L'ARCHITECTURE RURALE EN PIERRE SÈCHE FACE À L'IMPOSTURE : Dry stone rural architecture up against imposture: the Desaullian myth of the Celtic borie Christian Lassure 1re version : dans L'Architecture rurale en pierre sèche, t. 2, 1978, pp. 194-205 2e version, augmentée : dans L'Architecture vernaculaire rurale, suppl. No 2, 1980, pp. 68-79
En 1965, paraissait aux éditions Picard, à Paris, un livre intitulé Les bories de Vaucluse. Région de Bonnieux. La technique, les origines, les usages, dont l'auteur était Pierre Desaulle, ingénieur des Arts et Manufactures à la retraite. Cet ouvrage, qui consistait, pour une partie, en la réunion de divers articles déjà parus dans des revues de sociétés savantes (1), était le premier livre jamais édité et diffusé traitant du seul sujet des cabanes en pierre sèche. Avant sa parution, l'amateur devait se rabattre, du moins pour la Provence, sur les quelques dizaines d'articles publiés dans divers bulletins et revues et d'un accès difficile. On conçoit donc le succès que connut le livre de Desaulle, tant en Provence même que dans d'autres régions. Pour certains, le livre devint bientôt, sinon une vraie bible, du moins un ouvrage de référence qu'il convenait désormais de mentionner dans toute étude et dans toute discussion. Confirmant ce succès, une réédition eut lieu en 1976, mais à titre posthume, l'auteur étant décédé en 1974.
Il n'est pas aujourd'hui d'ouvrage sur la Provence, que ce soit livre d'architecture rurale ou guide touristique, qui ne se réfère implicitement ou explicitement à la vision desaullienne des "bories" et en particulier à ce qu'il faut bien appeler, une fois critique faite, le mythe de la "borie celtique". Ainsi, si l'on ouvre à la page 493 le guide encyclopédique illustré Les mille visages de la campagne française publié en 1976 par Sélection du Reader's Digest (2), on trouvera dans le cadre d'un sous-chapitre consacré au Pays d'Apt et au Lubéron, un paragraphe intitulé "Mystérieuses 'bories' " et comportant un encadré reprenant "l'évolution du procédé empirique des bâtisseurs celto-ligures", schéma figurant au chapitre IV de l'ouvrage de P. Desaulle. Quand on sait que ce schéma ne repose sur aucune preuve archéologique et n'est qu'une vue de l'esprit (cf. infra), on a du mal à imaginer que la personne chargée, parmi les rédacteurs du dit guide, du chapitre sur la Provence, ait eu une complète éclipse de l'esprit critique et ait omis de s'assurer du bien-fondé du schéma desaullien. Que le mythe de la "borie celtique" ou "celto-ligure" puisse encore être pris pour argent comptant dans un ouvrage récent rédigé par des universitaires, voilà un fait trop grave et trop irritant pour ne pas provoquer de réaction de la part du spécialiste sous la forme d'une mise au point qu'il espère définitive. Nous allons donc examiner, point par point, les thèses desaulliennes sur la nature et l'âge des "bories" et l'argumentation qui s'y rapporte. Dans le chapitre intitulé "Les premières constructions en pierres sèches", P. Desaulle développe tout d'abord l'argument selon lequel les "clapiers" ou tas de pierre qui se voient sur le plateau des Claparèdes à l'est de Bonnieux (Vaucluse), "tas assez régulièrement espacés" (p. 34) et ayant "des volumes assez comparables entre eux, soit de 2 à 3 m3" (p. 47) sont "à n'en pas douter, de(s) cabanes néolithiques effondrées" (p. 34). Il en veut pour preuve que les sites où ces clapiers se trouvent "ont été reconnus comme étant des habitats néolithiques" (p. 34) et que ceux qui ont été fouillés "ont livré généralement des objets néolithiques" (p. 47). Tant de naïveté ou de cécité fait sourire. À défaut de comptes rendus de fouilles circonstanciés (ces fouilles remontent aujourd'hui à 60 ans) comportant le relevé de ces prétendues cabanes, comment ne pas voir dans ces clapiers le résultat de l'épierrement à une époque historique (qu'il est possible de cerner en faisant appel à ce qui est connu de l'histoire économique du terroir) d'un site occupé au Néolithique. Déjà en 1904, Fernand Sauve, évoquant l'abandon de la culture consécutif à l'épuisement des sols sur le plateau des Claparèdes, soulignait l'origine prosaïquement agricole des clapiers amoncelés sur des points sacrifiés par les propriétaires (3). Il n'y a rien d'extraordinaire à ce que des objets néolithiques, ramassés sur le site lors de son épierrement, se retrouvent dans les clapiers ! L'auteur est victime de la même démarche aberrante lorsqu'il évoque l'existence possible de cabanes du Bronze sur ce même plateau au lieu dit Les Auzières. Les vestiges en question sont des "fonds de cabanes" (p. 49) ovales de 2 à 3 m de long et de 1 à 1,50 m de large "marqué(s) par un grossier mur de pierres empilées sans ordre sur une hauteur n'atteignant pas 1 m" (p. 49). Le site des Auzières "(devant) être daté de l'âge du bronze", ces cabanes "peuvent dater du bronze". Le "peuvent" ici n'est pas de trop car rien ne saurait être plus conjectural : l'existence de murs de cabanes ruinées (ce qui n'est pas la même chose que des "fond de cabanes", expression aux connotations stratigraphiques) sur un site antique n'introduit pas automatiquement une relation de cause à effet entre celui-ci et ceux-là. Singulièrement, par un effet d'entraînement, l'éventualité devient "probabilité" quelques pages plus loin où, sous la photo d'une "Cabane des Auzières" ruinée, se lit la légende "Probablement de l'âge du bronze". L'auteur ne précise pas si la probabilité est à 50 ou 80% ou à 99%. Les paris sont ouverts ! Même démarche intellectuelle à nouveau pour une prétendue cabane du Hallstatt. Ayant découvert, sur le site "probablement de Hallstatt" (p. 50) de l'oppidum barré de La Combette au sud de Bonnieux, "les ruines d'une cabane, faisant apparaître des murs verticaux sans trace d'encorbellement", "L'intérieur (...) rempli de pierres d'assez grandes dimensions, en quantité insuffisante pour provenir d'une couverture en fausse voûte mais qui pourrait être ce qui reste d'une toiture à une ou deux pentes, posée sur une charpente reposant sur des murs qui ont encore 2 m de hauteur" (p. 50), P. Desaulle ne se fait faute d'y voir une possible cabane du Hallstatt, même s'il ne dispose pas du moindre élément archéologique de datation. Qui plus est, cet édifice et un autre plus ou moins analogue "pourraient donc être l'anneau reliant la cabane néolithique et du bronze" (sic, "et celle du bronze", faudrait-il dire) "à celle des âges postérieurs" (p. 50). Le pas est vite franchi : à la page suivante se trouve une photo légendée "Pré-borie de La Combette". A l'appui de cette hypothèse sans nuances, l'auteur cite "certains habitats" du Hallstatt "sur la rive droite du Rhône", présentant "des habitations d'un type nouveau qui tend à se rapprocher de ceux couverts en fausses voûtes" (p. 53) (4). De façon pour le moins contradictoire, le premier exemple cité est en fait non pas des habitations mais les quatre tombes couvertes par des pierres sèches disposées en encorbellement de la nécropole à incinération de Canteperdrix à Calvisson (Gard), fouillée en 1911-1912 par le docteur Emile Marignan (5) et datée par celui-ci du Chalcolithique. L'exemple n'est guère convaincant, comme le reconnaît d'ailleurs P. Desaulle lui-même, car la destination est funéraire et non pas d'habitation et la date est non pas le Chalcolithique mais le Hallstatt (il y aurait eu là un vieillissement exagéré de la part du Dr. Marignan). Le deuxième exemple cité en renfort est celui de l'habitat proto-historique de Roque-de-Vieu à Saint-Dionisy (Gard), fouillé par le même Dr. Marignan en 1912 et daté sans contestation du premier âge du fer (6). E. Marignan ayant écrit : "Elles [les cabanes] sont voûtées en encorbellement, mode de couverture en usage dans le pays", P. Desaulle ne cherche pas à vérifier s'il s'agit là d'une constatation faite lors de la fouille même ou d'une extrapolation de l'auteur. En effet, la petite phrase d'E. Marignan laisse entendre que celui-ci a fouillé des constructions intactes, encore couvertes de leur voûte encorbellée. Si tel est bien le cas, il faut convenir qu'il s'agit là d'un exemple unique car aucune découverte postérieure n'a confirmé l'existence de telles voûtes dans des habitats du premier âge du fer. L'absence de plus amples détails ne peut qu'introduire le doute quant au bien-fondé de l'assertion du Dr. Marignan. Ce doute, en tout cas, n'est pas partagé par P. Desaulle qui prend pour argent comptant les dires de son prédécesseur. La seule restriction qu'il fasse, consiste à dire qu'"il s'agit non pas de la fausse voûte en encorbellement (...), mais de couvertures en encorbellement simple qui ne ressortissent à aucune technique particulière" (p. 54). Nous arrivons à présent au point essentiel des thèses desaulliennes : "c'est au second âge du fer que la fausse voûte en encorbellement fait son apparition dans la région de Bonnieux" (p. 56). Les preuves (supposées) de cette assertion se trouvent quelques 170 pages plus loin, au chapitre VII ("Essai de datation"). Le lecteur qui a la patience d'aller jusque là, en est quitte à lire un tissu de prétentions et d'absurdités ne faisant que confirmer l'incompétence et le manque de discernement de l'auteur au plan des méthodes et des critères de datation en archéologie. La démarche initale de P. Desaulle apparaît alors au grand jour : dès l'origine de ses travaux, il a opéré un classement des constructions en fonction de leur "technique" plus ou moins "médiocre", ce critère étant à ses yeux le signe d'un "archaïsme" plus ou moins prononcé, ce dernier caractère étant lui-même synonyme d' "ancienneté" (p. 224). Sans aller, à ce point de sa démarche, jusqu'à désigner une époque précise, il considère son impression toute subjective d' "ancienneté" comme étant un critère déterminant. Quelques-unes des caractéristiques qu'il retient comme gages d'"ancienneté" sont données à propos d'une "borie" au lieu dit Les Eyrolles : "J'ai eu l'impression de me trouver en présence d'une borie très ancienne. Plan très irrégulier, parois épaisses (1,45), rapport H/L (7) faible (1,14), parois extérieures très inclinées, aspect archaïque" (p. 224). Autant de caractéristiques (décrites au chapitre IV, "Caractères architectoniques des bories") qui, qu'elles soient isolées ou réunies, sont en elles-mêmes inutilisables comme éléments de datation, n'attestant qu'une technicité plus ou moins grande. L'impression de l'auteur se renforce lorsqu'à "l'aspect archaïque" s'ajoute l'incorporation de l'édifice à un mur qu'il présume "celtique" (p. 225); là encore, le caractère "celtique" du mur relève d'une impression purement subjective, aucun élément sérieux de datation, qu'il soit architectural ou archéologique, n'intervenant à ce niveau de sa démarche. Il en est d'ailleurs conscient : ainsi, la "borie" B. 177 a son mur d'inclusion "presque certainement celtique" mais "dont l'ancienneté reste à démontrer" (p. 225); et plus loin : "ces murs ne sont malheureusement pas du type 'murus gallicus' " (pp. 225-226). La solution au problème est donc de démontrer le caractère indubitablement celtique des murs d'inclusion, pense alors notre chercheur. Appel est donc fait aux vestiges céramiques. Un mur dans le secteur de La Garenne Nord, de plus de 3 m de hauteur et de 4 m d'épaisseur, se développant sur plus de 200 m et comportant une "borie" ruinée, est jonché, ainsi que ses abords, d'une très grande quantité de tessons qui "doivent être attribués au gallo-romain précoce" (p. 227). Poussant ses ramassages plus à fond, l'auteur trouve sur le site des tessons qu'il estime, par comparaison, être "identiques" à la céramique de la Tène III. Il n'en faut pas plus pour faire du mur un mur de la Tène III, déduction pour le moins confondante, car, en fait, si la poterie date quelque chose, c'est le site et non pas automatiquement les ouvrages lithiques qu'il porte, lesquels peuvent être postérieurs et d'origine agricole. Quant à la présence de débris céramiques gallo-romains sur la surface du vaste mur décrit, si celui-ci est un mur d'épierrement, de même nature par exemple que les vastes "murées" de Bourgogne (8), il est tout à fait normal qu'y aient été jétés des vestiges de poteries ramassés dans le champ qu'il borde, à l'occasion de travaux agricoles (défoncements, épierrage). L'auteur ne s'arrête pas à ce genre de considération : "Les autres murs du secteur sont identiques à celui de la cote 516 [c'est-à-dire de La Garenne Nord], et je pense donc les considérer, dès maintenant, comme étant, eux aussi, de la Tène III, ce qui ne m'empêchera pas de continuer à rechercher la preuve de cette hypothèse" (sic) (p. 228); et encore : "je crois pouvoir affirmer, dès maintenant, que les bories 183, 184, 185, [etc.] sont celtiques. Les bories 28, 29, [etc.] le sont probablement aussi, sans que l'on puisse en ce moment l'affirmer" (p. 228). On reste les bras ballants devant un tel raisonnement où la naïveté le dispute à l'inconscience. Quant bien même tel ou tel mur serait daté incontestablement de la Tène III, la présence d'une construction en son sein ne ferait pas automatiquement de celle-ci un vestige contemporain du mur. Sur des sites de plateau occupés dans l'antiquité et souvent défrichés aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, les ouvrages lithiques existants ont été remaniés plus ou moins profondément. L'histoire des plateaux rocailleux de Provence, avec leurs sites d'oppida, ne s'est pas arrêtée il y a deux millénaires (9). P. Desaulle termine sa démonstration sur une note hautement optimiste : "Il est certain qu'au fur et à mesure des recherches qui seront faites dans le secteur le nombre de bories celtiques augmentera, car, à la Tène, la densité de la population était forte dans toute la région" (p. 237). Heureusement pour l'amateur de pierres sèches, cette prophétie est loin d'avoir trouvé, quelques décennies plus tard, un début d'accomplissement. Gageons que ce n'est ni un pur hasard ni le manque de successeurs. Le "terminus a quo" étant ainsi placé à l'époque de la Tène III, P. Desaulle se met en devoir d'examiner l'existence de "bories" aux périodes postérieures période gallo-romaine, période mérovingienne et sarrazine, Moyen Age, XVIe siècle, XVIIe et XVIIIe siècles, temps modernes. "On ne peut guère compter comme probablement gallo-romaines que les deux bories-observatoires B. 116 et B.147", déclare-t-il (p. 238). Ces "bories-observatoires" ont été décrites antérieurement au chap. VI ("Etudes des bories spéciales et des ensembles") : ce sont des constructions qui "Là où elles sont placées, (...) ne peuvent servir à rien d'autre qu'à l'observation" et qui sont "souvent accrochées à des parois rocheuses très abruptes"; "elles présentent généralement, à l'intérieur, un revêtement grossier soit en terre, soit en chaux maigre, soit en mortier rose de tuileau dit 'romain'" (p. 164). Sans preuve aucune, l'auteur y voit des postes d'observation "occupé(s) probalement en permanence par plusieurs guetteurs" (d'où le hourdis qui protège du vent), cela tantôt "lors des invasions barbares", tantôt lors "de l'occupation sarrazine de la Provence", tantôt lors des guerres vaudoises. Le genre d'argument invoqué pour étayer ce type d'affirmation est des plus ridicules : "Les vues de cette borie étant uniquement dirigées vers le sud, on pourrait en déduire qu'elle date de l'époque des invasions sarrazines, soit du IXe siècle" (p. 170). Sans doute, si la direction avait été le Nord, l'auteur n'aurait eu aucun mal à faire intervenir les Vikings ... Pareillement, telle autre "borie" devient gallo-romaine par la grâce du hourdis de tuileau : "je sais que le mortier de tuileau n'est pas forcément romain, puisqu'on (en) faisait encore usage au XVIIe siècle, cependant, comme je n'en ai jamais trouvé de traces que dans cette borie et dans la B. 147 et jamais non plus dans les édifices plus récents, je crois pouvoir admettre que le revêtement de cette borie est bien gallo-romain" (p. 169). La logique du raisonnement fait pâlir d'admiration. Il suffit de baptiser "plus récents" (d'après quels critères ?) les édifices sans mortier de tuileau, et le tour est joué ! Quand le hourdis de tuileau ne suffit pas, il est fait appel à la proximité de vestiges gallo-romains, ainsi "un amas assez important de tuiles à rebords" (p. 170), "un (...) chemin antique construit suivant l'habitude des gallo-romains" (p. 173), comme si la contiguïté pouvait constituer en soi une preuve. En fait, ces "bories-observatoires", avec leur position de surveillance et leurs aménagements destinés au guet (ouvertures ébrasées vers l'extérieur), ressemblent fort à des postes de guet pour surveiller les récoltes au moment de la maturité, comme l'usage en est attesté en Provence (10) et dans d'autres régions (11), ou bien à des postes d'affût pour la chasse, pratique courante. À défaut d'arguments solides, permettant de dater véritablement ces deux "bories" de l'époque gallo-romaine, l'auteur en est réduit à retracer sur trois pages l'historique de l'occupation par les Romains de la haute Provence. Trois pages pour de simples cabanes des champs servant de postes de guet ou d'affût, voilà un bel exemple de compilation érudite qui tombe bien à plat ! Après les Romains, voici venir d'autres envahisseurs, les Mérovingiens et les Sarrazins. Le lecteur a droit à deux pages d'historique où il est question principalement des méfaits des uns et des autres. Et notre érudit de conclure : "On comprend d'après ce qui précède pourquoi le nombre des bories mérovingiennes est faible" (p. 243). Suit le Moyen Age et à nouveau deux pages d'historique. Le lecteur a droit à de nouvelles perles : pour P. Desaulle, la construction de "bories" est proportionnelle à l'augmentation de la population aux Xe et XIe siècles, et inversement proportionnelle à la fondation de villages aux XIIe et XIIIe siècles. Voilà un raisonnement qui, s'il n'a pour lui aucune preuve (sur quelles séries statistiques s'appuie-t-il ?), a néanmoins une logique imbattable. Nous en venons ensuite au XVIe siècle. L'auteur résume brièvement les théories développées antérieurement au chapitre VI ("Etude des bories spéciales et des ensembles"), à savoir le rôle des réfugiés vaudois dans le Lubéron : ils "construisirent des bories casemates (...), des bories ordinaires (...). Ils ont aussi réparé des bories endommagées (...). Ils ont aussi transformé plusieurs campagnes en centres de résistance (...), ils ont essayé de transformer les bories antérieures à leur arrivée en perçant dans les parois, sans succès le plus souvent, des embrasures pour leurs arquebuses" (p. 246). Pour l'argumentation détaillée, il faut se reporter au chapitre VI. Se trouvant confronté sur le terrain à des cabanes présentant des ouvertures ébrasées vers l'extérieur, P. Desaulle est amené à faire la distinction suivante : - il y a d'une part "des postes de chasse utilisés pour la chasse aux grives et au sanglier", "simples cabanes grossièrement édifiées et non de véritables bories" (p. 161); - il y a d'autre part les "casemates vaudoises", "de petites dimensions, la surface intérieure étant de l'ordre de 2 m2", et dont la "technique est généralement mauvaise" et qui "sont (...) placées dans des endroits judicieusement choisis" (p. 162). Arguant du fait que ces édifices "sans être très anciens sont au moins du XVIIIe siècle" (p. 159) (assertion qui ne repose sur aucune preuve) et "qu'à cette époque la chasse était un droit seigneurial qu'on ne pratiquait guère à l'affût" (p. 152), il estime qu'ils doivent être l'uvre des résistants vaudois. Le cur de son argumentation est la configuration particulière des ouvertures : si celles-ci sont ébrasées vers l'extérieur, c'est tout simplement pour permettre le tir pivotant des arquebuses, dirigé évidemment par des Vaudois embusqués dans les cabanes. Les débuts de l'emploi de l'arquebuse en France remontant à 1537 et la répression contre les Vaudois datant de 1545, l'auteur date ces "bories-casemates" de 1540 environ. Voilà, à partir d'une affirmation non fondée, tout un enchaînement d'une belle logique, lequel ne peut que forcer l'admiration par sa hardiesse ... Un véritable roman est bâti à partir d'un simple détail architectural. Jamais, il n'est fait appel à des arguments solides comme par exemple d'éventuelles relations des événements écrites par des contemporains. L'auteur n'est pas en mal d'imagination pour répondre aux objections; qu'on en juge : "On m'a objecté que les Vaudois étant des paysans et par suite, peu fortunés, ne pouvaient guère posséder des armes à feu. Sans doute, mais ils ont fait comme tous ceux qui veulent résister à une oppression quelconque : ils se sont armés aux dépens des oppresseurs" (p. 163). Cela se passe de commentaire.
D'autres constructions, une trentaine, présentent des "meurtrières très maladroitement percées dans les parois" (pp. 162-163) : là encore le deus-ex-machina vaudois vient à la rescousse : "Les Vaudois ont essayé aussi de transformer en casemates les bories qui existaient dans le secteur au moment de leur arrivée" (p. 162) (12). La même interprétation fumeuse est retenue pour ce que l'auteur appelle des "grands ensembles", c'est-à-dire des "oppida ou habitats caractérisés par le grand nombre de bories et l'abandon des murs de clôture ou de défense" (p. 182). Là encore son affabulation hypothético-déductive donne à plein. Ainsi, à propos d'un "ensemble" situé dans la zone dénommée "Le pays des Femmes", il écrit : "Vers 1540, un assez fort contingent de Vaudois a dû se réfugier dans ce site facilement défendable et pendant que les hommes effectuaient des expéditions punitives sur les châteaux et les villages catholiques, les vieillards et les enfants restaient dans cet asile sous la garde des femmes dont le courage était au moins égal à celui des hommes. Je pense que le nom de ce secteur vient de la part prise à sa défense par les femmes vaudoises" (p. 182). Quand on saura que le toponyme "le pays des Femmes" est une réinterprétation salace, sinon pudibonde, par un scribe du XIXe siècle, d'un toponyme plus ancien mal compris ("le pays des Cons.", abréviation de "Consuls"), ainsi que nous l'apprend Jean-Paul Clébert dans "Vivre en Provence" ... (13). Le reste est du même acabit, tout aussi fantaisiste (14). Passons aux constructions prétendument des XVIIe et XVIIIe siècles : ici, les pseudo-critères employés sont d'ordre morphologique et technique : "Le plan tant intérieur qu'extérieur est très régulier. Elles sont presque toujours carrées ou rectangulaires. Les parois extérieures sont rigoureusement verticales. Le toit est en pyramide rectangulaire à faces planes ou évoque le profil des combles à la Mansart (...). Elles présentent presque toujours une corniche légèrement saillante sur laquelle le toit repose un peu en retrait. Elles sont le plus souvent dépourvues de fenêtres. Leur technique de construction est très soignée. Les portes sont avec linteau et les pieds droits sont bien verticaux" (p. 247). En réalité, rien n'autorise P. Desaulle à affirmer que ces constructions seraient du XVIIe ou du XVIIIe siècle plutôt que du XVIe ou du XIXe. L'élaboration technique en soi ne donne pas l'âge d'une construction : elle est le signe d'une plus ou moins grande habileté du constructeur, selon qu'il s'agisse d'un paysan ou d'un maçon professionnel par exemple. L'auteur aurait dû faire appel soit à la tradition orale, soit aux archives et aux cadastres. Il n'est question d'aucune recherche de ce genre dans son livre.
Ce n'est qu'après avoir daté toutes les constructions rencontrées selon l'approche scientifique de rigueur que l'auteur aurait pu tenter de voir en quoi les XVIIe et XVIIIe siècles avaient donné lieu à des types différents de ceux des époques antérieures. En fait, la démarche a été inverse : à partir du pré-supposé qu'il y a eu une lente évolution des procédés et des techniques de construction sur plus de 2000 ans, P. Desaulle a établi une chronologie relative des édifices en allant du plus simple au plus complexe techniquement et s'est ensuite efforcé de relier les édifices présentant le même degré d'élaboration à telle ou telle période historique en recourant à des éléments allant dans le sens de son idée préconçue. C'est donc une perspective exclusivement diachronique qu'il a adoptée, évacuant toute possibilité de synchronie pour différents niveaux techniques. Cette chronologie relative des édifices, ordonnés du pélus rudimentaire au plus sophistiqué, se trouve exposée dès la première partie de l'ouvrage, au chapitre IV, dans le cadre d'une subdivision intitulée "Edification d'une borie" et bâtie sur la vue de l'esprit qu'il a fallu aux Provençaux la bagatelle de 2000 ans pour parvenir à réaliser une voûte d'encorbellement bien équilibrée. P. Desaulle prend pour premier constructeur "un Celto-Ligure, probablement" (ce dernier terme mis sans doute à la place de "vraisemblablement"), qui "ne connaît la technique que par ouï-dire" et qui "n'a vu ni les tombeaux de Mycènes, ni les nuraghi de Sardaigne" (l'auteur ne dit pas si notre homme a visité les cairns bretons à tombes voûtées en encorbellement, comme celui de Barnenez en Plouèzoc'h (Finistère) ...); de ce fait, "il commet une faute grave : celle d'exagérer le dépassement des lits de pierre". Le résultat : patatras ! Mais "Comme c'est un être doué d'intelligence", "en diminuant le dépassement", il réalisera une voûte plus stable. "Enfin, s'il vit assez longtemps et qu'il apprenne ce que c'est qu'un centre de gravité et un polygone de sustentation" (une école d'ingénieurs serait peut-être indiquée à ce stade ...), il fera "commencer l'encorbellement de la voûte non pas à 2 m de hauteur mais au niveau du sol". "A ce moment, il sera peut-être sujet du Souverain Pontife, puisque Bonnieux a été territoire pontifical jusqu'à la Révolution" (pp. 72-74). Voilà notre Celto-Ligure propulsé, par un hardi télescopage historique, 2000 ans plus tard ! Cette belle vision d'une lente mais régulière progression de la technique de la voûte d'encorbellement appliquée aux cabanes de pierre sèche, est complétée par une série de critères morphologiques et architecturaux retenus à des fins de datation relative et illustrée par des exemples. On en trouve le résumé tout en fin d'ouvrage (pp. 249-251) : 1 - épaisseur des parois : édifices anciens : jusqu'à 1,60 m; édifices des XVIIe et XVIIIe siècles : de moins de 0,60 à 0,45 m; 2 - rapport H/L entre hauteur intérieure et plus petite dimension en plan : édifices récents : H/L : jusqu'à 2,3; édifices anciens : H/L : au-dessous de 1,25 et même parfois au dessous de 1; 3 - aplomb des parois extérieures : plus elles sont inclinées, plus l'édifice est ancien; pour les édifices des XVIIe et XVIIIe, elles sont verticales; 4 - aplomb des parois intérieures : édifices récents : courbe à partir du sol; édifices anciens : courbe à partir d'au moins 1 m; 5 - couleur des pierres : le calcaire du Luberon, noircissant, plus un édifice est noir, plus il est ancien; 6 - irrégularité du plan (plans aberrants exclus) : avant le XVIe siècle, plans irréguliers (carrés à angles droits, côtés légèrement inégaux, cercles imparfaits, etc.); 7 - placards : généralement absents des édifices anciens; presque toujours présents dans les récents; 8 - portes (l'auteur veut dire "entrées") : entrées en trapèze plus anciennes qu'entrées à piédroits verticaux.
Ce qu'on peut retenir d'une telle énumération, c'est que l'auteur évacue allègrement dans le passé tout ce qui, à ses yeux, ne relève pas de la normalité rectiligne, verticale, etc., et d'une certaine maîtrise technique. Il serait trop long de reprendre un à un tous ces critères illusoires (15). Le dernier de la série suffira : la forme en trapèze d'une "porte" peut s'expliquer tout simplementé par le fait que la dalle réservée pour le linteau n'est pas assez longue ou épaisse : ce défaut sera compensé par l'empilement avec dépassement des blocs formant les piédroits. Nul besoin donc de faire intervenir une quelconque antériorité d'une solution par rapport à l'autre. Jusqu'à présent, nous n'avons examiné de l'approche desaullienne à la datation des "bories" de Bonnieux, que les critères strictement archéologiques et architecturaux. Cette approche se complète, au chapitre VII ("Essais de datation; ce que disent les textes anciens"), d'une étude de documents écrits, laquelle, dans l'optique de l'auteur, est "la meilleure façon d'aborder le problème" (p. 203). Il convient donc d'examiner, un par un, les éléments d'information que l'auteur a cru pouvoir tirer des textes et de déterminer dans quelle mesure ces éléments sont pertinents. Cité en premier lieu est le préfet romain Rutilius Numitianus qui, en 417, dans son "Itinerarium", relation de voyage en Gaule dévastée par les barbares, s'écrie : "Il faut rebâtir, ne fût-ce que des cabanes de bergers". Et P. Desaulle de conclure : "On ne peut évidemment pas affirmer qu'elles sont du même type que celles existant avant 417, mais il y a tout de même de fortes présomptions". L'auteur cite ensuite la mention "unam cabanariam cum omnibus terris" rencontrée dans le cartulaire de Saint-Victor de Marseille (1010) et s'appliquant au voisinage de Sault. Nous n'irons pas comme lui jusqu'à voir là une "borie" : la "cabane" des textes médiévaux voire post-médiévaux est généralement une habitation très fruste, couverte de chaume, propre aux couches les plus humbles de la population rurale (16). L'absence de détails sur les matériaux et les procédés de construction ne permet pas de dire qu'il s'agit d'une cabane de pierre sèche. La mention suivante est des plus inattendues. Il s'agit du "De vita solitaria" du poète italien du XIVe siècle, Pétrarque, exilé en Provence. Celui-ci parle, à propos de la vie paysanne, de "cabanes enfumées". Il n'en faut pas plus pour que P. Desaulle déclare : "Lorsqu'on a eu l'occasion de visiter les bories de Gordes, on ne peut pas nier que ce sont bien de celles-ci que parlait Pétrarque". Effectivement, certaines "bories" de Gordes, à usage d'habitation saisonnière, ont leurs parois intérieures couvertes de suie. Mais de là à prendre pour des "bories" ce qui sous la plume de Pétrarque n'est qu'une image sans plus, il y a un pas qu'on ne peut franchir qu'avec une imagination débordante. Les mentions suivantes ne sont guère plus convaincantes : - registre de cens et de propriété pour Gordes au XVe siècle où il est question de "terra a las cabanas" et de "vierger a las dos cabanas"; - acte de vente de notaire du XVIIe siècle à Sault où il est question de "cabane" (17). P. Desaulle reconnaît le peu de valeur de ces mentions : "tout ceci est assez confus et les témoignages apportés par les textes sont d'inégale valeur", mais de préciser aussitôt que "l'on peut en tirer des conclusions précises à condition de les examiner avec un esprit critique exempt de toute idée préconçue" (p. 206). On peut douter que cette phrase puisse lui être appliquée. Le développement sur "l'aide des textes au problème de la datation" se termine par un examen de l'origine du terme "borie" au cours duquel l'auteur montre à l'envi, comme pour les autres questions, son incompétence. Huit pages de discussions oiseuses sont consacrées au terme français "borie" (féminin), alors que celui-ci, encore aujourd'hui, est ignoré des paysans provençaux, lesquels usent de "cabane" ou "cabanon" et que dans la toponymie n'apparaissent que les lieux-dits "les cabanes" (toujours au pluriel) et jamais "les bories" pour les groupements de cabanes. Le toponyme "la borie" ou "les bories" se rapporte toujours à une ou plusieurs fermes (18). Peu importe donc que le mot soit d'origine ibère plutôt que ligure (comment l'auteur peut-il faire de la coïncidence au sens propre de la zone de diffusion de la racine ibère "garik" et de celle du terme "borie" une preuve de l'origine ibère de ce dernier mot, sans prendre en compte l'éventualité d'une coïncidence au sens figuré ?). Peu importe qu'il ait été introduit entre 1663, date de la "cabane" de Sault, et 1770, date du commencement de la carte de Cassini où il figure (encore faudrait-il s'assurer par de véritables recherches d'archives que le terme ne figure pas antérieurement au XVIIe siècle). Le vocable "borie" n'a jamais désigné les cabanes en pierre sèche provençales (pas plus d'ailleurs que les cabanes périgourdines). Il correspond à l'introduction, dans le domaine de l'architecture rurale provençale, d'un terme signifiant jusqu'alors "métairie", "ferme" et pris dans l'acception nouvelle de "cabane" par des archéologues de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Outre "cabane", "cabanon", désignations générales, la langue vernaculaire dispose de vocables se rapportant à la fonction : "agachon" (poste de chasse), "granjon" (grangette), "jas" (bergerie), "apié" (niche à ruche), "font" (fontaine couverte), "eiguié" (citerne), "clapié" ou "clapas" (pierrier), "restanco" (mur de terrasse), "cassié" (borne), etc. (19) En conclusion, que retenir de la tentative desaullienne ? Si l'on expurge tout ce qui est hypothèses fumeuses et datations fantaisistes, tous les longs développements et les fastidieuses notes concernant l'histoire et l'archéologie de la Provence depuis le Néolithique jusqu'aux Vaudois, inutiles compilations tirées d'autres auteurs et sans rapport véritable avec le sujet, il ne reste en somme, d'un ouvrage totalisant 274 pages, qu'un certain nombre de données objectives relatives à l'architecture proprement dite des bâtiments et qui ne sauraient être contestées (sinon, parfois, dans le détail). Une cinquantaine de pages aurait suffi amplement à les publier (20).
En fait, le livre de P. Desaulle nous renseigne indirectement sur le personnage lui-même autant que sur les cabanes de Bonnieux. Tout au long s'y lit une certaine pathologie mentale et intellectuelle. Il y a tout d'abord la vision exclusivement archéologique d'un phénomène qui relève au premier chef de l'ethno-histoire des sociétés rurales. L'auteur lui-même reconnaît indirectement, dès son introduction, cette optique particulière qui est la sienne : "Il [l'auteur]a simplement essayé de lever un coin du voile qui recouvre un problème fâcheusement ignoré par les archéologues, même ceux qui, habitant la région, auraient été placés, mieux que lui, pour apporter à ce problème une solution sans doute meilleure et plus complète" (p. 7). À lire ces lignes, on serait presque tenté de croire à une conspiration du silence de la part des archéologues. En réalité, ceux-ci n'avaient pas à se pencher sur des constructions qu'ils considéraient, et à juste titre, comme relevant non pas du champ de l'archéologie mais de celui de l'habitat et de l'architectures rurales des Temps Modernes. Pour eux, il n'était pas plus question d'étudier les "campagnes", c'est-à-dire l'habitat permanent, du secteur de Bonnieux que d'examiner les "cabanes", c'est-à-dire l'habitat temporaire qui le double et qui, avec lui, relève d'une certaine organisation et utilisation de l'espace agricole aux XVIIIe et XIXe siècles. La déformation archéomane de P. Desaulle s'explique sans doute par le fait qu'il était trop imprégné des cours d'archéologie qu'à 75 ans il suivait à la Sorbonne et à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (21). Des cours d'ethnologie nous auraient peut-être valu un éclairage différent.
Il y ensuite le handicap causé par l'origine étrangère de P. Desaulle au terroir de Bonnieux, origine qu'il souligne dans cette même introduction : "Il est (...) assez paradoxal que ce problème ait été abordé, non pas par un érudit local (...), mais par un Parisien". Cela explique peut-être le fait que nulle part dans le livre on ne trouve de références à des témoignages oraux de gens de Bonnieux, regrettable lacune quand on sait le précieux apport que constitue toujours la tradition orale. Enfin, sans s'appesantir sur le style laborieux et le ton pompeux de l'ouvrage ainsi que sur sa phraséologie scientifique, il est un trait intellectuel chez l'auteur qui marque profondément son ouvrage : c'est sa manie de bâtir des raisonnements logiques à partir d'hypothèses ou d'affirmations non fondées et, qui plus est, d'utiliser ces raisonnements comme éléments d'interprétation et de datation. Ne dit-il pas en conclusion de son livre (p. 255), et c'est bien là symptomatique : "Au terme de ce travail, certains lecteurs à l'esprit critique aiguisé, trouveront, peut-être que je n'ai rien démontré [sur ce point, nous ne le contredirons pas], ou si peu de chose. Il est vrai, mais je me permets de dire avec Saint-Exupéry : 'La vérité, ce n'est pas ce qui se démontre', et d'ajouter de mon cru : 'Elle dépend, au moins, autant du raisonnement que de l'étude des faits matériels' ". Il est encore heureux que l'auteur ne fasse pas intervenir l'intuition ! Rapportée à l'ouvrage, cette ultime petite phrase résume assez bien le défaut essentiel de celui-ci : pas assez d' "étude des faits matériels" et trop de "raisonnement". NOTES (1) On en trouvera la liste dans L'A.R.P.S., t. 1, 1977, pp. 203-205 (Bibliographie de l'architecture rurale en pierre sèche de Provence). (2) Les mille visages de la campagne française, guide encyclopédique illustré, Sélection du Reader's Digest, Paris, Bruxelles, Montréal, Zurich, 1976. (3) Fernand Sauve, La région aptésienne. Etudes d'histoire et d'archéologie, dans Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 2e série, t. V, 1904, 2;e et 3e livraison, en part. pp. 138-139. (4) P. Desaulle distingue "l'encorbellement simple" mettant en uvre un nombre limité d'assises (deux ou trois) de "la fausse voûte en encorbellement" comprenant un grand nombre d'assises (parfois plus de quarante) (cf. pp. 260-261). (5) Dr. Emile Marignan, Nécropole à incinération de l'époque énéolithique de Calvisson, dans Compte rendu du Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, Nîmes, 1912, pp. 566-572. (6) Dr. Emile Marignan, L'habitat protohistorique de Roque-de-Vieu à Saint-Dionisy dans le Gard, dans Compte rendu du Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, Tunis, 1913, pp. 471-472. (7) Il s'agit du rapport entre la hauteur intérieure et la plus petite dimension en plan. (8) Les "murées" sont de vastes murs appareillés, atteignant jusqu'à 5 m de large, distincts des "murgers", amas plus informes, mais, tout comme ces derniers, résultant de l'épierrement en pays vigneron (cf. à ce sujet, André Jeannet, Les cadoles, dans Groupe 71, No 8, février 1971, pp. 19-21). (9) Que l'on pense par exemple au développement des "restanques" ou murs de soutènement de terrasses pendant le Moyen Age et lors de la deuxième moitié du XVIIIe siècle en Provence, développement lié à l'accroissement de la population et, partant, à la nécessité de conquérir de nouveaux champs (cf. à ce sujet, Roger Livet, L'habitat rural et les structures agraires en Basse-Provence, thèse de Lettres, Paris, 1962, Aix-en-Provence, éd. Ophrys, 1962, en part. pp. 173-174). (10) Cf. dans le présent tome l'article de M. Clément Amphoux, Note sur deux postes-de-guet du domaine de Sulauze à Istres (Bouches-du-Rhône), dans L'A.R.P.S., t. 2, 1978, pp. 94-95. (11) Cf. Jean Guilly, Cabanes et mergers d'un vignoble disparu au sud d'Auxerre (Yonne), dans L'A.R.P.S., t. 2, 1978, pp. 181-185. (12) Confronté à de semblables tentatives de modification dans des cabanes du secteur de Villes-sur-Auzon (Vaucluse), M. Maurice Allègre s'est contenté d'une explication plus prosaïque : "Certaines [cabanes], notamment celles comportant de multiples ouvertures, constituent aussi des postes de chasse (les chasseurs essayant parfois d'agrandir des ouvertures existantes ou d'en créer de nouvelles, il y a d'ailleurs là un danger certain pour la conservation de quelques bories)" (cf. Contribution à l'étude des "bories" de Vaucluse, commune de Villes-sur-Auzon, dans L'A.R.P.S., t. 1, 1977, pp. 69-85, en part. p. 77). (13) Jean-Paul Clébert, Vivre en Provence. Luberon, Pays d'Apt, Tchou éditeur, 1977, en part. p. 29. (14) Nous avons déjà eu l'occasion d'évoquer les thèses vaudoises de P. Desaulle dans une note de notre Bibliographie analytique et critique de l'architecture rurale en pierre sèche de l'Ardèche, dans L'A.R.P.S., t. 1, 1977, pp. 196-197. D'autres que nous ont été plus réservés dans leurs critiques : "Il semble (...) que le rôle des Religionnaires ait été surestimé par cet auteur", écrit Guy-Roland Galy dans L'habitat en pierres sèches. Essai de méthodologie, dans Bulletin des géographes français, No 328-329, novembre-décembre 1964, pp. 57-69, et en part. p. 67). (15) Nous avons dit ce que nous pensons de la validité de ce type de critère dans Éléments pour servir à la datation des constructions en pierre sèche, dans L'A.R.P.S., t. 1, 1977, aux pages 128-129 (Repères de datation architecturaux). Sur le plan pratique, leur utilisation conduit à de multiples contradictions, ainsi qu'a pu le remarquer M. Maurice Allègre au cours de son étude sur les cabanes de Villes-sur-Auzon (Vaucluse) (cf. note 12, op. cit., p. 75). Une même construction peut présenter en effet un mélange de caractères prétendument "archaïques" et "évolués". (16) Cf. À ce sujet, notre article, Eléments pour servir à la datation des édifices en pierre sèche, dans L'A.R.P.S., t. 1, 1977, en part. pp. 133-134. (17) L'auteur ne dit pas que la mention exacte précise "deux cabanes de pierres sèches, couvertes de paille avec leur aire, jardin et tènement". Il ne s'agit donc pas là d'une "borie". (18) En août 1977, au cours d'un exposé sur les "bories" de Provence donné par M. Jean Barruol au "village des bories" près de Gordes (Vaucluse), dans le cadre des activités de l'A.A.C.V.B., des gens natifs de Gordes se sont montrés étonnés que l'on emploie le terme "borie" là où eux-mêmes et leurs parents avaient toujours employé le terme "cabane". À cette occasion, nous avons appris que le groupement "le village des bories" était désigné localement par "les cabanes" et son homologue "le village noir" par "les dix cabanes". (19) Sur ces termes et d'autres employés en Provence, cf. notre étude, La terminologie provençale des édifices en pierre sèche : mythes savants et réalités populaires, dans L'A.R., t. 3, 1980, pp. 33-44. (20) Pour un résumé de ces données, cf. notre analyse, Les cabanes en pierre sèche de la commune de Bonnieux, compte rendu du livre de Pierre Desaulle : Les bories de Vaucluse. Région de Bonnieux., dans L'A.R.P.S., t. 2, 1978, pp. 96-112. (21) Précision apportée par Pierre Martel dans Une belle architecture ignorée, Les cabanes pastorales du pays de Lure, dans Semaine-Provence, l'hebdomadaire catholique de Provence, 6 septembre 1963, p. 10. Pour imprimer, passer en format paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as : Christian Lassure
page d'accueil sommmaire mythes
|