaque côté par un aisselier double fixé dans la maçonnerie des têtes de mur. Le balcon est suspendu par deux montants aux pannes intermédiaires de la toiture et à une poutre fichée horizontalement dans le pan de bois. Une large poutre sépare l'étage du comble triangulaire. Quatre orifices de ventilation sont visibles, deux grands, l'un rectangulaire, l'autre hexagonal, et deux petits en forme de triangle isocèle.

L'étage du bas-côté de droite est décalé par rapport à celui du corps central, par contre celui du bas-côté de gauche est au même niveau. Le bas-côté de droite sert apparemment de cuisine au rez-de-chaussée (voir la souche de cheminée). Le bas-côté de gauche, dont le rez-de-chaussée est béant, servait peut-être de galetas à l'étage.

L'étage du corps central possède, outre une fenêtre, une porte pour accéder au balcon suspendu. Une porte donnant sur le vide a été ménagée dans l'étage du bas-côté de droite (fenière accessible par une échelle). Le rez-de-chaussée de ce bas-côté a simplement deux fenestrons jumeaux, la porte s'ouvre dans le lorio.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

 

Ferme Hostéguia à Ustaritz, 2
 

Carte postale en noir et blanc (phototypie) des années 1920 ou 1930. Légende en bas à gauche : 298. - PAYS BASQUE. - Maison Basque à Ustaritz. M.P. Inscription entre les deux moitiés de la face non illustrée : – Phototypie Marcel Delboy - rue de la Rousselle, Bordeaux –.

Cette deuxième vue de la façade révèle l'implantation de la maison sur un terrain déclif et dévoile le rez-de-chaussée du bas-côté gauche : c'est une pièce ouverte sur l'extérieur, au fond de laquelle se trouve une porte à vantaux.  Les volets de l'étage sont des panneaux dont les lames sont liées par des barres disposées de façon à former deux Z superposés et inversés.

La dame et l'enfant qui se tiennent dans le lorio à côté d'un char nous donnent une idée de la hauteur de cette pièce dont un des usages, à ce qu'on peut lire, était le battage au fléau.

 

Ferme Hostéguia à Ustaritz, 3

 

Carte postale en noir et blanc (phototypie) des années 1920 ou 1930. Légende sur la face illustrée, en bas à gauche : Phototypie Marcel Delboy, Bordeaux / 13. - PAYS BASQUE.–. Maison basque. M. D.

Cette troisième photo, prise de trois quarts à droite, nous fait voir la maison-bloc sous un angle peu courant dans les cartes postales : c'est une maison en profondeur. On découvre un long mur gouttereau, renforcé à la base par un contremur en maçonnerie pour rattraper la dénivellation du terrain. Étant face au nord, le gouttereau ne possède que de petites baies.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

 

Un autre cas de figure que l'on rencontre est la façade tripartite où la partie centrale et les deux bas-côtés

ne présentent pas de discontinuité et où les têtes de mur sont non pas de part et d'autre de la partie centrale mais à l'extrémité de chaque bas-côté. Partie centrale et bas-côtés ont été construits en un même mouvement.

 

Ferme à Escou
 

Carte postale de teinte sépia et à bordure ayant circulé en 1931. La légende s'inscrit sous la vue : «Au Pays Basque. - Départ pour les Champs ». Au dos, on trouve le timbre de l'exposition coloniale internationale de Paris de 1931 et le tampon « BAYONNE Bas PYRENEES» du « 19 IX 31 ». La photo aurait été prise à Escou si l'on en croit la mention portée sur un autre exemplaire de la carte.

On a affaire ici à un pignon-façade à trois travées (corps central encadré par deux bas-côtés), auquel est venu s'ajouter un appentis à l'extrême droite (le lattis vertical à claires-voies de la partie haute suggère un local destiné au séchage de produits agricoles).

Les trois travées de la façade initiale semblent être de même facture et de même époque : en effet, la ligne de solives saillantes au-dessus du rez-de-chaussée n'est pas discontinue et les têtes de mur de refend de sont non part et d'autre de la partie centrale mais à l'extrémité de chaque bas-côté. On serait donc en présence d'un plan tripartite dès l'origine, le corps central et les bas-côtés auraient été construits en un même mouvement.

On aperçoit, sous l'enduit blanchâtre recouvrant la maçonnerie de pierre du rez-de-chaussée, les deux poteaux et les deux aisseliers soutenant l'épais sommier sur lequel pose le pan de bois au niveau de la travée centrale. Les aisseliers sont assemblés à mi-bois sur les poteaux et le sommier.

Les volets des fenêtres sont de même facture : trois planches verticales solidarisées par trois barres transversales dans la face intérieure de chaque battant.

L'état de la façade laisse à désirer : le crépi se détache de la maçonnerie du bas-côté de droite (du fait de la remontée de l'humidité venant du tas de fumier) et l'avancée du versant de toiture gauche a perdu une partie de son chevron.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

 

2.3. La gentilhommière à pignon-façade tripartite

 

En dehors de la métairie et de ses déclinaisons (sans bas-côté, à un bas-côté, à deux bas-côtés), des maisons anciennes, en haut de l'échelle sociale, ont pu servir d'inspiration aux architectes néo-basques, notamment pour des éléments architecturaux en pierre de taille (piliers, colonnes, arcs, encadrements).

 

Maison Gastambidia à Saint-Pée-sur-Nivelle
 

Carte postale en noir et blanc du début du XXe siècle. Au dos : en haut sur la gauche : Eskual Herria (pays basque). – Environs de la Rhune ; en bas, au centre : 149. - SAINT-PÉE-SUR-NIVELLE (B.-Pyr.) – Gastambidia, maison basque ; le long du bord gauche : J. S. éditeur, Ascain.

Cette façade à l'ordonnance symétrique remarquable, est celle de la maison Gastambidia à Saint-Pée-sur-Nivelle (Pyrénées-Atlantiques, ex-Basses-Pyrénées). Le pignon-façade de cette résidence de notable rural labourdin reflète le plan intérieur : de chaque côté du corps central, enserré entre ses deux murs en maçonnerie de pierre montant jusqu'au toit, s'ajoute un bas-côté, lui-même bordé par un mur-gouttereau en pierre montant jusqu'au toit. Les deux étages, en léger encorbellement, sont en pan de bois. La symétrie parfaite de la façade n'est pas le résultat d'une évolution constructive, elle a été inscrite dès le départ dans le plan du bâtiment dressé par le constructeur.

Le porche du rez-de-chaussée (lorio), avec ses deux arches en anse de panier, permet d'accéder à l'eskaratz, vaste vestibule donnant sur la cuisine (à gauche), l'étable (à l'arrière du bâtiment) et les chambres du premier étage (par un escalier) (cf. planche 9 du volume Pays aquitains du Corpus de l'architecture rurale française, p. 55).

Les deux arches jumelles se retrouvent dans d'autres exemples d'architecture néo-basque. Elles peuvent être en ligne et en anse de panier comme ici à Gastambidia ou à angle droit (en équerre) et en plein cintre comme dans le bâtiment d'entrée à Arnaga (voir supra).

3. La « métairie landaise »
 

Carte postale photographique des années 1940 (elle porte un tampon du 23-9-47, un autre exemplaire comporte un texte daté du 20 avril 1941). Les parties gauche et droite de la face non illustrée sont séparées par l'inscription PHOTO E. VIGNES - CASTETS-DES-LANDES (5).

 

La face illustrée nous restitue la façade d'une « métairie landaise » avec son toit à deux versants symétriques en pente douce et son auvent central – l'emban. Celui-ci monte jusqu'à l'entrait de la première ferme de charpente. La paroi du fond est en pan de bois, ainsi que celle des bas-côtés. Les potelets et le hourdis restent visibles malgré le badigeon blanc qui les recouvre. Le rez-de-chaussée sert à l'habitation tandis que l'étage est voué à l'exploitation. Dans la partie haute de l'emban, à droite, un escalier en bois permet d'accéder à l'étage. Côté opposé, des planches verticales jointives forment un écran. La couverture du toit est en tuiles canal.


Loin d'être une scène prise sur le vif, la vue est une composition bien étudiée : dans l'axe de la façade, un homme et une femme âgés en train de filer sur un rouet et à droite et à gauche de l'auvent, une femme faisant mine de balayer et une homme dont la tenue n'est pas paysanne (le propriétaire de la métairie, le photographe ?).


(5) Émile Vignes (1896-1983), photographe régionaliste, né à Castets-des-Landes (Landes), auteur et éditeur de cartes postales ayant pour sujet les paysages et les gens de sa région natale et du littoral aquitain.

 

Maison à Arengosse (Landes)

 

Carte postale de teinte sépia à bordure (années 1920 ou 1930). La légende est dans la bordure inférieure (ARENGOSSE (Landes) - Vieille Maison), le nom de l'éditeur dans la bordure latérale gauche (M. Goarguas, édit.). Dos non disponible.

Cette « vieille maison » se trouvait à Arengosse. On peut penser qu'elle (ou une de ses semblables) a pu servir de modèle à des villas néo-landaises. L'arc segmentaire à l'entrée de la porte-fenêtre (à gauche) et à la fenêtre et son volet (à droite) postule le XVIIIe siècle. Alfred Cayla a publié une photo de cette maison dans son livre Architecture paysanne de Guyenne et de Gascogne, éditions Serg, 1977, p. 19, image No 23.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

4. La vogue du style néo-basque et du style néo-landais

Dans le premier quart du XXe siècle, Influencés par la tendance anglaise qui s’intéresse à la maison rurale, des architectes (notament Henri Godbarge, William Marcel,  François-Joseph Cazalis, Charles Siclis, Louis et Benjamin Gomez) proposent à leurs riches commanditaires bordelais ou parisiens de leur construire une villa soit dans le style néo-basque, le plus courant, soit dans le style néo-landais, moins répandu. Il s’agit dans les deux cas de pastiches utilisant des techniques et des matériaux modernes (notamment les blocs de béton plein, le béton banché et le béton moulé à partir des années 1920). Un recueil de villas déjà construites, préfacé par l'historien Louis Colas, parait en 1925 chez l'éditeur parisien Charles Massin sous le titre L'Habitation basque.

Les deux styles se mélangent parfois, donnant ce qu'il est convenu d'appeler le style basco-landais.

4.1. Le style néo-basque et ses emprunts

La villa néo-basque forme un seul bloc, d'une même époque, alors que son modèle, la maison rurale labourdine, juxtapose souvent une partie centrale, d'origine ou de conception médiévale (maison à étage, dite aussi maison en hauteur, à façade en pignon), et un ou deux bas-côtés d'époque ultérieure. Dans la réalité, on trouve également des maisons en hauteur n'ayant connu aucune extension latérale et qui sont tout autant basques que les autres.

Villa au Pyla-sur-Mer
 

Photo privée achetée sur le site cartophilique Delcampe. Villa de style néo-basque, non identifiée et non datée, au Pyla-sur-Mer (Gironde). © Christian Lassure.

La façade est un mélange d'éléments disparates où le dissymétrique (les versants de toiture, les travées latérales) le dispute au symétrique (les baies dans la travée centrale). Malgré l'ordonnance tripartite des travées matérialisées par quatre têtes de mur à encorbellement en quart de rond (deux longues à gauche, deux courtes à droite), on retire l'impression d'un capharnaüm de références à des traits aisément identifiables de l'ancienne architecture vernaculaire rurale du Labourd :
- contrefort oblique devant l'angle gauche de la façade,
- baies à arc en plein cintre avec rambarde en bois au rez-de-chaussée,
- lorio
au rez-de-chaussée de la travée médiane,
- balcon central à rambarde en bois à l'étage, devant une porte-fenêtre encadrée de deux fenestrons,
- volets en Z aux fenêtres rectangulaires de l'étage et jardinière sous elles,
- pan de bois factice au niveau des combles,
- et last but not least, une prise d'air triangulaire factice à ce même étage.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

4.1.1. Les emprunts à la maison rurale labourdine

Précisons tout d'abord que le gros œuvre échappe aux emprunts : en effet, à partir des années 1920, les murs sont construits en béton, enduits de ciment et blanchis à la chaux, au-dessus éventuellement d’un soubassement en pierre. Cela donne des maçonneries imperméables à la vapeur d'eau.

En pignon-façade, des travées sont matérialisées par de fausses têtes de mur en encorbellement (dans la métairie labourdine, le front des murs gouttereaux est en pierre de taille).

De faux pans de bois, colorés en rouge, ornent le haut des pignons entre les fausses têtes de mur (dans la métairie labourdine, seul le pignon Est, étant abrité de la pluie, comporte du pan de bois, et celui-ci n’est pas du trompe-l’œil).

La toiture est à deux pans (ou versants) de faible pente, le plus souvent dissymétriques, parfois symétriques (dans la métairie labourdine, la dissymétrie est le résultat d’un agrandissement sur un des gouttereaux et la symétrie le résultat de l'agrandissement sur les deux gouttereaux).

Les avancées de la toiture, que ce soit en rive ou aux rampants, sont très marquées dans les imitations (comme dans les maisons ayant servi de modèles) et sont portées par la saillie des pannes sablières, médianes et faîtières.

Dans le triangle des pignons, se découpent de minuscules orifices triangulaires, imités des prises d'air réservées dans les combles de la métairie labourdine où le foin était serré (ces aérations n'ont rien à voir avec des trous d'envol de pigeonniers).

Maison villageoise à Sare
 

Carte postale noir et blanc (phototypie) des années 1900 ou 1910. Dos divisé. La carte a circulé en 1932.
La légende figurant sous la vue nous donne le lieu – le village de Sare dans les Pyrénées-Atlantiques, anciennement Basses-Pyrénées, et le sujet, une « Maison Basque » se trouvant « route de Saint-Pée-de-Nivelle.».

Sous l'avancée de la toiture, dans le pan de bois au dessus de l'impressionnant balcon filant, on distingue une suite de prises d'air de différentes formes et tailles. Les plus remarquables sont un grand triangle équilatéral dans lequel sont circonscrites trois briques plates ou briquettes formant un triangle inversé, deux grands hexagones dont la moitié inférieure est divisée en trois triangles par quatre briquettes formant autant de rayons, un trapèze isocèle et, pour finir, une série de petits triangles sans subdivisions.

Le lorio, grand porche ouvert au rez-de-chaussée, se mue en loggia à l'étage.

Les balcons de bois qui ornent quelques baies sont surtout décoratifs alors que leurs prédécesseurs ruraux servaient de séchoirs pour certains produits agricoles.

Les volets en bois et les jardinières de fleurs sont de même couleur que les faux pans de bois.

4.1.2. Les emprunts à la maison rurale bas-navarraise

La métairie labourdine n'a pas été la seule source d'inspiration des architectes, ceux-ci prenant des traits architecturaux ou des éléments décoratifs à la métairie de basse Navarre à la façade en pierres maçonnées :
- les murs sont exempts de pans de bois et enduits de mortier et blanchis à la chaux ;
- l'entrée est en pierre de taille et couverte d'un arc en plein cintre ou en anse de panier ;
- les versants de toiture sont symétriques, se conformant à l'ordonnancement axial de la façade ;
- les pannes sablières en saillie portant les larges avant-toits sont soutenues par des potences en bois.

Maison villageoise à Ascarat
 

Carte postale en noir et blanc à bordure blanche des années 1940 (?). La vue, de guingois, a été redressée par nos soins.

On a affaire ici à une maison à pignon-façade maçonné, sise à Ascarat dans l'ancienne province de basse Navarre. D'un mur-goutterau saillant à l'autre, la façade est plane et quasi symétrique. Outre la saillie des têtes de mur et des rampants de la toiture, la seule chose qui dépasse est le balcon en bois au niveau des combles, encore qu'il s'agisse d'un élément rapporté aux fins de séchage de produits de la terre. Détail remarquable, la pièce servant de fenil à l'étage est ouverte sur l'extérieur.

L'entrée de la maison est non pas un lorio mais un encadrement de pierres de taille à arc en plein cintre, dont la monumentalité est accentuée par la longueur des claveaux. Ce type d'entrée serait le modèle des larges baies cintrées des maisons néo-basques.

 

Maison villageoise à Hasparren
 

Carte postale en noir et blanc datant des années 1900 et postérieure à 1904 comme suggéré par son dos divisé en correspondance à gauche et adresse à droite selon l'arrêté ministériel du 18 novembre 1903 (un autre exemplaire de cette carte .a circulé de Hasparren le 22-1-12 à Pamiers le 23-1-12).
Légende sous l'ilustration : HASPARREN (B.-P) – Ancienne Maison basque M. D. (B.-P. étant mis pour Basses-Pyrénées et M. D. étant les initiales de l'éditeur bordelais Marcel Delboy). La mention « édition Dubroca »; inscrite dans l'angle inférieur droit, fait sans doute allusion à un tirage réservé à un détaillant (l'épicerie Dubroca à Gabarret (Landes) ?).

Cette ancienne demeure labourdine cossue du XVIIIe siècle (?) possède un porche cintré en pierre de taille comme celui de la maison d'Ascarat ci-dessus. Les claveaux sont alternativement blanchis à la chaux et laissés dans leur teinte naturelle. La clé de l'arc porte une inscription (IHS au-dessus d'un millésime ?). Les jambages imitent des pilastres. De part et d'autre, une tête sculptée dans la pierre (un lion à gauche) semble accueillir le visiteur. Deux petites inclusions en forme d'ellipse encadrent le haut de l'arche. À l'étage, le ressaut de chaque tête de mur est orné d'une tête d'angelot ailé. Enfin, le panneau central en bas du colombage est également sculpté. La qualité du document ne permet pas d'en dire plus.

 

4.2. Le style néo-landais et ses emprunts

Le style néo-landais s’inspire de la maison rurale de la Grande Lande (c’est-à-dire le centre et le nord du département des Landes) aux XVIIIe et XIXe siècles. Les caractéristiques de celles-ci sont
- la toiture basse à deux versants généralement symétriques,
- l'auvent central (emban ou estantade)
(6) au pignon-façade,
- le pan de bois (il faut savoir toutefois que dans les métairies landaises; le pan de bois couvrait généralement la totalité du pignon) ;
- les appareillages de briques plates disposées en épi entre les pans de bois.

(6) Le terme estantade désigne l'ensemble des estan, poteaux de bois de l'auvent s'ouvrant au centre du pignon-façade des anciennes métairies de la Grande Lande. C'est le participe passé substantivé du verbe estanta (étayer). Dans les Petites Landes, le terme « emban » (auvent) était employé. Source : Dictionnaire gascon-français de Pierre Méaule (Escource 1894-1992)).

4.2.1. Villa néo-landaise No 1 à Hossegor (Landes)

Présentée par les éditeurs de cartes postales comme étant soit « basco-landaise», soit « landaise » tout court, cette villa nous paraît relever plutôt du style néo-landais avec son porche axial solidement charpenté (ou estantade). Aucune trace de fausses têtes de mur en pierre de part et d'autre du renfoncement central.

Carte postale de teinte sépia des années 1920 (d'après la bordure). Dos divisé : en haut, à gauche, 22 HOSSEGOR (Landes) / Villa basco-landaise ; entre les deux parties, 'Les Editions d'Art YVON' . Paris, 15, Rue Martel . Fabrication française.

 

Carte postale noir et blanc des années 1930 (bordure blanche). Éditeur : YVON. Dos divisé : en haut à gauche : LA DOUCE FRANCE / 7. - COTE D'ARGENT / HOSSEGOR.. ― Villa dans la forêt / en bordure du Lac. Le texte manuscrit dans la partie Correspondance porte la date du 10 novembre 1936, ce qui montre indirectement que la fabrication de la carte et la prise de la photographie sont antérieures à cette date.

Aucune indication de style n'est portée alors qu'il s'agit de la même villa que celle de la carte précédente..

 

Carte postale photographique des années 1950 (bords denticulés). Éditeur : Les Editions d'art YVON 15, rue Martel, PARIS / Fabrication Française - Légende. au dos : Hossegor (Landes) / Maison Landaise / sur les Bords du Lac.

Toujours la même villa, avec ses fenêtres du rez-de-chaussée en arc segmentaire et à petits carreaux.

 

Carte postale en couleur du dernier quart du XXe siècle.

Toujours et ncore la même villa. Sous les rampants légèrement dissymétriques, on distingue mieux les éléments de la charpente de l'auvent, apparemment inspirée de celle de l'auvent de la fameuse métairie de Marquèze à Sabres. La façade au rez-de-chaussée est exempte de colombage.

4.2.2. Villa néo-landaise No 2 à Hossegor (Landes)

À première vue, on croirait avoir affaire à une autre édition de la carte numéro 1. L'observation attentive montre qu'il n'en est rien. De même morphologie que la numéro 1 et, comme elle, version surdimensionnée de la « métairie landaise », cette « villa landaise » présente toutefois des traits relevant du style néo-basque :
- dans la partie centrale de la façade, encadrement du renfoncement par deux têtes de mur en léger encorbellement ;
- à la façade des bas-côtés, en bas, murs obliques (en arc-boutant) opposés, et en haut, faux pans de bois et épis de briquettes peintes.

On est donc en droit d'avancer ici le qualificatif de « basco-landais ».
 

Carte postale des années 1930 (bande blanche). Légende au dos, en haut à droite : « HOSSEGOR - Villa Landaise ». Mention de l'éditeur (entre les deux parties) : –– Edit. Vignes - Castets-des-Landes ––.

Pour faire renter la totalité de cette vaste bâtisse dans son champ de vision, le photographe, Émile Vignes, s'est placé derrière des pins dont l'écran ne permet pas de distinguer la configuration exacte de la ferme de charpente de l'auvent. Il semblerait que l'écran de troncs de pins malingres soit une constante des cartes postales centrées sur l'architecture basco-landaise hossegorienne...

 

4.2.3. Villa néo-landaise à Arengosse (Landes)

 

Ici encore, une villa toute neuve, présentée comme « landaise », a également quelque chose de « basque ». Le concepteur a fait cohabiter des traits néo-landais (symétrie sans faille des versants de la toiture comme des côtés de la façade, auvent central qui prend des allures de galerie du fait de sa longueur) et des traits néo-basques (colombage factice barrant verticalement la totalité de l'étage, fausses prises d'air triangulaires des combles). Il serait donc plus exact de parler de style « basco-landais ».

 

Carte postale colorisée à bordure jaune  des années 1930 (deux autres spécimens ont circulé respectivement en 1935 et 1938). Phototypie. Éditeur : Yobled (c'est-à-dire Marcel Delboy, à Bordeaux). .Renseignements non disponibles quant au dos.

 

La margelle de puits posée sur son bout de pelouse rappelant l'airial (7), le long balancier sur son pivot fourchu et le seau attaché à la hampe de bois renvoient au puits à balancier qui accompagne souvent la vieille métairie landaise dans les cartes postales, mais il ne s'agit ici que d'éléments de décor factices.

(7) Dans l'ancienne économie rurale des Landes, l'airial était une pelouse plantée de chênes et dépourvues de clôtures et de haies, à la surface de laquelle étaient disséminées des métairies et leurs dépendances. Cette pelouse ouverte servait d'espace de circulation entre les bâtiments, de zone de pacage pour les ovins, de préparation de la litière des bêtes et du fumier, d'aire de battage du seigle, etc.

 

5. Spécimens de style néo-basque

5.1. Villa Arnaga à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques) (1903-1906)

C'est une grande bâtisse, construite, entre 1903 et 1906, sur une hauteur dominant la Nive par l'architecte parisien Joseph-Albert Tournaire et les architectes bordelais Pierre Ferret et Ferdinand Duprat pour le compte du dramaturge Edmond Rostand. Si elle n'est pas une des toutes premières manifestations du style architectural néo-basque, elle n'en reste pas moins celle qui lança le mouvement dans la région : à l'instar d'Edmond Rostand, tout villégiateur digne de ce nom voulut avoir sa villa néo-basque, son petit Arnaga.

Ce fut l'architecte Tournaire qui, au cours de déplacements dans la campagne labourdine, se préoccupa de relever, par la photo et le dessin, les ensembles et les détails architecturaux pouvant être transposés à la future villa et de les soumettre au maître d'ouvrage.

Arnaga, 1

 

Carte postale noir et blanc des années 1900 ou 1910. Légende sous la vue : 201. - CAMBO (B.-P.). - Maison Rostand à Arnaga. - M. D. La vue est celle du pignon-façade sud (la façade principale).

Le premier étage, le deuxième étage et l'étage des combles sont zébrés d'un colombage factice. Les baies du premier étage sont rectangulaires (plus hautes que larges), celles du deuxième étage sont carrées tandis qu'une partie de celles du rez-de-chaussée, notamment les deux baies jumelles centrales, font appel à l'arc en plein cintre censé rappeler la porte des métairies bas-navarraises.

Par ses vastes dimensions, la villa Arnaga tient plus du château que de la maison de villégiature. Le fait est que si certaines cartes postales anciennes emploient les expressions « Maison Rostand » ou « Villa Rostand», d'autres n'hésitent pas à qualifier la résidence de « Château Arnaga » ou de « Château de M. Rostand ».

Le pignon-façade sud, avec ses versants dissymétriques, pastiche l'aspect d'une maison rurale basque faite d'ajouts latéraux successifs délimités par des têtes de mur saillantes. Sous l'avancée des rampants soutenue par des potences, le pignon-façade comporte un rez-de-chaussée en maçonnerie de pierre, deux étages encorbellés en faux pans de bois et enfin des combles

Contre la partie droite de la façade (par rapport à l'observateur extérieur) et en équerre, se dresse une petite maison à deux étages, construite entre deux gouttereaux en dur et présentant une façade à deux encorbellements successifs. Là encore, les versants sont dissymétriques mais inversés par rapport au bâtiment principal. Au rez-de-chaussée de cette extension on note, sous le premier encorbellement, la présence d'un renfoncement, imitant, avec son puissant sommier, le lorio de certaines maisons labourdines.

L'extension en forme de maisonnette plaquée contre une partie du pignon-façade n'est pas une fantaisie de l'architecte d'Arnaga, c'est vraisemblablement l'imitation d'un dispositif semblable rencontré dans de rares spécimens de fermes du Pays basque, à l'instar de cette ancienne ferme de Larressore dans le Labourd.

Ferme à Larressore
 

Carte postale photographique des années 1950 (bordures dentelées). Éditeur : Les Editions du Moulin Sartrouville (S.-et-O.).

Contre la moitié droite du pignon-façade (là ou s'ouvrait la porte d'entrée) est venue s'adjoindre une extension de moindres profondeur et hauteur mais de même axe que la maison et sous un toit aux versants parallèles à ceux de cette dernière. De par ses dimensions, cet édicule à un étage sur rez-de-chaussée, fait penser davantage à un porche d'entrée ou à un sas qu'à une maisonnette. Comprise au départ entre deux têtes de mur saillantes, cette extension s'est vue à son tour prolongée sur la droite par un bas-côté (étable ?) puis par un hangar sous la continuation du versant de toiture.

 

Arnaga, 2

 

Carte postale de teinte sépia des années 1920 (bordure claire) montrant le pignon-façade nord de la villa Arnaga. Aucun légendage au dos, uniquement l'inscription « Editions Cambo's Studio» entre les deux parties habituelles.

Comme pour la façade sud, le faux colombage est réservé à une petite partie du premier étage et à la totalité du deuxième étage et des combles, tandis que la pierre maçonnée, en assises réglées, règne au rez-de-chaussée. et au front du mur de refend central et des murs-gouttereaux.

Pour éclairer l'intérieur de cette vaste demeure, les architectes ont disposé, dans la façade, plusieurs formes et tailles de baie, réparties par séries de trois :
- au rez-de-chaussée, dans la travée de gauche, trois baies cintrées (portes-fenêtres ?);
- au premier étage, à gauche, trois portes-fenêtres rectangulaires dans une sorte de loggia triple, et, dans la travée centrale; trois étroites baies cintrées à gauche d'une autre loggia ;
- au deuxième étage, dans la travée centrale, trois petites fenêtres carrées ;
- dans le bas-côté en décrochement sur la droite, trois baies rectangulaires sous un linteau unique au rez-de-chaussée viennent compléter cette débauche trinitaire.

Dans la travée centrale, au rez-de-chaussée, les deux larges baies jumelles à arc en plein cintre abritées par un auvent en accent circonflexe, font écho à leurs pendants de la façade sud.

 

Arnaga, 3

 

Carte postale noir et blanc des années 1900 ou 1910 (un autre exemplaire porte un tampon de la poste en date du 14-9-12). La légende est inscrite à même la face illustrée : CAMBO. - " Château Arnaga " / Résidence de M. Edmond Rostand. Dos divisé en partie « correspondance » et partie « adresse », avec dans le coin inférieur gauche la mention « Edition Raufaste » [à Cambo].

Du fait de son implantation en haut d'un versant, l'édifice a dû être protégé contre la poussée au vide par un haut et solide mur de soutènement en maçonnerie de pierre épousant un arc de cercle, œuvre de l'architecte François-Joseph Cazalis venu seconder Joseph-Albert Tournaire. Une rustique balustrade de pierre orne le haut de l'ouvrage

De gauche à droite, on reconnaît le mur gouttereau de l'extension puis celui en imitation de pan de bois du bâtiment principal. La séparation entre ce pan de bois et la tête de mur saillante (en maçonnerie de moellons équarris assisés) est bien marquée. L'entrée générale de la villa se trouve sous la partie en décrochement du gouttereau de l'extension (sous les trois petites fenêtres cintrées).

 

Arnaga, 4

 

Carte postale noir et blanc des années 1940 (bordure blanche dentelée). Légende dans la bordure inférieure : « 22. - CAMBO (B.-P.) ― ARNAGA - Maison d'Edmond Rostand - L'Entrée ». Éditeur : Barbé-Larré, Cambo.

Contre le gouttereau de l'extension de la villa Arnaga, l'architecte à plaqué, en guise de porche, une moitié de maison néo-basque coupée selon l'axe vertical de sa façade. Le rez-de-chaussée, ouvert sur deux côtés par un arc en demi-rond, sert de porche d'entrée. La robuste colonne d'angle n'est pas sans donner à l'édicule une certaine monumentalité.

Considérée comme une œuvre phare à ses débuts, la villa Arnaga eut droit, en 1937, à une volée de bois vert de la part du critique d'art Léandre Vaillat : « Arnaga, la demeure d'Edmond Rostand, fut une erreur. Il ne suffit pas d'agrandir au carreau une maison des champs pour obtenir un château. Ce sont là deux édifices d'intention, de but, de "programmes" différents. Ce qui convient à l'un ne saurait convenir à l'autre » (Vaillat Léandre, Nouveau bouquet de France, Flammarion, Paris, 1937).

Il semblerait qu'Edmond Rostand n'ait pas été un admirateur inconditionnel du style néo-basque. Un de ses amis, Paul Faure, rapporte un témoignage éloquent à ce sujet dans son livre Vingt ans d'intimité avec Edmond Rostand (Plon, Paris, 1928) :

« Je le (ROSTAND) rencontre devant "Assantza". C'est une maison qu'il admire beaucoup, la plus jolie du pays, une grande maison carrée, toute simple; mais qu'on ne se lasse pas de regarder, tant elle a de poésie avec sa façade pâle... avec son allée qui la fait lointaine et mystérieuse » (p. 58).

Deux cartes postales de l'âge d'or nous révèlent l'aspect du bâtiment qu'admirait Rostand : un grand parallélépipède coiffé d'une toiture à quatre versants, avec un plan à distribution axiale et une façade principale à ordonnance symétrique, bref une maison issue d'une conception apparue en haut de la hiérarchie sociale à la Renaissance (avec le « manoir Renaissance») et ayant gagné progressivement la bourgeoisie des villes et des bourgs puis la paysannerie moyenne aux XVIIIe et XIXe siècles (avec la « maison de maître») (8).

(8) Cf. Christian Lassure, L'architecture vernaculaire de la France, http://www.pierreseche.com/VAFrance.html, 17 février 2006.

Hôtel Assantza à Cambo-les-Bains, 1
 

Carte postale noir et blanc des années 1900. Légende au dos : 109. - CAMBO. - Assantza-Hôtel. M. D.
Éditeur : Edition Raufaste [à Cambo].

Façade latérale de l'hôtel Assantza vue depuis l'allée ombragée qui y conduit. L'illustration correspond exactement à la description qu'en fait Paul Faure.

 

Hôtel Assantza à Cambo-les-Bains, 2

 

Carte postale noir et blanc des années 1900. Légende, au dos : 121. - CAMBO. - Assantza-Hôtel. M. D. Sur la vue, dans l'angle inférieur gauche : Edition Raufaste [à Cambo].

Vue de trois quarts gauche de l'hôtel Assantza avec ses deux façades, l'une en gouttereau, l'autre en pignon, chacune ayant son entrée précédée d'un large perron de quatre marches. La main d'un pensionnaire a indiqué les emplacements respectifs du salon et de la salle à manger au rez-de-chaussée, ainsi que la fenêtre de sa chambre au deuxième étage.

5.2. Villa Saraleguinea à Guéthary (Pyrénées-Atlantiques) (1905-1909)

Construite entre 1905 et 1909 par l’architecte François-Joseph Cazalis, elle doit son nom à l’héritière de la Compagnie des Viandes Saralegui de Buenos Aires, épouse du commanditaire de l’édifice, Jacques dit Hippolyte Lesca. La villa s’inscrit, par son asymétrie, ses têtes de mur à ressauts et son balcon filant, dans le style néo-labourdin en vogue au début du XXe siècle. Elle est dominée au sud par une tour centrale, au pied de laquelle se trouve l’inscription basque « Iruzkian lehen eta azken musua. », c'est-à-dire « Le premier et le dernier baiser du soleil » (la villa dispose de deux terrasses, au nord et au sud, d’où les vues, respectivement sur la côte et sur la montagne, sont imprenables). Le bâtiment est protégé au titre des Monuments historiques.

Saraleguinea, 1
 

Carte postale noir et blanc des années 1910 ou 1920. Dos non disponible.

Villa Saraleguinea à Guéthary (Pyrénées-Atlantiques) : vue de la façade antérieure nord et du gouttereau est. Aux étages du pignon-façade, les faux pans de bois en léger surplomb et les fausses têtes de mur en pierre.ne jouent aucun rôle structurel.

 

Saraleguinea, 2
 

Carte postale photographique des années 1950 (bords chantournés, non conservés ici). Éditeur : Sur la face illustrée, dans l'angle inférieur droit : LAPIE SERVICE AERIEN. Sur la face réservée au texte, dans l'angle supérieur gauche : EN AVION AU-DESSUS DE... / 7 GUETHARY (B.-P.) / Vue générale - Résidence Saraleguinéa. Entre les deux moités : Edition LAPIE.- ST-MAUR - 125, rue Garibaldi. / Véritable photo au bromure.

Implantation de la villa Saraleguinea. L'édifice, vu en plongée, domine le paysage urbanisé en aval, sa façade antérieure est tournée vers la mer tandis que sa façade arrière, avec sa tour – symbole de puissance et de prestige –, regarde l'intérieur des terres.

 

Saraleguinea, 3
 

Carte postale noir et blanc des années 1910 ou 1920. Le texte écrit au dos porte la date du 28 juillet 1929.

Vue du pignon-façade sud et du côté ouest de la villa. Le soubassement est en moellons apparents. La tour carrée avec son toit en pavillon, construite en légère saillie sur la façade et posée sur deux trompes, masque l'escalier intérieur.

5.3. Villa du Docteur Émile Tessier à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) : façade dissymétrique

Carte postale noir et blanc des années 1930. Dos non disponible.

À regarder la façade de cette modeste villa à un étage (version démocratisée des grandes bâtisses des premiers temps du style néo-basque), on peut être amené à penser qu'il lui manque, sur la droite du corps central, un deuxième bas-côté qui soit le symétrique de celui sur la gauche. L'architecte a opté manifestement pour le modèle de la maison de ferme labourdine à façade dissymétrique. Il a mis l'entrée non pas en façade mais dans un appentis contre le gouttereau de droite, dispositif qui n'est pas sans évoquer, toutes proportions gardées, le bâtiment d'entrée de la villa Arnaga (cf. supra). S'il y a trois fenêtres de même taille au rez-de-chaussée, par contre les trois fenêtres de l'étage sont de grandeur décroissante, laissant le spectateur songeur quant à l'habitabilité de la pièce sous le long versant de toiture.

Outre les versants dissymétriques, les références néo-basques sont les fausses têtes de mur en encorbellement et les colombages peints au premier étage, ainsi que la forte avancée des rampants de la toiture soutenus par des potences

5.4. Villa Alary au Pyla-sur-Mer (Gironde) : façade symétrique

Carte postale noir et blanc des années 1930. Légende au dos : en bas à gauche : BASSIN D'ARCACHON / LE PILAT (Gironde) / Villa "Alary" ; entre les deux moitiés : EDITIONS VAN EYK-ROULEU / 6, Rue Veyrines - BORDEAUX - Fabric. Française Repr. Int.

On a sous les yeux un pignon-façade à ordonnance axiale, se contentant d'un minimum de marqueurs décoratifs régionalistes (triangle en faux pan de bois à l'étage sous les versants de toiture, faux contrefort au rez-de-chaussée à l'angle avec le gouttereau de droite, jardinière sous une fenêtre). La façade est précédée d'un auvent central porté par deux piliers de section rectangulaire et une ferme en bois à arbalétriers et poinçon sur entrait, avec, entre les piliers, une entretoise surmontée de courtes solives au niveau de l'étage. Si la symétrie de la façade n'est pas parfaite – à gauche, l'angle du rez-de-chaussée est droit (et non pas oblique) et la fenêtre est contre l'angle (et non pas au milieu du bas-côté) – l'ensemble respire toutefois la simplicité et l'harmonie.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

5.5. Villa Mar y Luna au Pyla-sur-Mer à La Teste de Buch (Gironde) : façade symétrique

Carte postale noir et blanc des années 1930 (bordure blanche). Légende au dos, en haut à gauche : MAR Y LUNA / Pyla-sur-Mer (Gironde). Aucune indication d'édition, uniquement la mention PHOTO VERITABLE en bas au milieu.

Mar et Luna, avec Clair de Lune et Rayon d'Or, est une des trois villas que la couturière et femme d'affaires parisienne Jeanne Lanvin fit construire au Pyla-sur-Mer, sur la commune de La Teste-de-Buch, dans les années 1930. Il s'agit d'une villa formée d'un corps central à un étage et de deux bas-côtés sous une toiture à deux versants de même longueur et à forte avancée. Son pignon-façade est d'une symétrie peu commune tant au rez-de-chaussée qu'à l'étage. Les deux extensions en forme de maisonnette dans le prolongement des bas-côtés encadrent une pergola soutenue par deux colonnes. Au rez-de-chaussée, il  y trois entrées, une grande à arc en anse de panier entre deux petites à arc en plein cintre. À l'étage, dans le faux pan de bois central compris entre les deux fausses têtes de mur, il y a trois baies : une grande fenêtre entre deux hublots carrés. Bien que le colombage peint de l'étage soit très prégnant, le rez-de-chaussée avec ses extensions jumelles et sa pergola fait preuve d'une grande liberté et originalité.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

6. Spécimens de style à dominante néo-landaise

6.1. Colonie de vacances « la République des gosses » à Hossegor (Landes)

Ce vaste bâtiment ayant abrité les « francs et franches camarades » de « la République des gosses » relève essentiellement du style néo-landais mais mâtiné de néo-basque ainsi que l'attestent les caratéristiques du pignon-façade :
- renfoncement central inspiré de lauvent central (estandad) des anciennes métairies ;
- faux pans de bois peint avec ses épis de briquettes, également peintes, habillant rez-de-chaussée et étage sous l'avancée des rampants dissymétriques ;
- poteaux de bois montant de fond barrant le succédané d'estandad.

Les seuls détails architecturaux néo-basques visibles sont l'encorbellement de la partie supérieure des têtes de mur et les potences soutenant l'avancée des versants de toiture.

Carte postale photographique des années 1950 (bords denticulés, non représentés ici ; tampon de la poste d'Hossegor en date du 25-8-1952). Légende au dos de la vue, en haut à gauche : HOSSEGOR (Landes). / République des Gosses. / « Francs et Franches Camarades ». / L'Entrée de la Colonie. À la séparation entre correspondance et adresse, court la mention « Collection Francs et Franches Camarades. Véritable photo au bromure. », suivie d'un symbole (A dans C avec l'inscription ABEILLE CARTES PARIS).

 

Sur une deuxième vue, axée sur la façade, on aperçoit, sur la droite, le bout d'une aile en retour d'angle.

 

Carte postale photographique des années 1950 (bords denticulés non représentés ici). Légende au dos de la vue, en haut à gauche : RÉPUBLIQUE des GOSSES d'HOSSEGOR / (Landes) / Bâtiment principal. À la séparation entre correspondance et adresse, court la mention «Véritable photo au bromure.

 

Une troisième vue découvre la totalité de l'aile en retour d'angle.

 

Carte postale photographique des années 1950 (bordures denticulées, non représentées ici). Légende au dos : en haut à gauche, RÉPUBLIQUE des GOSSES d'Hossegor / Landes / Les dortoirs des petits ; entre les deux moitiés, Véritable photo au bromure. Tampon de la poste d'Hossegor 29 - 8 - 1964.

Cette autre photo de la « la République des gosses » nous procure une meilleure vue de la configuration et du décor architectural du bâtiment en L : décrochement du gouttereau après la travée antérieur, fausses têtes de mur sans encorbellement, avancées de toiture sur potences, faux pan de bois sur toute la hauteur du gouttereau de l'aile en retour, fenêtres rectangulaires de différentes hauteurs, petits carreaux aux baies du rez-de-chaussée, volets battants à panneaux en bois plein barrés d'un Z.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

6.2. Villa à Pyla-sur-Mer (Gironde)

Carte postale de teinte sépia colorisée partiellement (bleu du ciel) et remontant aux années 1920 ou 1930. Dos divisé avec comme inscription entre les deux moités : ARTISTIC, 177, bd Brune, Paris - Reprod. inter.

Contrairement à ce qu'affirme la légende, on a affaire à une villa non pas purement néo-basque mais plutôt néo-landaise si l'on considère la seule morphologie:du bâtiment : de plain pied (sans étage, donc sans pan de bois) et à la façade en pignon sous un vaste toit surbaissé. L'inspiration néo-basque s'affirme toutefois dans la dissymétrie des deux versants, celui de gauche (le plus court) abritant une sorte de hangar ou préau porté par une colonne à l'avant et ouvert sur deux côtés ; elle s'affiche également dans cette curieuse clôture de grandes dalles plantées renvoyant aux clôtures champêtres rencontrées dans la région d'Ascain et provenant de carrières de grès établies sur la montagne de La Rhune (Larrun). L'entrée, non visible ici car hors champ, est obtenue par la retrait d'une dalle.

7. Les architectes et leurs réalisations

7.1. Henri Godbarge

Le théoricien et promoteur du style basco-landais est l'architecte luzien Henri Godbarge (1872-1946), dont le livre, Arts basques anciens et modernes. Origines - Évolution,  paru en 1931, résume la pensée de ce courant.

Il réalisa treize villas, ou maisons de villégiature, à Hossegor, la plupart avant 1930, entre autres Reine des Pyrénées (1925), Reine des Landes (1925), Belfran Clamar (1925), Martha (1925), Gaïneko Etchea (1926).

On lui doit aussi,
- à Guéthary, la villa Bake-Etchea (1927) et la passerelle de l'hôtel-casino Itsasoan (1926),
- à Urrugne, la villa Mendichka (1911 et 1927) et, à Anglet, la villa Irrintzina (1922),
- à Jatxou, la villa La Marfée,
- à Soustons, le Pavillon landais,
- à Hossegor, les équipements de loisir du Sporting (en collaboration) (1927-1930) et l'hôtel du Lac (en collaboration) (1925-1926).

Hôtel du Lac à Hossegor, 1
 

Carte postale promotionnelle : Hossegor, l’hôtel de voyageurs dit hôtel du Lac, construit par les architectes Louis et Benjamin Gomez en collaboration avec Henri Godbarge en 1925-1926. Dessin du même.
 

C'est le premier des hôtels modernes construits à Hossegor. Contrairement àce que pourrait laisser penser son nom, il se dresse en bordure du Canal et non pas du Lac. Selon Gérard Maignan (Autrefois Hossegor, Atlantica, 2001), son style annonce le style basco-landais que Godbarge affirmera pleinement dans le Sporting-Casino construit en deux phases, en 1927-1928 et 1939-1941 (voir infra).

 

Hôtel du Lac à Hossegor, 2
 

Carte postale photographique des années 1950. Le même Hôtel du Lac, tel qu'immortalisé par l'éditeur Yvon.  Légende  sur la face non  illlustrée : HOSSEGOR (Landes) - L'Hôtel du Lac. Inscription entre les moitiés : ― Les Editions d'Art Yvon Paris 15 r. Martel - Fabrication française.

Les éléments inspirés des maisons basques sont la toiture de faible pente et à large débord, les fausses têtes de mur en forte saillie au dernier étage du gouttereau-façade au niveau des travées 3, 4 et 5 en partant de la gauche, les garde-corps en bois des balcons, la diversité des baies (grandes baies vitrées carrées au premier étage, fenêtres rectangulaires et  fenêtres cintrées de différentes tailles aux étages supérieurs, hublots en pignon).

 

Hôtel du Lac à Hossegor, 3
 

Carte postale de teinte sépia de la deuxième moitié des anneés 1920. Face non illlustrée divisée sous la mention CART POSTALE, sans légendage.
 

Cette vue de la façade côté rue dévoile les parties cachées par les pins dans la carte précédente, notamment le long balcon entre les fausses têtes de mur en saillie au dernier étage et les colonnes de la grande pergola devant le rez-de-chaussée.

 

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

 

Villa Mendichka à Urrugne
 

Photo tirée de la revue La Construction moderne, 45e volume (1929-1930), fascicule No 42.

Façade sud de la villa Mendichka à Urrugne, construite par Henri Godbarge en 1911 (agrandie en 1927 par le doublement de la demi-terrasse et l'adjonction, au nord-est, d'un porche surmonté d'une véranda), monument historique depuis 1993.

Si l'on fait abstraction de la travée à l'extrême gauche, on a la façade d'une métairie labourdine à ordonnance symétrique (travée centrale entre deux travées latérales symétriquement opposées). Pour obtenir une toiture à deux versants disymétriques, l'architecte a ajouté une travée à l'extrême gauche. La séparation entre les travées est marquée par de fausses têtes de mur ayant un léger encorbellement au niveau des faux sommiers du premier étage (travée à l'exrême gauche) et de l'étage des combles. Les larges baies rectangulaires du rez-de-chaussée et des étages confèrent une certaine unité à cette façade, où lignes verticales et horizontales entrecroisées forment comme un damier. La tour carrée dont on aperçoit le sommet, sert à affirmer le niveau social élévé du commanditaire de la villa.

 

Villa Bake-Etchea à Guéthary
 

Carte postale des années 1920-1930 (d'après la bordure blanche). Légende, dans la bordure inférieure : PAYS BASQUE / 103 GUÉTHARY - Villa type Basque (Balcé - Etchéa).

Il s'agit de la villa Adichkide-Enea (litt. Chez l'ami / Au pays de l'ami), dite aussi Bake-Etchea, conçue par Henri Godbarge pour la comtesse de Wagram en 1927. La façade présente quelques similitudes avec celle de la villa Mendichka : même nombre de fausses têtes de mur en saillie (cinq) enserrant quatre travées, toit dissymétrique, faux pans de bois au premier étage (sur une seule travée) et à l'étage sous comble, mais certaines baies ont leur faîte non plus droit mais cintré, ce qui, ajouté à la diversité de leurs  dimensions, crée un ensemble disparate et peu harmonieux.

7.2. Louis et Benjamin Gomez

L'architecte Louis Gomez et l'architecte-décorateur Benjamin Gomez, originaires de Bayonne, sont les concepteurs de plusieurs villas à Hossegor : la villa Julia, bâtie en 1925 pour le compte d’Alfred Eluère, grand promoteur immobilier et futur maire de Hossegor, la villa Aguilera (1929), la villa Ancre de la Miséricorde (1931).

Pour l’exposition artistique et économique de la quinzaine régionaliste d’Hossegor du 27 août au 11 septembre 1927, ils réalisèrent un pavillon des beaux-arts qui par la suite fut remonté pour devenir le club house (foyer) du golf.

Ils sont les concepteurs du front de mer, un ensemble homogène de barres de villas mitoyennes construit en bordure de la mer derrière une digue et de chaque côté d'une place et en amont de celle-ci (voir infra).

On leur doit aussi, toujours à Hossegor,
- l’hôtel de voyageurs, dit Hôtel du Lac, construit en collaboration avec Henri Godbarge, achevé en 1925 ;
- également le complexe de sports, de jeux et de loisirs dit Sporting ou Sporting-Club puis Sporting-Casino (aussi appelé « maison des sports» sur une carte postale de l'époque), chef-d’œuvre de l’architecture basco-landaise, construit en deux phases – le corps principal en 1927-1928 et son prolongement et son aile en retour en 1939 -1941 – en collaboration avec Henri Godbarge et le sculpteur Lucien Danglade ; l'ensemble est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1991.

Le fronton central et les deux pignons en bout de bâtiment s'inspirent du pignon-façade de la métairie labourdine.

Hossegor, Sporting-Casino, 1
 

Carte postale noir et blanc de la fin des années 1920 ou du début des années 1930. Dos non consultable.

Façade sur rue du Sporting (ou façade arrière) dans son état initial : seule la moitié du corps central est édifiée. Le rez-de-chaussée est caché par un talus. Au deuxième étage, court un large balcon filant porté par des consoles incurvées et bordé par des rambardes en bois (inspirées du balcon de séchage de la métairie labourdine). Le troisième et dernier étage exhibe, entre ses fenêtres, un pan de bois à hourdis de plaquettes en épi entièrement peint. Le pignon, sur la droite, est celui qui surplombe la piscine et affiche un bas-relief de Lucien Danglade sous son fronton..

 

Hossegor, Sporting-Casino, 2
 

Carte postale noir et blanc des années 1930 (d'après les bordures blanches). Légende dans la bordure inférieure : La Côte-d'Argent - HOSSGEOR - Le Sporting. Éditeur, dans la bordure latérale droite : Librairie D. Chabas, Mont-de-Marsan - Hossegor.

État initial du Sporting construit en 1927-1928. La vue est prise depuis le terrain de pelote basque. La moitié droite du corps central n'a pas encore été édifiée.

 

Hossegor, Sporting-Casino, 3
 

Carte postale photographique des années 1950 (d'après les bords denticulés). Éditeur : Estel.

Hossegor, le Sporting, devenu désormais le Sporting-Casino. État terminal du bâtiment après prolongement du corps central sur la droite et création d'une aile en retour. La vue de cet ensemble monumental est prise depuis le terrain de pelote basque. Le style basco-landais se manifeste surtout au fronton central et aux deux pignons (faux pan de bois, fausses têtes de mur). À droite des pins, on aperçoit un court de tennis avec son filet.

 

Hossegor, Sporting-Casino, 4
 

Photographie privée vraisemblablement de la fin des années 1920, achetée sur le site cartophile Delcampe. © Christian Lassure.

L'intérêt de cette vue est de mettre en vedette le surprenant escalier monumental réalisé à l'angle de la façade du bâtiment et du pignon de gauche (par rapport à un observateur extérieur). Pour faire place à une passerelle d'angle menant au pavillon d'entrée du complexe, il a été démonté puis transporté et remonté.sous le dit pavillon en 1998.
Autre élément intéressant de notre photo : la terrasse protégée par des vélums (rouges) du premier étage, elle-même surplombées par une vaste terrasse-balcon au deuxième étage, d'où observer les parties de tennis et de chistera.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

 

Hossegor, Sporting-Casino, 5
 

Carte postale noir et blanc des années 1930. Légende sur la face illustrée, en bas et au centre : Hossegor ― Le Sporting - La Piscine. Dos divisé, avec inscription verticale entre les deux parties : – Edit.Peyrlade, Souvenirs – Hossegor –.


La piscine en plein air du Sporting avec son portique d'accès et son haut mur Art déco mettant les nageurs à l'abri des regards extérieurs. Le photographe a su saisir l'élégance des trois arches en anse de panier du rez-de-chaussée et la monumentalité de la clôture latérale.

7.3. Louis Lagrange

Cet architecte est l'auteur, à Hossegor, de
- la villa Le Repos (1929), qui utilise abondamment le motif en épi copié sur le remplissage en briques plates des pans de bois dans les façades du XIXe siècle,
- les villas Ura Aldia (1930), Churruta (1931), Adichats (1931), Astelatz (1930), Ohat Zea (1931), Oyana (1928), Catira (1931), Martin Choan (1931), Romance (1931), La Pigneraie (1930),
- la chapelle de la Plage, ou Notre-Dame-des-Dunes, achevée en 1931,
- l’hôtel des Voyageurs, sur la rive ouest du canal, rebaptisé hôtel Primerose en 1930. puis agrandi par l'architete Henri Tison en 1937-1938.

Hossegor, hôtel Primerose, 1
 

Carte postale photographique des annnées 1950 (bordures blanches denticulées). Dos non disponible.

L'hôtel Primerose, chargé avec plusieurs autres (le grand hôtel du Lac, l'hôtel du Parc, l'hôtel Beauséjour) d'héberger une clientèle moins huppée que celle des propriétaires de villas, borde le canal dit d'Hossegor reliant le lac d'Hossegor à la mer. Une photo aérienne des années 1950 représente le bâtiment dans son état définitif, une barre avec une aile en retour à chaque bout. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Au départ, l'hôtel se réduisait à une barre moins longue possédant une seule aile en retour.

 

Hossegor, hôtel Primerose, 2
 

Carte postale noir et blanc de type publicitaire des années 1930. Légendage sur la face illustrée : PHOTO MOREAU - CAP - BRETON.

État initial de l'hôtel Primerose. La façade arrière de ce grand et haut parallélépipède a reçu un habillage de style néo-basque : faux encorbellements et pans de bois à hourdis aux troisième et quatrième étages, baies cintrées ici et là, balcons sur potences et à garde-corps en bois, large débordement du toit également sur potences, bande traitée en pan de bois courant sous les avancées du toit (bande non visible ici car dans l'ombre). On ne peut qu'être frappé de la ressemblance du bâtiment de Louis Lagrange (1930) avec  l'hôtel du Lac (1925-1926) d'Henri Godbarge et des frères Gomez (voir supra), principalement dans la forme et la variété des.baies

 

Hossegor, hôtel Primerose, 3
 

Carte postale de teinte sépia à bordure claire (années 1930). Au dos, l'inscription « Photo E. Vignes - Castets (Landes) » sépare la partie «correspondance » de la partie «adresse ».Une oblitération donne la date du 26 mai 1938.

On a affaire ici à la façade antérieure faisant face au sud-est, telle qu'elle était avant le prolongement de l'édifice à main droite par une deuxième aile en retour, symétrique de l'aile de gauche.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

 

Hossegor, hôtel Primerose, 4
 

Carte postale photographique des années 1950 (bords denticulés, non reproduits ici). Légendage au dos : en haut à gauche : 40-C-8 – « PRIMEROSE-HOSSEGOR » / (Landes) - Tél. 057 ; en haut à droite : PHOTO / VERITABLE ; entre les deux parties, verticalement : Edition d'Art « MOD - Pau-Billière ».

Deux décennies ont passé depuis les cartes précédentes : entretemps, en 1937-1938, le parallélépipède s'est agrandi, en pignon, d'une travée d'élévation qui enjambe la large allée. Cet ajout ne dépare pas le style de l'ensemble. Le maître d'œuvre de l'extension est l'architecte Henri Tison

 

Hossegor, hôtel Primerose, 5
 

Carte postale photographique des années 1950 (bordures denticulées). Légendage au dos : en haut, à gauche, 40-C-6 – « PRIMEROSE-HOSSEGOR » / (Landes) - Tél. 057 ; entre les deux moitiés : Edition d'Art « MOD » – Paul-Billière. Dans la partie correspondance, un texte manuscrit, précédé de la date du 13 aût 1962, indique que l'hôtel est désormais maison de repos et de convalescence.

En se plantant entre deux troncs de pin, le photographe est parvenu à cadrer une partie du corps central et de ses deux ailes. La façade de chaque aile est traitée comme s'il s'agissait d'une maison basque (toit à deux versants symétriques, imitation de pan de bois au derner étage et au niveau des combles).

 

Hossegor, hôtel Primerose, 6
 

Carte postale en couleur des années 1970. Dos divisé. Éditeur : Cim.

Façade arrière de l'hôtel devenu à l'époque maison de repos : toutes les boiseries, fausses ou vraies, sont peintes d'un rouge vif très prégnant, voire agressif.

7.4. Joseph-Albert Tournaire

Concepteur de la villa Arnaga à Cambo-les-Bains entre 1903 et 1906, exemple fidèle du modèle labourdin (voir supra).

7.5. Roger-Henri Expert

Il fut, en 1927, le constructeur de la villa Téthys, de style Art déco (9), sur le boulevard de l'Océan, à Pyla-sur-Mer, station balnéaire située dans la commune de La Teste-de-Buch à l’entrée du bassin d’Arcachon. Autres villas de ce style à l'actif de Roger-Henri Expert :  Canope, Lyside, Vert Logis. De style résolument Art déco, Téthys recèle néanmoins quelques références au style néo-basque.

(9) Le style Art déco, qui fut en vogue du début des années 1910 à la fin des années 1930, est marqué en architecture par un retour à la symétrie dans les façades et par le recours aux colonnes et pilastres des ordres classiques. La villa Téthys (et non pas Thétys selon une orthographe fautive répandue), du nom d'une déesse mineure grecque, est le summum de ce style pour une villa.

Villa Téthys à Pyla-sur-Mer (Gironde), 1

Carte postale des années 1930. Dos non disponible.

Façade, côté mer, de la villa Téthys avec, au centre, la rotonde en saillie et ses colonnes ioniques élancées et son bas-relief de la déesse de la mer. Les deux opercules latéraux et leur remplissage renvoient aux trous d'aération circulaires des combles basques et à leur décor de briquettes (voir la carte postale de la maison basque de Sare supra).

 

Villa Téthys à Pyla-sur-Mer (Gironde), 2
 

Carte postale photographique des années 1950 (bords denticulés). Dos divisé en deux parties non nommées, séparées par l'inscription « Photo E. Vignes - Castets (Landes) ».

Malgré l'écran des cyprès, on ne peut qu'être frappé par la belle ordonnance symétrique de cette façade arrière, semblable à un grand oiseau blanc aux ailes déployées. Quelques signes distinctifs du néo-basque sont là : les grandes baies ouvertes à arc en plein cintre de la galerie du rez-de-chaussée, l'accent circonflexe au-dessus des grandes fenêtres du premier étage faisant écho à la toiture à deux versants en pente douce.

Villa et jardin en totalité sont inscrits monument historique depuis le 16 janvier 2001.

7.6. Jean Prunetti

Dacquois d'origine, l'architecte Jean Prunetti est l'auteur de l’hôtel des voyageurs dit pension Hourcade à Soorts-Hossegor, achevé en 1932 ; également de la villa basco-landaise Lou Brouch (terme gascon, litt. « les broussailles») pour l'artiste-peintre Suzanne Labatut et sa sœur.

Pension de famille Hourcade à Hossegor (Landes)
 

Carte postale des années 1930. Dos divisé. Tampon de l'architecte apposé côté gauche (Jean PRUNETTI / Architecte D.P.L.G. / – DAX –). La destination du bâtiment (Pension de Famille / Hourcade Pierre / HOSSEGOR (Landes) est indiquée dans l'angle supérieur droit de la partie illustrée. Pour une meilleure définition, cliquer ici.

Seul le pignon-façade est visible sur la carte : sous les rampants dissymétriques légèrement saillants, on observe trois travées, celle d'entrée sous le rampant court, les deux autres sous le rampant long. La travée centrale et la travée de droite comportent chacune, au rez-de-chaussée, un faux pan de bois à hourdis de briquettes en épi, celui du milieu percé d'une fenêtre et celui de droite aveugle. La fenêtre d'étage dans la travée d'entrée s'ouvre elle aussi dans un faux pan de bois à hourdis de briquettes, entre une colonne dorique à gauche et un pilastre dorique à droite. Sous la pointe du pignon sont figurés, sur deux registres, cinq triangles d'aération des combles paysans. Toutes les ouvertures de la façade sont dissemblables.

 

Pension de famille Hourcade à Hossegor (Landes), 2
 

Carte postale sépia des années1930. La légende est sous la face illustrée, ce qui pointe vers une carte promotionnelle.

On remarque que le pan de bois factice au rez-de-chaussée, à l'extrême droite, est non pas aveugle mais percé d'une fenêtre identique à celle du milieu. Une autre différence est la présence, au premier étage, d'une véritable fenêtre à battants et à volets, sous le versant le plus long de la toiture, à la place de l'opercule carré.  Il reste à établir laquelle des deux cartes est la plus ancienne.

7.7. William Marcel

Architecte à Bayonne, William Marcel est l'auteur de la villa Etchelar-Enia à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques).

Villa Etchelar-Enia à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques)
 

Planche-phototypie provenant du recueil L'Habitation basque préfacé par Louis Colas (1925).

Cette imposante maison de villégiature est à rapprocher des villas, toutes aussi massives, de la première décennie du XXe siècle, que sont par exemmple Saraleguinea à Guéthary et Mendichka à Urrugne. Il s'agit pour l'essentiel d'un parallélépipède volumineux reposant sur un soubassement en pierres maçonnées et s'abritant sous une toiture à deux versants d'inégale longueur. L'architecte a plaqué une sorte de belvédère en surélévation à un angle de l'édifice puis planté, devant l'angle opposé diagonalement, une maisonnette de faible profondeur (en fait l'entrée du garage) évoquant le dispositif similaire édifié à Arnaga. Une pléthore de baies de différentes formes s'efforcent d'animer la façade au rez-de-chaussée et aux étages tandis que de fausses têtes de mur compartimentent celle-ci en travées. Le porche d'entrée, ouvert sur deux côtés, n'est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, celui d'Arnaga.

Pour une meilleure définition, cliquer ici.

7.8. Autres architectes et entrepreneurs

Louis Gaume : Arcachonnais d’adoption, cet entrepreneur construisit, à Arcachon et au Pyla-sur-Mer, des villas inspirées des constructions landaises et basques aux proportions harmonieuses, notamment la villa Téthys (voir supra) au Pyla, conçue par l'architecte Roger-Henri Expert.

Jacques D’Welles : architecte en chef de la ville de Bordeaux, concepteur de l'ensemble de La Dune à Hossegor, en 1931.

Victor Auclair : architecte originaire de l'Allier, spécialiste de la construction en béton, armé venu vivre à Hossegor, où il construisit diverses villas dont Copihué (1926) jusqu'à sa mort en 1928.

Robert Maurice : architecte capbretonnais, auteur des maisons de villégiature hossegoriennes Maya (1933), Santiago, Argui Aldea (1930), Bois Fleuri, La Volière, Ramona (1929), Sans Nom (1930), également de la transformation en mairie de la halle aux grains de la ville basse à Tartas.

François-Joseph Cazalis : concepteur de la villa Saraleguinea à Guéthary (voir supra).

Albert Pomade : architecte dacquois, auteur des villas Les Landiers (avec le sculpteur L. Danglade,1925), Lou Tuc (1929), La Roseraie (1931), à Hossegor.

Henri Tison : maître d'œuvre et entrepreneur, auteur de l'hôtel Beauséjour édifié en 1931, responsable de l'agrandissement de l'hôtel Primerose en 1937-1938 (voir supra) et auteur de la villa Irino Bat en 1931.

R. Valès : architecte toulousain, auteur de plusieurs maisons de villégiature, dont la villa Speranza en 1923 et la villa Roses des sables en 1926.

Villa Roses des sables à Hossegor (Landes)
 

Carte postale noir et blanc des années 1930. Éditeur : Sourbès Bazar Moderne. Légende côté vue, en bas : Hossegor – Villa "Roses des sables" Architecte Valès - Villa " Roses of the Sands ".

Maison de villégiature dessinée par l'architectecte toulousain R. Valès à Hossegor : fausses têtes de murs à encorbellement en double quart de rond, pans de bois peint à l'étage en encorbellement et aux combles, volets peints en rouge, forte avancée du toit, baies de différentes formes (rectangulaires aux fenêtres, à arc en plein cintre à l'entrée et à l'entresol, à arc en anse de panier à l'entresol), fenêtres à petits carreaux, balcon à garde-corps en bois en gouttereau.

La liste des architectes ne s'arrête pas là. une vingtaine d'autres sont mentionnés dans la littérature : Adamski, Anatol y Durruthy, Bertaud, Darricau, Duplantier, Durandeau, Durruthy, Giraudel, Huguenin, Larrebat-udor, Los  Soupre, Martin, Novion, Orillard, Pavlowsk-Laulhé, Rateau, Saint-Germain, Saint-Vanne, Siclic, Sarrebeyroux.

8. Extension géographique du style basco-landais

Au début du XXe siècle, le style basco-landais est confiné aux villas de riches villégiateurs de la côte basco-landaise. À partir des années 1920, il s’étend aux édifices publics et à l’habitat collectif, notamment dans la station balnéaire landaise d’Hossegor. Puis il apparaît dans des maisons moins cossues, à l’architecture minimaliste, dans des lotissements ou en ville.

Il gagne le pays basque, le Béarn, la Bigorre, les Landes, la Gironde, puis essaime dans le Gers, la Dordogne, les Pyrénées-Orientales.

8.1. Riscle (Gers)
 

Carte postale en noir et blanc des années 1920-1930 (bordure blanche). En-tête, dans la bordure supérieure : LE GERS ILLUSTRÉ - Légende sur la vue : S. RISCLE : Villa Basque (Architecte M. Mounet).

Avec les faux contreforts du rez-de-chaussé, les fausses têtes de murs de l'étage, les pans de bois riquiqui, les boules sur piédestal encadrant le perron, les circonvolutions du mur bahut de la galerie extérieure, on tend ici vers la maison des Schtroumpfs.

8.2. Saint-Martin-de-Seignanx (Landes)
 

Carte photo privée du tout début du XXe siècle à la face illustrée divisée en deux parties inégales, l'une à gauche pour le texte et l'autre à droite pour l'illustration. L'autre face est entièrement réservée à l'adresse, ce qui indique une édition antérieure à 1904. Le long de la bordure gauche court le nom de la société éditrice : Société Lumière. ― Lyon.

 

Deux photos représentant un « chalet basque » (en haut) et l'allée bordée d'arbres où celui-ci se dresse (en bas). Ce chalet se trouve à Saint-Martin-de-Seignanx dans les Landes, si l'on en croit une autre carte postale représentant la même rue et le même bâtiment (voir ci-dessous) mais plus récente.


Colonne de gauche : Je vous présente ma chère amie, notre / gentil chalet. N'est-ce pas que cette allée est / ravissante ? On ne voit pas très bien la spacieuse / terrasse du rez de chaussée. Je regrette ne pas m'être / mise sur la galerie, je vous aurais envoyé de là / deux gros baisers. Toutes les maisons basques sont bâties / dans le même style. Chevrons, poutres entrecroisées, boiseries / de tous côtés, et galerie ; il y a à Biarritz des palais / construits dans ce style. Ces habitations originales sont / peintes à la chaux des plus vives couleurs. Jaune / rouge, pourpre, bleu, vert tendre, violet avec boiseries / de couleur différente mais en harmonie et très vives. / Chez nous la teinte est jaune à boiserie rouge. – Vous / savez que je fais toujours collection de cartes postales. / J'en ai un bel album de cinq cents. Mais je suis / très difficile : toutes les laides ou insignifiantes passent / au feu. Je veux m'en tenir à ce chiffre en les remplaçant / toujours par de plus jolies. – Je ne puis vous écrire d'au / moins quinze jours. Occupée !!!! Pas une minute !!!! Je fais des / panneaux décoratifs, suis enthousiasmée par une œuvre. / C'est... (excusez moi : c'est l'habitude / La guerre fatale. J'étudie l'opéra / Carmen que je viens de voir jouer par actrices de l'Opéra. Baisers.


Au-dessus de la photo du haut : Répondez moi vite : et parlez moi un peu de vous. A droite des deux photos : Et les allées de Perpignan ombragées de platanes. Aussi / je pars en voyage tantôt : vous écrirez peut-être de Bordeaux ou d'ailleurs.

 

Carte postale de teinte sépia, vraisemblablement des années 1920 -30 (bordures). La légende, inscrite dans la bordure inférieure, indique le lieu et le sujet : 6. - SAINT-MARTIN-de-SEIGNANX (Landes). - Quartier Neuf - Chalet basque et Route Nationale. L'éditeur a mis sa signature (Yobled, c'est-à-dire Marcel Delboy, à Bordeaux) sur la face illustrée.

Cette maison de faubourg est qualifiée de « chalet basque», expression évocatrice qui semble avoir été appliquée à des maisons de style néo-basque du dernier quart du XIXe siècle, avant d'être supplantée par l'expression « villa basque». Il s'agit d'un modeste bâtiment.d'un seul tenant, sous une toiture de tuiles mécaniques à deux versants symétriques, avec en pignon, sous l'avancée du toit, une ferme de charpente à entrait relevé. Apparemment, il n'y a pas d'extensions, de décrochements, de renfoncements. Les quelques traits stylistiques observables sont le faux pan de bois et le balcon filant appuyé sur deux poteaux et faisant toute la largeur du premier étage.

8.3. Collioure (Pyrénées-Orientales)
 

Prospectus vantant l'hôtel appelé « la villa basque» à Collioure dans les Pyrénées-Orientales.

Le dessin figurant « la villa basque » se prête mal à une description précise et détaillée. On note cependant les signes distintifs du style néo-basque : versants dissymétriques, avancée de la toiture en fraçade, têtes de murs saillantes, imitation de pans de bois et de hourdis en épis de briques, etc. Hélas, nous n'avons pas trouvé trace de cet hôtel aujoud'hui.

La Seconde Guerre mondiale interrompt le mouvement de construction, lequel reprend après la Libération.

À partir des années 1990, dans l’architecture pavillonnaire, le style basco-landais cède la place au style néo-provençal ou néo-méditerranéen, omniprésent de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) à Nice (Alpes-Maritimes).

9. Le cas de Hossegor (Landes)

 

Station balnéaire apparue tardivement après la grande vogue des villes d’eau et des stations de bord de mer, Hossegor devient, dans l’entre-deux-guerres, le terrain de jeu d'architectes adeptes du style basco-landais, notamment (Henri Godbarge, Louis et Benjamin Gomez, Robert Maurice et Louis Lagrange (voir supra). Quatre cents villas (10) sont ainsi construites pour une clientèle bourgeoise : maisons de villégiature estivale ou hivernale. Les villas d’été s'ouvrent sur la mer tandis que les villas d’hiver se referment sur leur jardin.


(10) À la suite d'un inventaire des villas « de caractère » de la commune d'Hossegor en 2006, le centre de documentation et d'archives d'architecture de la côte basque en a retenu 180, dont 44 classées trois étoiles et 67 classées deux étoiles.

9.1. Un manifeste du style néo-basque : le front de mer et la place des Landais

Le fleuron de l'aménagement touristique de la station est le programme immobilier du front de mer et de la place des Landais, réalisé de 1929 à 1931. Édifiées (non sans témérité) sur la dune littorale, les villas néo-basques sont mitoyennes et en bande continue tandis que les magasins sont confinés aux galeries à arcades bordant les trois côtés de la place ainsi que l'avenue y conduisant. Les frères Gomez avaient prévu, pour le front de mer, une quarantaine de villas mitoyennes en bande ininterrompue : huit seulement furent construites. Le boulevard-promenade devait couvrir un kilomètre; il ne dépassa pas les 300 mètres. Il devait y avoir trois places, une seule fut réalisée, la place des Landais. Les deux autres – la place du Nord et la place de la Côte d'argent – restèrent dans les cartons, crise de 1929 oblige.

Carte postale des années 1940 (d'après le style des voitures). Vue aérienne éditée par Cim (signature de la marque CIM, initiales de Combier imprimeur Mâcon). Légende au dos : en haut à gauche, HOSSEGOR (Lande) – Vue aérienne / 1 A - La plage sur l'Océan ; entre les deux moitiés, Éditions Aériennes ''CIM'', Combier Imp. Mâcon – Cliché RAY-DELVERTVILLENEUVE-SUR-LOT - AGEN – . Pour obtenir une résolution plus élevée, cliquer ici.

Cette vue aérienne englobe la totalité du bâti du front de mer. La place centrale, qui sert de parc à voitures, est encadrée par deux bandes (ou barres), symétriquement opposées, de villas mitoyennes de style néo-basque. Chaque barre est séparée, par une ruelle, d'un nouveau groupe de villas (en fait une unique villa à l'extrême droite). Sur la place des Landais, plusieurs maisons mitoyennes ne sont pas encore construite en arrière des arcades à main gauche. Une ligne de bancs et de portiques Art déco ferme la place du côté de la mer. Un perré de ciment, en forme de rampe oblique, protège le boulevard longeant la plage. On n'aperçoit pas de garde-corps en haut du perré.

 

 

Carte postale photographique à bordure blanche des années 1950. Éditeur : Cim. Légende au dos : en haut à gauche, HOSSEGOR (Landes) / 45-8 A – Plage de l'Océan – Vue aérienne ; entre les deux moitiés, Editions Aériennes COMBIER IMP. MACON (S.-et L.) - Photographie Véritable. Dans l'angle inférieur droit : BD-P1_20240602_085 / IMAGESDANTANA02.

L'ensemble du front de mer semble désert : il y a juste une voiture garée dans la rue qui mène à la place des Landais et un promeneur solitaire sur la plage. Une portion de la digue devant la barre de villas de droite semble avoir disparu, constat qui vaut également pour la portion  opposée à gauche. La promenade a perdu de sa largeur. Les bancs et les portiques Art déco ont disparu, victimes des tempêtes du début de la décennie.

 

Avenue des Landais

Carte postale à bordure et de teinte sépia des années 1930. Légende sur la face illustrée, dans la bordure inférieure : la Côte d'Argent - HOSSEGOR – Villa du bord de la Mer ; dans la bordure de droite : Librairie D. Chabas, Mont-de-Marsan-Hossegor. Au dos, tampon de la poste de Cailhau dans l'Aude en date du 8- ? -30. Entre partie Correspondance et partie Adresse : Bromotypie Gautreau, Langon, Gironde.

L'avenue des Landais descendant vers le redent formé par la place des Landais. Les façades des maisons mitoyennes de chaque côté de la rue se signalent par leur décor : au rez-de-chaussée, larges arcades cintrées, fausses têtes de mur saillantes, longs garde-corps en bois, imitation de pans de bois et avancée des rives de toiture

Pour obtenir une résolution plus élevée, cliquer ici.

 

Place des Landais

Carte postale à bordure blanche et de teinte sépia du début des années 1930 (d'après le style des automobiles). Le pseudo de l'éditeur (« Tito ») et la légende (« HOSSEGOR – Vue prise du Boulevard Promenade sur la Terrasse et l'Hôtel de la Plage ») figurent en lettres blanches sur la face illustrée. La face écrite n'est pas disponible.

On découvre sur cette carte le bâti de la moitié droite du rectangle formé par la place des Landais : les faux colombages et les fausses têtes de mur (ces dernières croisées aux angles) accaparent le deuxième étage des villas, tandis que l'arc en plein cintre monopolise les arcades du rez-de-chaussée. Le photographe a eu la bonne idée d'inclure dans son cadrage le dallage ornemental de la promenade au niveau de la place : des dalles allongées disposées en épi et faisant écho aux épis de fausses briques peintes en haut des façades. Ce dallage en épis est encadré d'une bordure répétant un motif rectangulaire.

Pour obtenir une résolution plus élevée, cliquer ici.

 

Le boulevard-promenade

 

Carte postale à bordure blanche et de teinte sépia du même éditeur, de la même époque et du même endroit que la carte précédente (légende à même la face vue : « HOSSEGOR (Landes) . Place des Landais . Hôtel de la Plage . La Jetée . »). Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

Cette carte a l'avantage de nous faire découvrir, dans le sens de la longeur,  le dallage ornemental occupant la portion de la promenade-boulevard devant la place. L'agrandissement de détail ci-dessous fait apparaître une frise bordant le dallage sur ses quatre côtés et aussi divisant celui-ci en deux parties.

Le dallage ornemental, 1

 

Le dallage ornemental, 2

Photo privée des années 1920 ou 30. © Christian Lassure.

Cette photo permet de mieux se représenter l'élément répétitif de la frise : un rectangle rempli de briques sur chant et encadré de quatre dalles de ciment rectangulaires, deux étroites et deux larges. La bordure fait penser à une fermeture zippée  à moins qu'il ne s'agisse d'une allusion au pan de bois et au baies de l'étage des maisons paysannes basques.

 

Les bancs et les pergolas
 

Carte postale des années 1945-50 (d'après le style des voitures). Face écrite non disponible.

Vue de la place des Landais prise depuis le boulevard-promenade, avec son alternance de bancs et de pergolas en béton. Le dallage en épi de la de la carte précédente semble avoir disparu.

Des loggias sont visibles sous le fronton d'une des maisons mitoyennes sur la droite.

 

Une des pergolas
 

Carte postale de teinte sépia et à bordure du début des années 1930. Légende dans la bordure inférieure : 11. - HOSSEGOR (Landes) – Portiques sur la Mer  M. D. (initiales de Michel Delboy). .Dos divisé en deux moitiés séparées par l'inscription Phot. M. Delboy, 39, r. de la Rousselle, Bordeaux.

Une des pergolas dressées, face à l'Atlantique, à la limite entre la place des Landais et la promenade longeant la digue. Entre deux colonnes carrées lisses, se dresse une colonne ronde décorée de queues de poisson dans sa partie haute. Les trois colonnes portent des traverses peintes imitant le bois et supportant deux grandes fausses poutres parallèles. On est ici non plus dans le pastiche basco-landais mais dans une concession bienvenue à l'Art déco. L'idée qu'a eue le photographe de contraster la file horizontale des spectateurs de la promenade avec les colonnes de la pergola, mérite un coup de chapeau.

 

Les arcades
 

Carte postale des années 1940 (bordure blanche). Dos divisé en deux moitiés par l'inscription PHOT. COMBIER MACON, du nom d'un éditeur maconnais qui signait Cim (initiales de Combier Imprimerie Mâcon) sur la face illustrée de ses cartes. Le tampon de la poste d'Hossegor indique la date de 1935. Légende dans la moitié gauche : HOSSEGOR (Landes) – Hôtel de la Plage.

Prises depuis le restaurant de l'hôtel de la Plage, ces larges arcades à arc en plein cintre doivent leur existence à l'emploi du béton. La colonne ornée de la première arche est due à l'architecte décorateur Benjamin Gomez.

L'hôtel proprement dit n'existait que sous la forme de chambres à l'étage des edifices riverains de la place des Landais.

 

Les terrasses sur la dune
 

Carte postale des années de teinte sépia des années 1930 (bordure claire). Au dos :en bas à gauche, légende « D. Chabas, édit. Mont-de-Marsan », .entre les deux moitiés, inscription « Bromotypie Gantreau, Langon (Gironde)».

Dans les arches édifiées orthogonalement par rapport aux façades du front de mer, se manifestent des réminiscences d'architecture rurale – l'arc en plein cintre et la tête de mur en encorbellement. – mais le style général est celui de l'Art déco, notamment avec l'élégante colonne à la partie supérieure moulée, due à Benjamin Gomez.

 

9.2. 1952, les dégats des eaux
 

Photo privée de 1952 achetée sur le site Delcampe. © Christian Lassure.

La digue et le boulevard-promenade ont été emportés par les vagues et il s'en est fallu de peu que les arches des terrasses suivent.

 

Agrandissement de détail : on reconnait gisant en contrebas de la dune, des éléments des portiques et des bancs qui bordaient la place des Landais. © Christian Lassure.

 

Agrandissement de détail : des crevasses sont visibles sur les arches se dressant sur les terrasses à la manière d'arcs-boutants. © Christian Lassure.

 

 

Carte postale photographique de la fin des années 1950 ou du début des années 1960 (d'après les automobiles). Éditeur : Cim.

Une digue formée d'un mur concave anti-vagues a été construite le long du boulevard de la plage à la suite de la destruction de la rampe originelle sous les coups des vagues des tempêtes de 1951 et 1952. Elle a été coiffée d'une rambarde bien visible. Les portiques et bancs Art déco n'ont pas été rétablis.
Sur cette vue aérienne, on aperçoit un bout de l'avenue des Landais à son arrivée à la place. Elle est  bordée de villas construites selon le même modèle que le reste du front de mer.

 

Carte postale photographique noir et blanc, aux bords dentelés, de la fin des années 1950. Éditeur : L. Lavielle à Biarritz.

L'arche à l'angle nord de la place des Landais porte encore les stigmates de la tempête de 1952 mais a gardé sa petite boule. Dans son ouverture, se profile l'arche homologue sud. Au premier plan, le pilier d'angle d'une pergola, coiffé de deux corbeaux en quart de rond (comme les têtes de murs en encorbellement des maisons).

On mesure à quel point la promenade en contrebas des terrasses s'est rétrécie par rapport aux années 1930.

9.3. Application du style basco-landais à d'autres bâtiments que les villas

Le style basco-landais est également adopté pour des hôtels de voyageurs, des magasins de commerce, une chapelle, une école, une poste, une salle des fêtes, un café, un garage, un casino, un foyer de golfeurs. On rapporte même que les transformateurs électriques de la ville d'Hossegor suivent le style régionaliste !

9.3.1. La chapelle Notre-Dame-des-Dunes

De style néo-basque, cette chapelle est un des rares exemples d'édifice religieux de ce style. Conçue par Louis Lagrange et ouverte au public en 1931, elle a un pignon-façade d'une belle symétrie mais l'ensemble est quelque peu massif malgré l'élancement créé par la tour carrée. La façade exhibe des têtes de mur saillantes et des contreforts latéraux mais n'affiche aucun pan de bois peint. La tour (ou peut-on dire le clocher ?) n'est pas sans évoquer le clocher-porche rectangulaire de l'église d'Ascain au toit à quatre pans et aux pilastres d'angle.

Chapelle-Notre-Dame-des-Dunes, 1

 

Carte postale photographique des années 1950 (bords denticulés). Dos divisé : en haut à gauche : 37 ― Hossegor (Landes) / Notre-Dame-des-Dunes ; entre les deux parties : ARTAUD père et fils, Editeurs / avenue de la Close, Nantes ; en bas, au centre : Editions «GABY » ; dans l'angle supériur droit : PHOTO / VERITABLE (GABY est mis pour Gabriel Artaud).

Peut-on parler de symbolisme trinitaire quand on considère la tour et les deux bas-côtés, les trois entrées, les trois baies de la tour et celles du gouttereau visible ?

 

Tour-porche de l'église d'Ascain

 

Carte postale noir et blanc des années 1910. La légende est à même le côté illustré, tout en haut : « 54. ASCAIN (B.-P.). ― L'Église. M D. ».

La ressemblance morphologique est frappante entre la tour-porche d'Ascain et le clocher de la chapelle d'Hossegor mais on ne peut jurer que la tour d'Ascain ait servi d'inspiration à l'architecte de la chapelle alors que d'autres tours carrées existent à Biriatou et à Sain-Jean-Pied-de-Port.

 

Chapelle Notre-Dame-des-Dunes, 2

 

Carte postale en couleur de la fin du XXe siècle.

Sous le rouleau de la porte centrale, on distingue l'inscription peinte sur deux registres « CHAPELLE de la PLAGE / NOTRE DAME des DUNES ». La porte secondaire et son perron à l'extrême droite de la façade sont une altération ultérieure à la date de construction puisqu'ils n'apparaissent pas sur la carte postale en noir et blanc des années 1950. On remarque en outre le sciage des deux potences qui se trouvaient sur la façade de la tour, juste sous l'avancée de toit.

Les pans de mur obliques ornant les angles de la façade de la chapelle s'inspirent peut-être des renforcements parfois rencontrés dans de vieilles maisons rurales comme l'exemple ci-dessous où le corps central d'origine médiévale s'est accru d'une première extension latérale puis d'une seconde, à la qualité de construction inférieure.

Ferme non localisée

 

Carte postale en couleur des années 1970. Dos divisé. Légende au dos : en haut à gauche, 112 - PAYS BASQUE / Vieille maison basque ; en haut au milieu : 2 Couleurs Naturelles ; entre les deux parties :  ARTAUD Frères Editeurs / Rue de la métallurgie, NANTES-CARQUEPOU. Lieu non indiqué (Pyrénées-Atlantiques).

On a affaire ici à une ferme ou une métairie à corps central et deux bas-côtés, celui de droite, qui est construit sur un talus, étant soutenu par trois contreforts massifs en pierre.

 

Ces contreforts obliques symétriquement opposés ont parfois même été employés dans des entrées monumentales comme l'arche formant l'entrée du parc municipal des sports à Soustons (Landes), dont les piliers sont assez larges pour abriter chacun un guichet, ou encore l'entrée du village de vacances du Touring Club de France à Guéthary, dont le toit est dissymétrique.

 

Portail d'entrée du parc municipal des sports à Soustons (Landes)

 

Carte postale à bordures blanches des années 1930-1940 représentant le portail d'entrée du parc municipal des sports à Soustons (Landes). Au dos : en haut à gauche, SOUSTONS (Landes) ― Parc des sports ; entre les deux moitiés : Clichés E. Vignes - Castets (Landes) / Modèle déposé - Tirage  illimité - Reprod. Interd.

Ce portail est l'œuvre des architectes du Parc des Sports, A. Labèque et R. Saint-Martin. Non contents d'orner la façade de certaines villas néo-basques, les faux contreforts latéraux viennent ici orner les piliers de ce robuste portail à la symétrie parfaite sous sa toiture aux versants légèrement saillants.

  ;

Portail du village de vacances du Touring Club de France à Guéthary (Pyrénées-Atlantiques)

 

Carte postale photographique des années 1950. Légendage au dos : dans l'angle supérieur gauche : G 1285 Guéthary / Entrée du village de Vacances / du Touring Club de France ; entre les deux moitiés : Lavielle Edition-Fabricant / Passage Michelet ― Biarritz ; dans le coin inférieur droit : Photo véritable.

Le toit dissymétrique de ce portail quelque peu gracile couvre à la fois la grande entrée (pour les véhicules) et la petite entrée (pour les piétons). La dissymétrie ne choque pas dans la mesure où elle paraît être liée à la présence de l'entrée piétonne. Les portes en bois sont formées chacune de deux montants et de cinq barres horizontales et d'une traverse en diagonale faisant penser aux volets paysans en Z.

Pour obtenir une meilleure résolution, cliquer ici.

9.3.2. Le salon de thé anglais

Dans ce bâtiment en forme de parallélépipède couvert d'un toit en pavillon, le style néo-basque est marqué principalement par les fausses têtes de mur encadrant la façade mais aussi, dans une moindre mesure, par l'arc en plein cintre visible à l'entrée privée (en bas, à l'extrême gauche) et aux fenêtres de l'étage. Celles-ci ont été gratifiées.de fausse briquettes peintes sur le pourtour de l'arc. Au rez-de-chaussée, la porte vitrée encadrée de deux baies, elles aussi vitrées, signe la fonction commerciale de l'édifice. Les petits carreaux sont omniprésents.

Carte postale des années 1920-1930 (d'après la bordure blanche). Pour une meilleure définition, cliquer ici

La villa abrite au rez-de-chaussée un salon de thé dont la raison sociale – ENGLISH TEA ROOM – barre un petit muret sur toute sa longueur. L'emprunt à l'anglais se joint à d'autres appellations anglophiles rencontrées à Hossegor (Sporting, dancing, club house).

9.3.3. La nouvelle poste
 

Carte postale photographique des années 1950 (bords denticulés). Dos non disponible.

Cette carte censée représenter la nouvelle poste d'Hossegor montre que celle-ci s'est conformée au style architectural qui prévalait localement dans la première moitié du XXe siècle : rampants bien dissymétriques, obliquité de chaque bout de la façade, fausse tête de mur de mur gouttereau à droite, arc cintré de l'entrée, jardinières sous les fenêtres, fausses prises.d'air triangulaires, mais l'ensemble reste sobre.

9.3.4. Le club house du golf (1930)

Ce foyer des golfeurs consiste en un bâtiment central sans étage, encadré vers l'arrière par deux tourelles carrées. Il s'agit en fait du pavillon construit par Louis et Benjamin Gomez en 1927 sur la place des Fourmis pour la quinzaine régionale d'Hossegor.

Carte postale noir et blanc des années 1930. Editeur : Cim.

Hossegor, club house du golf, de Louis et Benjamin Gomez. On peut parler ici de style basco-landais puisque les deux sources d'inspiration s'entremêlent en un ensemble élégant.

Le bâtiment central, avec ses deux versants de toiture symétriques, rappelle les anciennes métairies landaises. Il s'ouvre en pignon-façade par un porche en retrait, compris entre deux têtes de mur saillantes, lesquelles sont empruntées à l'ancienne métairie labourdine. Le fronton sous l'avancée du toit est en faux pan de bois et briquettes peintes. Soutenu par deux colonnes sur dé carré, il s'orne en son centre d'un bas-relief du sculpteur Lucien Danglade représentant un golfeur ajustant sa canne.

Sous son toit en pavillon, l'étage des tourelles sert de belvédère, étant percé d'une baie ouverte circulaire alternant avec une baie ouverte rectangulaire.

 

Carte postale de teinte jaune clair, à bordure (années 1930). La légende sous la vue indique le lieu (Hossegor) et la dénomination du bâtiment. Dos divisé en Correspondance et Adresse, avec, en haut à droite, l'avertissement « N'écrire que sur le côté réservé à la correspondance », et, par le milieu, LEVY ET NEURDEIN RÉUNIS, 44 RUE LETELLIER, PARIS, IMP.

La vue rasante de la façade révèle le décor du chapiteau des deux colonnes, le remplissage du faux pan de bois par des briquettes disposées en épi et les fausses têtes de mur.

9.4. Le nom des villas

Les nouvelles villas hossegoriennes répondent à des noms généralement en français (La Chartreuse, Le Repos, Le Bois Fleuri, Les Chênes-Lièges, La Pigneraie, La Roseraie, La Volière, Romance, etc.) mais aussi en basque (Aguilera, Maya) ou en gascon (Adichats, Lou Tuc), voire en Espagnol (Speranza, Santiago, Rosa del Sol).

En changeant de propriétaire, certaines maisons ont pris un nouveau nom : Aguilera devient Ramuntcho, Speranza se mue en Port Louis, Allez Stade se transforme en Moun Ostal et Malgré Tout se féminise en Marie France.

Hossegor (Landes) : photo privée (années 1920 ?). © Christian Lassure.

Le nom de la villa nouvellement construite est peint sur l'arche en plein cintre de l'entrée piétonne de la propriété : Joanen Etchéa (« la maison des Joanen »).

Dans ces villas, les baies vitrées à petits carreaux laissent entrer le soleil et invitent le regard à se tourner vers l’extérieur. Les pièces de service, les caves et la chambre du chauffeur sont situées au sous-sol, tandis que l’entre-sol et l’étage sont réservés aux pièces de réception et de séjour. Balcons, galeries hautes et rotondes permettent de jouir de la douceur du climat.

9.4. Les artistes

Des artistes sont mobilisés par les promoteurs pour la décoration extérieure et intérieure des édifices (bas-reliefs, fresques, ornements).

Les bas-reliefs stylisés de Lucien Danglade (1891-1951), d’inspiration populaire et régionale (pêcheurs avec leur prise, chasseurs de palombes, paysan et ses deux ânes, joueurs de chistera), offrent le spectacle des petites gens du peuple à la vue et au divertissement de la bourgeoisie urbaine en villégiature.

Carte postale noir et blanc des années 1920-1930 (bordure blanche). Légende sur la vue, dans la bordure du bas : 16 HOSSEGOR - LE SPORTING-CLUB. - LA PISCINE / (L. GOMEZ ET H. GODBARGE, ARCH. D.P.L.G., B. GOMEZ, ARCH. ET DÉCORATEUR) - LL.

 

Au pignon du corps central, la baie médiane, au troisième étage, s'orne d'un bas-relief de Lucien Danglade représentant des joueurs de chistera en pleine action (mais bien à l'étroit dans le cartouche qui leur est échu).

 

Pêcheurs avec leur prise, bas-relief de Lucien Danglade au fronton d'une villa au bord du lac d'Hossegor. De ces personnages, au béret bien enfoncé sur la tête, se dégage une impression de force physique et de détermination. Source : Wikimedia Commons.

Les tableaux de Suzanne Labatut et de Jean-Roger Sourgen décorent les intérieurs. Venue habiter Hossegor au début des années 1920, Suzanne Labatut se voit confier le salon vert du Sportng-Casino en 1931. Les vitraux des frères Mauméjean, maîtres verriers, occupent les baies de quelques villas. Dans certaines villas mais aussi dans le Sporting Casino et certains hôtels de style basco-landais, les décors intérieurs font appel à l’esthétique Art déco qui connaît, elle aussi, son apogée entre les deux guerres mondiales (voir villa Téthys supra).

Ainsi qu'on peut le constater sur les cartes postales anciennes et semi-modernes, l'architecture néo-basque et néo-landaise de la in du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle repose essentiellemet sur le placage des caractéristiques extérieures des anciennes maisons des paysans labourdins et bas-navarrais sur les nouvelles maisons de villégiature de la bourgeoisie urbaine. Des imitations de traits inhérents à la disponibilité des matériaux de construction et aux nécessités de l'agriculture et de l'élevage des siècles passés, sont venues habiller et décorer des parallélépipèdes en béton couverts d'un toit à deux versants généralement dissymétriques.

Si ce recours au pastiche n'a pas toujours êté très heureux, il s'est traduit toutefois par nombre de réalisations qui ne laissent pas indifférents. Puisant dans une large nomenclature architecturale et décorative, les architectes ont su produire des œuvres originales, en particulier en réinstaurant la symétrie de façade et en tempérant les caractéristiques basco-landaises avec celles de l'Art déco.

Carte postale de teinte sépia à bordure blanche des années 1920. Dos divisé avec inscription verticale entre les deux moitiés : EDITION V COUTEAU, TABACS, GUÉTHARY. Légende sur la face vue le long de la bordure inférieure à gauche : 9 GUÉTHARY. – Mairie « Herriko-Etchéa ».

 

Conçue par l'architecte Ferdinand Brana en 1926, la mairie de Guéthary, qui fait aussi fonction de tribune lors des parties de chistera, a sa façade qui tient à la fois du style néo-basque (à l'étage dans l'angle formé par les deux versants symétriques) et du style Art déco (au rez-de-chaussée et au soubassement). Pour le registre supérieur : fausses têtes de mur-gouttereau, faux pans de bois, fausses prises d'air, potences soutenant l'avancée du toit ; pour le registre supérieur :  portique central à colonnes, arches latérales en plein cintre avec garde-corps en bois, visage sculpté sur la clé de chaque arche (homme au béret à gauche, femme à droite), contrefort avec boule de part et d'autre de la façade pour le registre inférieur. La qualité de l'édifice  a été reconnue par l'inscription de sa façade et de sa toiture à l'inventaire des monuments historiques le 9 décembre 1993.

 

Pour obtenir une résolution plus élevée, cliquer ici.

Témoignant du grand mouvement de construction de maisons de villégiature qu'à connu autrefois le littoral aquitain, les « villas basco-landaises » ne peuvent plus être qualifiées de « vernaculaires » puisqu'on a cessé d'en édifier, mais elles peuvent prétendre désormais au statut d'élément à part entière du patrimoine architectural, historique et touristique du Pays basque français.

 

BIBLIOGRAPHIE

Louis Colas, L'Habitation basque, col. de l'art régional en France, Charles Massin & Cie, Éditeurs, Paris, 1925, 7 p. + 44 planches (recueil de photos et de plans de créations architecturales dans le style régionaliste basque antérieures à 1925 et dues aux architectes H. Godbarge, W. Marcel, M. F.-J. Cazalis, C. Siclis, L. et B. Gomez, Anatol et Durruthy, Hayem et Rubic, Bertaud, Larrebat-Tudor, Saint-Germier, le tout préfacé par l'historien Louis Colas).

Henri Godbarge, L'Habitation landaise, col. de l'art régional en France, Charles Massin & Cie, Éditeurs, Paris, 1926, 6 p. + 40 planches.

Albert Maumené Albert (éd.), Maisons et meubles basques et béarnais, revue Vie à la campagne, Hachette, Paris, numéro extraordinaire, vol. 48, 15 décembre 1927, 58 p. (en part. pp. 2-17 (Maisons basques, béarnaises, labourdines, bas-navarraises, souletines).

Henri Godbarge, Arts basques anciens et modernes. Origines - Évolution, Éditeur David Chabas, Hossegor, 1931, VIII-128 p.

Lauburu, Etxea ou la maison basque, Les Cahiers de culture basque, 1980, 169 p.

Jean Loubergé, La maison rurale en Pays basque, coll. Les cahiers de construction traditionnelle, Centre de Réalisations d'Études et d'Éditions Régionales (C.R.É.E.R.), Nonette, 1981, 80 p..

Pierre Bidart et Gérard Collomb, L’architecture rurale française. Pays aquitains, bordelais, Gascogne, Pays basques, Béarn, Bigorre, Éditions A. Die, 1984, pp. 36-39.

Geneviève Mesuret et Maurice Culot (Institut français d’architecture), Architecture de Biarritz et de la Côte basque. De la Belle Époque aux années 30, Éditions Mardaga, 1990.

Claude Laroche, Hossegor, la station des sports élégants. 1920-1940, Institut français d'architecture, Éditions Norma, Paris, 1991, 159 p.

Collectif (photos de Dominique Delaunay), Le Pays basque, architecture des années 20 et 30, Institut français d'architecture / Norma, 1993, 207 p.

Claude Laroche, Hossegor, architecture et identité régionale, 1923-1939 , Éditions Le Festin, Bordeaux,1993, 272 p. (coll. Cahiers du Patrimoine, No 32, juillet 1993) (a fait l'objet d'un compte rendu critique dans Bulletin Monumental, tome 152, année 1994, pp. 125-126, sous la plume de Françoise Hamon)

Bernard Toulier, L'assimilation du régionalisme dans l'architecture balnéaire (1830-1940), in François Loyer et Bernard Toulier (dir.), Régionalisme, architecture et identité, Paris, Norma, Éditions du patrimoine, 2001

Gérard Maignan, Autrefois Hossegor (préface d'Alain Juppé), coll. Autrefois, Atlantica, 2001, 251 p.

Maxime Leroy, Hossegor, coll. Monographies des villes et villages de France, éditions Le Livre d'histoire, Paris, 2002, 57 p. (reprise de l'édition de 1934)

Claude Laroche, « Hossegor (Landes), une station au cœur des réseaux de villégiature », In Situ [en ligne], No 4 (2004), http://journals.openedition.org/insitu/2102 ; DOI : http://doi.org/10.4000/insitu.2102

Dominique Duplantier (illustration), Odile Contamin (auteur), Francine Callède (contribution), Maisons du Pays basque, Cairn, 2008

Gérard Maignan, Hossegor, Du quartier d'hier à la villa d'aujourd'hui, Le Festin, 2014, 160 p.

Atelier Lavigne, architectes associés, Catherine Roi, architecte-urbaniste, Soorts-Hossegor, Landes (40). Site Patrimonial Remarquable, mai 2018, 172 p.

Pierre Bidart, Le style néo-basque comme objet d'étude anthropologique, Ethnologie française, XXV, 4, mélanges, pp. 681-686.

Jean-Claude Lasserre, Odile Contamin, Villa Arnaga, coll. Guides Le Festin, 2018, 64 p.

Christian Lassure, Un bâtiment intrigant : l'ancienne mairie de Guiche (Pyrénées-Atlantiques), http://www.pierreseche.com/ancienne_mairie_de_guiche.htm, CERAV, 19 juin 2025
 

 

Référence à citer / To be referenced as :

Christian Lassure
Les emprunts du style régionaliste basco-landais aux maisons rurales basques et landaises d'après des cartes postales et des photos privées du XXe siècle (The features of the Basque-Landes regionalistic style borrowed from old Basque and Landes rural houses as displayed in 20th-century postcards and private photos)

L'Architecture vernaculaire, CERAV, Paris

tome 48-49 (2024-2025)

http://www.pierreseche.com/style_basco-landais.htm

10 juillet 2025 - complété le 17 juillet 2025

 

L’auteur:
Christian Lassure est agrégé de l'université, professeur honoraire, fondateur du Centre d'études et de recherches sur l'architecture vernaculaire (Paris). Licence d'anglais ; DES d'anglais (John Evelyn) ; license d'archéologie médiévale (Institut d'art et d'archéologie, Paris) ; DEA d'ethnologie (Musée des arts et traditions populaires, Paris).

 


Autres articles sur le sujet

Maison à nef et bas-côtés observée en 1982 entre Saint-Symphorien et Sore dans le département des Landes

L'architecture vernaculaire rurale de la Gascogne et de l'Aquitaine

The vernacular architecture of Gascony and Aquitaine

Auvents de maisons à nef et bas-côtés de la Grande Lande

Un bâtiment intrigant : l'ancienne mairie de Guiche (Pyrénées-Atlantiques)


 

© CERAV, Paris

 

page d'accueil                                      sommaire architecture vernaculaire

 

ARCHITECTURE VERNACULAIRE

CERAV