Carte postale du début du XXe siècle (bien qu'ayant circulé en 1930). Au recto : St-Etienne-les-Orgues (B. A.) [Basses-Alpes] - Une bergerie dans la Montagne de Lure (Altitude 1827 m) - Editions Sube. Au dos (divisé), le message suivant adressé à « mademoiselle / Maria Montagnier / à Miramas / Bch du Rh. [Bouches-du-Rhône] » : « Marseille, le 3 août 1930 Chère Mademoiselle. Vous devez être bien heureuse du succès de Marinette et tous, ici, nous partageons votre joie. Je viens vous présenter mes vœux (superflus) de bonnes vacances. J'ai reçu ma nomination pour le collège de Béziers où est également nommé un de mes compagnons de Sèvres. Vous voyez que la chance semble devoir me sourire et je l'apprécie. Toujours de meilleurs nouvelles de Marcel. C'est bien affectueusement que Quite vous embrasse. »

Cette  rare carte postale constitue un précieux document sur l'exploitation pastorale de la montagne de Lure à la fin du XIX^e siècle ou au tout début du XX^e siècle.

Elle représente une bergerie située à Saint-Etienne-les-Orgues, dans ce qui est aujourd'hui les Alpes-de-Haute-Provence. Ele est constituée de deux bâtiments de plan rectangulaire, en maçonnerie liée et à toiture à une seule pente, couverte de tuiles creuses. Un puits couvert complète l'ensemble.

La bergerie proprement dite a son entrée, large baie rectangulaire au linteau en bois ou en fer, qui s'ouvre dans l'axe du pignon. L'habitation des bergers se dresse un peu en avant de la partie gauche du pignon-façade de la bergerie. On ne distingue pas, toutefois, de trace d'une quelconque cheminée. Les rives et rampants des toitures sont lestés de pierres, précaution traditionnelle contre les bourrasques de vent.

Les bergers, et leurs ouailles, sont présents et posent (du moins pour les bergers) pour le photographe.

La même carte mais colorisée et ayant circulé en 1919. L'altitude indiquée est ici de 1927 m au lieu de 1827 m dans la précédente..

Les grandes bergeries de la Montagne de Lure, certaines bâties en pierre sèche et avec des voûtements encorbellés ou clavés, d'autres construites avec du mortier et des toitures de tuiles, ont été étudiées par l'ethnologue provençal Pierre Martel dans les années 1960 (2) mais à ce jour aucune carte postale ancienne en représentant un exemplaire n'avait été publiée.

NOTES

(1) Le village de Saint-Etienne-les-Orgues est situé au pied du versant sud de la Montagne de Lure, à une dizaine de km au nord de Forcalquier. Le proverbe suivant y a cours : « Si les nuages viennent de Banon, va au cabanon. Mais s'ils viennent de Digne, tu peux retourner à la vigne ».

(2) Bibliographie de Pierre Martel sur ces  bergeries :
- Une belle architecture ignorée, les cabanes pastorales du pays de Lure [Alpes-de-Haute-Provence], dans Semaine-Provence, l'hebdomadaire catholique de Provence, 6 septembre 1963, p. 10 (commentaire de P. Haasé dans Bibliographie (...) de l'architecture rurale en pierre sèche de Provence, dans L'A.V.R., suppl. No 2, 1980, pp. 85-90);
- L'architecture pastorale en pierre sèche, dans Les Alpes de lumière, No 38, printemps 1966, (Sites et monuments de Haute-Provence, Val de Sault et Pays d'Albion, vol. II, L'art des paysans), en part. pp. 225-232 + pl. XXV-XXXII (commentaire de P. Haasé dans Bibliographie (...) de l'architecture rurale en pierre sèche de Provence, dans L'A.V.R., suppl. No 2, 1980, pp. 85 et 90).

Cf. également : Christian Lassure et Michel Rouvière, L'architecture en pierre sèche des Monts de Lure et d'Albion (Alpes-de-Haute-Provence) (d'après Pierre Martel), dans La lettre du C.E.R.A.V., bulletin de liaison No 3, mai 1985, pp. 9-18.