LA MAÇONNERIE À PIERRES SÈCHES : VOCABULAIRE A VOCABULARY OF DRY STONE MASONRY Christian Lassure A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z PANNERESSE Pierre placée dans la maçonnerie avec sa longueur en parement. Cf. boutisse - carreau. Angl. : stretcher PARE-LOUP Cette expression désigne type particulier de couronnement de mur d'enclos, destiné à repousser les loups et attesté sur les communes de Saint-Cézaire et de Saint-Vallier dans les Alpes-Maritimes. Il s'agit d'un rang de moellons allongés, pointus d'un côté, posés à plat et transversalement sur l'arase terminale du mur, les pointes étant disposées en saillie du côté extérieur du mur d'enclos. Le débord des pointes rejette à l''extérieur la bête qui tente de grimper : les interstices entre les dents de scie arrivent même à coincer les pattes de l'animal essayant de prendre appui sur la partie supérieure où il reste pendu parfois et se blesse toujours. Un dispositif similaire, mais vraisemblablement destiné à dissuader promeneurs ou ovins de toute velléité d'escalade, a été observé sur un tronçon de mur de clôture à Labastide-de-Virac en Ardèche. Source : Médecin-Général Cheneveau, Bories et bergeries des Alpes-Maritimes, dans Mémoires de l'Institut de préhistoire et d'archéologie des Alpes-Maritimes, t. 22, année 1978-1979, pp. 4-56, en part. pp. 24-25 et fig. A, p. 39 (mur avec pare-loup). Angl. : wolf guard
PAREMENT La face extérieure d'un mur ou d'une pierre et plus particulièrement cette face lorsqu'elle est destinée à être vue sans qu'on ait à l'enduire. Parementer un mur, c'est en dresser le parement. Angl. : face, facing - parementer un mur : to face a wall - parementer une pierre : to dress a stone PAROI DE PIERRES SÈCHES ENCORBELLÉES ET INCLINÉES EXTÉRIEUREMENT La paroi de pierres sèches encorbellées et inclinées extérieurement est un procédé dont l'efficacité et l'économie de moyens ne sont plus à démontrer pour le franchissement de l'espace. Ce type de paroi se rencontre sur une base indifféremment rectiligne ou curviligne et, partant, s'accommode de tous les plans géométriques simples (carré ou rectangle, cercle ou ovale, etc.) et de leurs combinaisons.
Pour qu'une paroi rectiligne de pierres encorbellées et inclinées extérieurement soit stable, il faut que la verticale passant par le centre de gravité de chaque section verticale tombe dans les limites de la base d'appui. Cette condition étant remplie, on a une structure autonome et équilibrée. Combinée à une autre paroi identique et symétriquement opposée – la distance entre les deux étant au moins égale au double de l'encorbellement maximal possible – elle constitue un excellent moyen de couvrir un espace carré ou rectangulaire. Sur un plan curviligne, la paroi de pierres sèches encorbellées et inclinées extérieurement est sujette à un phénomène de contrebutement entre les plaquettes d'une même assise. Lorsque l'assise est circulaire, le phénomène entraîne la fermeture d'un polygone des forces : chaque assise est alors « auto-clavée » et tient toute seule. Angl. : wall of mortarless corbelled and outward-incling stones PARPAING Pierre plus grande que le moellon, placée en boutisse dans toute la largeur du mur, qu'elle peut même dépasser. On parle aussi de boutisse parpaigne. On dit d'une telle pierre qu'elle « fait parpaing ». Var. ortho. : parpin. Cf. boutisse parpaigne - boutisse traversante - boutisse traversière. Angl. : parpend/perpend (stone), throughstone PENDAGE Inclinaison, dans le même sens, des pierres d'une assise de mur en pierre sèche, des dalles d'un anneau de voûte encorbellée, etc. Syn. : dévers (au sens d'inclinaison). Angl. : dip, inclination PENDENTIF Triangle sphérique ménagé entre les grands arcs qui supportent une coupole et permettant de passer du plan carré au plan circulaire. Angl. : spandrel, pendentive PERRÉ Revêtement en pierre sèche (ou liée d'ailleurs) que l'on aménage au pied ou sur le flanc d'un talus sujet à des glissements ou d'une tranchée susceptible d'être dégradée par les eaux. Dans un perré, les pierres sont fichées dans la terre perpendiculairement à la ligne de pente. Pour obtenir une surface lisse, il suffit de dégauchir le parement des pierres avant la pose. Le calage n'a pas besoin d'être aussi méthodique que pour un mur vertical. Angl. : stone facing (of an embankment, a trench) PIERRAILLE Petites pierres, éclats de pierre. Angl. : rubble, broken stones (pl) PIERRE ANGULAIRE Cf. pierre d'angle PIERRE D'ANGLE Pierre qui a deux parements d'équerre l'un à l'autre et qui est placée à un angle de maçonnerie. Syn. : pierre angulaire - pierre d'encoignure Angl. : corner stone, quoin PIERRE D'ATTACHE Il s'agit d'une pierre trouée, naturellement ou non, fichée dans un mur pour servir à attacher un animal domestique. Angl. : perforated protruding slab, tethering stone PIERRE D'ENCOIGNURE Cf. pierre d'angle. PIERRE DE LIAISON Expression synonyme de boutisse parpaigne. Angl. : throughband PIERRÉE Conduit fait à pierre sèche pour l'écoulement des eaux. Angl. : dry stone conduit PIERRE FROIDE Pierre calcaire très dure, extraite de carrière (par exemple la pierre de Ruoms en Ardèche). Angl. : very hard limestone PIERRE QUILLÉE Type d'épi de faîtage caractéristique des cabanes de pierre sèche quercynoises, périgourdines et rouergates à toiture conique de lauses. Il s'agit d'un bloc calcaire plus ou moins dégrossi et généralement conique dont la base aplatie repose sur la dalle sommitale, elle-même souvent une belle pierre plate discoïdale. Certains épis, taillés en forme de quille, évoquent des figures anthropomorphes. A un niveau architectural plus élevé, la pierre quillée se rencontre également sur des pigeonniers et des puits couverts. En Italie, les constructions à pierre sèche des Pouilles, les caselle, ont elles aussi leur poivrière terminée par un épi quillé. Source : Pierre Dalon, Les cabanes en pierre sèche du Causse de Limogne, dans Bulletin de la Société des études du Lot, t. XCIV, 2e fasc. 1973, avril-juin, pp. 103-131. Angl. : skittle-shaped finial PIERRES CRUES Pierres brutes, à l'état naturel. Cf. maçonnerie à pierres crues. Angl. : rough stones PIERRES DE CALAGE Eclats insérés sous une pierre posée sur une autre pierre de façon à en assurer la stabilité. Cf. cale. Angl. : wedge stones PIERRES D'ÉCARTEMENT Dans les arcs et voûtes clavées en pierres sèches, cales insérées, lors de la pose, dans les joints de l'extrados pour écarter les claveaux lorsqu'ils ont leurs faces parallèles (et non pas convergentes) et ainsi les faire rayonner. Source : Michel Garnier, Carriers et carrières dans le Mont d'Or lyonnais, t. 2, 2001, p. 98. Angl. : pinnings PIERRES DE CIVIÈRE En français notarial du milieu du XVIIIe siècle, pierres ne pouvant être soulevées par un homme seul et exigeant, pour leur transport, d'être chargées sur une civière (ou brancard) portée par deux hommes. Angl. : stones to be shifted on a hand barrow PIERRES DE TOUT VENANT Pierres brutes, non triées, non calibrées, employées dans un mur au fur et à mesure qu'elles viennent. Angl. : unsorted stones PIERRES ÉCRUES Pierres brutes, à l'état naturel. Cf. maçonnerie à pierres crues. Angl. : rough stones PIERRES ESSUYTES En vieux français, pierres sèches. « Essuyte » vient du participe latin exsuctus, desséché. Cf. maçonnerie à pierres sèches. Angl. : dry stones PIERRES MOUVANTES En français notarial du milieu du XVIIIe siècle, pierres pesant dans les 30-40 kg et pouvant être mues par un homme seul. Angl. : hand-shifted stones Source : Daniel Thiery, L'aménagement du milieu rural. Contribution à l'étude de la pierre sèche, 2 - Les murs à parements multiples, dans L'Architecture vernaculaire, t. 22, 1998, pp. 9-12. PIERRES NUES Pierres de parement non enduites. Angl. : naked stones PIERRES SÈCHES Pierres maçonnées à sec, sans mortier. Cf. maçonnerie à pierres sèches. Angl. : dry stones PIERRES VIVES Pierres non recouvertes de terre ou de bousin. Angl. : solid stones PILE D'ASSIETTES Image décrivant la superposition de plusieurs pierres plates sans croisement des joints d'une assise à l'autre; cette disposition, si contraire aux règles de l'art, ne peut être le fait que d'un néophyte. Cf. coup de sabre. Angl. : stacked stones (litt. « pile of plates »)
PINCE Levier d'acier à la pointe droite ou recourbée. Sert à déplacer les blocs. Angl. : crowbar PLATE-BANDE Organe clavé porté par deux points d'appui et présentant une face inférieure plane et dégagée (ou soffite), la plate-bande reste exceptionnelle en architecture de pierre sèche car elle implique stéréotomie et taille. Un seul exemple nous est connu, le couvrement d'une niche dans une grange en pierre sèche située au lieu-dit Champredon sur la commune des Assions en Ardèche. Il s'agit d'une plate-bande réduite à une clé et deux grands sommiers. Le constructeur en est connu : un certain Auguste Arnal, paysan-maçon, créateur d'un enclos en pierre sèche dans la première décennie du XXe siècle. La plate-bande travaille comme un arc et transmet aux points d'appui les forces obliques. Angl. : flat arch, straight arch
POINÇON Tige de fer terminée par une pointe quadrangulaire et destinée à la taille ébauchée. Syn. : aiguille - broche. Angl. : punch POINÇONNEMENT Dans un mur de pierre sèche, donc sans mortier, chaque pierre reçoit le poids de la partie du mur qui est au-dessus d’elle et le transmet à la pierre qui est en dessous. Si les pierres présentent des aspérités, des arêtes, sur leurs faces horizontales, cela entraîne un phénomène dit de poinçonnement : de fortes pressions localisées se traduisent par des écrasements, des fissures. Ainsi il n’est pas rare d’apercevoir, dans une maçonnerie sèche, des pierres fissurées, ayant eu à supporter une trop forte charge sur un point d’application trop restreint. Le remède au poinçonnement est l’emploi d’un mortier de terre en couches minces, permettant de régulariser les assises du mur, mais l’on se retrouve alors avec une maçonnerie au mortier de terre et non plus une maçonnerie à sec proprement dite. À cet égard, il convient de ne pas s’aveugler au fait que certaines cabanes dites en pierre sèche, font appel en réalité à un mortier de terre, peu abondant et à peine visible en parement. En l’absence d’un liant, le mortier de terre n’apporte toutefois qu’une très faible résistance mécanique, son rôle étant surtout d’améliorer la descente de la charge et de réduire le risque de poinçonnement. Son emploi, en tout cas, n’exonère pas le maçon de disposer et de caler ses pierres correctement. Le phénomène de poinçonnement peut aussi se manifester à l’interface entre l’extrados d’une voûte clavée et une couverture de lauses. La chose a été constatée dans les bergeries à voûte clavée en berceau des Alpes-de-Haute-Provence : pour éviter que le bout apparent des claveaux ne vienne poinçonner les lauses qui les recouvrent, le couvreur a répandu une couche de petites pierres et d’argile mêlées sur l’extrados. Il a obtenu ainsi une meilleure répartition du poids des lauses sur les claveaux tout en assurant aux lauses une assise stable. Sources : - Jean-Paul Simon, Denis Soulié, L’Architecture paysanne en Périgord et sa restauration, Pierre Fanlac, 1991, 208 p., en part. p. 45; - Richard Bucaille, Laurent Lévi-Strauss, volume Bourgogne du Corpus de l’architecture rurale française, Berger-Levrault, 1980, 328 p., en part. p. 62; - Philippe Alexandre, Sébastien Giorgis, Nadine Orloff, Les bergeries en pierre sèche de la Montagne de Lure, ronéotypé, s. d., 25 p., en part. p. 13; - Site Internet de l’association Tiez Breiz : http://www.tiez-breiz.org/stages.htm#muret. Angl. : punching effect - poinçonner : to punch POLKA Marteau de tailleur de pierre à deux tranchants, l'un de même axe que le manche et l'autre perpendiculaire à ce dernier. Cette position contrariée permet au tailleur de pierre d'attaquer les surfaces à dresser sans avoir à se contorsionner. C'est l'outil par excellence du travail des roches tendres (en Italie, il était utilisé pour le travail des tufs volcaniques). Angl. : quarryman's hammer
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