L'ÉVOLUTION DE LA CABANE CAMARGUAISE AU XXe SIÈCLE
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Carte postale des années 1950-1960 (bords dentelés). |
Document No 2
L'arrière du groupement à la même époque (carte aux bords dentelés). Dans le gouttereau de la grande cabane s'ouvrent une porte entre deux fenêtres à volets. L'édifice semble ne comporter qu'une unité d'habitation.
Photo des années 1950-1960 (bords dentelés, non représentés ici), achetée sur le site cartophile Delcampe. |
Document No 3
Dans cette carte postale un peu plus tardive, on découvre que la grande cabane a fait l'objet d'une extension en pignon, se muant en une longère réunissant deux logements, identifiables aux deux souches de cheminée de la toiture et aux deux entrées en gouttereau.
Si la petite cabane garde des dimensions et des proportions conformes au type, par contre la grande n'est plus vraiment une cabane avec ses hauts murs périphériques (plus de deux mètres), ses entrées en gouttereau, son importante largeur et la déclivité moins marquée de ses versants de toiture : c'est une maison déguisée en cabane de gardian.
Carte postale des années 1950-1960 (côté non illustré non communiqué). |
Document No 4
Cette carte, qui a voyagé en 1955, montre la moitié arrière de la grande cabane du « deuxième mas du Simbèu ». La large et haute entrée, les deux fenêtres à volets, ne relèvent plus d'une chaumière de gardian. Les seuls éléments ressortissant encore du type sont la couverture de chaume (huit rangées de javelles en dessous de la chape de plâtre terminale, neuf rangées en comptant celle recouverte par la chape) et le badigeon blanc du mur, sans oublier la croix en haut de la croupe absidiale. On peut considérer que dans cette carte postale et les précédentes, le grand bâtiment tout en longueur joue le rôle du mas, et le petit celui de la cabane de gardian.
La grande jarre posée contre le mur de la maison et servant de pot de fleurs est vraisemblablement une ancienne jarre à eau potable. La dame en tenue d'Arlésienne est la même que dans la carte No 1.
Carte postale des années 1950 (bords dentelés). Cachet de la poste : 7-8-1955. |
Document No 5
On retrouve dans cette carte des années 1950, encore diffusée au début des années 1980, la partie arrière des deux édifices en toile de fond de la « Mireille au Mas du Simbèu » des cartes Nos 1 et 4. Selon le commentaire manuscrit au dos de cet exemplaire, la jeune femme serait en fait l'épouse du photographe. Par sa composition axée de droite à gauche, son cadrage centré sur la jeune femme tournée vers le soleil, la photo témoigne du grand art de son auteur.
Carte postale des années 1950-1960 (bords dentelés, non représentés ici). |
Document No 6
Les deux édifices, vus latéralement, au premier plan la cabane de gardian, à l'arrière-plan le mas.
Une impression d'abandon et de désordre émane de l'ensemble : la base des murs du grand bâtiment a perdu son badigeon blanc, divers objets traînent autour de la petitte cabane (table, échelle, cadre de moustiquaire (?), chaises de jardin, blocs de pierre).
Mais l'intérêt de cette photo est de révéler un des gouttereaux de la cabane de gardian ainsi que son pignon. La rive de la toiture présente une longue échancrure alors qu'il n'y a aucune ouverture en dessous. Y aurait-il eu murage d'une baie ? Quant au pignon, il réserve une surprise : à la place de la porte classique, il y a deux fenestrons, ce qui veut dire que l'entrée de la cabane est dans le gouttereau non visible.
Carte postale des années 1950-1960 (bords dentelés). |
Document No 7
Cette photo nous fait découvrir pleinement le pignon avant de chaque édifice. Le pignon du bâtiment en longueur ne possède pas d'accès, ses entrées sont en gouttereau. Il possède deux fenêtres, encadrées de volets. Le petit bâtiment est dans le même cas de figure, deux fenêtres à volets et une entrée dans le gouttereau non visible sur la photo.
Les parois des deux édifices sont repeintes de frais, les volets sont ouverts, il est toutefois difficile de savoir si le cliché dépeint une situation antérieure ou postérieure à celle de la carte précédente.
Photographie noir et blanc, achetée sur le site cartophile Delcampe. Au dos, cachet « Epreuve d'archives à renvoyer à Rapho » (ancienne agence photographique française). |
Document No 8
Au dos de cette carte postale des décennies 1950-1960, ne figurent que le nom de la commune (Saintes-Maries-de-la-Mer) et la mention d'une « manade », c'est-à-dire d'un troupeau de taureaux. Mais la présence des bêtes à cornes, pour pittoresque qu'elle soit, n'est pas ce qui retient l'attention du spécialiste d'architecture vernaculaire. Son regard est immédiatement attiré par la configuration et la morphologie des deux bâtiments à l'arrière-plan à gauche : ne s'agirait-il pas du « deuxième mas du Simbèu » ? On distingue en effet, côte à côte et parallèles, la cabane de gardian et le mas, vus latéralement depuis l'est. Le long faîtage blanc du mas forme un long trait blanc ininterrompu des plus révélateurs.
Carte postale des années 1950-1960 (bords dentelés). |
Document No 9
Cette carte postale est censée représenter des gardians en pleine action mais ce n'est qu'une mise en scène réalisée avec des amateurs distingués, ou gentilhommes gardians, portant la tenue élaborée par le marquis de Baroncelli. Si l'on s'abstrait de ce spectacle pour considérer le cadre où il se déroule, on constate la présence, sur la droite, de notre groupement de cabanes avec son petit réduit en dur abritant vraisemblablement la réserve d'eau.
Carte postale ayant voyagé en 1953 (tampon de la poste d'Arles). |
Document No 10
On retrouve nos deux bâtiments, cette fois en couleurs, à la fin des années 1960, dans cette carte postale ayant circulé en 1969. Elle ne nous apprend pas grand chose par rapport aux précédentes sinon que les volets de la maison (le mas) sont peints en vert, que la souche de cheminée en maçonnerie de la cabane de gardian a été remplacée par un tuyau de poële et que la frange du revêtement d'étanchéité en plâtre est non plus rectiligne mais irrégulière, échancrée, que des morceaux s'en détachent, signe d'une dégradation depuis les photos de la décennie précédente. Les frondaisons des tamaris sont désormais assez fournies pour qu'on installe des tables et des chaises à leur ombre.
Carte postale en couleur des années 1960 (a circulé en 1969). |
Document No 11
Cette carte en couleurs est de la même époque que la précédente mais légèrement antérieure, la cabane de gardian ayant encore sa souche de cheminée en dur. La vue est prise non plus depuis l'arrière des bâtiments mais depuis l'avant et une bonne partie du mas est hors champ. La moitié droite de l'image est occupée par une roubine bordée d'une cabane tout en roseau et aux pignons droits, vraisemblablement une écurie pour la petite troupe de chevaux stationnant à proximité.
Le petit bâtiment laisse voir la nouvelle ordonnance de son pignon-façade : la fenëtre de droite a été transformée en entrée et une fenêtre supplémentaire a été créée dans le haut du pignon, sans doute pour un meilleur éclairage. Tout un fatras de vieux bois a été déposé contre le mur gouttereau de droite.
La maîtresse de maison, en tenue d'Arlésienne, s'affaire à dresser la table d'une grande réunion de famille.
Carte postale en couleurs des années 1960 ( a circulé en 1965). |
Document No 12
Sur cette vue tirée de Google Earth, on aperçoit nos deux bâtiments, repérables à leur abside et à leur chemise faîtière blanche. Ils sont à quelques dizaines de mètres au sud-est de la tombe du marquis de Baroncelli (en haut à gauche), elle-même bâtie à l'emplacement du mas démoli.
Les deux cabanes vues depuis l'espace dans la deuxième décennie du XXIe siècle. Source : Google Earth. |
Document No 13
La consultation de la carte de l'IGN et du cadastre moderne nous livre d'autres renseignements : les constructions sont au lieudit Simbéou, entre le chemin du clos du Rhône au nord et le canal des Launes au sud, à 300 m environ à l'est de l'embouchure du Petit Rhône ; la parcelle porte le numéro 26 de la section CM (le tombeau, pour sa part, porte le numéro 13).
Localisation du mas du Simbèu (écrit Simbéou sur le document). |
Document No 14a
Avec sa bordure blanche, cette carte postale est caractéristique des années 1930. Le légendage, imprimé à même les bordures haute et basse, nous renseigne sur la destination des cabanes au premier plan – « les Cabanes de Riquette » – et sur celle du grand bâtiment blanc à couverture de tuiles canal à l'horizon – « le mas dóu Simbéu ». Ces « Cabanes de Riquette » sont en fait la forme initiale de ce qui deviendra le deuxième mas du Simbéu après la destruction du premier par l'armée allemande en 1944.
Nous sommes au début des années 1930, une nouvelle cabane est en construction parallèlement à la cabane existante : la charpente semble terminée, la couverture de sagne est en train d'être posée depuis le bas d'un des versants. Les cabanes de Riquette sont destinées à abriter Frédérique de Baroncelli et son mari, Henri Aubanel, lesquels se marient en 1933, montent leur propre manade en 1935 avant de prendre possession de la manade Santenco du marquis en 1943-44.
Carte postale noir et blanc des années 1930 (bordures blanches). Dos divisé. Exceptionnellement, les légendes sont sur le côté illustré. |
Document No 14b
Si les piquets des parois latérales supportant la panne sablière sont discernables, ainsi que le poteau axial, montant de fond et supportant la panne faîtière côté façade, on ne peut en dire autant de la partie arrière de l'ossature : on ne voit pas de deuxième poteau qui soutiennent la faîtière du côté de l'abside.
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Agrandissement de détail de la carte précédente : la deuxième cabane, en construction. |
Document No 15
Cette dernière carte postale nous font découvrir les deux cabanes de Riquette vues depuis l'arrière. Le petit édicule au toit de tuiles canal n'est pas encore construit à l'extrême droite de la vue. L'étape suivante de la transformation nous est donnée par la première carte postale en tête de la présente page.
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Carte postale noir et blanc des années 1940 : les cabanes de Riquette (le deuxième mas du Simbéu) vues depuis l'arrière, la grande cabane n'a pas encore été prolongée en pignon. |
À SUIVRE
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© CERAV
Le 7 septembre 2008 / September 7th, 2008
Augmenté le 27 janvier 2009 - 22 février 2009 - 16 mars 2021 - 25 avril 2021 - 2 août 2021 - 9 octobre 2024
Augmented on January 27th, 2009 - February 22nd, 2009 - March 16th, 2021 - April 25th, 2021 - August 2nd, 2021 - October 9th, 2024
Référence à citer / To be referenced as :
Christian Lassure
L'évolution de la cabane camarguaise au XXe siècle d'après des cartes postales et photos anciennes (The evolution of the Camarguaise hut in the 20th century as shown in old postcards and photos)
IV - Les cabanes du « deuxième mas du Simbèu » aux Saintes-Maries-de-la-Mer (The huts of the "later mas du Simbèu" at Saintes-Maries-de-la-Mer)
http://www.pierreseche.com/deuxieme_mas_du_simbeu.htm
7 septembre 2008
Introduction : Le gardian et ses métamorphoses
I - Cabanes entièrement en roseau des années 1900
II - Le mas de l'Amarée et ses deux cabanes aux Saintes-Maries-de-la-Mer
III - Les cabanes du premier mas du Simbèu aux Saintes-Maries-de-la-Mer
IV - Les cabanes du « deuxième mas du Simbèu » aux Saintes-Maries-de-la-Mer
V - Cabanes et maisons de pêcheurs en Camargue
VI - Les « Cabanes de Cacharel » aux Saintes-Maries-de-la-Mer
IX - Van Gogh et les chaumières saintines
X - Cabanes du front de mer aux Saintes-Maries-de-la-Mer
XI - Cabanes hôtelières et maisons à la gardiane
XII - Vocabulaire architectural de la chaumière camarguaise
XIII - Les auvents dans la cabane de gardian
XIV - Les extensions de la cabane de gardian
XV - Cabanes représentées sur le plan de la Camargue de 1584
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