LES « JARDINS SUSPENDUS » DU RÉCATADOU À LABEAUME (ARDÈCHE) THE RÉCATADOU "HANGING GARDENS" AT LABEAUME, ARDÈCHE Michel Rouvière Les « jardins suspendus » du lieu dit Le Récatadou à Labeaume, dans le sud de l'Ardèche, sont des terrasses aménagées dans les parties verticales d'un promontoire calcaire dominant, en rive gauche, les gorges de la rivière Beaume. Ces aménagements, à l'abandon depuis un demi-siècle, dépendaient d'une ferme du même nom (1). Après avoir abrité une colonie de vacances de petits Lyonnais, le bâtiment a été transformé en salle polyvalente par la municipalité de Labeaume, propriétaire des lieux. Le site a été débroussaillé en 2007 par les membres de l'association « Dolmens et patrimoine de Labeaume ». La municipalité envisage de faire restaurer murs et escaliers effondrés dans la perspective d'une mise en valeur touristique.
A la recherche de parcelles cultivables, les propriétaires des lieux eurent l'idée de bâtir de petites terrasses sur la falaise, à l'aplomb de la rivière. À cet effet, ils construisirent des murs de gros blocs, posés au ras du vide et bien ajustés les uns aux autres, permettant de contenir la terre et de cultiver en sécurité. Les jardinets obtenus sont petits, de surface inégale, et étagés. On y accède par des escaliers, des rampes et des passages couverts. A l'extrémité nord-ouest des jardins, se trouve un puits-citerne alimenté par un impluvium de grandes dalles calcaires plus ou moins jointives, inclinées vers le puits. Une grande citerne, réservée entre deux rochers, a perdu son étanchéité mais a gardé son enduit extérieur. Au fond, existe une bonde de vidange. Cette citerne récupérait vraisemblablement l'eau provenant du mas.
Il reste cependant à écrire la véritable histoire de ce site. Qui étaient les propriétaires de la ferme ? Quand a-t-elle été édifiée ? A quelle date les habitants ont-ils aménagé les ressauts de la falaise ? Que cultivait-on dans ces jardinets ? Quel gain de terre ces derniers représentaient-ils par rapport au champ à proximité de la ferme (le capmas) ? Quand exactement ont-ils été abandonnés et pour quelle raison ? Un élément de réponse est déjà disponible sur le plan chronologique : la date de 1874, gravée profondément dans le parement d'un bloc de la terrasse supérieure, renvoie à la Troisième République.
Une indication des moyens employés est fournie par des traces de forage à la barre à mine visibles sur certains rochers et blocs.
Quant à la culture pratiquée dans ces jardinets, d'après la tradition orale, il se serait agi de petits pois, dont la récolte précoce était favorisée par la bonne exposition des falaises. Il y a sans doute un lien entre l'aménagement horticole de ces falaises et le fait qu'entre 1709 et 1856, la population de Labeaume est passée de 630 à 1216 habitants !
(1) En languedocien comme en provençal, récatadou signifie « refuge », « abri ». Le terme est employé par Mistral dans Mirèio : An ! deja s'ontrevèi dins l'iero Allons ! déjà s'entrevoit, dans l'aire Le dictionnaire d'Alibert donne recaptador en occitan normalisé et les sens de 1/ refuge, asile, repaire; 2/ lieu de recel, recoin. Pour en voir et en savoir plus : Pour imprimer, passer en mode paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as : Michel Rouvière page d'accueil sommaire terrasses
|