LE HAMEAU ABANDONNÉ DE LA GARRIGUE À FLORIMONT-GAUMIER (DORDOGNE) : OBSERVATIONS SUR LE TERRAIN ET ENQUÊTE CADASTRALE ET ORALE
The deserted hamlet of La Garrigue at Florimont-Gaumier, Dordogne: evidence from on-site observation, land registries and oral history Jean-Marc Caron Le hameau de La Garrigue est menacé de disparaître prématurément pour plusieurs raisons. D’une part des pillages de pierres maîtresses ont eu lieu, d’autre part le hameau est livré à la végétation. On risque de voir ses derniers vestiges disparaître au milieu des broussailles, du lierre et des arbustes qui occuperont rapidement les lieux. Il suffirait d’un gros orage avec des vents violents pour que s’envolent les tuiles des bâtiments déjà très endommagés. J’ai souhaité établir un portrait des lieux en confrontant les données cadastrales aux données sociales et économiques du hameau au XIXe siècle et au début du XXe siècle. J’ai tenté de redonner au hameau sa mémoire en menant une enquête archivistique, en effectuant des observations de terrain et en recueillant des témoignages oraux. I - PRÉSENTATION DU SITE J’ai découvert le hameau de La Garrigue au cours de promenades. D’abord en apercevant, au loin, la toiture de lauses d’un pigeonnier puis le toit d’une grange en très mauvais état. L’ensemble des bâtiments était entouré d’un vieux grillage et de panneaux indiquant une propriété privée. Revenant plusieurs fois sur les lieux, j’ai fini par emprunter le chemin qui mène au cœur des ruines. En arrivant sur le site, je fus impressionné par la quantité de ruines. Derrière les premiers vestiges, sur ma droite, se dressait un pigeonnier à la toiture de lauses en très mauvais état. En avançant, je découvris, sur ma gauche, une maison d’habitation et, devant moi, une grange à la toiture en partie effondrée. Sur ma droite, vers le haut du hameau, j’aperçus une autre grange, plus longue, dont une partie de la toiture était également en très mauvais état. Plusieurs constructions étaient réduites à des pans de mur. Je ne pouvais pas accéder à la totalité du site à cause de la végétation trop épaisse par endroits. L’ensemble était livré aux ronces, aux broussailles. Une zone avait été nettoyée il y a peu de temps par EDF sous le passage du réseau électrique. Il restait de nombreuses branches coupées devant la seconde grange ainsi que sur l’ensemble du hameau. De nombreuses pierres avaient été volées, dont deux chaînages des murs de la maison et de la grange. Il manquait également la clé de la plate-bande de l’entrée du linteau du pigeonnier. Le talus, le long du sentier qui mène au pigeonnier, avait été complètement décaissé, pour extraire des pierres. II - LA COMMUNE DE FLORIMONT-GAUMIER Le lieu-dit La Garrigue se situe au Sud-Est de la Dordogne, sur la commune de Florimont-Gaumier, dans le canton de la vallée de la Dordogne (anciennement canton de Domme). La commune de Florimont-Gaumier s’étend de la vallée du Céou à Gaumier, jusque sur les hauteurs des coteaux de Florimont. La majeure partie de la commune se situe sur ces coteaux escarpés. Tout comme les communes voisines de Daglan et de Bouzic, Florimont-Gaumier a connu un essor rural important au cours du XIXe siècle, principalement jusqu’à la première grande crise due au phylloxéra vers 1886. M. Maury, en 1835, maire de Florimont-Gaumier, signale dans l’enquête de Cyprien Brard [1], l’importance des travaux de défrichement et d’épierrement qui s’effectuent sur la commune. Les pierres extraites sont utilisées pour bâtir « vu qu’on ne peut faire le moindre défrichement sans enlever une grande quantité de pierres de toutes dimensions, propres à la construction » [2]. La pierre est soit du moellon, soit de la pierre de taille. La présence de la pierre revient plusieurs fois dans les réponses de M. le maire ; ainsi sur l’usage de brûler les vieux gazons et sur l’écobuage des terres défrichées, il écrit : « Non, vu qu’il y a fort peu de gazon dans la commune et que par le défrichement, on ne soulève qu’une grande quantité de pierres ». On apprend également qu’il existe sur la commune une carrière de marbre grisâtre, dont l’exploitation, entreprise en 1775, est ensuite abandonnée à cause des difficultés d’acheminent des pierres dues au mauvais état des chemins. La commune produit également une « assez grande quantité » de truffes. Sur ces coteaux et dans cette terre argilo-calcaire un excellent vin est produit. La vigne occupe « au moins les deux tiers » de la surface de la commune. M. le maire explique : « Pour faire une vigne de bonne production on est obligé de défoncer le terrain, ensuite on place le cep dans un trou pratiqué avec un pieu en fer et on tâche de s’aligner autant que peut le permettre la nature du terrain pierreux ». Cette terre est ensuite travaillée, « façonnée », uniquement à la main, entre le 15 avril et le 15 mai, et une seconde fois entre le 1er juin et le 1er juillet. Ce vin de la commune, précise M. le maire « jouit généralement d’une bonne renommée, notamment le cru de Montcalou ». III - DÉMOGRAPHIE DE LA COMMUNE L’essor démographique à Florimont-Gaumier est à son maximum durant la décennie 1821-1831. Le nombre d’habitants recensés passe alors de 242 à 660. Le seuil des 600 habitants reste dépassé jusqu’en 1881. Le record est atteint en 1856 avec 727 habitants. En 1886, la population retombe à 555 habitants. La commune ne compte plus que 132 habitants en 1999. L’essor économique et social de la commune depuis le premier quart du siècle jusqu’aux années 1880-1890 est directement lié à la viticulture. L’arrivée du phylloxéra provoque la grande crise économique du monde rural du XIXe siècle.
IV - LA GARRIGUE La population La période étudiée se base sur les recensements commencés en 1836 et effectués jusqu’à 1901. Sur le recensement de Florimont-Gaumier, une nouvelle donnée, l’adresse du foyer est mentionnée en 1841. Ainsi, les personnes qui habitent sous un même toit sont regroupées par hameau (village). En 1841, La Garrigue compte 6 foyers et 27 habitants. En comparant les noms du recensement de 1836, on retrouve les mêmes foyers. En 1841, il existe, à La Garrigue, 5 familles et 2 femmes célibataires. Famille Gascou : 6 personnes (le chef de ménage Gascou Anne, 2 enfants, une tante, 2 domestiques). Famille Labrande : 7 personnes (le chef de ménage, son épouse, leur fille, leur autre fille et son époux et deux petits-enfants). Famille Contie : 6 personnes (le chef de ménage, sa mère, son épouse, leurs trois enfants). Famille Rible : 4 personnes (le chef de ménage, ses deux sœurs, sa mère). Famille Praud-Cangardel : 2 personnes (le couple). Foyer : Lacoste Marguerite et Rouzol Antoinette, toutes les deux célibataires et couturières vivant sous le même toit. Ces familles sont présentes à La Garrigue au XVIIIe siècle. On y retrouve les personnes les plus âgées, les chefs des familles, cultivateurs, dans les registres d’état civil au XVIIIe siècle. La famille Gascou Les Gascou sont une famille de cultivateurs, elle est présente tout au long du XIXe siècle. Elle a plusieurs domestiques qui se succèdent au cours de ce siècle ainsi que des servantes jusqu’au début des années 1880. Un tisserand loge sous leur toit au milieu du siècle. Anne Gascou, veuve de Jean Gascou, mère et grand-mère, doyenne des Gascou, décède en 1885, à l’âge de 93 ans. Son petit-fils, Jean-Michel, a la charge de la famille à la fin du XIXe siècle ; son père, Antoine, meurt à l’âge de 70 ans en mars 1900. Jean-Michel épouse Marie Souffron, institutrice, originaire de Tursac, le 28 novembre 1872, elle a 22 ans et il en a 21. En 1901, ils ne sont plus que quatre sous le même toit, Gascou Jean-Michel, sa femme Marie Souffron, sa mère Jeanne Brunet, 71 ans, et un domestique de ferme du nom de Gascou Roman, 22 ans, qui n’est pas de la famille de Jean-Michel, les actes d’état civil de Florimont-Gaumier ne donnant aucune information au sujet de la naissance d’un Gascou Roman sur la commune entre 1875 et 1885. La famille Labrande Les Labrande, des cultivateurs, habitent La Garrigue pendant la première moitié du XIXe siècle. Leur maison abrite également des Lalande, le gendre marié à l’une de leurs filles. Le foyer se compose, comme souvent, de plusieurs générations qui cohabitent Ici, neuf personnes, parents, enfants et petits-enfants, composent cette famille en 1846. En 1851, la famille n’apparaît plus sur le recensement. On les retrouve au hameau de Lasfargues, proche de Moncalou, sur le recensement de 1856. La famille Rible Les Rible, des cultivateurs, sont présents pendant tout le XIXe siècle. En 1836, la famille se compose de la mère, Françoise Gangardel, veuve de Pierre Rible, et de ses cinq enfants. Elle n’a qu’un seul fils Jean, le cadet, alors âgé de trente ans. Il faut attendre 1847, le 14 juin, pour que Jean épouse Marguerite Sanagal, qui vient du hameau voisin le Gaussinel. Jean a 41 ans et Marguerite 24 ans. Marguerite décède le 21 mai 1854 à son domicile, à l’âge de 32 ans. Ils eurent, le 1er septembre 1848, un fils Pierre, qui décède 10 mois plus tard le 15 juillet 1849. Un autre enfant, Jean, naît le 15 août 1850. Jean (le père) se remarie le 17 novembre 1861 avec Marie Caduc, dont il a plusieurs filles et un fils, qui quitte, avec sa femme et son enfant, la propriété familiale. À la fin du siècle en 1891, seules Marie Caduc et sa fille Elisabeth dite Madeline, née en 1865, vivent encore sur la propriété. Le 13 juin 1900, Elisabeth, âgée de 35 ans, épouse Elie Delcam, âgé de 24 ans, un cultivateur né dans un village voisin situé à Boulégan dans le Lot. Le couple Praud - Cangardel Le couple présent en 1836 semble avoir quitté La Garrigue après 1842, date à laquelle on a encore la trace de Jean Praud, qui est le témoin du décès d’une petite Marie Lalande, âgée de cinq mois. La famille Lacoste On a vu qu’en 1836, Marguerite Lacoste était célibataire et partageait son foyer avec Antoinette Rouzol, également célibataire, toutes deux sont alors couturières. En 1851, seule Marguerite Lacoste est mentionnée lors du recensement. Plus tard, en 1856, Antoine, son neveu célibataire, vient vivre avec elle. Antoine se marie avec Anne Lacombe, ils ont un enfant, Joseph, qui décède à l’âge de deux ans. Ils quittent La Garrigue et s’installent à quelques centaines de mètres, au village du Ségala. C’est là que Marguerite Lacoste, couturière célibataire, décède en 1881 à l’âge de 94 ans. Antoine, son neveu, la suit en 1884, à 54 ans. La famille Contie Comme les autres familles, les Contie sont des cultivateurs qui sont présents à La Garrigue durant tout le XIXe siècle. Silvestre Catherine, veuve de François Contie, est âgée de 80 ans en 1836. On sait, grâce au registre d’état civil, qu’en 1810, François, alors âgé de 60 ans, a déclaré, le 16 décembre, la naissance d’un petit-fils, Jean-Baptiste Contie. Un fils de Catherine et François meurt à l’armée, le 6 mars 1812, à l’âge de 21 ans, dans la commune de Saint-Martin en Ré, il appartenait au régiment de l’isle de Ré. François meurt en 1820, à l’âge de 70 ans. Catherine et François ont eu un fils Jean, il est âgé de 50 ans en 1836, c’est lui le chef de ménage et le cultivateur de la propriété. Il est marié à Jeanne Destret et ils ont alors 2 filles, Thérèz(s)e et Catherine, respectivement âgées de 27 et 25 ans. En 1818, ils ont perdu un jeune enfant, Antoine, âgé de trois ans, ainsi qu’une jeune enfant Thérèz(s)e en 1824, âgée de trois ans également. Jean décède en 1860 à 70 ans. Leur fils Bertrand succède à Jean, avec sa femme Marie Bachaud, ils perdront une fille, Catherine, en 1865, à l’âge d’un an, ainsi qu’un fils de 22 mois, Jean-Baptiste, en 1877. En 1876, 10 personnes sont recensées sous le toit de Bertrand. Il s’éteint en novembre 1886, à l’âge de 75 ans. À noter qu’un des enfants, Contie Charles, marié à Marie Prunis le 8 mars 1886, vivra dans le village voisin des Grèzes, ils perdront une petite fille Maria âgée de 23 mois et auront 4 enfants morts nés. C’est Guillaume, un des enfants de Bertrand, qui devient le chef de ménage, il est âgé de 29 ans en 1891 et est marié à Freytet Céline, ils vivent avec la mère, Marie, 56 ans, et une sœur de Guillaume, Marie, 18 ans, ainsi que sa tante Thérèz(s)e, 64 ans. Hélène, leur fille, n’a que 8 mois au recensement de 1891. Ils auront deux autres filles, Eugénie, née en novembre 1893, et Éléonore, née le 7 juillet 1907. Telle est la société du hameau de La Garrigue au cours du XIXe siècle. Je n’ai pas cité tous les les habitants rencontrés dans les actes de la fin du XVIIIe et du début du XIXe, comme la famille de Pierre Alary et sa femme Marie Claret. Pierre Alary est décédé le 20 juillet 1814 à l’âge de 45 ans. Les témoins, sur l’acte de décès, sont François Contie, âgé de 60 ans, et Pierre Rible, âgé de 40 ans, leurs proches voisins. Je n’ai pas cité non plus l’intégralité des enfants nés durant cette période, par exemple les filles mariées qui ont quitté le hameau, mon but étant seulement de saisir les traits principaux de cette société rurale. Il était primordial de commencer par cette énumération des familles pour rendre vivants les plans cadastraux qui suivent et faire connaissance avec les personnes qui peuplaient La Garrigue. Ce ne sont pas seulement des lignes tracées, des découpages de terres et de vignes en parcelles, des traits dessinés au carmin mais des maisons, des remises, des granges, un four à pain, un pigeonnier, qui ont appartenu aux Lalande ou aux Gascou, aux Rible ou aux Contie, ou une modeste maison de deux couturières célibataires ou celle d’un jeune couple. Ce hameau de cultivateurs connaitra lui aussi son époque de plein labeur, d’harassants travaux de défrichements, de longues journées passées dans les champs à défoncer la terre, à en retirer les pierres, à planter et à travailler les vignes. V - PLANS CADASTRAUX L’ancien cadastre Le cadastre napoléonien [3] de la commune de Florimont-Gaumier date de 1837. Une comparaison est possible entre l’état parcellaire relevé en 1837 et les données récentes. Le cadastre napoléonien reste figé pendant pratiquement un siècle. Il faut attendre 1930, la rénovation générale du cadastre jusqu’en 1990, pour que soient effectuées les premières mises à jour. Il s’agit non pas de voir, entre ces différents plans cadastraux, une sorte d’évolution linéaire, mais plutôt de comprendre les « mouvements » des constructions. Le hameau de La Garrigue comprend, en 1837, 16 constructions. Sur le cadastre actuel, 5 constructions sont représentées. Sur le terrain, seulement 4 constructions subsistent, 1 pigeonnier, 2 granges-étables, 1 maison, le reste est ruiné.
Le plan suivant date de 1982, il indique une sixième construction ruinée à droite de la grange N° 1. Sur ce plan, légèrement au Nord-Ouest du pigeonnier, un puits est représenté, que l’on retrouve sur le cadastre actuel. Ce puits est maintenant comblé. Plus au Nord, une source est signalée sur le chemin rural. Cette source est déjà mentionnée sur l’ancien cadastre.
VI - ÉLÉMENTS BÂTIS 1 - LA MAISON Il s’agit d’une construction en pierre maçonnée à la terre, située dans la partie basse du hameau à 244 m d’altitude. Elle est de plan rectangulaire. Sa façade principale, orientée à l’Ouest, comprend une entrée surmontée d’une imposte. Une rangée de lauses larmières est encore présente sur les deux murs gouttereaux. La toiture, composée de tuiles mécaniques, a remplacé la couverture de lauses. Il manque l’ensemble des pierres d’angle qui composaient le chaînage de gauche (pignon Nord). Dans ce pignon, s’ouvre une petite fenêtre, au linteau disparu, au niveau du comble. L’habitation est bâtie sur une cave. Elle se compose de deux
pièces séparées par une cloison. L’entrée s’ouvre dans la pièce principale. En
entrant, sur la droite, on trouve la porte d’un escalier qui accède aux combles.
Un espace de rangement existe sous l’escalier. Dans la chambre, s’ouvrent deux
fenêtres, l’une sur la façade Est et l’autre dans le mur pignon au Sud. Un
placard est aménagé directement dans le mur de la façade Ouest. Une autre
fenêtre, dans la pièce principale, existe sur la façade Est. Cette pièce possède
une cheminée dans le mur pignon Nord. À droite de la cheminée il reste des
rangements hauts et bas avec étagères, sur la gauche tout a disparu. Sous la
fenêtre de la pièce principale, un trou existe qui pourrait avoir laissé passer
un tuyau d’évacuation d’eaux usées. La cave occupe tout le sous-sol, elle est
construite, côté Ouest, directement sur le rocher.
2 - LES GRANGES Grange-étable N° 1 La grange N° 1 se situe à proximité de la maison, de l’autre
côté d’un chemin envahi par la végétation. De plan rectangulaire, elle est bâtie
sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée, il existe deux grandes entrées aménagées
en gouttereau dont l’une possède une clé millésimée de 1908. L’autre entrée est
surmontée d’un arc dont la clé est sculptée. Une fenêtre est aménagée dans le
gouttereau Nord. Une troisième entrée se situe dans le mur pignon Ouest et
accède directement à l’étage. Les trois entrées sont surmontées d’arcs
surbaissés. Environ un tiers de la grange est détoituré, la charpente, livrée
aux intempéries, est très endommagée. Elle est composée de quatre fermes,
chacune comprenant un entrait, une paire d'arbalétriers, un entrait retroussé,
un poinçon avec liens de faîtage, de deux pannes courantes et d'une panne
faîtière. Je n'ai pas accès, visuellement, à la sablière. Des fils de fer, fixés
à la charpente, servent à suspendre du tabac afin de le laisser sécher. Une
partie des angles du chaînage sur la gauche du pignon a disparu. Le
rez-de-chaussée était réservé aux animaux. L’étage servait à abriter le foin, la
paille, du matériel. Cette grange occupe au sol une surface de 94 m² environ
pour 12,5 m x 7,5 m environ.
Grange-étable N° 2 La grange N° 2 se situe sur la partie haute du hameau, à 256 m. De plan rectangulaire, elle est bâtie sur deux niveaux. Elle est plus longue que la première grange et possède trois entrées en arc surbaissé sur la même façade, orientée à l’Est, et deux fenêtres à l’étage. Le rez-de-chaussée abrite les animaux et le matériel, le premier niveau sert à ranger le foin et la paille et du matériel. Une entrée à arc en anse de panier existe dans le mur pignon Nord et permet d’accéder directement à l’étage. La grange a servi aussi de séchoir à tabac : une récolte est encore suspendue depuis plusieurs décennies sur les deux niveaux. Tout l’espace était utilisé au séchage mais cette production ne fut jamais livrée. Une rangée de lauses larmières est présente sur le dessus des murs gouttereaux. La toiture est recouverte de tuiles mécaniques mais la partie Sud est détoiturée. Les cinq fermes de charpente se distinguent de celles de la première grange car les arbalétriers reposent, par l’intermédiaire d’un blochet, sur une jambe de force dont la base est directement fichée dans le bout de l’entrait. La grange mesure 18 m x 7,75 m, ce qui fait environ 140 m² de surface au sol.
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3 - LE PIGEONNIER Le pigeonnier, de plan approximativement carré, comporte quatre niveaux et deux entrées. Il est construit sur un terrain pentu. Le rez-de-chaussée se trouve donc encaissé et possède une entrée à l’Est, surmontée de linteaux en bois. Le premier étage possède une entrée à l’Ouest sur la partie haute du terrain. Le toit à quatre pans est couvert de lauses, il est en très mauvais état. Il reste une tige métallique au sommet de l’édifice qui devait recevoir un épi de faîtage. Il existe deux randières en pierre placées entre le deuxième et le troisième niveau et situées aux deux angles des façades Nord-Est et Nord-Ouest. Les ouvertures, trois lucarnes, sont situées sur la façade Est. Une pierre percée de six trous d'envol est présente sur le mur orienté au Nord. La lucarne du dernier étage possède une plage d’envol. L’amorce d’un mur d’une autre construction est présente sur la partie du chaînage Sud-Est. Le pigeonnier et la construction ruinée, dont il ne reste que cette partie suspendue dans le vide, étaient liés, il n’y a pas de hiatus visibles. Il est plus que probable que ces pierres auraient également été volées si les deux constructions n’avaient pas été liées. À la base de la façade Sud du pigeonnier, il existe une ancienne ouverture condamnée par des moellons bâtis. Ce pigeonnier a une implantation d’environ 4,5 m x 4,30 m. La clé de la plate-bande de l’entrée a été retirée et emportée. De chaque côté de la clé, les deux claveaux qui restent font aussi office de sommier et reposent de part et d’autre sur les chaînages d’angle. De plus, une pierre épaisse faisait office de « décharge », au-dessus de la clé. Les pierres d’angle présentent des ciselures, ou « plumées », faites au ciseau, et des coups de layant (laie, taillant ou marteau taillant) plat très réguliers et perpendiculaires au sol. Cette taille est réalisée sans recherche d’effets purement esthétiques comme les coups de layant à 45°, inversés d’une pierre à une autre, dessinant des chevrons sur l’ensemble d’un chaînage. Il est évident que la construction de ce pigeonnier est l’œuvre de professionnels, maçons ou paysans maçons.
VII - ÉLÉMENTS RUINÉS Les bâtiments ruinés sont au nombre de treize. En arrivant dans
le hameau par le seul chemin d’accès aujourd’hui qui se situe au Nord, on trouve
à droite une première ruine (N° 1), puis une autre sur le terrain situé en
hauteur (N° 2), etc. (voir fig.8).
Mais de toutes ces ruines, seules les 1, 10 et 12 semblent avoir
été habitées, des pans de murs avec fenêtres, entrées, niches sont bien
visibles. Cela ne signifie pas que d’autres ruines n’aient pas été habitées,
c’est uniquement ce qui est observable sur place. On note la présence d’une
citerne dans la ruine N° 7. Une construction présente sur le cadastre actuel
n’est plus que ruine (N° 13).
VIII - ENQUÊTE ARCHIVISTIQUE ET ORALE Il me semblait important de tenter de retrouver les actuels propriétaires pour collecter d’éventuelles informations sur l’histoire récente du hameau mais surtout de tisser le lien entre le présent et la fin du XIXe et le début du XXe siècle. C’est à la mairie que M. Trémoulet, maire actuel de Florimont, trouva les renseignements. Les relevés de propriétés nous indiquent que La Garrigue appartient à deux propriétaires, d’une part M. Vaquié Marcel, qui habite le Tarn, pour les parcelles 178, 192, 180, et d’autre part M. Godard François, résidant à Cénac, une commune voisine de Florimont, pour la parcelle N° 179. 1 - Marcel Vaquié - Lucienne Mezergue En téléphonant dans le Tarn, j’apprends que M. Vaquié Marcel est décédé depuis une quinzaine d’années mais par chance, j’ai au téléphone sa fille Mme Mezergue Lucienne, âgée de 86 ans. J’apprends à ma grande satisfaction que son grand-père est Guillaume Contie, aussi appelé Marcelin, et que sa maman, fille de Guillaume, se nomme Éléonore. Lucienne Mezergue a aussi deux tantes, Hélène et Eugénie. Le père de Lucienne Mezergue était originaire de Marminiac, une commune voisine située dans le Lot, il avait épousé Éléonore Contie, née le 7 juillet 1907. À la naissance d’Éléonore, son grand-père Guillaume avait alors 45 ans et sa grand-mère Céline Freytet 44 ans. Lucienne Mezergue a un frère, toujours vivant, né en 1936, du nom de José-Philippe Vaquié. Lucienne m’explique que la famille a quitté La Garrigue en 1949. J’avais trouvé, lors de mes visites de la maison, de vielles revues dont une datait de 1976. Je lui en fis part et Lucienne m’expliqua que dans ces années là, effectivement, un cousin avait été hébergé durant quelques années. 2 - François Godard François Godard est architecte et habite la commune de Cénac, à quelques kilomètres de Florimont. Lors d’un premier entretien téléphonique, il m’explique qu’il habitait autrefois aux Grèzes, village proche de La Garrigue de quelques centaines de mètres. C’est en se promenant pour ramasser des morilles vers La Garrigue, avec un voisin, M. Huzol René (Louis-René), qui était à cette période (début des années 1990) le propriétaire de la parcelle N° 179 de La Garrigue, que la vente fut décidée. François Godard m’explique que « c’était une sorte de pari, on se connaissait très bien avec René et je trouvais dommage que tout tombe en ruine ». François Godard devient alors le nouveau propriétaire de cette parcelle. La parcelle N° 179 est intéressante car elle abrite une maison ruinée qui n’existe pas sur l’ancien cadastre. Elle est constituée des anciennes parcelles numéros 1620, 1624 et 1625. La maison ruinée se situe sur l’ancienne parcelle N° 1625. Une fenêtre a été obstruée sur l’un des pans de mur qui reste entier. Sur le linteau de cette fenêtre est inscrit le début d’un millésime : 18… Le reste n’est pas visible, peut-être par usure de la pierre ? Toutefois nous verrons plus loin que cette maison est rentrée dans la matrice de 1882. 3 - René Huzol René Huzol a une fille, Roseline mariée à Jean-Pierre Braud, enseignant à Vierzon. Nous étions en période de vacances scolaires, le maire m’expliqua qu’ils avaient une maison aux Grèzes, la maison des Huzols. En me garant au pied du mur pignon de leur maison, je vis la clé de la plate-bande de l’entrée du pigeonnier. Je venais dans l’heure précédente d’en faire des photos et un relevé précis. Cette clé est bâtie comme les autres moellons qui constituent l’appareillage du mur pignon. Elle n’a plus aucune fonction si ce n’est d’être un élément « décoratif », sculpté et surtout millésimé. La clé porte la date de 1744. Lors de ce premier entretien, Mme Braud ne se souvenait pas comment son grand-père, Célestin, avait acquis cette parcelle (N° 179). Je la questionnais sur le cousin de Lucienne Mezergue. Elle s’en souvenait bien, « Lulu » était resté longtemps à La Garrigue, 20 à 25 ans environ. Il était arrivé au début des années 70, il est mort dans les années 90 du côté de Salviac, au volant de sa petite voiture sans permis. Lulu avait eu des soucis familiaux et sociaux, il touchait sans doute quelques aides sociales. De temps en temps, il « passait la main », il aidait à droite à gauche en échange d‘une pièce. François Godard me dira plus tard « la plupart du temps on lui donnait juste à manger ». Je ne savais pas grand chose de plus ce jour-là si ce n’est que La Garrigue avait appartenu à René Huzol, qui en avait hérité de Célestin, son père. Le lendemain, je retourne voir Mme Braud et son mari. Notre discussion de la veille avait éveillé la curiosité de Mme Braud qui avait, le soir même, retrouvé un acte de vente de 1932. Cet acte comporte la vente d’une maison d’habitation en mauvais état avec un ensemble cour et jardin, le tout limité par plusieurs chemins et paraissant cadastré sous les numéros 1620 et 1625. Cette vente est conclue entre les vendeurs Elie Delcamp, son épouse Elisabeth, dite Madeline Rible, et l’acheteur Célestin Huzol. La vente comporte également des parcelles de terrains ayant appartenu à Jean-Michel Gascou. Cette maison en mauvais état appartenait au couple Delcamp-Rible par acquisition au tribunal civil de Sarlat le 13 décembre 1901 pour une valeur de mille six cent francs qui fut payée soit « aux avoués poursuivants, soit aux créanciers... ». En discutant avec Mme et M. Braud, je comprenais le « mouvement
» d’une partie des pierres de La Garrigue. Leur maison familiale des Grèzes
avait subi de nombreuses modifications et agrandissements. Autrefois,
l’habitation était à l’étage, au-dessus de la cave. Cette cave est remplacée
aujourd’hui par une cuisine et un séjour. Au fond de cette cuisine on débouche
sur une belle cave, entièrement voûtée. Sur la droite du séjour, un garage fut
construit dans les années 1960. Mme et M. Braud me disent que des pierres
venaient certainement de La Garrigue surtout pour agrandir la maison et
construire le garage. Le couple s’interrogeait sur la provenance d’une pierre
qu’ils venaient de nettoyer et qui se trouve dans le mur pignon du garage. Je
leur fis part de ma certitude que cette pierre n’est autre que la clé de la
plate-bande de l’entrée du pigeonnier. Célestin et son fils René avaient utilisé
des pierres de la maison en mauvais état que Célestin avait achetée à Madeline
Rible en 1932, déclarée démolie en 1947, ainsi que cette clé de la plate-bande
de l’entrée du pigeonnier de Marcel Vaquié pour orner le pignon de leur maison
des Grèzes. Cette clé est l’élément fondamental qui permet de dater avec
précision l’époque de construction du pigeonnier de La Garrigue et certainement,
avec elle, les éléments bâtis qui lui sont associés sur l’ancien cadastre.
IX - ENTRETIENS AVEC LES PROPRIÉTAIRES SUR LE SITE DE LA GARRIGUE 1 - François Godard J’ai rencontré M. Godard sur le site de La Garrigue. Il me montra la parcelle dont il est le propriétaire à la suite de M. Huzol René et où il reste les ruines de la maison. Il m’apprit surtout l’existence du four à pain entièrement pillé. Sur le plan de la parcelle N° 178, j’avais relevé une construction qui n’existe plus sur le terrain si ce n’est à l’état de ruine. C’était le four à pain qui possédait un « beau porche », m’explique François Godard. De la même façon, le toit de la grange était encore en place il n’y a pas longtemps, de même les chaînages d’angle de la grange et de la maison. François évoque longuement ces actes de vandalisme, ces vols. Une plainte a été déposée à la gendarmerie de Salviac par Mme Mezergue fille, laquelle a été appuyée par François Godard. 2 - Lucienne Mezergue Quelques jours plus tard, Mme Mezergue, accompagnée de sa fille, est venue à La Garrigue. En arrivant sur le site, elle me montra immédiatement la première ruine, sur la droite du chemin, « là, c’était la maison des Gascou » et, en avançant, « ici celle des Huzol, on y faisait des bals pendant la guerre, des bals clandestins bien sûr ». Lucienne me confirmait la présence d’un puits dans le pré, un peu plus haut, « on utilisait l’eau du puits pour laver le petit linge, sinon on descendait à Gaumier, on lavait dans le Céou [4], mais pour boire ou se laver les mains, on prenait l’eau de la source en haut du champ, on allait la chercher tous les jours, nous n’avions pas d’évier dans la maison mais une fontaine en cuivre qu’on remplissait avec l’eau et une bassine en dessous ». Lucienne me parla de la grande cuve, pour le raisin, dans la cave, cette cuve est toujours en place, « on avait aussi un appareil pour distiller, un alambic tout en cuivre, on nous l’a volé également ». Elle m’expliqua qu’il y avait aussi le jardin, « sous la maison », c’est-à-dire dans le terrain derrière la maison, puis le noisetier dans la cour : « il est encore là, avec mon frère on s’y amusait, on courait autour du noisetier ». C’était une belle ferme autrefois, les deux granges abritaient vaches et moutons. Il y avait le four à pain et sur le devant du four, la bergerie. « J’ai quitté La Garrigue, j’avais 19 ans », c’était en 1949. « La ferme n’était plus viable, on l’avait mise à moitié en métairie, mais on ne pouvait plus vivre, alors on est parti ». Plus tard, pour Lucien Rauzet, dit « Lulu », un cousin de Lucienne, l’eau courante fut installée. Lucien devait avoir un évier qui a disparu, me dit Lucienne. Sous la fenêtre, un trou est visible qui peut correspondre à la présence d’une évacuation pour les eaux usées. Madame Mezergue et sa fille m’expliquent aussi la triste et lamentable histoire du pillage qui est la cause principale de l’état de délabrement des bâtiments. Elles avaient été contactées par une personne de Salviac, dans le Lot, qui semblait intéressée pour acheter des pierres de La Garrigue. Elles avaient accepté de vendre pour 1000€ de pierres sur le site leur appartenant. Il était entendu qu’il s’agissait des pierres déjà écroulées et que d’aucune façon les murs en place ne devaient être touchés. Seulement, sur place, l’homme largement outillé, sans surveillance, avec tout ce qu’il fallait pour emporter son butin, se servira sans scrupule et sans compter, de pierres « tout venant » et surtout des pierres d’angle arrachées aux bâtiments. Ce vol manifeste était effectué pour revendre les matériaux à prix cassés (pour cause) et défiant évidemment toute concurrence, ce qui était très mal perçu des maçons locaux, m’explique Francine Gros, la fille de Mme Mezergue. Lors de la venue, sur les lieux, de Mme Mezergue, sa fille et son gendre, Mme Mezergue, constatant les vols, déposa aussitôt plainte à la gendarmerie de Salviac contre de M. Milly Jean-Claude résidant à Salviac, plainte qui, à ce jour, est restée sans suite, c’était en février 2013. X - MATRICES CADASTRALES La matrice de 1882 concernant les propriétés bâties (loi du 29 juillet 1881 prescrivant la séparation des propriétés bâties et non-bâties), fournit des renseignements intéressants sur la nature ou le mouvement de quelques bâtiments de La Garrigue. Un enregistrement de cette matrice en date de 1887 indique la nature de la parcelle N° 1627 : une maison convertie en grange en 1870 et appartenant à Jean Contie.
Un autre enregistrement daté de 1885 concernant la parcelle N°1632 mentionne une maison déclarée « bâtiment rural » appartenant à Gascou Jean en 1881.
La matrice de 1911 comporte également d’autres éléments sur les parcelles bâties de La Garrigue. La parcelle N° 1616, entrée dans la matrice en 1882, qui appartenait à Gascou Jean, est attribuée à Gascou Michel, son fils, et Marie Souffron, sa belle-fille. Cette parcelle est toujours indiquée en maison. À l’inverse, la parcelle N° 1632, qui était une maison déclarée en bâtiment rural, entrée en 1882, est rayée de cette matrice, la date de sortie est de 1885.
La parcelle N° 1616, qui appartenait à Gascou Michel (voir ci-dessus), est entrée dans la matrice au nom de Contie Guillaume en 1924 et ensuite au nom Vaquié Marcel, son gendre. Elle est sortie de la matrice en 1943 à la suite d’une révision du bâti en 1940.
La parcelle N° 1625 appartenait à Rible Jean dit « Capitaine » et ensuite à son gendre, Delcamp Elie (1902-1903). Sur cette parcelle, une maison est rentrée dans la matrice en 1882.
Cette parcelle N° 1625 sort de la matrice en 1949, elle appartient alors à Célestin Huzol (nous avions vu l’acte de vente en 1932), une mention indique qu’elle est démolie en 1947.
XI - CONCLUSION Nous avons vu que, sur l’ensemble du hameau, quatre constructions sont actuellement encore debout, que le pigeonnier en est le témoin le plus ancien avec son millésime de 1744 sur la clé de la plate-bande de l’entrée. La construction la plus récente est la grange N° 1, du début XXe siècle, avec sa clé millésimée de 1908. La grange N° 2 date de la seconde moitié du XVIIIe siècle, avec sa clé millésimée de 1764. La maison, de la seconde moitié ou du dernier quart du XIXe siècle, a été a été construite sur l’emplacement d’un premier bâti de faible surface à en juger d’après l’ancien cadastre. Elle a utilisé les anciens murs solidement ancrés sur du rocher, elle a gagné en surface en s’allongeant un peu et en s’élevant d’un niveau pour l’habitation, réservant le sous-sol pour la cave. La grange N° 1 est construite sur l’emplacement de ruines et certainement avec une partie des pierres récupérées de celles-ci.. La maison d’Elisabeth Rible, épouse Elie Delcamp puis de Célestin Huzol et ensuite de François Godard, n’existait pas encore sur l’ancien cadastre en 1837. Enfin, il existe, sur l’ancien cadastre, une construction, à l’endroit du four à pain et de la bergerie au début du XIXe siècle, ce qui ne signifie pas qu’en 1837 un four à pain existait déjà. Il a pu être réalisé, sur les bases d’un ancien bâti après 1837. L’ensemble des ruines, pans de murs et bases des murs, à l’exception de celle de la parcelle N° 1638, se retrouve facilement sur le terrain et correspond à l’ancien cadastre. Concernant la clé de la plate-bande de l’entrée du pigeonnier, elle est maintenant sans doute mieux dans le mur d’un pignon de la maison de M. et Mme Braud et que, si M. Huzol ne l’avait pas prise à son époque, elle n’aurait sans doute pas échappé au pillage de ces dernières années. Cette clé représente un cœur renversé surmonté des lettres « I » d’un côté et « M » de l’autre, sans doute des initiales. Cette clé, isolée de sa plate-bande, n’a plus sa fonction initiale. Elle est devenue un élément de décor, d’apparat, parfois de questionnements. Je suis convaincu que le pigeonnier a échappé, de justesse, aux récents pillages, l’auteur des délits s’étant arrêté sous l’amorce du mur qui menaçait et menace toujours de s’effondrer. Ce pigeonnier est l’élément le plus ancien du site qui nous soit parvenu, mais aujourd’hui sa toiture de lauses est en très mauvais état. Je regrette de ne pas avoir la possibilité de faire effectuer sur les parties bois de ce pigeonnier des analyses dendrochronologiques.
Je souhaite pour clore cette présentation remercier les personnes qui, en évoquant le passé de ce hameau, lui ont donné une mémoire : madame Lucienne Mezergues et sa fille madame Francine Gros, madame Roseline Braud et son mari Jean-Pierre, Monsieur François Godard. Je remercie également monsieur Michel Trémoulet, maire de Florimont-Gaumier, de m’avoir permis de consulter les archives de la mairie. XII - PHOTOS DE 1992 Pour insertion dans notre étude, Mme Christiane Bourges et M. Alain Bourges ont bien voulu numériser des photos de La Garrigue prises en 1992. Nous les en remercions vivement.
NOTES [1] Archives Départementales de la Dordogne, 1835, Enquête statistique de Cyprien Brard (1786-1838) : « En 1835, un préfet entreprenant, Auguste Romieu, confiait à Cyprien Prosper Brard, homme de science et industriel, la tâche d'organiser une enquête statistique sur le département de la Dordogne... ». Toutes les informations sont issues des trois questionnaires de l’enquête sur la commune de Florimont-Gaumier. [2] Enquête statistique de Cyprien Brard, 1835, 1ère série de questions, 5ème question. [3] Source des documents : Archives départementales de la Dordogne [4] La rivière qui traverse Gaumier et se jette dans la Dordogne à Castelnaud-La-Chapelle.
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Jean-Marc Caron Autres articles de l'auteur Derniers témoins d'enduits à la chaux à Saint-Cybranet (Dordogne) (Last traces of lime-based rendering at Saint-Cybranet, Dordogne), in Hommage à Michel Rouvière (dir. Christian Lassure), L'architecture vernaculaire, tome 38-39 (2014-2015) Observations sur les vestiges lithiques agricoles de Bouzic (Dordogne) d'après le cadastre napoléonien (Observations on the agricultural dry stone-built vestiges of Bouzic, Dordogne, in the light of the Napoleonic land register) Le hameau abandonné de La Garrigue à Florimont-Gaumier (Dordogne) : observations sur le terrain et enquête cadastrale et orale (The deserted hamlet of La Garrigue at Florimont-Gaumier, Dordogne: evidence from on-site observation, land registries and oral history) Les cabanes de Valojoulx (Dordogne). Enquête orale, cadastrale, archivistique et architecturale (Investigating the stone huts of Valojoulx, Dordogne, through oral history, land registers, archives and architectural analysis) Les cabanes en pierre sèche dans l'œuvre du « savant et photographe » Eugène Trutat (Dry stone shelters in the work of "scholar and photographer" Eugène Trutat) page d'accueil sommaire architecture vernaculaire
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