LES MURETS EN PIERRE SÈCHE SEMI-CIRCULAIRES DU VIGNOBLE DE LANZAROTE (ÎLES CANARIES, ESPAGNE) The semi-circular dry stone walls of the Lanzarote vineyard (Canary Islands, Spain) Christian Lassure De son vrai nom en français Lancerotte, l'ïle de Lanzarote est la plus orientale des îles de l'archipel des Canaries. Il s'agit d'une île volcanique parsemée d'oasis et de villages, soumise au climat desséchant de l'Afrique, laquelle est éloignée de seulement 125 km. Le vignoble de La Geria, dans la moitié sud de l'île, est connu non seulement pour son vin mais aussi pour sa technique de plantation dans des dépôts volcaniques (fins graviers noirs, cendres) datant des éruptions du Timanfaya entre 1730 et 1734 et ayant recouvert des sols agricoles antérieurs sur une épaisseur de un à trois mètres. Dans la couche meuble, les viticulteurs creusent, jusqu'à la terre argileuse, des dépressions circulaires (hoyos), en forme d'entonnoir, dont le fond accueillera le cep de vigne et les pentes recueilleront l'eau de pluie et la rosée, ou encore des tranchées (zanjas). Lorsque la couche meuble est peu épaisse et que l'entonnoir est peu profond, les paysans élèvent, sur le côté d'où souffle le vent saharien desséchant, un muret de pierres crues en demi-lune pour protéger la vigne. Le résultat est un paysage singulier, évoquant des écailles grises (la cendre volcanique) portant chacune un liseré clair (le muret coupe-vent, dit soco ou goro) autour d'une tache verte (le cep de vigne). Ce paysage a été popularisé il y a quelques décennies par des photos et des cartes postales en couleur, dont l'étude livre quelques enseignements DOCUMENT No 1 La photo qui suit, publiée il y a deux décennies dans une revue, est des plus éloquentes. Les murets ne sont que des empilements de pierres sur une seule rangée mais on constate que celles-ci ont leur queue dirigée vers l'extérieur, de façon à ce que le parement intérieur du demi-cercle soit aussi lisse que possible, ce qui se comprend puisque le travail des façons de la vigne se fait nécessairement depuis l'intérieur.
DOCUMENT No 2 Sur cette carte postale des années 1970, on aperçoit les mêmes murets semi-circulaires mais moins hauts et bordant des creux bien marqués.
DOCUMENT No 3 L'intérêt de cette autre carte postale des années 1970, censée représenter une scène de vendange à La Geria, réside non pas dans les figurants en habits folkloriques qui s'affairent autour des ceps, mais l'empilement des pierres volcaniques d'un muret au premier plan et le rare tronçon de mur de bonne hauteur à l'arrière-plan, dressé vraisemblablement pour protéger des arbres fruitiers..
DOCUMENT No 4 En plus de montrer les classiques murets en demi-cercle entourant une dépression circulaire, cette troisième carte postale des années 1970 donne un aperçu d'une autre technique, moins répandue : un large fossé de plusieurs dizaines de mètres de longueur, bordé de chaque côté par un muret et divisé en compartiments par des murets transversaux
DOCUMENT No 4 Au premier plan de cette carte postale, qui date des années 1990, on découvre plusieurs configurations de plantation : Au plan intermédiaire, une parcelle est trouée de dépressions mais sans murets de protection, signe que l'ancien sol est plus profondément enfoui qu'au premier plan. Enfin, à l'arrière-plan, une parcelle est striée d'alignements bien réguliers de coupe-vent. Mais ce n'est pas là le plus intéressant : l'inscription manuscrite au dos de la carte désigne explicitement la raison du dispositif de culture, le vent, « qui est terrible sur cette île ».
DOCUMENT No 5 Ici, le dispositif utilisé est une longue bande encadrée de deux murs et barrée à intervalles de murets délimitant des compartiments mais il n'y a pas de creux. Les murets ne sont que des empilements de blocs de lave, sur une seule épaisseur, à travers lesquels on peut voir.
DOCUMENT No 6 Le photographe à l'origine de cette vue des spectaculaires ouvrages d'origine viticole de La Geria, a sans doute dû penser à l'aspect lunaire du paysage qu'il avait sous les yeux. Cette myriade de trous s'étirant en files serrées sur la pente volcanique ne laisse pas d'impressionner. Les cavités juste après le premier plan ressemblent à autant d'impacts de météorites. Étant donnée la légère plongée, on peut penser que le photographe a pris son cliché en étant perché à dos de chameau comme le personnage du premier plan.
DOCUMENT No 7 Nous avons affaire ici à une disposition marquée par la recherche de l'économie et de la rationalité : des coupe-vent en fer à cheval, aux parties latérales jointives, formant un alignement régulier, une large allée d'accès et de service séparant deux alignements consécutifs. Les creux sont à peine marqués.
DOCUMENT No 8 En dehors des murets semi-circulaires, on trouve à Lanzarote des cabanes en pierre sèche d'une facture assez fruste, le matériau volcanique ne permettant guère de prouesses constructives. À preuve la bâtisse suivante, située à Guinate, dans la partie nord de l'île, et répondant au nom de taro. En forme de cylindre-cône et à l'entrée grossièrement clavée, elle est précédée d'un petit enclos. La maçonnerie consiste en une épaisseur de blocs empilés laissant passer le jour entre eux.
Pour plus de renseignements et de photos sur Lanzarote et son paysage viticole, cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Lanzarote.
Sur les cabanes en pierre sèche de Lanzarote, cf. Les taros de l'île de Lanzarote (Canaries, Espagne) sur le présent site. Pour imprimer, passer en format paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as : Christian Lassure page d'accueil sommaire témoins
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