DISPOSITIF DE PIERRES EN CONTREPOIDS FAISANT OFFICE DE RAMBARDE
À SAINT-GÉNIS (HAUTES-ALPES)

Louis Cagin

Le génie de la pierre sèche ne tient pas à la seule maitrise technique des appareillages. Il tient à la capacité de faire d’une pierre plusieurs coups.

 Un dispositif observé à Saint-Génis nous le rappelle. L’analyse du système de construction d’un ancien chemin muletier y révèle une pépite technique d’une efficacité aussi redoutable que sa simplicité. Ce dispositif mérite de rejoindre la longue liste des façons de faire un couronnement.

Les couronnements sont les seules pierres sur lesquelles aucune autre pierre n’est posée, elles ont ainsi deux faces non bloquées par le reste des pierres du mur. Cette caractéristique fait partie des fragilités d’un mur que le murailleur doit gérer. Pour éviter leur renversement, de nombreux dispositifs peuvent être mis en œuvre selon les ressources géologiques ou les conditions paysagères telles que la pente, l’usage des aménagements, etc.

Fig. 1 -  Pierre avec pendage générant du fruit. Source : Louis Cagin (Dir.), Pierre sèche, théorie et pratique d’un système de construction, Éditions Eyrolles, Paris, 2017. Image : Olivier Hérault – Louis Cagin.

Pour le soutènement observé à Saint-Genis, les pierres de couronnement ont bien, selon les normes, été posées avec un pendage important qui incline l’assise de la pierre afin que sa queue soit plus basse que ses appuis de parement. Dispositif classique qui permet à la pierre d’être moins sujette au renversement et qui renforce sa pérennité par la charge des granulats qui viennent la recouvrir à l’arrière (Fig. 1). Ces granulats font contrepoids tout en achevant l’aménagement au niveau souhaité.

Fig. 2 -  Coupe du mur. (© Louis Cagin).

Dans notre cas, ce dispositif de contrepoids a été optimisé par la pose systématique de pierres de bon volume posées à l’arrière afin d’augmenter la charge du contrepoids (Fig. 2). Ces pierres dépassent du niveau final du cheminement, elles marquent donc également d’une part l’espace du chemin où l’on peut aller en sécurité, la chaussée proprement dite, et d’autre part un espace où il faut aller plus précautionneusement, sans en empêcher totalement l’usage (Fig. 3 et 4).

Fig. 3 - Analyse du mur avant intervention. (© Louis Cagin).
 
 

Fig. 4 -  Le sentier et son mur de soutènement après restauration. (© Louis Cagin).

Ainsi ces pierres ont une double fonction technique. Elles sont inscrites dans le système de construction du mur dont elles font partie intégrante, comme un deuxième couronnement qui aurait été posé en retrait. Elles sont aussi intégrées à la gestion de la chaussée, évitant que son aplat soit d’un usage trop commode sur toute son amplitude jusqu’à l’endroit où il y a fragilité du mur et danger d’usage.

Pour finir sur l’extrême simplicité de ce dispositif, les pierres sont brutes non retaillées et elles sont juste posées. Elles se révèlent ainsi, par leur seule mise en situation à bon escient, un dispositif routier très adapté pour les contraintes d’une chaussée de l’époque d’avant la mécanisation.


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© CERAV
24 décembre 2020 / December 24th, 2020

Référence à citer / To be referenced as :

Louis Cagin
Dispositif de pierres en contrepoids faisant office de rambarde à Saint-Génis (Hautes-Alpes) (Counterweighting stones providing a side barrier in a retained road at Saint-Génis, Hautes-Alpes)
http://www.pierreseche.com/rambarde_de_pierres_en_contrepoids.htm
24 décembre 2020

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