DÉJÀ EN 1854 : « MURS DE TERRASSE OU DE REVÊTEMENT ».
Extrait de Duvinage Henri, architecte du Roi des Belges, Manuel des constructions rurales, Dusacq, Paris, 1854, pp. 113-115

Already in 1854: "Terrace or revetment walls".
An extract from King of Belgium architect Henri Duvinage's Manuel des constructions rurales, Dusacq, Paris, 1854, pp. 113-115

Christian Lassure

En 1854, paraît à Bruxelles, en Belgique, sous la plume d'Henri Duvinage, architecte du roi des Belges, un Manuel des constructions rurales, l'un des premiers en son genre, dans le cadre de la Bibliothèque de Belgique, collection établie par le gouvernement en 1848 pour soutenir l'industrie agricole. On ne sera pas surpris de voir cet ouvrage aborder la question de la stabilité du mur de soutènement et des principes et règles à suivre pendant sa construction pour assurer cette stabilité. Ces principes et règles s'appliquent non seulement aux maçonneries en pierres sèches mais aussi aux maçonneries en briques, en moellons, en pierre de taille, en cailloux roulés, en briques et moellons

§ 26. – Murs de terrasse ou de revêtement. (p. 113-116)
« Les murs qui doivent soutenir un terre-plein et auxquels on donne conséquemment les noms de mur de soutènement, de terrasse ou de revêtement, ont à surmonter la pression d'un prisme triangulaire de terre, qui tend naturellement à s'ébouler, en vertu de sa pesanteur. – Le plan incliné sur lequel ce prisme repose a d'autant plus d'inclinaison que les matières qui composent le terre-plein ont moins de cohésion et plus de fluidité. –  Ainsi, ce plan est moins incliné pour les terres végétales simples que pour celles qui sont mélées de gravier, et moins encore pour celles-ci que pour le sable.

Deux causes tendent à diminuer la poussée des terres : 1° leur cohésion ; 2° le frottement que le prisme éprouve sur le plan incliné qui le soutient. Ainsi toutes les causes qui diminuent la cohésion et le frottement augmentent la poussée : voilà pourquoi les terres imbibées d'humidité produisent une poussée plus forte que celle qu'elles exerceraient à sec. –  Dans tous les cas, il est essentiel de massiver régulièrement les terres lit par lit pour leur donner plus de cohésion et de compacité.

Pour augmenter la stabilité des murs de revêtement et pour diminuer leur masse sans les affaiblir, on leur donne ordinairement un talus, c'est-à-dire on incline plus ou moins la paroi extérieure, de manière que le mur diminue progressivement d'épaisseur en s'élevant. – Ordinairement, la largeur du talus est d'un sixième de la hauteur à un dixième. Pour donner encore plus de stabilité aux murs, on a imaginé outre le talus, des contre-forts.

Si l'on examine le profil (fig. 33) d'un mur qui doit résister à des pressions horizontales ou obliques qui tendent à le renverser, on reconnaîtra qu'il résiste d'autant mieux que le point I de la base DE, par où passe la ligne verticale qui part du centre de gravité G, sera plus éloigné du point D autour duquel on suppose que le mur tournerait, si la pression qui tend à le  renverser était prépondérante.

Il résulte de ce principe : 1° qu'un mur dont la face extérieure est un talus aura, à masse égale, plus de stabilité que celui dont les faces sont d'aplomb. 2° Un mur avec contre-forts résisterait mieux si ces contre-forts étaient placés à l'extérieur, que lorsqu'ils sont placés à l'intérieur du côté des terres; car, dans le premier cas, c'est le mur qui forme toujours la plus grande masse, dont la ligne du centre de gravité répond à un plus grand éloignement du point de rotation.

Quelle que soit la forme que l'on donne à un mur de revêtement, il est indispensable de pratiquer à des distances convenables des ouvertures étroites, appelées barbacannes, évents, pour donner issue aux eaux qui pénètrent les terres et qui produiraient des effets très nuisibles si elles ne pouvaient sortir librement.

Dans la pratique, il est prudent d'augmenter un peu les épaisseurs indiquées dans le tableau qui précède ».

Pour un mur de soutènement en pierres sèches ayant un talus extérieur (un fruit) de 1:20e de sa hauteur, l'auteur donne, en fonction de la nature du matériau soutenu, l'épaisseur suivante (prise à la crête du mur et exprimée en fraction de la hauteur) qui est prise pour unité :

- terre ordinaire végétale (1100 kg le m3) : 0,22,

- terre argileuse (1240 kg le m3) : 0,24,

- terre mêlée de gros gravier (1600 kg le m3) : 0,25,

- terre mêlée de petit gravier (1458 kg le m3) : 0,26,

- sable (1340 kg le m3) : 0,37,

- décombres, débris de roches (1750 kg le m3) : 0,37,

- terre savonneuse (1580 kg le m3) : 0,37
 


© Christian Lassure - CERAV
Le 20 juin 2005 / June 20th, 2005 - actualisé le 17 mai 2022 - le 24 octobre 2024 / updated on May 17th, 2022 - October 24th, 2024

Référence à citer / To be referenced as :

Christian Lassure

Déjà en 1854 : « Murs de terrasse ou de revêtement ». Extrait de Duvinage Henri, architecte du Roi des Belges, Manuel des constructions rurales, Dusacq, Paris, 1854, pp. 113-115 (Already in 1854: "Terrace or revetment walls". An extract from King of Belgium architect Henri Duvinage's Manuel des constructions rurales, Dusacq, Paris, 1854, pp. 113-115)
http://www.pierreseche.com/extrait_duvinage.htm
20 juin 2005

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