RECENSION 11 / REVIEW 11 LA PIERRE SÈCHE ET LA DOMESTICATION DE L'EAU DANS LE GRANZON
Michel Rouvière, La pierre sèche et la domestication de l'eau dans le Granzon [pays des Vans, Ardèche méridionale], dans Cahiers de Païolive, No 1, 2008, 254 p. + 32 pl. (compte rendu : Christian Lassure) Le Granzon est un ruisseau à écoulement irrégulier du pays des Vans en Ardèche méridionale. Il se jette dans le Chassezac. Sa vallée, bien encaissée dans le calcaire, présente sur ses versants les vestiges de nombreuses terrasses dont les murs ou parets sont édifiés avec les pierres extraites de la roche affleurante. Leur spectacle a poussé Michel Rouvière, spécialiste des aménagements agricoles en pierre sèche, à se pencher sur le rapport qu'il pouvait y avoir entre ces terrasses de versant et les aménagements hydrauliques construits dans le lit du ruisseau. L'auteur s'intéresse en premier lieu à un barrage agricole en pierre sèche, dit clavade en français local, dont la particularité est d'être formé de pierres posées en délit, à la façon de claveaux. Cette disposition a le double avantage de laisser passer l'eau vers l'aval mais de retenir en amont les alluvions, lesquels peuvent ensuite être récupérés pour fournir de la terre. La clavade est différente de la levade (autre francisation locale), qui est un type de barrage agricole où les pierres sont disposées horizontalement et dont le rôle est de retenir l'eau et de permettre l'arrosage ou l'irrigation par gravitation au moyen de canaux. Le barrage en pierres clavées étudié par l'auteur est situé en amont de plusieurs autres aménagements hydrauliques qui s'égrènent le long du Granzon. Il est implanté à la sortie d'un méandre étroit, encaissé entre les bancs de rocher (sans doute pour favoriser l'atterrissement des alluvions dans la rive convexe du méandre). Malgré le développement d'une végétation arbustive, quatre niveaux de dépôt sont encore observables, s'étageant depuis la rive droite jusqu'au milieu de l'ancien lit : résidus végétaux, terre ou terreau, sable, cailloutis, galets. Ces dépôts (à l'exception des galets) servaient à garnir les terrasses proches, construites par dérochement du terrain (et non pas simple épierrement). Curieusement, certaines de ces terrasses n'ont jamais été garnies de terre, signe d'un abandon de l'ouvrage pour des raisons indéterminées. L'auteur passe ensuite en revue « les autres aménagements » rencontrés dans le lit du Granzon : Une abondante iconographie (dessins à la plume avec ou sans mise en couleur, photos en couleur, les uns et les autres bien légendés) rendent la lecture de l'article didactique et attrayante. Les divers ouvrages du lit du Granzon témoignent du travail des « paysans bâtisseurs » cévenols du XIXe siècle, poussés par la faim de terre liée à l'accroissement démographique de l'époque. Grâce à Michel Rouvière, ce travail sort de l'oubli où l'avait plongé le XXe siècle. Autres recensions d'articles de Michel Rouvière : Pour imprimer, passer en mode paysage © CERAV Référence à citer / To be referenced as : Christian Lassure page d'accueil sommaire recensions
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