DIVERSITÉ ET RICHESSE DE L'ARCHITECTURE EN PIERRE SÈCHE
Textes de Christian Lassure
Photos de Sergio Gnesda, Jean Laffitte, Dominique Repérant et Michel Rouvière
La plupart des cinquante photos qui suivent devaient faire partie, il y a quelques années de cela, d'une publication sur l'architecture en pierre sèche mais elles n'ont pas été retenues par l'éditeur. Comme leur ensemble constitue une sorte de panorama, certes incomplet, des vestiges de cette architecture rurale, nous avons choisi de les présenter dans le cadre du site pierreseche.com et d'en faire bénéficier les internautes passionnés par le sujet.
Ces photos sont l'œuvre de collaborateurs anciens ou actuels du Centre d'études et de recherches sur l'architecture vernaculaire (CERAV) : Sergio Gnesda, Jean Laffitte,
Dominique Repérant et Michel Rouvière.
Chaque photo est accompagnée d'une légende indiquant le lieu et la nature du vestige ou témoin et d'un descriptif plus ou moins détaillé.
Rubriques abordées :
murs de soutènement – murs de clôture – mur-pierrier (meurger) – terrasses à mur de soutènement – terrasses étagées dans un enclos – escaliers intégrés à des murs de soutènement – cornes de treilles de vigne – entourages d'oliviers – chemin bordé de murs – mur d'enclos-rucher – mur à abeilles – mur paravalanche – digue de galets – monjoie – mur porteur – voûtement par encorbellement – voûtement à arceau médian – voûtement clavé en berceau brisé – abri sous encorbellement – cabanes – écurie – grange-grenier et aire – poste d'affût – cabane d'habitation avec aiguier – cabane à degrés – cabane, pare-vent, remise et puits – cabane et pigeonniers – cabanon à toiture de tuiles – grange accolée à l'habitation – bergerie – date gravée – niche – âtre – banquette – construction expérimentale
MURS DE SOUTÈNEMENT
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Fig. 1 - Route des Estrets à Jouques (Bouches-du-Rhône) : mur de soutènement de terrasse. Photo de Jean Laffitte.
Le parement de ce mur de soutènement est formé de pierres calcaires, petites et grandes, dressées sur leur face vue et assemblées avec des joints très serrés et des cales extérieures. L’impression qui se dégage de la maçonnerie est celle d’un puzzle vertical sous l’arase de blocs de pression servant de couronnement. |
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Fig. 2 - Jas Jausserand supérieur à Saint-Jeannet (Alpes-Maritimes) : parement du mur de soutènement entourant une aire à battre. Photo de Jean Laffitte.
Les pierres calcaires ont leur face vue dressée et leurs faces de retour taillées. Elles sont assemblées quasiment à joints vifs, avec de très rares cales de parement, et disposées en quatre assises approximatives sous une arase bien horizontale. Curieusement, la règle du croisement des joints est loin d’être respectée : on note plusieurs joints montants, lesquels ne semblent pas avoir affecté la solidité du mur. |
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Fig. 3 - Jouques (Bouches-du-Rhône) : mur de soutènement de terrasse. Photo de Jean Laffitte.
Le parement de ce mur de soutènement est formé de pierres assemblées méticuleusement, avec des joints serrés; et de nombreuses cales extérieures, une assise de blocs de pression couronnant le tout. |
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Fig. 4 - Lieudit Les Fondons à Saignon (Vaucluse) : pan de mur de soutènement à l'appareil en chevrons. Photo de Jean Laffitte.
Son parement exhibe, de bas en haut, une semelle de gros blocs, trois rangées de moellons en chevrons ou épis, une première arase de lauses, une deuxième arase de gros blocs bien plats et enfin une rangée sommitale de moellons plantés bien droits comme des « i ». La réalisation d'une portion de mur en assises de chevrons suppose la collecte de moellons ayant plus ou moins la même largeur et la même épaisseur et pouvant être taillés facilement.
Dans le tome I d'Histoire de la France rurale, ouvrage collectif publié en 1975 sous la direction de Georges Duby et Armand Wallon, une photo présente ce mur comme étant de « tradition celtique »... |
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Fig. 5 - Rue du Pertuis à Aspremont (Alpes-Maritimes) : mur de soutènement d’un jardin villageois. Photo de Jean Laffitte.
Ce mur au profil très particulier est en maçonnerie de blocs disposés en boutisses, taillés sur leur face de parement et sur leurs faces de retour, assemblés à joints vifs et disposés par assises. Un gabarit cintré est indispensable pour sa confection. Le fruit théorique entre le sommet et la base est de 10% environ, mais le sommet est en surplomb de 30 centimètres par rapport au point le plus en retrait (en d'autres termes, sur le plan vertical, le mur est tout d'abord à talus, puis s'incurve mais, au lieu de se redresser, part en léger encorbellement). Ce profil n'est pas sans évoquer celui d'un barrage hydro-électrique moderne. On a construit ce type de mur dans les Alpes-Maritimes à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe. Curieusement, la courbe de la grille de fer de la fenêtre voisine semble se faire l'écho de la courbe du mur. |
MURS DE CLÔTURE
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Fig. 6 - Redortiers (Alpes-de-Haute-Provence) : chaînage d’angle du mur de clôture du cimetière. Photo de Jean Laffitte.
Le chaînage formé par l’alternance de boutisses et de parpaignes à l’angle des deux murs, contraste avec la piètre qualité du reste de la maçonnerie en pierre sèche. Le parement des pierres d'angle porte en creux la marque des éclats enlevés à coups de marteau. |
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Fig. 7 - Carcès (Var) : petit mur de clôture d’une propriété en bordure de route. Photo de Jean Laffitte.
La maçonnerie est en blocs informes de calcaire gréseux, ragréés en parement et ajustés les uns aux autres sous un chaperon de gros blocs effilés posés verticalement sur une arase. |
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Fig. 8 - Bonifacio (Corse-du-Sud) : long et haut mur d'enclos. Photo de Dominique Repérant.
Les parois du mur accusent un léger fruit. Leur parement est en petites pierres calcaires non assisées de forme irrégulière. De gros blocs sont employés dans la tête du mur. Le couronnement est une assise de dalles posées à plat, en léger débord et faiblement inclinées. |
MUR-PIERRIER (MURGER)
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Fig. 9 - Lieudit Rains à Joncy (Saône-et-Loire), vaste mur-pierrier ou murger bordant une ancienne vigne. Photo de Dominique Repérant.
Les pierres retirées de la parcelle lors de sa création puis de sa culture, ont été entassées entre deux parements pour gagner le maximum de terrain à cultiver. Le dessus du murger, jonché de petites pierres et d'esquilles, est arasé, comme pour permettre de s'y déplacer. |
TERRASSES À MUR DE SOUTÈNEMENT
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Fig. 10 - Vence (Alpes-Maritimes) : murs de soutènement de trois terrasses successives. Photo de Jean Laffitte.
Les blocs de calcaire dur, taillés en parement et en retour d'angle, s'ajustent les uns aux autres, formant une maçonnerie à joints vifs et quasiment sans cales de parement. Les murs au premier et au dernier plans se terminent par une arase de blocs de pression tandis que celui du plan intermédiaire superpose deux arases, signe d'un surhaussement au moment de la construction. |
TERRASSES ÉTAGÉES DANS UN ENCLOS
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Fig. 11 - Baška, île de Krk (Croatie) : anciennes terrasses viticoles ménagées dans un enclos. Photo de Sergio Gnesda.
Dans un creux du versant rocheux, s’étagent une douzaine d’anciennes terrasses viticoles soutenues par des murs en pierres crues. L’ensemble est protégé de la dent des moutons par des
murets ou des chaos de rochers. |
ESCALIERS INTÉGRÉS À DES MURS DE SOUTÈNEMENT
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Fig. 12 - Lieudit Grabelle à Vence (Alpes-Maritimes) : escalier d’accès à une terrasse supérieure. Photo de Jean Laffitte.
Cet escalier d’accès à une terrasse en amont est ménagé parallèlement au mur de soutènement, là où celui-ci fait un ressaut. Chaque marche est formée de deux blocs équarris posés côte à côte. La terrasse supérieure est occupée par l’aire d’une ancienne bergerie. La houppe d’un grand tilleul domine la bordure de la terrasse. |
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Fig. 13 - Lieudit Montchalvy à Largentière (Ardèche) : enfilade d’escaliers perpendiculaires aux murs de soutènement de terrasses. Photo de Dominique Repérant.
Ici, le dispositif prend des allures monumentales et empiète sur la terre cultivée. |
CORNES DE TREILLES DE VIGNE
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Fig. 14 - Village de Caresana à Trieste (Frioul-Vénétie julienne, Italie) : rangée de cornes en pierre ayant soutenu des treilles de vigne. Photo de Sergio Gnesda.
Ces pierres taillées en forme de corne et fichées horizontalement dans un mur de soutènement servaient de supports à l’armature en bois de treilles de vigne aujourd’hui disparues. |
ENTOURAGES D'OLIVIERS
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Fig. 15 - Bonifacio (Corse du Sud) : olivier protégé par une petite terrasse soutenue par un muret en demi-cercle dans un terrain en pente légère. Photo de Dominique Repérant.
Dans un terrain plat, la ceinture de pierres serait non pas en forme de fer à cheval mais pleinement circulaire. |
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Fig. 16 - Banne (Ardèche), maillage de murs bas enserrant des oliviers. Photo de Michel Rouvière.
Ce damier de murets bas et larges, qui ne comptent qu'une ou deux assises en parement et dont l'intérieur est rempli de caillasse, relève moins de la maçonnerie que de l'épierrement et de la culture. On a là un exemple de création d'oliveraie avec exploitation du matériau pierreux livré par le défonçage du sol rocheux. |
CHEMIN BORDÉ DE MURS
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Fig. 17 - Gordes (Vaucluse) : chemin de terre bordé de murs. Photo de Jean Laffitte.
Ce chemin de terre et de cailloutis serpente entre deux murs en pierres calcaires brutes au couronnement de lauses posées de chant et inclinées d’un côté ou de l’autre. Leur hauteur est, au plus, celle d’un homme (à gauche). Ce genre de chemin bordé de murs se rencontre aussi dans d’autres coins de la Provence ainsi que dans le Languedoc, le Quercy, le Périgord, etc. |
MUR D'ENCLOS-RUCHER
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Fig. 18 - Lieudit Les Rinardas à Bonnieux (Vaucluse) : mur anti-chapardage d’un enclos-rucher. Photo de Jean Laffitte.
Disposées en large débord extérieur en haut du mur d’un enclos-rucher, de grandes lauses calcaires effilées étaient censées dissuader les curieux et les chapardeurs. L’angle de l’enclos au premier plan est un empilement de grandes dalles disposées alternativement en boutisse et en panneresse. |
MUR À ABEILLES
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Fig. 19 - Lieudit Les Cabanes à Cabrières-d'Avignon (Vaucluse), rucher (apié en provençal) à deux étages dans une propriété. Photo de Dominique Repérant. |
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Fig. 20 - Le Contadour à Redortiers (Alpes-de-Haute-Provence) : alvéoles à voûte clavée du « rucher de Jean Giono » aux abords de la ferme dite « moulin de Giono ». Photo de Jean Laffitte.
Ce mur de soutènement, bâti en pierres calcaires biscornues, comporte, dans son épaisseur, jusqu’à six arcades successives ayant servi à abriter des ruches. Leur profil tend, selon le cas, vers l’arc brisé, l’arc en plein cintre ou l’arc en anse de panier. La face du mur se termine par une arase de pierres posées sur la tranche. |
MUR PARAVALANCHE
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Fig. 21 - Predoi, dans le Trentin-Haut-Adige, Italie : mur paravalanche de la mine de cuivre de Saint Ignace. Photo de Sergio Gnesda.
Ce mur paravalanche barre le vallon abritant l'entrée de la galerie de mine Saint Nicolas Herrenbau à 1475 mètres d'altitude. Long de 80 à 100 m, il mesure à son extrémité la plus en aval 4,5 m de hauteur pour une largeur de base de 4 m. À la moitié de sa longueur, il atteint les 5 m et dans la partie la plus en amont seulement 2 m. Dans ses parements, s'observent de grandes dalles inclinées d'environ 25 à 30 degrés par rapport au sol et dans le sens contraire à celui de la pente, disposition qui les empêche de glisser. |
DIGUE DE GALETS
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Fig. 22 - Lieudit « Sous Perret » à Joyeuse (Ardèche) : élévation aval d'une digue de galets. Photo de Michel Rouvière. Les galets sont posés verticalement et sans mortier, en plages régulières séparées par des chaînages transversaux de blocs calcaires équarris et servant de raidisseurs (un environ tous les deux mètres). |
MONJOIE
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Fig. 23 - Lieudit Les Berdines à Apt (Vaucluse) : monjoie (ou cassié en provençal) cylindrique à fruit. Photo de Jean Laffitte.
Le cassié est un ouvrage en pierre sèche de forme cylindrique, au fruit plus ou moins marqué, qui servait de repère en altitude ou de limite de pâturage dans les pelouses pastorales des Alpes-de-Haute-Provence ou de la Drôme. Le nom générique en français de ce genre de balise en pierre sèche est « monjoie », terme employé pour désigner les tas de pierre parementés jalonnant les routes de pèlerinage et les itinéraires de randonnée en montagne. On parle aussi de « cairn », vocable écossais emprunté au début du XIXe siècle à l’archéologie celtique pour désigner un tumulus puis repris vers 1850 par les alpinistes comme désignation des repères en altitude. |
MUR PORTEUR
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Fig. 24 - Revest-de-Bion (Alpes-de-Haute-Provence), bergerie du col du Négron. Photo de Jean Laffitte.
Parement extérieur d'un des murs longs de la bergerie. Il est formé de lauses calcaires effilées, empilées obliquement : on a l'impression d'une vague ou d'un torrent jaillissant. Le passage du mur vertical au versant de la toiture est marqué par la rangée de lauses saillantes feuilletées formant rive. |
VOÛTEMENT PAR ENCORBELLEMENT
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Fig. 25 - En bordure du ravin de Valos à Comprégnac (Aveyron) : parement de la voûte d’une très grande cabane, à l’amorce de l’encorbellement. Photo Dominique Repérant.
La face vue des pierres a été biseautée à coups de marteau, avant la pose, de façon à obtenir un extrados aussi lisse que possible (les parties retouchées, là où la pierre est à vif, sont légèrement bleutées). |
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Fig. 26 - Lieudit Nouel à Lalbenque (Lot), intrados de la voûte d'encorbellement d'une cabane en pierre sèche. Photo de Dominique Repérant.
Les trois poutres plus ou moins parallèles entre elles correspondent à l'ancien plancher ayant servi au moment de l'édification du voûtement. Il n'y a pas d'assisage réglé des pierres. Certaines ont eu leur parement biseauté au marteau. |
VOÛTEMENT À ARCEAU MÉDIAN
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Fig. 27 - Lieudit La Garrigue à Fitou (Aude), cabane en pierre sèche. Photo de Dominique Repérant.
Le voûtement est formé d'un arceau médian de lauses calcaires sur lequel s'appuient deux demi-voûtes clavées faites de blocs de forme irrégulière. |
VOÛTEMENT CLAVÉ EN BERCEAU BRISÉ
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Fig. 28 - Saumane (Alpes-de-Haute-Provence) : voûte clavée en berceau brisé de la bergerie de 1889. Photo de Jean Laffitte.
Le profil de la voûte est à mi-chemin entre l’arc en plein cintre et l’arc en ogive. Les corniches latérales ont servi à déplacer les cintres en bois au fur et à mesure de la construction du voûtement. En dessous de chaque corniche, la paroi est légèrement oblique, donnant l’impression d’une courbe continue depuis la base jusqu’au faîte. |
ABRI SOUS ENCORBELLEMENT
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Fig. 29 - Lieudit La Pièce Carrée à Daglan (Dordogne) : abri sous encorbellement dans un épierrement. Photo de Dominique Repérant.
Le départ de l'encorbellement est marqué par la saillie d'une assise de grandes dalles bien plates, légèrement inclinées vers l'extérieur. Les assises de dalles au-dessus dessinent une sorte de demi-voûte. Au bas de la paroi du fond, des dalles encastrées dans le mur forment une banquette. Le tout constitue un abri simple et pratique pour le travailleur des champs (ou peut-être pour quelques ruches). |
CABANES
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Fig. 30 - Lieudit Grabelle à Vence (Alpes-Maritimes) : cabane à degré, bâtie en pierres crues. Photo de Jean Laffitte.
Cette grande cabane à degré s’appuie contre le talus. Elle est construite en pierres calcaires biscornues, non retouchées (maçonnerie de pierres crues). En l’absence de lauses pour la partie haute, le constructeur a opté pour un cylindre à fruit doté d’un revêtement tout comme pour le corps de base. |
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Fig. 31 - Lieudit Galon à Arpaillargues (Gard), cabane en forme d'ogive. Photo de Dominique Repérant.
Dans son tiers inférieur, le parement de l'édifice est en moellons de calcaire dur dont la face vue est un carré ou un rectangle et dont les faces latérales sont en retour d'équerre. Ces moellons ébauchés sont disposés en assises régulières au moyen de cales de pose extraplates. Répondant localement au nom de « pavés d’Arpaillargues », ils servaient à paver les cours intérieures des maisons de maîtres d’Uzès. Au-dessus de ces pavés, les dimensions des pierres vont en décroissant et les assises s’estompent. Une intervention récente a affublé l’ogive d’une ridicule queue de poire. |
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Fig. 32 - À proximité du prieuré d’Ardène à Saint-Michel-l’Observatoire (Alpes-de-Haute-Provence) : « cabanon pointu » (cabanoun pountchou en provençal). Photo de Jean Laffitte.
Adossé à une terrasse soutenue par un mur, cet édifice se distingue par sa forme en cône droit très effilé. Il est chapeauté d’un épi conique taillé dans la pierre. Le millésime 1897 (*), gravé sur le linteau de l’entrée, donne la date d’achèvement de ce petit bijou.
(*) En 1897, la France est sous la Troisième République (1870-1940), avec pour président Félix Faure. |
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Fig. 33 - Jouques (Bouches-du-Rhône) : pignon-façade à fronton d'une cabane de plan rectangulaire au toit de terre. Photo de Jean Laffitte.
De chaque côté du pignon, un énorme contrefort de pierres vient contrebuter les poussées de la voûte clavée surbaissée visible à l'intérieur. Chaque rampant du fronton est souligné par une rangée de petites lauses posées sur la tranche perpendiculairement à la ligne du rampant. Un gros bloc en forme de pain de sucre est fiché au sommet du fronton. L'entrée est coiffée d'une voûte clavée en plein cintre. Une grosse pierre, au parement gravé du millésime 1877 (*), est encastrée entre l'arc clavé de l'entrée et la pierre de faîte. Les deux versants du massif de terre recouvrant la voûte sont plantés d'iris.
(*) En 1877, la France est sous la Troisième République (1870-1940), avec pour président le maréchal Patrice de Mac Mahon. |
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Fig. 34 - Jouques (Bouches-du-Rhône), cabane en pierre sèche en bordure d'un champ. Photo de Dominique Repérant.
La cabane est en forme de cylindre à fruit, au toit bombé couvert de graminées et à l'entrée couverte d'un arc clavé. |
ÉCURIE
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Fig. 35 - Lieudit La Baume d’Estellan à Bonnieux (Vaucluse) : ancienne écurie en plein champ. Photo de Dominique Repérant.
Ce bâtiment se dresse, isolé, dans une combe aujourd’hui plantée de cerisiers, d’amandiers et de chênes truffiers. De plan rectangulaire et coiffé d'un toit de lauses à quatre pans (deux grands, deux petits) et rives saillantes, il fait penser à un petit pavillon, impression renforcée par un gouttereau-façade dont l'entrée axiale est sommée par un arc clavé de profil segmentaire. |
GRANGE-GRENIER ET AIRE
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Fig. 36 - Gordes (Vaucluse) : ancienne grange-grenier en maçonnerie sèche, bâtie dans un enclos bordé de hauts murs renfermant une aire à dépiquer les céréales (blé, seigle). Photo de Dominique Repérant.
Il s'agit d'un bâtiment rectangulaire allongé, divisé d'une part en un rez-de-chaussée de deux pièces servant pour l'une à serrer les gerbes en attente de dépiquage, pour l'autre de logement temporaire, et d'autre part en un plancher dallé sous comble permettant de conserver le grain en sacs. Le Tourisme a entériné la dénomination de « borie » pour ce vestige de l'ancienne céréaliculture provençale. |
POSTE D'AFFÛT
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Fig. 37 - Buoux (Vaucluse) : poste de chasse à l’affût (agachon en provençal) pour le tir des grives ou des sangliers. Photo de Jean Laffitte.
Le bas de l’édifice est un cylindre et le haut un dôme dont la base est en léger débord par rapport au mur sous-jacent. Les pierres sont des lauses calcaires brutes, sauf dans les piédroits de l’entrée, où elles sont taillées. On aperçoit deux des percements de tir ménagés sur le pourtour du bâtiment, avec leurs parois ébrasées vers l’extérieur. |
CABANE D'HABITATION AVEC AIGUIER
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Fig. 38 - Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse) : « cabane des gardes » et son aiguier. Photo de Jean Laffitte.
La « cabane des gardes » est une cabane d’habitation temporaire dotée d’un siège d’angle, d’un foyer mural et d’un dallage et jouxtée par une citerne couverte. L’édifice a pour caractéristique remarquable, entre son corps de base et son couvrement en retrait, une corniche circulaire en pente où coure une gouttière de tuiles canal acheminant dans la citerne l’eau de pluie tombée sur le cône de pierre. À l’intérieur de la chape de la citerne, une pierre taillée en forme de cartouche porte l’inscription.
R.F
I897 |
CABANE À DEGRÉS
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Fig. 39 - Lacoste, plateau de l'Auverne (Hérault) : cabane constituée de quatre troncs-de-cône dégressifs, le premier ceint d'un contrefort, le dernier coiffé d'une calotte. Photo de Dominique Repérant.
La cabane est édifiée en moellons, dalles et blocs de basalte; les moellons, généralement arrondis (on parle alors de « bombes basaltiques ») mais aussi parfois parallélépipédiques, servent à monter les murs, les dalles sont réservées aux voûtes et les grands blocs font fonction de linteaux; quant aux pierres de petit calibre, celles sans forme définie sont employées au remplissage intérieur des murs, celles de forme aplatie sont affectées au calage des gros blocs et au bouchage des interstices. |
CABANE, PARE-VENT, REMISE ET PUITS
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Fig. 40 - Lieudit Garuse à Saignon (Vaucluse) : ensemble formé par un cabanon pointu, une remise à charrette (ruinée), un mur pare-vent, un banc de dalles et un puits couvert. Photo de Dominique Repérant.
Sur un corps de base parallélépipédique, se développe un couvrement en forme de pyramide étirée, aux angles arrondis, coiffé d’un épi en forme d'obus. L’entrée s’ouvre dans la face sud de l’édifice. Elle est ouverte par un arc clavé surbaissé en moellons. Le pan de la pyramide qui est en façade débute en retrait par rapport au nu du mur inférieur, lequel est coiffé d’une arase de grandes dalles en saillie. Intérieurement, la cabane abrite une pièce rectangulaire de 3,10 m sur 3,70 m, dont la voûte encorbellée culmine à 4,45 (alors que la pyramide extérieure culmine à 6,75 m, épi compris). Les parois sont revêtues d’un enduit à la chaux. Les poutres d’un ancien plancher sont visibles à 2 m de hauteur environ. Les parois de l'étage sont enduites elles aussi, sauf dans le haut de la voûte. |
CABANE ET PIGEONNIERS
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Fig. 41 - Lieudit Saint-Eyries à Gordes (Vaucluse) : « les trois soldats ». Photo de Jean Laffitte.
« Les Trois Soldats » est l’appellation donnée par le Tourisme à un « cabanon pointu » encadré de deux pigeonniers construits vers 1870 par un certain Imbert, dit « lou Dôle » (Isidore vraisemblablement). Les pigeonniers sont reconnaissables à leur dispositif d’envol et leur dalle de molasse calcaire percée de trous pour le passage des volatiles. Chaque cône est coiffé d’un épi taillé en forme de pion (réfections modernes, après vol des originaux). |
CABANON À TOITURE DE TUILES
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Fig. 42 - Lieu-dit Le Ferrier à Saint-Vallier-de-Thiey (Alpes-Maritimes) : cabanon de plan rectangulaire, à façade en gouttereau et à toit à une pente couvert de tuiles canal lestées de petites pierres. Photo de Jean Laffitte.
Avec ce cabanon de plan rectangulaire, aux murs de pierres assemblées à joints vifs et à la toiture de tuiles canal sur chevrons, on est un cran au-dessus de la simple cabane de pierre sèche. Il a fallu acheminer à pied d’œuvre le bois de charpente et les tuiles, seules les pierres ont été trouvées sur place. La maçonnerie de petits blocs taillés en parement et en retour et sommairement assisés, atteste du savoir-faire de son auteur. |
GRANGE ACCOLÉE À L'HABITATION
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Fig. 43 - Lieu-dit Saumanens à Gordes (Vaucluse) : maisonnette à étage, à pièce unique, accolée au pignon d'une cabane en forme de nef. Photo de Dominique Repérant.
L'encadrement en pierres de taille de l'entrée de la cabane est un remploi d'un bâtiment démoli, vraisemblablement du XVIIe siècle (angles arrondis sur congé, chanfrein au linteau). Cet encadrement facilite la pose d'une porte en bois. |
BERGERIE
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Fig. 45 - Saumane (Alpes-de-Haute-Provence) : ancienne bergerie à pierre sèche construite en 1889. Photo de Jean Laffitte.
Une large entrée médiane, couverte d’un sommier en bois, s’ouvre dans le pignon-façade. La porte en bois, à double vantail, a disparu. De grandes lauses en débord marquent les deux rampants de la toiture surbaissée. Le fronton arbore une pierre gravée du millésime 1889 encadré des lettres C et P. |
DATE GRAVÉE
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Fig. 46 - Lieudit Biron à Aujargues (Gard), date gravée sur la sous-face de la dalle fermant la voûte. Photo de Dominique Repérant.
Inscription d'achèvement gravée sur trois registres en sous-face de la dalle fermant la voûte d'une cabane «à tourelle ». Une main bien intentionnée a recreusé les lettres et les chiffres pour que l'inscription soit bien lisible :
LE 28 7bRE I834 MF [F dans M]. |
NICHE
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Fig. 47 - Lieudit Les Fraches du Contadour à Redortiers (Alpes-de-Haute-Provence), embrasure intérieure d'un percement dans une bergerie en ruines. Photo de Dominique Repérant.
Les montants du percement sont des empilements de lauses, retouchées en parement, l'appui et le linteau sont tous les deux une grande dalle, celle du linteau étant un peu plus épaisse.
L'arc-diaphragme visible sur la droite est un des arcs montés au mortier de chaux qui portaient les pannes et tuiles canal des deux versants de l'édifice. |
ÂTRE
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Fig. 48 - Cabane à Montsalier (Alpes-de-Haute-Provence) : cheminée ménagée à un angle de l'habitacle. Photo de Jean Laffitte.
À 70 cm de hauteur, une grande dalle verticale, fissurée, barre le léger renfoncement ménagé à un angle de la cabane. Cette dalle, encastrée de chaque côté dans la paroi, forme comme une sorte de hotte. La fumée s'évacue par un conduit vertical réservé dans la voûte au moment de sa construction. |
BANQUETTE
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Fig. 49 - Lieudit Les Biscailles à Saint-Pompon (Dordogne) : intérieur de la « cabane du juge » avec sa banquette circulaire. Photo de Dominique Repérant.
Sur le pourtour de l'habitacle court une banquette circulaire de grandes dalles jointives en calcaire marneux, fichées dans la paroi (nombre d'entre elles sont toutefois brisées).
Quelque farceur a voulu voir, dans le sobriquet de cette bâtisse (« la cabane du juge ») et dans ses 25 sièges, l’indice de son ancienne utilisation comme lieu de réunion d’un juge et de ses justiciables. Las, la réalité est plus prosaïque : le propriétaire en était un monsieur Gibily, juge de son état et habitant Les Queyssiols.
En fait, la présence d’une banquette circulaire n’a rien d’exceptionnel : d’autres cabanes présentent de tels strapontins, généralement au nombre de deux douzaines, correspondant à quatre ou cinq familles rassemblées pour les grands travaux des champs (fenaisons, moissons, vendanges). |
CONSTRUCTION EXPÉRIMENTALE
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Fig. 50 - « Parc des kažuni » à Vodnjan / Dignano (Croatie) : présentation didactique de différentes étapes de construction d’un kažun / d'une casita. Photo de Sergio Gnesda.
Du premier plan au dernier plan, on découvre :
1/ l’anneau formé par les trois premières assises du corps de base,
2/ le corps de base monté jusqu’à ce qui sera la rive saillante du couvrement conique,
3/ le corps de base surmonté de la voûte d’encorbellement à l’extrados laissé à nu ,
4/
la cabane terminée avec sa couverture de lauses recouvrant l’extrados de la voûte. |
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© Christian Lassure
26 mai 2021 / May 26th, 2021
Référence à citer / To be referenced as :
Christian Lassure
Diversité et richesse de l'architecture en pierre sèche, photos de Sergio Gnesda, Jean Laffitte, Dominique Repérant, Michel Rouvière (Diversity and richness of dry stone architecture, photos by Sergio Gnesda, Jean Laffitte, Dominique Repérant, Michel Rouvière)
http://www.pierreseche.com/panorama_archi_pierre_seche.htm
26 mai 2021
À voir aussi : Anciennes photos des sommaires (et quelques autres)
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