1 - La disparition de Georges Desneiges Nous sommes d'autant plus peiné d'annoncer le décès de M. Georges Desneiges que nous sommes amené à le faire avec bien du retard. L'Association pour la sauvegarde du patrimoine en pierre sèche du Var (ASPPSV), dont Georges Desneiges était membre depuis son installation dans ce département dans les années 1990, annonçait en effet cette disparition dans son bulletin de 2006. La nouvelle, malheureusement, nous avait échappé à l'époque. C'est donc seulement maintenant que nous rendons hommage au passionné des pierres sèches qu'était Georges Desneiges. Avec Michel Rouvière, Pierre Haasé, Benoit Delarozière, François Véber, Martine Seemann et nous-même, il fit partie de ce petit groupe de Parisiens et de Franciliens qui créa, en 1978, le CERAPS (ancêtre du CERAV), et participa à l'élaboration des premiers numéros de la revue L'architecture rurale en pierre sèche (remplacée depuis par L'architecture vernaculaire). Georges Desneiges devait fournir articles et comptes rendus de façon régulière puis sporadique jusqu'en 1995, ainsi que l'atteste sa bibliographie, publiée ci-après.
Nous avons vu Georges Desneiges pour la dernière fois en 1997 au colloque de Blauzac dans le Gard, où il s'était rendu malgré son état de santé précaire. Il était alors membre de l'ASPPSV, qu'il aidait de ses prospections et renseignements. Connaissant notre intérêt pour les affabulations auxquelles donne lieu la pierre sèche, il nous avait signalé une thèse fantaisiste concernant le mode de récupération de l'eau dans les aiguiers varois, thèse que nous avons eu l'occasion, depuis, de réfuter. Personnage affable et attachant, il parlait très peu de soi. Ainsi, c'est par hasard que nous avons appris qu'il était l'auteur du livre consacré à la Finlande dans cette collection mythique que fut « Petite Planète » aux éditions du Seuil dans les années 1950-1960. Paru en 1957, l'ouvrage devait être un succès de librairie puisqu'il fut réédité en 1960, 1962, 1964, 1968, 1974 et 1976, et même traduit et publié en anglais en 1965 (cf. photo de la couverture). Georges Desneiges fut aussi collaborateur, en 1947-1948, de la revue Europe, créée par les amis de Romain Rolland. (Toutes ces informations sont aujourd'hui disponibles grâce à l'Internet.).
Enfin, notre ami et collaborateur fut aussi un grand collectionneur d'outils d'artisans ruraux, ainsi que nous l'avions découvert lors d'une visite dans le Loiret, où il avait une maison de campagne. Nous présentons à sa famille nos très sincères condoléances. Christian Lassure 2 - Un nouveau parcours de cabanes en pierre sèche : Trà Aghje è Pagliaghji (Par aires et paillers) Une association de Haute-Corse, Opera di Rutali, a restauré une dizaine de constructions en pierre sèche et leurs aires de battage, des murs de clôture, des sources, etc., sur un parcours empruntant le tracé d'anciens chemins communaux ou sentiers. Ce parcours, situé à 1,5 km du village de Rutali, donne à l'ouest sur la vallée du Nebbio et la Méditerranée, à l'est sur la plaine orientale et la Tyrrhénienne. Le visiteur y découvre aussi de nombreuses traces de cultures en terrasses avec leurs murs de soutènement, des vestiges de bassins et de canaux d'irrigation, des monticules d'épierrement (maggeghje), des niches et des abris de bergers. Trà Aghye è Pagliaghji est aussi le nom du site présentant l'opération et son résultat. Une galerie de photos montre les grangettes restaurées. Il s'agit d'édifices au corps de base parallélépipédique (sauf dans un cas où il est circulaire) surmonté d'un cône surbaissé de grandes plaques débordant en rive. L'entrée est axiale ou à un angle. Un exemplaire a un dôme de terre et non une couverture de lauses (sauf le rang d'égout). Les publications du CERAV sont citées. 3 - Un nouveau site : Lou murailler Jean-Jacques Roudil, « murailler » cévenol formé à l'A.F.P.A. de maçonnerie-limousinerie de Nîmes, nous informe de la mise en ligne d'un site présentant ses réalisations en pierre sèche : remontage de murs de soutènement effondrés, construction d'escaliers incorporés, de dallages, etc. Les photos, disposées selon la dichotomie avant-après, sont éloquentes.
Pour contacter l'auteur : Jean-Jacques Roudil, 7, rue des Marchands - 30320 MARGUERITTES - tél. : 04 66 75 32 15 - courriel : jean-jacques-roudil[at]wanadoo.fr. 4 - Une fin annoncée : celle de la cabane du lieu dit Les Portails à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) Quoique propriété privée, la cabane des Portails est une des rares cabanes encore visibles aujourd'hui sur la commune d'Aix-en-Provence. Elle frappe immanquablement le regard par sa silhouette massive, le fruit considérable donné à sa partie de base, son couvrement campaniforme, sa couverture de lauses à la rive à peine saillante, son dispositif de décharge au-dessus du linteau. Elle a fait l'objet d'une page dans le présent site en 2004 (www.pierreseche.com/les_portails_aix.htm).
Il semblerait que désormais les jours de ce curieux et rare édifice soient comptés si rien n'est fait. En effet, nous avons reçu de M. Roger Chenard, qui se passionne pour les cabanes en pierre sèche (roger.chenard[at]aliceadsl.fr), une photo prise après que la cabane a été frappée par la foudre : une large plage d'éboulement s'étend à la fois sur le mur porteur et sur le couvrement, mettant en péril le bâtiment, déjà fragilisé au niveau de l'entrée par la rupture du système de décharge.
Cet éboulement a mis à nu l'extrados de la voûte, d'où saillent les queues des corbeaux, et laisse voir le pendage vers l'intérieur donné aux pierres du parement. On est frappé par la faible profondeur des pierres du parement et par la quantité de caillasse calcaire occupant l'espace entre celui-ci et la voûte. Il est manifestement impératif de remonter cette brèche, survenue il y a maintenant un an et signalée localement par M. Chenard. Mais un accord avec le propriétaire est indispensable avant d'entreprendre quoi que ce soit. A défaut d'une intervention rapide, cette cabane (*) risque de connaître le même sort que la cabane des Autrichiens à Theizé dans le département du Rhône (cf. www.pierreseche.com/cabane_des_autrichiens.htm). Quelqu'un aura-il la bonne idée d'en faire un relévé en plan et coupe et une couverture photographique complète avant qu'il ne soit trop tard ? (*) C'est à dessein que nous n'employons pas le mot français « borie » pour désigner cette cabane. Le mot a beau être universel en Provence depuis que le Tourisme s'en est emparé, il n'était certainement pas le nom employé par les paysans des Bouches-du-Rhône avant la deuxième moitié du XXe siècle. Cf. la mention des cabanes en pierre sèche ou cabots édifiées par les paysans de Salon-de-Provence dans Jacques Dauphin, Les Salluviens, Pisavis, La Touloubre. Le plan du territoire de Salon. Le règlement d'administration publique du 10 mars 1856 [Bouches-du-Rhône], Aubin, Aix-en-Provence, 1872. 5 - Une page sur les cabanes en pierre sèche de Grignan dans la Drôme Cette heureuse initiative revient à Mme Cathie Martel, qui a constaté que la Drôme était un peu terra incognita en ce qui concerne les cabanes en pierre sèche. Effectivement, depuis les articles d'Eugène Piquois à la fin des années 1960 (*), aucune publication n'avait vu le jour (du moins à notre connaissance). La page que Mme Martel consacre sur son blogue aux édifices de la la commune de Grignan, est une première étape dans le comblement de cette lacune. Pour s'y rendre : http://la-huppe-du-platane.over-blog.com/article-15583825.html Ayant entrepris un recensement méthodique de l'ancien habitat saisonnier de cette commune, Mme Martel a découvert de fort curieuses niches sculptées dans la pierre dans une cabane proche d'anciennes carrières. Elle soumet ces dispositifs à la sagacité des habitués et visiteurs de notre site. Voici les photos. Si quelqu'un a une idée de la fonction de ces niches, il peut écrire à l'adresse suivante : cp.martel[at]wanadoo.fr ou écrire au CERAV, qui transmettra. (*) Bibliographie de cet auteur : PIQUOIS Eugène, Les bories de Clansayes [Drôme], extrait du Bulletin du Centre de recherches archéologiques de Romans, réunion du 1er décembre 1968, 6 p. (commentaire de C. Lassure dans L'A.R.P.S., t. 2, 1978, p. 237) PIQUOIS Eugène, Les bories de Clansayes [Drôme], dans Bulletin de la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme, t. 77, No 372, juin 1969, pp. 323-330 (commentaire de C. Lassure dans L'A.R.P.S., t. 2, 1978, pp. 234-237) PIQUOIS Eugène, Les bories de Clansayes [Drôme], dans Recherches tricastines, bulletin de la Société des amis de l'abbé Boisse, No 4, année 1969, pp. 9-12 (commentaire de C. Lassure dans L'A.R.P.S., t. 2, 1978, p. 237) Sur notre site, quelques photos de cabanes drômoises à la page suivante. 6 - Ouvrage reçu : Piedras con raíces (« Pierres enracinées »), No 19, automne 2007 Avec ce 19e numéro, l'association estrémadurienne ARTE (*) continue de manifester sa détermination à préserver par le texte, la photo et le dessin le souvenir des témoins subsistants de l'ancien monde rural de l'Estrémadure.
Au sommaire de ce numéro automnal : - José Luis Martín Galindo, La cabane de berger « en demi-lune » : une cabane démontable et déplaçable : Cet article présente les anciennes cabanes en matériaux végétaux autrefois fabriquées et employées par les bergers estrémaduriens. Certaines étaient fixes, d'autres démontables et transportables de façon à pouvoir suivre les troupeaux de moutons dans les paturages d'hiver comme sur les chaumes de l'été. Tout un développement est consacré à l'édification d'une cabane de remue (chozo de muda) de plan circulaire, photos et croquis à l'appui, et à son enlèvement, transport et remontage en une seule pièce. Pour faciliter le transport de ce type de cabane, les bergers de la région comprise entre Los Llanos de Cacerés et la frontière portugaise, avaient mis au point une variante, la cabane « en demi-lune », non plus circulaire mais elliptique et faite de trois parties indépendantes. - José Antonio Espada Belmonte, FORMA VRBIS ou des avatars du Plan de dynamisation touristique de la ville de Coria. - María del Rosario Castro Castillo, Alejandro Valiente Lourtau, Javier Valiente Lourtau, L'enclos de la Serre, construction pastorale traditionnelle située dans la Serre de Cañaveral . Il s'agit d'un enclos pour garder les chèvres (vraisemblablement contre les loups) situé sur d'anciens parcours communaux et abandonné depuis le début du XIXe siècle. - Jesús C. Rodriguez Arroyo, « La Fuente » de la Maison Cacones à Acebo (Cáceres). Présentation d'une maison de la petite noblesse locale des XVIIe et XVIIIe siècles. L'intérêt de l'édifice vient de ce qu'il a conservé ses dispositions et son décor peint d'origne. - Articles sur les pièges à loups (trampas de lobos). Dossier consacré à des monographies de pièges à loups autrefois utilisés dans la péninsule ibérique. Ces pièges avaient pour noms : fogo au Portugal, foxo en galice, chorco dans le Léon, callejon en Cantabrie, lobera dans les provinces de Léon, Alava et Burgos, hoyo, caón et callejo dans les Asturies. (*) Piedras con raíces, la revista de nuestra arquitectura vernácula, éditée par Asociación por la Arquitectura Rural Tradicional de Estrémadura (ARTE), Apartado de correos 837, 10080 - CACERES (18 euros l'an). Courriel : piedrasconraices[at]yahoo.es 7 - Communiqué : Mise en ligne d'un dossier sur les « paysages de pierre sèche » par l'Observatoire catalan du paysage L’Observatoire catalan du paysage, en activité depuis mars 2005 et dirigé par Joan Nogué, dispose d’un site Internet (http://www.catpaisatge.net) consacré à tout ce qui a trait au paysage dans le monde. Ce site est un outil que l’Observatoire utilise pour contribuer à la sensibilisation de la population catalane en matière de paysage. Dans ce contexte, l’Observatoire vient d’y adjoindre un dossier portant sur les paysages de pierre sèche : http://www.catpaisatge.net/dossiers/pedra_seca/fra/index.php Disponible en catalan, espagnol, anglais et français, ce dossier a pour objectifs de contribuer à une meilleure connaissance des paysages de pierre sèche et de leur diversité; de collecter, classer et mettre à disposition du public des informations d’ordre général sur la pierre sèche en Catalogne et dans le monde entier et de répertorier les organismes, initiatives, nouvelles et ouvrages spécialisés. Il s’agit en définitive de créer un espace de référence consultable en ligne, s’adressant autant aux spécialistes de la pierre sèche qu’au grand public. Ce dossier sera complété et mis à jour régulièrement. 8 - Un document rare : une cabane de charbonniers à Sant Hilari Sacalm (région de La Selva, province de Girone) en Catalogne au début du XXe siècle
9 - Le site Internet d'un charpentier à l'ancienne Pour ceux qui s'intéressent à l'art du charpentier, nous signalons le site personnel de M. Mourad Manesse, jeune charpentier grenoblois qui travaille à l'ancienne. Sa profession de foi nous a touché : « Passionné par les charpentes traditionnelles, j'ai fui le travail d'opérateur des ateliers mécanisés pour me consacrer à un travail de charpente que j'appelle sensible, parcequ'il appelle le retour de l'œil, du bras, comme maîtres de la forme et du geste. Aujourd'hui, à travers une première réalisation d'envergure, j'ai dû apprendre et mettre au point pour mon compte des techniques qui ont fait leurs preuves dans des temps qui sont surtout éloignés par notre volonté de leur tourner le dos ».
On peut voir sur le site (http://mourad.manesse.pagespro-orange.fr/gallerie.html), en images et par étapes, une de ses réalisations, depuis l'équarrissage des grumes jusqu'au levage de la charpente assemblée. 10 - Nouvelle adhésion à notre Association Nous avons le plaisir d'annoncer l'adhésion au CERAV de M. Marc Grodwohl, ancien directeur de l'Ecomusée d'Alsace à Ungersheim dans le Haut-Rhin et auteur d'un site Internet des plus intéressants consacré à l'architecture rurale et à la muséologie de plein air (*). Le CERAV est heureux de le compter parmi ses membres et lui souhaite la bienvenue. (*) Nous y avons lu dernièrement un article bien documenté et argumenté montrant la forte présence du chaume comme matériau de couverture des maisons villageoises et de leurs annexes en Haute-Alsace jusqu'au début du XXe siècle. Une situation que l'on retrouve dans bien d'autres régions mais aujourd'hui complètement occultée par tout un discours touristique et patrimonial qui présente les couvertures en dur comme « traditionnelles », « ancestrales » « identitaires » et autres fariboles.
11 - Ouvrage reçu : Pierre Poupon (texte), Gabriel Lioger d'Ardhuy (photos), En Bourgogne, cabottes et meurgers, 1990, 48 pages.
A notre connaissance, ce livre (ou « album » comme l'appelle un des auteurs) est le seul à avoir été publié sur les cabanes en pierre sèche en Bourgogne (en dehors, bien sûr, d'articles publiés dans des revues savantes et de monographies éditées à compte d'auteur ou par des associations sur les édifices d'une commune). Il n'est pas récent puisque sa date de parution remonte à 1990 (ce qui ne veut pas dire qu'il ne soit plus d'actualité). Gabriel Lioger d'Ardhuy a eu l'amabilité d'en envoyer un exemplaire à notre Association en échange d'une de nos publications. Nous profitons donc de ce troc pour signaler dans la présente page l'existence de cet ouvrage et faire quelques remarques sur les bâtiments photographiés dans la Côte bourguignonne (1) il y a bientôt deux décennies. Force est de noter la variété architecturale des édifices regroupés sous le vocable de cabottes par les auteurs : - guérites en pierre sèche, prises dans une muraille ou un pierrier et couvertes de quelques grandes lauses qui sont posées en encorbellement à inclinaison vers l'extérieur ou parfois simplement jetées sur quelques poutres (p. 15, p. 20); ces abris ne sont pas destinés à être fermés par une porte en bois; - cabanes indépendantes, épousant un plan généralement quadrangulaire, plus rarement circulaire, et couvertes d'un dôme aplati de grandes lauses simplement jetées sur le dessus (p. 15, p. 33, etc.); - édifices maçonnés au mortier et crépis, soit de plan quadrangulaire et coiffés d'une bâtière de lauses (p. 11, p. 38), soit de plan circulaire et coiffés d'un cône rectiligne de lauses (p. 41) ; dans les deux cas l'entrée est en pierres taillées en parement et se ferme par une porte en bois; dans un cas, la bâtière, moins pentue que d'habitude, est couverte de tuiles canal (p. 12); dans un autre, le pignon-façade a reçu un placage de rocaille (p. 27). Dans le couvrement des entrées, plusieurs dispositifs sont employés : linteau en pierre, parfois déchargé dans un linteau supérieur plus costaud, posé sur des billettes (p. 36, p. 43); linteau en bois; arc clavé en lauses (p. 21). Les murs ne sont pas oubliés : - serpentant entre deux parcelles de vignoble, un très beau mur recouvert d'une rangée de dalles calcaires équarries (p. 7 et 16); - deux haies de dalles dressées côte à côte, enserrant un chemin au milieu des vignes (p. 25).
On regrettera que tous ces vestiges ne soient pas localisés. S'ils sont protégés des curieux, le sont-ils contre les outrage des ans ? Dix-huit ans plus tard, que reste-t-il de certains de ces édifices, déjà bien mal en point à l'époque, comme cette cabotte de la page 47, dont le linteau a été retiré par quelque amateur de vieilles pierres s'il n'est pas simplement tombé à terre après s'être fendu ? Si l'on était tenté de croire que le paysage viticole actuel de la Côte bourguignonne est une donnée intangible, mutiséculaire, on en est dissuadé par Pierre Poupon (3), qui prend bien soin de contraster le paysage de 1850 d'avec celui de 1930 et enfin celui du XXe siècle. Vers 1850, les vignes sont plantées « en foule », c'est-à-dire sans ordre, le renouvellement des ceps se faisant par provignage (2) et non par l'apport de plants greffés. Les branches sont relevées et attachées avec de la paille de seigle (ou glui) autour d'un échalas (ou paissiau) enfoncé près de chaque pied. Echalas qui sont arrachés après les vendanges et rangés sur place en tas (ou bordes). Comme on laisse reposer la terre (faute de fumure) avant de replanter, il y a çà et là des emplacement vides (ou toppes). Les vignes sont en même temps des vergers plantés de pêchers, cerisiers, abricotiers, pruniers et amandiers. Favorisée par une main-d'œuvre abondante et bon manché, la viticulture gagne tous les coteaux, même mal exposés, débordant dans la Plaine et s'infiltrant sur les versants des combes. Ce sont ces lieux qui seront les premiers à être abandonnés après l'irruption du phylloxéra des alentours de 1860. Il en restera, un siècle et demi plus tard, les murgers, ces tas de pierres issus du défrichement et de la création de parcelles. Vers 1930, le décor n'est plus le même. Après le phylloxéra, le provignage est abandonné au profit de plants greffés qui sont alignés en rangs serrés. Plus d'échalas, mais des fils de fer tendus entre de gros piquets de bois. La vigne semble comme peignée par un râteau géant. Les rangs laissent libre passage au cheval. Les arbres fruitiers qui gênaient l'alignement ont été arrachés. Les toppes sont plantées en céréales, luzernes ou légumineuses. Vers 1990, le paysage est à nouveau bouleversé. Le cheval a disparu entre 1950 et 1960, rendu caduc par la motorisation. Les vignes sont toujours bien alignées mais les arbres fruitiers et les haies ont disparu. Murs et murgers sont démolis, les chemins macadémisés, les creux comblés. Il ne reste qu'un paysage sans ombre, qui « se renfrogne dans l'uniformité de sa monotonie », comme le dit si bien Pierre Poupon. Désormais la devise semble être : Qu'importe le paysage, pourvu qu'on ait l'ivresse !
(1) La côte formée par les célèbres vignobles qui s'étendent de part et d'autre de Beaune et de Nuits-Saint-Georges, sur les collines bordant la plaine de la Saône sur une soixantaine de kilomètres. (2) Enterrement d'une tige aérienne pour qu'elle fasse des racines. (3)
Pierre Poupon est un des tout premiers auteurs à avoir participé à l'aventure
de la revue L'architecture vernaculaire, ayant donné à l'ancêtre de
celle-ci deux articles écrits en collaboration avec Jean-François Pitiot :
Il est aussi l'auteur d'un recueil de poèmes : Petits poèmes en pierres sèches, L’auteur, Bellevue, 1987, 48 p.
Adresse où l'on peut se procurer l'ouvrage : gabriel.liogier[at]wanadoo.fr (prix de l'exemplaire : 8 euros plus port). 12 - Le cortal Delcasso à Sansa (Pyrénées-Orientales) fait parler de lui En tombant sur le site www.sansalevillage.com, nous avons découvert, non sansa musement, qu'une « équipe d'archéologues » avait « fait une fouille » dans le cortal Delcasso « avec la classe de 5ème 6 du C.E.S. Pons », « afin de mieux le dater ». Cette dernière prétension va droit au cœur de l'auteur de ces lignes qui pensait avoir fait en 1982, avec Claude Gendre, la lumière étymologique, fonctionnelle, cadastrale et historique sur ce bâtiment très tardif, fruit de la main-mise par une famille locale sur une bonne partie du terroir villageois au cours du XIXe siècle. Gageons qu'à défaut de la Chèvre d'Or, la fine équipe archéologique aura trouvé de la crotte de bique fossilisée, élément dont on peut se demander s'il est vraiment adapté aux ébats archéologiques d'une classe de 5e... Ces informations sont tirées d'une « Carte d'identité de l'orri de Sansa » (alias le cortal Delcasso), document qui entérine le contresens déjà ancien par lequel le terme catalan authentique - cortal, c'est-à-dire bergerie - a été remplacé par le nom du lieu - orri, c'est-à-dire grenier, terre à céréales - où celui-ci a été construit. Une information bienvenue - a redeeming grace comme disent les Britanniques - dans cette « carte d'identité » : « un arc en béton armé, fait par une équipe du SES du collège Pons, a sauvé la partie restante après l'effondrement » et « la poursuite des travaux de restauration est à l'ordre du jour ». Il reste maintenant à espérer qu'on saura à nouveau appeler cortal un cortal. 13 - Un guide pour découvrir les loges en pierre sèche des Monts d'Ambazac en Haute-Vienne L'association « Nature et patrimoine du canton de Laurière et des communes limitrophes » (*) en Haute-Vienne a édité un guide intitulé « Les loges de bergers » décrivant cinq circuits de promenade pour découvrir les cabanes en pierre sèche des communes de Saint-Goussaud dans la Creuse et de Jabreilles-les-Bordes en Haute-Vienne. Ces loges sont d'anciens abris agricoles reconvertis en loges pastorales après l'abandon de la culture dans les parcelles où elles se trouvaient. La bergère s'y abritait pendant qu'un troupeau de trois ou quatre vaches ou une dizaine de moutons étaient mis à pâturer dans la parcelle.
(*) Siège social : Mairie de Laurière - 87370 - Site internet : http://www.nature-lauriere.asso.fr/topic/index.html 14 - Ouvrage reçu : Borut Juvanec, Chozo de Extremadura, joya in piedra / Hut of Extremadura, Jewel in Stone, ARTE, 2008, 120 p. Au sommaire
de ce luxueux ouvrage bilingue anglais-espagnol sur les cabanes en pierre
d’Estrémadure, Le premier chapitre définit le concept de l’architecture vernaculaire tel que l’envisage l’auteur. Le deuxième chapitre présente les constructions étudiées par l’auteur en différents pays d’Europe et sur le pourtour de la Méditerranée. Le troisième chapitre aborde les aspects constructifs de la voûte d’encorbellement (mais les autres procédés de couvrement ne sont pas abordés, en particulier la voûte clavée). L'inclinaison des pierres vers l'extérieur, caractéristique omni-présente dans les voûtes encorbellées en pierre sèche, n'est pas notée. Le quatrième chapitre traite de l’étude des proportions présentes dans les cabanes (il semblerait que le triangle équilatéral ait joui des faveurs des maçons, surtout dans le sens perpendiculaire à l’axe passant par l’entrée, et qu'ils aient manié avec virtuosité la racine carrée de 3/2). Le cinquième chapitre présente les édifices étudiés par l’auteur en Espagne ces dernières années. Le sixième chapitre est consacré aux différents types de cabanes estrémaduriennes en pierre ou en matériaux végétaux ou encore associant les deux. Le septième chapitre mentionne divers organismes étudiant les constructions en pierre sèche en Europe et aborde les perspectives qui s'ouvrent à eux. À cet égard, le CERAV est très heureux d’apprendre qu’il est « une organisation européenne importante sur le plan de la sauvegarde des constructions en pierre sèche mais sans financement de l’Union européenne et donc sans véritable efficacité ni pouvoir, ce qui est un handicap ». Peut-être une allusion à notre refus, il y a quelques années, de participer à un énième projet européen où il fallait laisser les auteurs puiser librement dans le site du CERAV sans que la moindre parcelle du financement obtenu nous revienne. Le 2e moitié de l’ouvrage est occupée par des relevés (de Borut Juvanec) et des photos (de Jesús Mateos) montrant la grande variété des constructions estrémaduriennes tant en pierre que dans d’autres matériaux. À propos des ouvrages ayant un couvrement extérieurement cimenté et légèrement en retrait, il serait intéressant de savoir si cette caractéristique n'est pas liée à la récupération de l'eau de pluie.
This sleek bilingual
English-Spanish work on the stone shelters of Extremadura lists no fewer than The first chapter sets out to define the concept of vernaculart architecture as envisioned by the author. The second chapter presents the edifices investigated by the author in various countries of Europe and across the Mediterranean. The third chapter touches upon the constructional principles of the corbelled vault but other roofing techniques, such as the keystone vault in particular are not mentioned. The outward tilting of stones – a universal characteristic in dry stone corbelled vaults – is overlooked. The fourth chapter deals with the study of proportions as encountered in stone huts. It seems that the equilateral triangle was a favorite with stone masons, especially when placed at a right angle to the axis running through the entrance, and that the square root of 3/2 had no secrets for them. The fifth chapter showcases the Spanish edifices surveyed by the author in the last few years. The sixth chapter is devoted to the description of various Extremadurian huts whether in stone or in vegetal materials or both. The seventh chapter lists various organizations committed to the study of dry stone construction in Europe and touches upon the prospects that open up for them. Incidentally, CERAV members will be pleased to hear that, "although CERAV is an important European organization for the safekeeping of dry stone constructions, it is hampered by lack of EU funding and so has no real efficiency and power". Possibly an allusion to our refusal, a few years ago, to be part of an umpteenth European project consisting of making our website content freely available to the project's authors without the prospect of any part of the funding obtained coming our way... The second half of the book contains various measured drawings (by Borut Juvanec) and photos (by Jesús Mateos) testifying to the rich diversity of Extremadurian shelters whether in stone or in vegetal materials. It would be interesting to find out whether the setback cemented roof that adorns some edifices is related to the recovery of rainwater. (*) Associación por la Arquitectura Rural Tradicional de Estrémadura (ARTE), Apartado de correos 837, 10080 - CACERES 15 - Nouvelles adhésions à l'Association
Nous sommes heureux d'annoncer deux nouvelles
adhésions au CERAV : - d'autre part celle de M. Sergio Gnesda, découvreur des constructions en pierre sèche de la région d'El Jadida au Maroc, qui vient de revenir en France après un long séjour en Afrique; il s'intéresse aux cabanes en pierre sèche ou casite de l'Istrie (**).
Le CERAV est honoré de ces adhésions et souhaite la bienvenue à ces deux nouveaux membres. (*) Porteau, s m, Porche de grange, avancée du toit devant la porte de la grange pour servir d’abri aux charrettes chargées de récoltes (Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Fayard, Paris, 1997). (**) L'Istrie actuelle est divisée entre l'Italie, la Croatie et la Slovénie.
Pour imprimer, passer en mode paysage
© CERAV |