CABANES EN PIERRES SÈCHES ET PHOTOS PRIVÉES DE LA 1re MOITIÉ DU XXe SIÈCLE

Christian Lassure

Document 1 : 
Excursion dominicale (Commune de Theizé, Rhône) (1903)

Document rarissime : une photographie privée, datant de 1903, représentant une excursion dominicale et endimanchée sur les lieux d'une cabane viticole en pierres sèches.

La scène se déroule sur la commune de Theizé dans le département du Rhône. Les promeneurs posent devant une cabane qui existe encore aujourd'hui, « la cabane à la croix ». Sur une face de la toiture en forme de pavillon, des pierres calcaires blanches dessinent en effet une croix sur un fond de calcaire ocre-jaune, appelé localement « pierre dorée ». Les messieurs sont en canotier, les demoiselles sont en robe blanche et accompagnées de chaperons. Un des hommes est carrément assis sur la toiture, en compagnie d'un chien.

À une époque de mobilité moins grande qu'aujourd'hui, les petits édifices champêtres – cabanes, cabanons, maisonnettes des champs, vide-bouteilles, grangettes, masets, etc. – constituaient souvent pour leurs propriétaires citadins un but de promenade, voire une retraite dominicale.

Source : Photo publiée dans : René Corgier, Constructions en pierre sèche en Beaujolais. Les cabanes de Theizé, dans L'architecture vernaculaire, t. VII, 1983, pp. 20-31, en part. p. 31.

   

Document 2 :
Vigneron bourguignon devant sa loge (sud d'Auxerre, Yonne) (1936)

Photo privée appartenant à M. Jean Guilly et montrant son père, vigneron, posant en 1936 devant sa cabane de pierre sèche ou loge au sud d'Auxerre dans le département de l'Yonne.

De dimensions modestes, cinq ou six mètres environ de pourtour intérieur, la loge du vigneron auxerrois était à peine suffisante pour loger le vigneron et sa famille venue travailler avec lui. Elle était pourvue d'une petite niche pour y déposer le « saccot », serpette à tailler la vigne.

Lorsque le travail était pressant, le vigneron venait à sa vigne pour y rester plusieurs jours, dormant dans la loge. Il s'y rendait aussi parfois le dimanche, correctement vêtu, pour supputer, à l'approche des vendanges, l'importance de la récolte et le degré de maturité du raisin.

Source : Photo ayant servi à faire le dessin à la plume illustrant l'article : Jean Guilly, Cabanes et mergers d'un vignoble disparu au sud d'Auxerre (Yonne), dans L'architecture rurale en pierre sèche, t. 2, 1978, pp. 181-185, en part. p. 185.

   

Document 3 : 
Le président et la capitelle (1923)

Sur cette photo, datant de 1923 et laissant voir l'arrière d'une cabane en pierre sèche, figure rien moins que Gaston Doumergue, qui fut président de la République entre 1924 et 1931.

Il faut savoir que ce personnage, natif de la région gardoise de la Vaunage, s'était pris de passion pour ces modestes édifices, à une époque où ils n'étaient plus (ou pas encore…) à la mode. Rien d'étonnant donc à ce qu'il pose devant l'une d'elles, située à Boissières, son village natal.

L'édifice existe encore aujourd'hui.

Sources : Photo publiée dans : 1/ Aimé Longuet, Les capitelles des garrigues gardoises, dans Folklore de France, 30e année,
1979, No 167-168, pp. 11-17, en part. p. 14; 2/ Claude Bouet, Le système « pierre sèche » : les bocages lithiques des garrigues du bas Languedoc, Pierre Sèche et Patrimoine aubaisien - Ministère de l'Environnement, polycopié, juin 1997, 480 p. en part. p. 450 (et commentaires pp. 397 et 412)

   

Document 4 :
Le romancier, le poète et la bergerie (1942)

Au premier plan de cette précieuse photo prise en 1942 en haute Provence, devisent gaiement, sur fond de bergerie en pierres sèches, l'écrivain Jean Giono (à gauche) et le poète Lucien Jacques (à droite).

Le bâtiment est de nature composite :
- à droite, la bergerie proprement dite, couverte d'une bâtière de lauses et s'ouvrant en façade par un vaste arc clavé;
- à gauche un appentis, également couvert de lauses, s'appuyant contre la bergerie et doté d'une entrée piétonne et d'un conduit de fumée (l'habitation du berger).

Le tronc creusé barrant la pente n'est rien d'autre qu'un abreuvoir de fortune pour les bêtes.

Sachant que Jean Giono, avant la 2e guerre mondiale, a vécu à la ferme des Graves près de Contadour, dans ce qui était alors les Basses-Alpes, il est vraisemblable que la scène se situe dans la Montagne de Lure. En fait, il s'agit du jas dit de Bouscarle à La Rochegiron dans les Alpes-de-Haute-Provence (information aimablement communiquée par M. Bruno Bouscarle en date du 4 novembre 2011).

Source : Photo de provenance inconnue.

   

Document 5 : 
Cayrou à rampe hélicoïdale à Padirac dans le Lot (fin XIXe siècle)

L'intérêt de ce cliché, pris à Padirac dans le Lot à la fin du XIXe siècle, est de montrer un pierrier bâti, ou cayrou, de forme tronconique et à rampe en colimaçon, aux dimensions impressionnantes.

La bordure de la rampe d'accès au sommet est soulignée par de gros blocs de pression destinés à maintenir en place le haut du parement, exposé au passage des humains.

Source : Cliché de la Société des Etudes du Lot.

Le même pierrier est encore visible aujourd'hui, quoique très dégradé : le haut du tronc de cône, dont le parement s'est éboulé, est réduit à une masse informe. C'est ce que montre une photo publiée dans le numéro de juillet-septembre 1996 de la revue Quercy-Recherche.

Ironie du sort, ce cayrou déliquescent, est présenté par l'auteur de l'article comme un « tas amorphe » qui « se structure », étape intermédiaire entre « le cayrou initial, (…) construction inorganisée » et « la murette (…) véritable construction organisée ».

Source : Jean-Luc Obereiner, Cayrous, murettes, gariottes et cazelles : le rapport de l'homme à la pierre, dans Quercy-Recherche, numéro 85, juillet-septembre 1996, pp. 18-28, en part. p. 19, photo No 3.


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© CERAV
Le 24 novembre 2003 - Complété le 2 juillet 2004 - 4 novembre 2011

Référence à citer :

Christian Lassure
Cabanes en pierres sèches et photos privées de la 1re moitié du XXe siècle
http://www.pierreseche.com/cabanes_et_photos.htm
24 novembre 2003

 

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