NOUVEAUX ÉCLAIRAGES SUR LES CABANES EN PIERRE SÈCHE DÉPOSSÉDÉES DE LEUR TOITURE DE LAUSES Shedding fresh light on the dry stone huts stripped of their covering of stone tiles Texte de Christian Lassure, photos de Dominique Repérant Les excellentes photos de M. Dominique Repérant nous ont permis de faire quelques constatations inédites sur les cabanes ou caselles en pierre sèche du Causse Rouge (Aveyron) popularisées par les publications respectives de MM. Bernard Monestier (1) et André Fages (2) dans les années 1990.
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CABANES DÉTOITURÉES EN AVEYRON À l'instar de ces cabanes périgourdines ou chabanes dont M. René Dechère (3) disait à juste titre qu'elles avaient été dépossédées de leur toit de lauses, certaines cabanes aveyronnaises décrites par les deux chercheurs précités, doivent leur morphologie actuelle à la perte de leurs lauses calcaires, récupérées pour restaurer d'autres toitures de pierre ou pour faire des dallages de résidences secondaires après l'abandon des édifices.
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Sur une cabane, un reliquat de lauses délaissé par les récupérateurs jonche l'extrados de la voûte d'encorbellement et la retraite qui fait le tour du corps de base cylindrique de l'édifice.
Sur une autre cabane, les pillards n'ont pas terminé leur travail, laissant en place la rive de sablières sailllantes et trois assises de lauses du coyau primitif.
Sur un troisième édifice, les amateurs de lauses n'ont quasiment rien laissé, et l'extrados de la voûte d'encorbellement, en retrait par rapport au corps de base, apparaît dans toute son élévation. Cet extrados est parementé sur le premier tiers de sa hauteur, les deux tiers restants montrant une surface hérissée par les extrémités des boutisses qui composent les assises de la voûte.
Ce déshabillage des extrados n'est pas toujours perçu des chercheurs, lesquels croient avoir affaire à une morphologie particulière de couvrement.Pourtant, il ne faut pas être grand clerc pour voir que ces extrados ne sont pas étanches et que la pluie, s'infiltrant à travers la retraite mise à nu, pénètre dans l'épaisseur même de la paroi de base. A qui aurait du mal à adhérer à cette explication, il suffira de regarder dans l'angle inférieur droit du troisième édifice : il y verra un empilement de lauses et de pierraille abandonnées au sol par les récupérateurs. Le "déshabillage" de cabanes, s'il hypothèque la survie des bâtiments qui en sont victimes, nous permet cependant de mieux cerner les techniques de construction des bâtisseurs, et en particulier le recours au système des deux peaux. |
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- à Navas, grande cabane en forme de cylindre (diam. int. : 4,20 m), anciennement à toiture conique de lauses; extrados de la voûte d'encorbellement en forme de cylindre bas surmonté d'un cône surbaissé (hauteur de la voûte : 5,50 m; entrée large de 1 m et haute de 1,70 m; comme aménagements : un fenestron, des poutres d'échafaudage, des pierres percées saillantes (deux à l'extérieur, trois à l'intérieur); |
- à Comprégnac, très grande cabane consistant en un haut cylindre (diam. int. : 6,30 m; ép. parois : 1 m) autrefois couvert d'un toit de lauses dont il ne reste que la rive et quelques assises du coyau; voûte en coupole culminant à 7 m de haut; entrée axiale (larg. : 1 m) couverte par deux bastaings l'un sur l'autre et protégée par plusieurs lauses saillantes formant larmier; comme aménagements : trois fenestrons (à l'est, au nord et à l'ouest), une niche; |
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- à Comprégnac, grande cabane en forme de cylindre de 2,50 m de haut (diam. int. : 4,70 m; ép. parois : 0,80 m), anciennement à couverture conique de lauses; extrados de la voûte d'encorbellement en forme de cylindre bas, en retrait, coiffé d'un cône aplati; voûte culminant à 6 m de haut; entrée aux piédroits en blocs de grès (larg. ext. : 1 m); comme aménagements : trois fenestrons (à l'est, au nord et à l'ouest), deux pierres d'attache à l'intérieur, deux autres de part et d'autre de l'entrée, une niche; |
- à Saint-Beauzely, édifice en forme de cylindre bas (diam. int. : 3,90 m; ép. parois : de 0,90 m à 1 m), ayant perdu sa toiture conique de lauses; extrados de la voûte surmonté d'un deuxième cylindre en retrait, lui-même coiffé d'un pain de sucre; voûte à encorbellement partant du sol et culminant à 5 m de haut; entrée axiale (larg. ext. : 0,80 m, haut. ext. : 1,55 m); aménagements : un fenestron au sud-ouest et des poutres d'échafaudage faisant office de mezzanine. |
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CABANES DÉTOITURÉES DANS D'AUTRES DÉPARTEMENTS La mésaventure survenue aux caselles en pierre sèche du Causse Rouge n'est pas un cas isolé, à preuve les exemples suivants de bâtisses détoiturées observées dans les Alpes-Maritimes, le Gard et bien sûr la Dordogne. |
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Saint-Vallier-de-Thiey (Alpes-Maritimes) |
Puech Méjean à Nîmes (Gard) |
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Daglan (Dordogne) |
Daglan (Dordogne) |
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Saint-Pompon (Dordogne) |
Valojoux (Dordogne) |
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NOTES (1) Cf. Bernard Monestier, Constructions de pierres sèches, No 2 (Les "cazelles" du Causse Rouge [Aveyron]), s. d. (1988), l'auteur, polycopié, 51 p.; idem, Constructions en pierre sèche sur les causses Comtal et Rouge [Aveyron], dans Architecture de pierre sèche, Causses et Cévennes, revue trimestrielle du Club Cévenol, 100e année, t. XVIII, No 2, avril-mai-juin 1995, pp. 49-50. (2) Cf. André Fages, Caselles et pierre sèche, collection Passion des Causses, Les Adralhans, Millau, 2000, 230 p. (3) René Dechère, Les huttes du Périgord de la préhistoire à nos jours, l'auteur, Saint-Cyprien, 1981, 88 p.
Pour imprimer, passer en format paysage © CERAV 4 septembre 2003 / September 4th, 2003 Référence à citer / To be referenced as :
Christian Lassure (texte), Dominique Repérant (photos) |