MURS DE SOUTÈNEMENT À CORNES À CARESANA, VAL ROSANDRA ET VIGNANO-OSP (TRIESTE, FRIOUL-VÉNÉTIE JULIENNE, ITALIE) ET À LOKEV (SLOVÉNIE) Retaining-walls with horn-like protruding stones at Caresana, Val Rosandra and Vignano-Osp (Trieste, Friuli–Venezia Giulia, Italy) and Lokev (Slovenia) Sergio Gnesda et Christian Lassure L'un des auteurs (Sergio Gnesda) a eu l'occasion d'observer des pierres en forme de cornes, fichées dans des murs de soutènement de terrasses, dans la campagne à l'est de Trieste en Italie. Les deux premiers exemples concernent le terroir du village de Caresana / Mačolje, un troisième concerne les pentes de Monte Carso - Val Rosandra (signalé par Umer Rocco), à la frontière avec la Slovénie. À ces exemples, il faut ajouter un mur à cornes (signalé par Sergio Gnesda) sur le terroir du village de Vignano-Osp. Ces pierres sont taillées dans le grès, qui est la pierre de la région de Trieste. En Slovénie même, des exemples ont été relevés par Boris Čok dans son village de Lokev (Corgnale). Ces murs à cornes sont tout ce qui reste d'anciennes treilles de vigne.
CARESANA / / MAČOLJE Premier mur Ce mur de soutènement présente à intervalles réguliers des sortes de cornes en pierre. Selon Elio Polli, ces crochets, reliés entre eux par des pièces de bois, sont des supports pour la vigne, à ce que son père lui disait.
Selon Michel Rouvière, spécialiste des terrasses de culture, les crochets devaient être reliés par des bigues en bois où pouvaient s'accrocher les longs pampres. Les cépages traditionnels de la région étaient le moscato (muscat) et le malvasia.
Deuxième mur On aperçoit, sur ce haut mur de soutènement qui borde un chemin, quelques cornes en pierre.
MONTE CARSO - VAL ROSANDRA Autre exemple de cornes fichées dans un mur de soutènement
sur les pentes de Monte Carso - Val Rosandra.
VIGNANO / OSP
Autre mur à cornes à Vignano / Osp
Pour l'architecte croate Branko Orbanić, le mur à cornes est associé à une armature de treille portée par des poteaux fourchus ou pauxfourches. L'emploi de consoles en pierre évite d'avoir à encastrer dans le mur le bout des pannes perpendiculaires à celui-ci : ainsi, elles pourrissent moins vite. De même, les paufourches sont plantés sur un dé en pierre pour éviter le pourrissement. LOKEV (Slovénie occidentale) Selon Boris Čok, qui habite à Lokev, petite ville de la Slovénie occidentale proche de la frontière avec l’Italie, les cornes sont appelées kamnite kljuke, c'est-à-dire « crochets de pierre ». L'ensemble formait la treille (latnik) ou pergola en italien, sur laquelle s’accrochaient les pieds de vigne. Ceux-ci étaient plantés contre le mur entre deux crochets. Ils étaient appelés samorodka car ils n'avaient pas besoin de traitement de pulvérisation. Le cépage rouge s’appelait bekonka et le raisin bekon ou guštano car il était déjà mûr en août. Cette caractéristique est importante car le froid à Lokev est beaucoup plus fort que sur le Karst. Le mildiou, après le 1919, causa d’énormes dégâts aux vignes de sorte qu'elles ont presque toutes disparu. La quantité de vin produite à partir de ce petit raisin rouge n’était pas grande et était consommée en famille dans sa totalité.
Les murs en pierre sèche protégeaient les plants contre les fortes et
froides rafales de bora, vent local qui, dans Karst et à Trieste,
souffle avec des pointes atteignant jusqu’à 200 km/hr. À Lokev, il y a encore
beaucoup de murs à cornes, car le village, qui est à 450 mètres d'altitude,
est l'un des plus élevés du Karst. Le climat y est plus froid et donc les
plants de terano (cépage local de vin rouge de goût très
marqué) ne pouvaient pas pousser sans protection.
Pour imprimer, passer en mode paysage
© CERAV Référence à citer / To be referenced as :
Sergio Gnesda, Christian Lassure |