ARCHIVES  D'ARCHITECTURE VERNACULAIRE

RUINES D'UN MOULIN À CALOTTE TOURNANTE DANS LE CANTON DE MAUVEZIN (GERS)

Ruins of a cap winder in the Mauvezin canton, Gers

Christian Lassure

C'est en 1978 que j'ai photographié ce moulin-tour en ruine, à l'occasion de recherches sur l'architecture des maisons rurales dans le département du Gers. L'édifice se trouve sur le canton de Mauvezin, petite ville de l'Est du département.

Au moment de la prise de vues, la calotte turnante n'était plus, laissant à l'air libre l'ancien arbre moteur, juché sur le support en bois qui lui donne son inclinaison caractéristique.

La tour, en blocage de pierres calcaires, avait conservé son crépi, sauf à la base et sur le côté de l'édifice en dessous de la tête de l'arbre.

Elle comportait, au rez-de-chaussée, deux accès opposés, une grande porte et une petite porte, cette dernière murée.

Dans l'axe de l'entrée non murée, deux fenestrons livraient la structure interne : deux niveaux ou étages au-dessus d'un rez-de-chaussée.

À l'intérieur, le mécanisme et les meules avaient disparu mais il restait une partie des poutres des deux planchers, divers éléments du beffroi des meules, l'enrayure avec l'arbre et le rouet qu'elle supportait, et le chemin de roulement en bois.

L'accès aux différents niveaux se faisait par un escalier tournant qui doublait intérieurement la maçonnerie.

Les encadrements des ouvertures étaient, à l'extérieur comme à l'intérieur, en pierres de taille aux parements taillés à la courbe.

Aux temps de sa splendeur, ce moulin-tour devait avoir la même morphologie que le moulin à vent d'Angelive à Cologne-du-Gers, dont la photo orne le livre de Claude Rivals, Le moulin à vent et le meunier dans la société traditionnelle, à la page 181.

Les vestiges de la chambre des meules – une paire inférieure de poutres horizontales et une paire supérieure disposées en sens contraire (à 45 degrés) et reliées l'une à l'autre par quatre poteaux verticaux – évoquent le dispositif présent dans le moulin de Lusignan-Petit (Lot-et-Garonne), dont le relevé se trouve à la page 180 du livre cité ci-dessus.

La tour, vue du côté des ouvertures, avec, tout en haut, les restes de l'arbre moteur et de l'enrayure.

Les parements des pierres des encadrements sont taillés à la courbe.

La maçonnerie, en blocage, est cachée par un crépi sauf à la base de la tour où il a disparu.

Photo © Christian Lassure

   

Le côté gauche de la tour, au crépi disparu sous l'effet des intempéries.

Sur le sommet, est juché l'arbre moteur, dont la tête repose, par l'intermédiaire d'un sabot, sur l'avant de l'enrayure (autrefois dissimulé sous une bâtière en avant de la toiture conique).

Photo © Christian Lassure

   

La tour vue du côté opposé à celui de l'entrée.

La petite porte murée devait à l'origine suppléer l'indisponibilité de la grande porte sur le devant lorsque les ailes tournaient devant cette dernière.

Photo © Christian Lassure

   

L'entrée principale de l'édifice avec son encadrement en pierres de taille (sur la foi de la photo, matériau gréseux en bas, calcaire dur en haut).

Cet encadrement, qui est très marqué stylistiquement (angles arrondi en quart-de-rond des montants, chanfrein de l'arête du linteau), pointe vers le XVIIe siècle mais cela ne veut pas dire que le moulin remonte à une période aussi haute.

Le parement du linteau est orné en son centre d'un bossage carré mais aucune inscription n'y est visible.

Photo © Christian Lassure

   

Pierre plate trouée fichée dans la maçonnerie à gauche de la grande entrée : elle servait à attacher un animal de bât.

Photo © Christian Lassure

   

Départ de l'escalier intérieur, plaqué contre la paroi de la tour.

Les marches sont de grandes et larges dalles calcaire au parement incliné vers l'extérieur.

Photo © Christian Lassure

   

Le rez-de-chaussée et le premier étage.

Une des deux poutres du plancher de l'étage a été sectionnée et retirée.

Un foyer de cheminée est encastré dans la maçonnerie de l'escalier intérieur.

Photo © Christian Lassure

   

Le développé de l'escalier intérieur, depuis l'entrée du rez-de-chaussée jusqu'au niveau du deuxième plancher.

Photo © Christian Lassure

   

Vue en contreplongée de l'intérieur de la tour depuis le niveau intermédiaire (premier étage).

Celui-ci est délimité en bas et en haut par deux paires de poutres de sens contraire, reliées entre elles par quatre poteaux verticaux (en fait, une des poutres inférieures a été sciée et les deux poteaux qu'elle soutenaient enlevés) : il s'agit de la chambre des meules (on dit aussi le beffroi).

Au-dessus des poutres supérieures, on aperçoit l'enrayure soutenant l'arbre moteur et son rouet, réduit à ses quatre rayons, la jante ayant disparu.

Photo © Christian Lassure

   

La maçonnerie intérieure au-dessus de l'entrée avec les embrasures du fenestron du premier étage et de la fenêtre du dernier étage.

Au premier plan, les restes des planchers des niveaux 1 et 2 et, tout au-dessus, l'enrayure de l'arbre moteur.

Photo © Christian Lassure

   

Le deuxième étage du moulin, sous l'enrayure supportant l'arbre.

On distingue le chemin de roulement en bois, posé sur une sablière de grandes briques plates.

Photo © Christian Lassure

   

L'arbre moteur et les vestiges du rouet vus à travers l'enrayure.

L'arbre est incliné, sa tête étant relevée (cf. supra).

Photo © Christian Lassure

   

La tête de l'arbre moteur juchée sur son sabot.

On devine la forme de la bâtière couverte d'essentes qui protégeait cette partie du mécanisme.

Photo © Christian Lassure

Quelqu'un nous dira-t-il ce qu'il est advenu de ce pathétique moulin à vent photographié il y a maintenant 27 ans ?

Addendum

Grâce aux photos que nous a aimablement envoyées Pierre Meineri (pierre.meineri[at]wanadoo.fr), nous savons désormais que ce moulin ruiné est encore debout, en 2006. Toujours aussi pathétique, sinon plus : la lèpre du lierre a envahi son flanc gauche, l'arbre et son support semblent une grosse araignée noire qui monte la garde et dont la toile serait les trainées blanches striant le ciel bleu. Le mouvement brownien du tourisme planétaire est bien là, au-dessus des campagnes du Gers, en ce début de XXIe siècle.

Photo © Pierre Meineri


© Christian Lassure - CERAV
Le 16 mars 2005 / March 16th, 2005 - Augmenté le 6 juin 2006 / Augmented on June 6th, 2006

Référence à citer / To be referenced as :

Christian Lassure
Ruines d'un moulin à calotte tournante dans le canton de Mauvezin (Gers) (Ruins of a cap winder in the Mauvezin canton, Gers)
http://www.pierreseche.com/moulin_mauvezin.htm
16 mars 2005

SÉRIE : ARCHIVES D'ARCHITECTURE VERNACULAIRE

Ruines d'un moulin à calotte tournante dans le canton de Mauvezin (Gers)

Ruines d'un moulin à calotte tournante à Montbrun-Lauragais (Haute-Garonne)

Métairie à nef et bas-côtés entre Fleurance et Saint-Clar (Gers)

Inscription de 1628 représentant un moulin à vent, à Vayrac (Lot)

Le four à chaux en pierre sèche des Crozes à Vinezac (Ardèche)

Une ancienne grange-étable à charpentes à courbes sur la commune du Roc (Lot)

Ferme de comble à surcroît à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)

Ferme à poinçon long et arbalétriers sur entrait à Meaux (Seine-et-Marne)

Fermes à poinçon long et arbalétriers sur entrait avec contrefiches horizontales à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise)

Traces visibles en pignon du passage du chaume à la tuile plate

Maison à nef et bas-côtés observée en 1982 entre Saint-Symphorien et Sore dans le département des Landes

 

page d'accueil                             sommaire d'architecture vernaculaire