LES OUVRAGES D'ÉVACUATION DES EAUX LIÉS AUX TERRASSES DE CULTURE Systems for draining surface water off agricultural terraces Christian Lassure Si les gradins successifs constitués par les terrasses d'un versant brisent le ruissellement des eaux pluviales et favorisent leur infiltration dans la terre, il n'en demeure pas moins qu'un réseau de canalisations est nécessaire pour évacuer les eaux qui ne sont plus absorbées par le terrain lors de grosses précipitations. Des descriptions précises de ces réseaux pluviaux existent pour les Cévennes (1), l'Aveyron (2) et pour l'arrière-pays de la Côte Vermeille (3). 1. Dans les Cévennes gardoises et ardéchoises Dans les Cévennes, les éléments constitutifs de ces réseaux d'évacuation sont : - l'aiguier (en occitan aguièr), fossé creusé au pied du mur de soutènement afin de drainer les eaux de ruissellement vers le collecteur principal – soit ravine naturelle (valat en occitan), soit canal empierré bordé de murs – qui conduit les eaux vers le ruisseau coulant en bas de pente; - le tranchat ou trinquat (en occitan trencat ou trincat, tranchée), rigole qui parcourt le terrain obliquement et vient se déverser dans le collecteur principal. 2. Dans le vignoble de Marcillac (Aveyron) Dans l'Aveyron, sur les versants plantés en vigne de la région de Marcillac, ainsi que dans la vallée du Lot à Entraygues et à Coubison, la capalière (en occitan capalièra), collecteur principal, généralement empierré ou maçonné, dévale la parcelle dans le sens de la pente en récupérant l'eau des capes (en occitan capa), rigoles creusées le long de murs de soutènement (murailles portant cape) bâtis en oblique de part et d'autre sur le versant. 3. Dans le vignoble du Cru "Banyuls" (Pyrénées-Orientales) Le viticulteur du Cru "Banyuls" (c'est-à-dire les communes de Collioure, Port-Vendres, Bayuls-sur-Mer et Cerbère) protège sa parcelle en pente des pluies cataclysmiques à l'aide d'une agouille (francisation du catalan agulha, litt. "aiguille"), canal d'évacuation creusé dans la roche ou empierré et disposé verticalement sur le versant (dimensions : de 50 à 80 cm de largeur pour une profondeur équivalente). En haut de cette rigole principale, aboutissent trois rigoles secondaires – une verticale et deux obliques – qui forment avec elle une configuration rappelant une patte de coq, d'où le nom imagé de peu de gall (litt. "pied de coq" ou, pour reprendre l'expression d'Olivier de Serres en 1600, pied de géline). NOTES (1) Pour les Cévennes et l'Aveyron, cf. - Daniel Travier, L'espace construit : premier marqueur de l'identité cévenole, dans La remise en valeur des terrasses de culture cévenoles, Actes des rencontres d'Alès des 23 et 24 octobre 1997, Parc national / Réserve de biosphère des Cévennes, 1999, pp. 9-15, en part. p. 11; - Philippe Blanchemanche, Paysages ruraux et techniques agricoles (XVIIe-XIXe siècles), dans Pour une archéologie agraire (sous la direction de Jean Guilaine), Armand Colin, Paris, 1991, 576 p., en part. p. 269. (2) Pour l'Aveyron, cf. Jean-marie Tesseyre, Le vignoble du bassin du Lot avant la crise du phylloxéra, dans Revue du Rouergue, No 104, octobre-décembre 1972, pp. 347-359. (3) Pour le vignoble de Banyuls, cf. F. Poirot, C. Rosas, A. Dourdan, J.-M. Goyhenex et P. Palau, Les vignerons sculpteurs de montagne, dans Terres catalanes, 1994, No 5, pp. 32-49, en part. pp. 42 et 47-48; également : Françoise Alcaraz, L'environnement et le paysage au secours de deux viticultures héroïques. L'évolution récente des vignobles en terrasses de Banyuls (France, P.-O.) et des Cinque Terre (Italie, Ligurie), dans Sud-Ouest européen, No 5, 1999, pp. 89-92. Pour imprimer, passer en mode paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as :
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