Les noms vernaculaires donnés aux cabanes en pierre sèche sont nombreux : plusieurs
dizaines ont été recensés. Leur usage peut se limiter à une zone géographique
précise tout aussi bien qu'à plusieurs, sans continuité entre elles. On note
même, en certains points, deux ou trois appellations concurrentes. Mieux, en
d'autres points, il n'y a pas de nom particulier.
Le terme le plus courant, cabane, et ses équivalents dans les parlers
régionaux, est attesté en certains points du Lot, de la Côte-d'Or, du Rhône, du
Gard, des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, de Dordogne, de Haute-Loire, de
Corrèze.
Si certains noms usités sont anciens, ils le sont seulement du point de vue de
la forme, et non du sens, ayant été empruntés à d'autres bâtiments qu'en pierre
sèche : à preuve cadole qui, au XVIIIe siècle, désignait la cabane de
planche sur les bateaux navigant sur la Saône, avant de servir à désigner l'abri
en pierres sèches des Côtes chalonnaise et mâconnaise.
Dans certaines régions, et selon un schéma récurrent, sous l'influence d'érudits
locaux, les appellations d'origine ont été escamotées aux profit d'autres mieux
sonnantes et plus valorisantes pour leurs inventeurs : ainsi borie/bori
dans le Vaucluse pour cabano/cabane, capitelle dans les
Pyrénées-Orientales pour barraca/barraque, chibotte en Haute-Loire
pour tsabona/tsabone. Reprises par la presse locale et des
officines touristiques soucieuses de valoriser des objets désormais promus au
rang de « patrimoine », ces termes inventés restent contestés dans les milieux
scientifiques.
Christian Lassure |