L'ARCHITECTURE VERNACULAIRE

 

 

 

ISSN 2494-2413

TOME 38-39

2014-2015

Bruno Auboiron

MICHEL ROUVIÈRE, UNE PASSION SPONTANÉE DU PATRIMOINE RURAL *

 

Michel Rouvière est né à Vinezac (Ardèche) dans les année 1930. Il obtint son certificat d’études et partit une année supplémentaire au collège de Largentière avant de revenir travailler au sein de la ferme familiale. Mais déjà à cette époque, sa curiosité n’avait pas de limite et il se montrait plus que sensible à l’art. « Pendant la guerre, notre instituteur avait pris le maquis et sa jeune remplaçante nous apportait des livres que nous dévorions le temps du repas de midi autour du poêle », se souvient Michel Rouvière dans un sourire. « J’ai alors lu un livre sur Van Gogh et cette peinture m’a profondément marqué ». Il se mit à la peinture et exposa notamment à Alba-la-Romaine. On le surnommait alors le peintre paysan… À son retour du service militaire, il « monta » à Paris où il fit toute sa carrière, gravissant tous les échelons de la pose de carrelage à la prise de responsabilité d’une antenne d’une entreprise de décoration.

Parallèlement, il continua à pratiquer le dessin, la sculpture et à chaque période de vacances, il revenait dans son village natal pour mener à bien ses recherches sur l’archéologie et l’histoire locales. « Je suis entièrement autodidacte », assure-t-il. « Mais cela ne m’a jamais gêné. J’ai toujours beaucoup lu et correspondu avec des chercheurs et des auteurs travaillant sur mes thèmes de prédilection. J’ai ainsi accumulé une multitude d’informations et de renseignements ».

À la fin des années 1970, Michel Rouvière fut l’un des premiers en Ardèche, à travailler sur le thème des terrasses. Puis il s’intéressa plus largement à l’histoire rurale. De tout ce qu’il recueille patiemment et avec méthode, il fait des histoires humaines avant tout, car sans le paysan, la terre, les paysages que seraient-ils aujourd’hui. Bien sûr quand l’heure de la retraite sonna, au début des années 1990, il profita de ce nouveau temps libre pour s’investir encore plus dans ses passions. « Je ne sais pas, avec le recul, si le travail que j’ai accompli a fait avancer les thèmes auxquels je m’intéresse, mais ce qui est certain, c’est que personnellement j’ai progressé, affirme notre érudit. L’histoire rurale est émaillée d’erreurs, d’approximations et de légendes qu’il convient de rectifier grâce à une analyse sérieuse basée sur l’observation et l’étude de terrain ». Ces deux dernières actions sont gourmandes en temps, mais Michel Rouvière a su leur consacrer de longues heures et il travaille vite. Aujourd’hui, il continue de chercher et de publier. C’est un véritable besoin et son seul grand regret est qu’il n’aura pas le temps de mener à bien tous ses projets.

Quand viendra l’heure d’écrire les dernières lignes, les fruits de ses longues années de recherche au moins, ne seront pas perdus. Toutes les dispositions sont prises. Ainsi tout ce qu’il a récolté en liaison avec l’archéologie préhistorique se trouve déjà au musée d’Orgnac-l’Aven, alors que sur le thème gallo-romain, son travail sera en dépôt au nouveau musée d’Alba-la-Romaine, et le reste de cette foisonnante documentation gagnera les Archives départementales. Elles pourront servir de base aux travaux des générations à venir. « Si je veux qu’il reste une trace de mon travail, ce n’est pas pour flatter mon égo », conclut-il, « mais du travail de recherche et de la connaissance amassée dépend toujours la sauvegarde du patrimoine ».

* Article publié dans la revue culturelle ardéchoise Pleine Tête, No 22, 2013.


© CERAV

Référence à citer / To be referenced as :

Bruno Auboiron

Michel Rouvière, une passion spontanée du patrimoine rural (Michel Rouvière, a life of unrestrained passion for rural heritage)

Hommage à Michel Rouvière (dir. Christian Lassure)

L'architecture vernaculaire, tome 38-39 (2014-2015)

http://www.pierreseche.com/AV_2014_bio_rouviere.htm

18 mars 2016

L'auteur :

Bruno Auboiron, journaliste

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