Série : Cartes postales anciennes montrant des cabanes en pierre sèche 10 - « BORIE DE PROVENCE » Series : Old Postcards Showing Dry Stone Huts 10 - "BORIE DE PROVENCE" Christian Lassure
De même qu'il y a le rosé de Provence, il existe, si l'on en croit la légende figurant au recto de cette carte postale des années 1970, la « borie de Provence ». Encore que l'auteur de cette légende ne soit pas très fixé quant au genre du terme « borie » puisqu'au verso de la carte il reprend le mot par un masculin pluriel (« Certains... »). Se pourrait-il qu'il ne sache pas que la « borie de Provence » a un frère jumeau, le « bori de Provence »? (1).
Le/la « bori(e) de Provence » en question n'est pas en grande forme (2). Le linteau de l'entrée a disparu, entraînant l'effondrement du coyau et de la rive de la toiture juste au-dessus. Des pierres jonchent le sol de l'entrée ainsi que le terrain à gauche de l'édifice. Cette jonchée de pierres a peut-être quelque chose à voir avec l'absence de pointe au cône qui sert de couvrement à l'édifice. Bref, notre « borie de Provence » n'est plus qu'une ruine, mais cela semble avoir échappé au photographe.
Quoi qu'il en soit, cette vue de l'édifice permet d'en noter les principales caractéristiques : - le matériau consiste de pierres lenticulaires et contournées, vraisemblablement issues d'un défrichement agricole ; - le corps de base, au fruit très marqué, n'a guère plus de hauteur que l'élévation de l'entrée ; - là où elle est encore en place, la rive de la toiture est faite de grandes lauses aux bords biseautés ; - la couverture de lauses a été retirée, d'où la retraite observable à la base du couvrement ; - le couvrement subsistant est fait de petites pierres lenticulaires, voire d'esquilles empilées du mieux possible, il s'agit en fait de l'extrados parementé de la voûte encorbellée.
Une photo récente de l'édifice montre qu'une restauration est intervenue pour éviter à celui-ci l'effondrement de son couvrement. On a placé, au-dessus de l'entrée, une grosse poutre en bois au niveau de la rive de toiture, là où il y avait une dalle en pierre. On a posé quelques grosses pierres saillantes sur le linteau mais celui-ci n'est guère protégé de la pluie. La disparition de la couverture de lauses a échappé aux restaurateurs, lesquels se sont contentés d'arrondir le sommet du couvrement et d'y placer en guise d'épi une grosse pierre qui fait ressembler le couvrement à un gros téton. Du moins la cabane a-t-elle vu sa durée de vie prolongée (3).
NOTES
(1) Le « bori » est à la « borie » ce que le cabanon est à la cabane. En fait, « borie » a supplanté cabane et « bori » a remplacé cabanon, ouvrant la voie à l'exploitation touristique d'outils agricoles tombés en désuétude. Rappelons que les Provençaux des XVIIIe et XIXe siècles ne connaissaient pas le doublon « borie » / « bori » et que ces termes ne sont présents dans aucun document notarial. Ils ont été inventés et diffusés à l'intention des « estrangiers ».
(2) Le lieu précis où se trouve la cabane n'a pas été noté par le photographe des « éditions de Provence » : il s'agit de Revest-du-Bion dans les Alpes-de-Haute-Provence.
(3) On trouvera une vue de la mise en place du
nouveau linteau du cabanon à la page 46 du livre Pierre Sèche en
Provence de Pierre Coste et Pierre Martel (Les Alpes de Lumière,
89/90, 1er et 2e trimestres 1985) avec comme
légende « Restauration de la cabane du Michelet (plateau d'Albion)
en 1982 ». Pour imprimer, passer en
format paysage © CERAV
Référence à citer / To be be referenced as :
Christian Lassure,
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