DISPOSITIF DE PIERRES EN CONTREPOIDS FAISANT OFFICE DE RAMBARDE
Louis Cagin Le génie de la pierre sèche ne tient pas à la seule maitrise technique des appareillages. Il tient à la capacité de faire d’une pierre plusieurs coups. Un dispositif observé à Saint-Génis nous le rappelle. L’analyse du système de construction d’un ancien chemin muletier y révèle une pépite technique d’une efficacité aussi redoutable que sa simplicité. Ce dispositif mérite de rejoindre la longue liste des façons de faire un couronnement. Les couronnements sont les seules pierres sur lesquelles aucune autre pierre n’est posée, elles ont ainsi deux faces non bloquées par le reste des pierres du mur. Cette caractéristique fait partie des fragilités d’un mur que le murailleur doit gérer. Pour éviter leur renversement, de nombreux dispositifs peuvent être mis en œuvre selon les ressources géologiques ou les conditions paysagères telles que la pente, l’usage des aménagements, etc.
Pour le soutènement observé à Saint-Genis, les pierres de couronnement ont bien, selon les normes, été posées avec un pendage important qui incline l’assise de la pierre afin que sa queue soit plus basse que ses appuis de parement. Dispositif classique qui permet à la pierre d’être moins sujette au renversement et qui renforce sa pérennité par la charge des granulats qui viennent la recouvrir à l’arrière (Fig. 1). Ces granulats font contrepoids tout en achevant l’aménagement au niveau souhaité.
Dans notre cas, ce dispositif de contrepoids a été optimisé par la pose systématique de pierres de bon volume posées à l’arrière afin d’augmenter la charge du contrepoids (Fig. 2). Ces pierres dépassent du niveau final du cheminement, elles marquent donc également d’une part l’espace du chemin où l’on peut aller en sécurité, la chaussée proprement dite, et d’autre part un espace où il faut aller plus précautionneusement, sans en empêcher totalement l’usage (Fig. 3 et 4).
Ainsi ces pierres ont une double fonction technique. Elles sont inscrites dans le système de construction du mur dont elles font partie intégrante, comme un deuxième couronnement qui aurait été posé en retrait. Elles sont aussi intégrées à la gestion de la chaussée, évitant que son aplat soit d’un usage trop commode sur toute son amplitude jusqu’à l’endroit où il y a fragilité du mur et danger d’usage. Pour finir sur l’extrême simplicité de ce dispositif, les pierres sont brutes non retaillées et elles sont juste posées. Elles se révèlent ainsi, par leur seule mise en situation à bon escient, un dispositif routier très adapté pour les contraintes d’une chaussée de l’époque d’avant la mécanisation. Pour imprimer, passer en format paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as : Louis Cagin sommaire maçonnerie sommaire terrasses
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